Il y a des soirs voués à la fragilité
Où les corps semblent bien fatigués d'être habité
Les murmures s'attardent au creux des lèvres
Mais leurs sons sont déjà révolus,
S'il n'y a plus rien à dire,
Qu'y a-t-il encore à vivre ?
Un sentiment lancinant, a dit le cœur,
Les autres se sont tus,
Quand le coeur parle, tout le monde le rabroue,
Quand le coeur pleure, tout le monde se fige,
Mais il n'a alors déjà plus envie de parler.
L'Étoile du nord, a-t-il pourtant fini par ajouter.
Ce vieux poème ? a demandé mon esprit.
Lui-même, a répondu ma mémoire.
"Le bruit perdu
Qui m'avale."
Je n'aime pas quand les sons me quittent
Quand toutes ces choses étranges s'absentent
Je n'aime pas quand le monde se dessine, un soir
Pour mieux s'évader de mon coeur avide, un autre.
Je n'aime pas quand ce qui m'anime s'absente
Je sais qu'il serait vain de le chercher ce soir,
Mon âme discute avec quelques étoiles
Je ne sais pas ce qu'elle leur demande
Je ne sais pas si elles acceptent
Se devait être essentiel
Voilà tout.
"Et j'aurai oublié
Comme tant de fois
Qu'on tombera."
J'aime à l'oublier.
Je crois que même ce soir,
Je veux profondément continuer
À l'oublier encore et encore
Peu importe à quel point cela m'écorche
Quand tout revient
Je sais que tout repart
J'attends
J'attends
Dans l'absence de bruits
De couleurs
Et de joie.
J'attends.
Mon âme reviendra
Et avec elle
Tout ce qui fait sens.
Je ne lui en veux pas.
Je ne doute pas qu'elle a ses raisons
Quand elle s'éloigne,
L'abandon est triste,
Les retrouvailles vives,
Elle reviendra.
Elle reviendra.
"Il faudrait que les étoiles s'ébrouent
Que le temps passe et tombe
Que l'océan goutte dans le vide de l'espace."
Je l'ai accepté pourtant ce sentiment lancinant
Je sais que pour vivre
Il faut parfois accepter de contempler le ciel morne
Les étoiles brilleront demain.
Tu les rallumeras une à une.
J'y crois.