Whispers - New Romance

By DarkRomanceWritter

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Alors qu'elle est enseignante depuis quelques années, Diane choisit d'accepter un poste dans un centre de dét... More

Tome 1 - Prologue
Chapitre 1 : Scary people
Chapitre 2 : Not your baby
Chapitre 3 : Never Alone
Chapitre 4 : I'm sorry, I'm trying my best
Chapitre 5 : Not Afraid Anymore
Chapitre 6 : Heartless
Chapitre 7 : Magic in the Madness
Chapitre 8 : You
Chapitre 9 : Monsters
Chapitre 10 : Don't worry babe
Chapitre 11 : Hopeless
Chapitre 12 : Eyes don't lie
Chapitre 13 : Every Breath You Take
Chapitre 15 : Heartbeat
Chapitre 16 : Good People Do Bad Things
Chapitre 17 : In Madness
Chapitre 18 : Give Me Her
Chapitre 19 : Can I Exist
Chapitre 20 : Flooded
Chapitre 21 : Don't leave me
Chapitre 22 : Nobody Else
Chapitre 23 : Deep End
Chapitre 24 : Divided
Chapitre 25 : Heal me
Chapitre 26 : We Go Down Together
Chapitre 27 : Blood in the Water
Chapitre 28 : How Villains Are Made
Chapitre 29 : Born Alone Die Alone
Chapitre 30 : Papercuts
Chapitre 31 : Dirty Little Secret
Chapitre 32 : King Of Disappointment
Chapitre 33 : Don't leave me
Note d'auteure
Tome 2 - Chapitre 1 : Unfair
Chapitre 2 : Inner Demons
Chapitre 3 : Promises
Chapitre 4 : All This Time
Chapitre 5 : Guilty
Chapitre 6 : Please, hold me
Chapitre 7 : This Is the Beginning
Chapitre 8 : Trauma
Chapitre 9 : Lies
Chapitre 10 : Arise
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Everyone Who Falls In Love
Chapitre 13 : I'm Blue
Chapitre 14: Right Here

Chapitre 14 : Fall

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By DarkRomanceWritter

Armend

Je les entendais approcher. Ils n'allaient pas mettre plus d'une minute avant de parvenir jusqu'à nous alors j'avais dû agir.

Chacun de leurs pas foulant le sol carrelé de la prison créait un bruit sourd qui se réverbérait dans mes oreilles.

Chacune de leurs respirations au sein de ces murs libérait de l'inquiétude, de la surprise et de l'adrénaline dans l'air.

Chacun de leurs mouvements les propageait jusqu'à moi.

Je n'avais pas d'autre choix que de les inspirer. Je n'avais pas d'autre issue que de les laisser pénétrer dans mon corps. Je n'avais pas d'autre possibilité que de les laisser s'imprégner dans chacune de mes cellules.

Je savais ce qui était en train de se produire. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait et ce ne serait assurément pas la dernière fois non plus.

J'étais submergé, totalement envahi.

Je n'étais pas capable de gérer toutes ces émotions. Plus je tentais d'inspirer pour me calmer et plus je laissais leurs sentiments m'inonder.

Ce qui me causait le plus d'affliction, ce n'étaient pas les énergies des hommes qui approchaient. Ce n'étaient pas leurs préoccupations à propos du vacarme qu'ils avaient entendu à l'autre bout du couloir. Ce n'était pas leur impatience à l'idée de découvrir ce qu'il se passait pour mettre fin à cette agitation.

Non.

Ce qui me torturait, c'étaient ses émotions à elle.

C'était sa colère, son chagrin, sa haine. C'était ce soupçon de honte à l'idée d'avoir été manipulée. C'était cette montagne de culpabilité qui pesait sur son cœur. C'était cette fumée de rancœur qui lui brouillait la vue.

J'étais capable de les percevoir à travers les expressions de son visage, les crispations de ses muscles, les irrégularités de sa respiration.

