Le Royaume perdu

By Sheila_Letanovsky

3K 307 505

Arcanya Lake vit dans le royaume d'Oriolen, où règne le roi sanguinaire Menevras Erhavsha. Chaque année ving... More

1- L'Appel
2- L'Appel partie-2
3- Verité ou Mensonge
4- Terreur et Combat
5- Plans
6- Nid de Serpents
7- Rencontre surprise
8- Course poursuite
9- Une journée en Enfer
10- Se fondre dans le décor ou faire brûler le décor
11- Eveil
12- Rituel
14- Perte de controle
15- L'aide inespérée
16- Faire le grand saut
17- Evasion
18- En cavale
19- Ratrappés
20- Démons nocturnes
21- Encore marcher
21- La grive
22- La region des Lacs
23-L'attaque
24-Ruines anciennes
Ruines anciennes 2
27- La cité des espoirs
28- La cité des espoirs partie 2
29- Liens de sang
30- La Bibliothèque
30- Reunion
31- L'arme
32-Les Liés
33- Le Haut Roi
34- L'arène
35- L'entrainement
36- Bataille
37- Affrontement
38- Le sanctuaire maudit
39- Le sortilege

26- Vaenira

58 5 12
By Sheila_Letanovsky

Mes respirations étaient bruyantes. Ma main lâcha mon couteau sans même que je m'en rende compte. Je ne pouvais que fixer, sans trouver mes mots, la créature en face de moi. Cinq mètres nous séparaient, mais tout à coup ce fut comme si nous nous éloignâmes de plusieurs kilomètres. Ce que j'avais sous les yeux n'était pas l'homme que je connaissais et avec qui je cheminais depuis quatre jours. Non, il était tout autre chose. Le prince Nyx. L'ainé des enfants de Menevras. Un Eravsha. Et par conséquent mon ennemi. Il tournait vers moi un regard vide.

- Abrax... , laissai je échapper malgré moi