Je ressentais chacune d'elles avec une puissance déconcertante. J'étais familier avec cela, j'étais parvenu à développer quelques stratégies pour tenter de m'en détacher mais avec Diane, je n'étais pas capable de lutter. Pour une raison inconnue, j'avais envie de ressentir la même chose qu'elle. J'avais l'impression d'être plus proche d'elle ainsi.

J'avais la sensation que c'était moi qui avais dû endurer les mains de Maverick sur mon corps.

Je comprenais d'une manière immensément profonde les raisons qui étaient à l'origine de ses maux.

Elle se sentait trahie car elle lui avait offert sa confiance. Elle se sentait coupable de ne pas s'être aperçue elle-même de la manipulation. Elle était en colère mais contrairement à ce qu'elle pensait, cette haine n'était pas destinée à Maverick. C'était bel et bien contre elle qu'elle était furieuse.

Je savais comment le monde fonctionnait. Je connaissais la fonction de ces sentiments mais je ne pouvais pas gérer leur affluence dans mon corps.

Je ne pouvais plus encaisser la chaleur de son corps alors que je la serrais contre moi. Je ne pouvais plus supporter les picotements provoqués par sa peau contre la mienne. Je ne pouvais plus ressentir cette pulsion de protection dont j'étais victime à chaque fois que je respirais le même air qu'elle.

C'était incontrôlable. Je percevais ses états d'âme avec tellement de clarté que je n'avais pas d'autre possibilité que de la protéger. C'était plus fort que moi. Il fallait qu'elle soit en sécurité.

Quand elle avait été effrayée par les gestes brusques de Maverick le premier jour, j'avais eu le sentiment que c'était moi qui allais plonger dans une angoisse ingérable.

Quand elle avait été inquiétée par le comportement des détenus, j'avais eu la sensation que c'était moi qui perdais toute confiance en mes capacités.

Alors, j'étais intervenu.

Mais à présent que mes bras étaient enroulés autour d'elle pour la calmer, tout était trop fort, trop puissant, trop dangereux.

C'était comme si sa colère se joignait à la mienne, comme si elles s'associaient pour nous détruire tous les deux.

Comme si nous ne formions plus qu'un. Je n'avais plus mes propres émotions, je n'avais plus mes propres envies.

Alors que chaque seconde qui s'écoulait la plongeait dans la paix, je m'enfonçais dans la haine.

C'était comme si la fine barrière de nos peaux et de nos vêtements laissait ses sensations me pénétrer. Elle se vidait de toute négativité mais je n'étais plus capable d'en accepter. Si j'en laissais davantage m'envahir, je n'allais pas le supporter.

Je savais que d'un regard extérieur, personne ne pouvait comprendre ce qui m'arrivait. J'avais appris à garder un visage neutre. Je savais comment contrôler mon corps pour éviter de laisser mes sentiments transparaitre. Si je me montrais trop empathique avec les autres, on finissait par se servir de moi.

J'aurais pu continuer ainsi, j'aurais pu prendre sur moi.

Cependant, par le plus grand des égoïsmes, je la libérai. Je desserrai l'étau de mes bras et je la relâchai.

Je savais à quel point elle s'était sentie bien contre mon corps. Je savais combien elle avait aimé ce moment de tranquillité.

Je pouvais percevoir à quel point elle désirait recommencer. Je pouvais lire combien elle était intriguée par cette expérience.

J'aurais aimé avoir la force de prolonger cet instant un peu plus. J'aurais rêvé de pouvoir lui offrir davantage de répit.

Mais je n'en étais pas capable.

Sa colère se mélangeait avec l'adrénaline des hommes qui étaient maintenant devant nous et si je voulais être en mesure de gérer la situation, je devais faire cesser l'afflux qui émanait de son petit corps.

Lorsque l'air fut enfin en mesure de nous séparer, je pus respirer à nouveau.

Elle me tournait le dos alors je pouvais la contempler sans risque. Elle ne tremblait plus, elle était totalement immobile, totalement calme.

Mais elle était déboussolée.

Elle semblait mettre en ordre ses pensées.

Nous regardâmes le directeur de la prison et les gardiens. Je n'allais pas la laisser subir les conséquences du comportement de Maverick. Même si je venais de comprendre qu'elle savait parfaitement se défendre, j'avais besoin de lui offrir encore plus de paix.

J'étais en train de trouver une solution quand elle recula. Un seul pas finit par la faire heurter mon torse.

Et je fus totalement noyé à nouveau.

Mais cette fois-ci, ce n'était pas sa colère qui parvenait jusqu'à moi.

C'était son envie, son désir, son érotisme.

C'était sa détermination, sa confiance, sa certitude.

Lorsqu'elle posa ses yeux sur moi, je sus que nous venions de franchir une étape. Nous n'étions plus un élève et une enseignante reliés par une relation éducative.

Nous n'étions plus un détenu et une femme libre aux vies diamétralement opposées.

Nous n'étions plus que nous-même.

Elle approcha ses lèvres de mon oreille avec une lenteur insoutenable. J'avais l'impression que le temps passait beaucoup plus vite pour moi. J'étais tellement stimulé par les émotions autour de nous que je ne pouvais pas faire le vide.

Lorsque son souffle vint percuter ma peau, je sentis sa chaleur m'envelopper.

Sa voix féminisme ne fit vibrer l'air que pour moi.

Je te vois Armend. Je sais ce que tu veux cacher.

Et lorsqu'elle me priva à nouveau de son contact, je me sentis fragilisé. Elle venait de briser avec violence l'une de mes protections.

Alors que les hommes présents face à nous me dévisageaient avec colère, je sus que ce serait simple de les convaincre que j'étais responsable des blessures de Maverick.

Ils s'attendaient à ce que ce soit moi. Je n'avais qu'à me mettre devant Diane, à avancer vers eux et à leur présenter mes poignets.

Ils saisiraient immédiatement les menottes qui pendaient à leur ceinture et ils m'emmèneraient. J'irais à l'isolement, là où je n'avais plus à subir les émotions des autres. Ce serait presque une récompense après ce que Diane venait de me faire ressentir.

Je ne savais pas comment elle parvenait à gérer toute cette colère. J'avais le sentiment qu'elle était totalement dépassée. J'avais toujours condamné la violence, je n'étais pas particulièrement pacifiste mais je préférais toujours utiliser mes poings en dernier recourt. Diane avait frappé Maverick et elle était parvenue à le blesser, ça ne semblait pas grave mais c'était assez troublant. Je voulais comprendre. Il fallait que je découvre pourquoi la brutalité faisait maintenant partie de sa vie.

Lorsque j'amorcerai le premier mouvement, elle serait reconduite à l'extérieur et elle pourrait rentrer se reposer. Elle avait eu une journée difficile, elle en avait besoin.

Tout le monde me regardaient. Ils étaient en train de me juger, de me passer au crible. Je détestais sentir leur regard sur moi. J'avais toujours profondément dfétesté être au centre de l'attention.

Maverick était celui qui me dérangeait le plus. Il me haïssait et il mourrait d'envie de retourner la situation contre moi.

Je n'avais même pas à poser les yeux sur lui pour savoir ce qu'il prévoyait de faire. Il allait dire à tout le monde que j'étais le coupable. Il allait demander des sanctions et je savais déjà qu'il allait proposer de me priver des cours de Diane.

Il voulait m'éloigner d'elle et la seule issue que j'avais, c'était d'avouer. Si je me présentais immédiatement devant le directeur, peut-être que cela jouerait en ma faveur. Il le fallait car je n'étais pas encore prêt à m'éloigner de la seule personne qui disait me voir vraiment.

Avant même que je puisse commander à mes jambes d'avancer, Diane fit voler mon plan en éclat.

Elle se dirigea vers eux la tête haute, voyant sûrement l'air accusateur qui était dirigé contre moi. Elle était dotée d'une vraie intelligence. Elle n'était pas seulement pleine de connaissances, elle savait aussi analyser son environnement.

Elle avait compris que Maverick allait passer à l'attaque. Elle l'avait senti immédiatement et elle refusait de le laisser faire.

Je sus que je devais le faire maintenant. Je devais ouvrir la bouche, je devais parler. Je devais leur dire que j'étais le seul responsable.

Mais avant que je puisse rassembler mon courage pour le faire, Diane prit la parole.

Il n'a rien à voir là-dedans. J'ai perdu mon calme, je suis la seule coupable. Depuis mon arrivé ici, on abuse de mon ignorance. Deux de vos gardiens m'ont conduit dans une pièce pour me fouiller. Ils ont effectué des palpations à mon encontre chaque matin avant de me laisser prendre mon poste. J'assumerai les responsabilités de ma négligence mais j'attends la même chose de votre part, annonça-t-elle distinctement au directeur de la prison.

Maverick grimaça en comprenant qu'il n'aurait pas l'occasion de me blesser à nouveau et la contrariété me gagna. Je n'avais rien fait pour aider Diane, elle avait refusé ma protection et elle n'avait pas hésité une seule seconde.

Le quinquagénaire bedonnant la dévisagea. Sa chemise et son costume étaient les seules marques de sa position sociale. Il dirigeait cette prison mais il n'y avait aucune autorité naturelle qui émanait de lui.

Il avait acquis son pouvoir lentement et il avait maintenant un poste respecté mais il se laissait déstabiliser par la femme qui se tenait devant lui.

Alors qu'elle semblait parfaitement confiante, le directeur laissa transparaitre des signes de faiblesse. Diane venait de le surprendre, il était pris au dépourvu et il n'avait pas assez de temps pour réfléchir à un plan d'action.

Les collègues de Maverick accoururent près de lui. Ils prirent la mesure de ses blessures et demandèrent à l'infirmière de venir. Diane attendait sa sentence avec un once d'impatience et le directeur croisa les bras pour se protéger de l'intensité qu'elle dégageait.

J'étais le témoin silencieux de la scène.

Lorsque l'infirmière arriva, elle s'occupa de Maverick. Diane la regarda faire et j'aurais voulu la prendre par la main pour lui expliquer ce qu'elle avait cru voir dans le couloir.

Elle m'avait vu parler. Elle savait à présent que j'en étais capable.

J'avais toujours eu la possibilité physique d'utiliser mes cordes vocales mais les mots ne sortaient pas avec facilité. Il fallait que j'aie une très bonne raison de parler et cela n'était pas arrivé depuis des années.

L'infirmière n'avait jamais entendu ma voix avant ça. Pas une seule fois, je n'avais ressenti le besoin de lui faire part de quoi que ce soit.

Mais depuis que j'avais vu Diane entrer dans cette pièce, seule avec Maverick, j'avais eu la sensation qu'il se jouait d'elle. Je connaissais l'ampleur de sa perversion et j'avais tout de suite compris que je devais agir. L'angoisse qui prenait place dans ses yeux était forcément en lien avec sa peur d'être touchée. Je n'avais compris sans effort, c'était l'un des seuls avantages de ma condition.

L'expression dégoutée de Diane en entrant dans ce débarras avec lui m'avait parlé très clairement.

J'avais de bonnes connaissances du fonctionnement de cette prison. J'y étais depuis un bon bout de temps, je ne connaissais qu'elle.

Mais je savais que si je décidais de tout révéler à Diane, cela lui provoquerait des émotions trop fortes. Je n'avais donc pas pu me convaincre de le faire sans avoir eu une confirmation avant.

J'avais donc pensé à Diane de toutes mes forces et j'avais demandé à l'infirmière quels étaient les contrôles de sécurité qu'elle subissait en entrant ici.

Elle avait été immensément surprise de m'entendre parler puis elle avait mentionné des détecteurs de métaux, l'inspection occasionnelle de son infirmerie, des inventaires quotidiens mais pas une seule fois elle n'avait abordé des fouilles.

J'avais eu l'ultime preuve de la manipulation de Maverick et j'avais tout expliqué à Hélène. Diane nous avait surpris à cet instant et j'avais insisté pour qu'elle me laisse seul avec elle afin de tout lui expliqué. Je lui avais demandé cinq petites minutes et mon comportement exemplaire depuis notre connaissance avait fini par la convaincre.

Elle avait été tellement étonnée de découvrir que je parlais, qu'elle m'avait laissé faire.

J'avais ensuite passé les instants les plus intenses de ma vie, enfermé avec Diane. Je n'avais jamais rien connu de tel.

Et à présent, je la laissais payer pour les conneries de Maverick.

Le directeur la dévisagea avant de prendre la parole.

Madame Elsher, je crois qu'on serait plus au calme pour en parler dans mon bureau.

Il tentait de gagner du temps avant de prendre sa décision. Quel lâche.

Mon corps se raidit. Je n'étais pas à l'aise avec la situation, je détestais me sentir impuissant. Diane le perçut car elle me lança un petit regard en coin.

Peut-être avait-elle raison.

Peut-être me voyait-elle bel et bien.

Alors qu'elle allait accepter dans l'unique but de m'empêcher de la défendre et de me rendre mon calme, Hélène prit la parole.

D'un point de vue médical, les blessures sont vraiment superficielles. Il n'a rien de cassé, ce n'est pas méchant, affirma-t-elle.

Elle se releva et Diane croisa son regard. Elle murmura un « merci » en comprenant que l'infirmière essayait de rendre sa sanction plus légère.

Le directeur hocha la tête, manifestement heureux de ne pas devoir renvoyer l'une des seules personnes acceptant le poste difficile d'enseignant.

Je vis que tout se passa rapidement dans son esprit, il venait d'avoir une idée et il était prêt à l'exposer devant tout le monde.

Je vous présente toutes mes excuses pour le comportement inqualifiable de mes hommes. Je vous assure que je vais prendre des dispositions dont je vous tiendrai informée. Vous comprenez néanmoins que je suis dans l'obligation de sanctionner votre manquement. Actuellement, votre poste n'implique qu'une présence à cinquante pourcents devant les détenus. Il y a une bibliothèque dans l'établissement qui est à l'abandon faute de bibliothécaire pour s'en occuper. Je vous propose de la remettre en ordre et de l'ouvrir aux prisonniers qui en auraient l'utilité. Pendant le prochain mois, vous donnerez vos cours le matin et vous occuperait de la permanence les après-midis, de manière bénévole bien sûr. À l'issue de cela, on pourra convenir d'une augmentation de salaire, si cela vous convient.

Diane l'avait écouté attentivement. Elle était maintenant en train de réfléchir. Elle n'avait pas réellement le choix, même si le directeur la laissait penser qu'elle pouvait refuser.

Nous savions tous comment il gérait les incidents ici.

Il voulait à tout prix les cacher au monde extérieur et il parvenait toujours à en tirer l'avantage.

Il avait l'ascendant sur Diane, maintenant qu'elle avait commis une erreur et il comptait bien l'utiliser. Il voulait l'exploiter pendant un mois en échange de son silence sur la violence qu'elle avait exercée contre Maverick.

Il n'était pas rare que les gardiens perdent leur calme face aux détenus. Un bon nombre d'entre eux avaient déjà expérimenté des coups de matraque abusifs. Le directeur fermait toujours les yeux.

Mais aujourd'hui, il faisait mine de condamner ce comportement.

J'aurais voulu dire à Diane qu'il se servait d'elle.

En voyant son expression, je compris qu'elle n'était pas dupe. Elle sentait bien qu'elle était perdante mais je la vis quand même accepter la proposition. Elle semblait avoir besoin de cet emploi et elle n'était pas prête à le perdre.

Je me fis à nouveau la promesse de découvrir pourquoi une femme comme elle avait accepté un poste ici.

Habituellement, les enseignants étaient tous des hommes en fin de carrière. Elle n'avait pas le profil habituel et la violence dont elle pouvait faire preuve, ajoutée à sa peur du contact physique faisait d'elle le prochain mystère que j'allais élucider.

Le directeur sembla ravi d'entendre qu'il avait trouvé une solution. Il ne me demanda pas quelle était mon implication dans cette histoire, il devait savoir que je ne répondrai pas, de toute façon.

L'atmosphère s'apaisa immédiatement et je me sentis plus léger.

L'infirmière termina de s'occuper de Maverick et un gardien s'approcha de moi pour me reconduire dans ma cellule.

Diane le regarda poser la main sur mon bras. Elle semblait attentive à tout ce qui me concernait. Je n'avais pas l'habitude de fréquenter des femmes. J'étais familier avec l'environnement majoritairement masculin de cette prison mais depuis que mes yeux s'étaient posés sur elle, j'avais réalisé tout ce que je manquais.

Je passais par tout un tas d'émotions au cours de mes journées mais lorsque je l'avais entendue parler d'amour, j'avais pris conscience que je n'avais jamais expérimenté ce qu'elle décrivait. Je n'avais jamais frémi au contact de quelqu'un. Je n'avais jamais senti qu'une simple présence pouvait suffire à mon bonheur. Je n'avais jamais été fasciné par personne.

Je n'avais jamais rencontré un couple qui s'aimait. Mes parents s'étaient séparés rapidement après ma naissance et les nombreuses années que j'avais passées ici ne m'avaient pas laissé apercevoir quelque chose de comparable.

Lorsque je quittai la salle du personnel, je fus incapable de retenir l'envie de la regarder par-dessus mon épaule.

Elle m'intriguait à outrance mais je n'avais pas d'autre choix que d'obéir au gardien qui me conduisait loin d'elle.

Les nombreux pas qui me permirent de regagner ma cellule furent l'occasion pour moi de faire le vide. Je n'avais plus à me préoccuper des émotions des autres, je pouvais simplement me concentrer sur les miennes. J'avais du mal à faire la différence, c'était pour cette raison que j'aimais la solitude.

Lorsque la lourde porte fut refermée derrière moi, je m'installais sur mon lit comme à mon habitude. Il n'était pas grand mais à force de travail, j'avais pu m'offrir davantage de confort.

Je pris immédiatement l'objet qui avait toute mon attention, ces derniers jours. Je me couchai et commençai à le balayer des yeux.

Plus je passais de temps dessus et plus je tentais de comprendre ce qui l'avais poussée à me le confier. J'essayais de découvrir ce qu'elle voulait que je voie à l'intérieur.

Les mots défilaient sous mes yeux.

Les phrases s'enchainaient avec rapidité et j'étais peu à peu transporté dans un autre univers. Je n'avais jamais lu ce genre de livres mais puisque c'était elle qui me l'avait demandé, j'obéissais avec joie.

Je tentais de la lire entre les lignes. J'essayais de deviner si elle aurait aimé Darcy dans la vraie vie, si elle s'était reconnue en Elisabeth et si c'était le genre d'amour qui la faisait frémir.

Lorsque mes doigts n'eurent plus aucune page à tourner, je refermais l'ouvrage. J'avais commencé à le lire immédiatement après qu'elle me l'avait eu donné et je n'avais rien fait d'autre de mon temps libre.

J'étais hypnotisé par sa description de l'amour et rien n'avait plus d'importance.

Je posais ensuite les yeux sur le carnet qu'elle m'avait donné avec. Elle avait préparé une feuille à l'intérieur sur laquelle elle m'avait demandé de noter mes impressions. Une petite note expliquait ce qu'elle attendait. Ce carnet m'appartenait, il serait un moyen pour moi de me rappeler du chemin de lecture que j'allais parcourir grâce à elle.

Je n'avais pas l'intention de la défier mais je réalisais qu'elle avait été celle qui avait été au cœur de mon esprit pendant toute ma lecture.

Je n'avais pensé qu'à la réaction qu'elle avait eu la première fois qu'elle avait réalisé que Darcy avait des sentiments bien plus profonds que ce qu'il laissait apercevoir.

Je n'avais imaginé que son expression lorsqu'elle avait lu que le personnage principal n'était pas un grand parleur.

Je n'avais réfléchi qu'à la posture qu'elle pouvait choisir pour lire, qu'à sa manière de me tendre ce livre, qu'au prochain ouvrage qu'elle me ferait découvrir.

Comment aurais-je pu remplir ce carnet ?

Je repensais à son corps que j'avais serré contre le mien. Je réfléchissais à tout ce que j'avais pu faire en sa présence depuis notre rencontre. Je ne cessais jamais de repasser l'intégralité de mes journées dans ma tête, à la recherche d'un moment où je me serais ridiculisé, d'un instant où j'aurais pu la décevoir.

C'était inconcevable pour moi de me montrer sous un mauvais jour.

Pourtant, c'était ce que j'avais fait.

Lorsque nous avions été seuls tous les deux, j'avais ressenti son désir, j'avais su ce qu'elle voulait et j'avais pris la décision de le lui offrir.

Pourtant, lorsque je m'étais approché de ses lèvres, elle m'avait repoussé. Un frisson de gêne et de déception me parcourut à nouveau.

J'étais un idiot. Même si j'avais parfaitement conscience de son attirance pour moi, je savais également qu'elle n'était pas prête à sauter le pas. Je m'en voulais de m'être comporté ainsi.

En regardant à nouveau le carnet, je pris la décision de le remplir en modifiant sa consigne. Je n'allais pas rédiger mes impressions sur mes lectures, j'allais écrire sur elle. J'allais la décrire avec mes mots j'allais la peindre avec mes yeux, j'allais la faire vivre sur le papier.

Elle était la seule impression que je voulais coucher noir sur blanc. J'allais raconter notre histoire. Je commençais par noter la date à laquelle elle avait fait son apparition dans ma vie et j'entrais dans un état second. Je ne pensais à rien d'autre qu'à elle. À chaque fois que je terminerai l'un de nos chapitres, je la remercierai.

La première marque de gratitude que je voulais lui offrir était une évidence.

Merci de faire passer le temps loin de toi un peu plus vite.

Lorsqu'on frappa à ma porte pour m'indiquer qu'il était temps d'aller diner, je refermai avec difficulté mon travail.

Je reprendrai immédiatement à mon retour. J'avais bien trop de choses à dire à son sujet, bien trop de constats à noter, bien trop d'hypothèse à tester, bien trop de mystère à mettre en lumière.

Lorsque je me dirigeai vers la salle à manger, je vis un gardien accrocher quelque chose au mur. Plusieurs détenus vinrent pour lire l'annonce et certains tentèrent d'attraper le crayon qui était placé à côté. Je ressentais leur excitation alors je m'approchai.

Comme à chaque fois que j'étais en présence d'autres personnes, je revêtis mon masque d'indifférence. Je préférais les effrayer plutôt que de leur montrer qui j'étais vraiment. Je refusais qu'on se serve de moi à nouveau.

Lorsqu'ils me virent avancer, ils s'écartèrent sur mon passage. Ils me permirent de lire les inscriptions recherche assistant bibliothèque.

Nous avions la possibilité de nous porter volontaires et il était hors de question que quelqu'un d'autre que moi obtienne ce poste.

Je notait mon nom tout en haut de la liste et je barrais les autres espaces vides avant de voler le stylo.

Je devais être celui qui serait choisi.

Un seul regard aux autres détenus suffit à les convaincre de ne pas s'inscrire.

Et une seule inspiration suffit à me redonner espoir. 

*** 

Coucou ! 🌙 Comment aller-vous ? ❤️

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 

Je fais tout mon possible pour poster la suite rapidement. En attendant, je suis toujours disponible pour vous répondre sur insta (@delphine_blake_)

Merci pour votre lecture 

Avec toute mon amitié, ❤️

Delphine 🌙

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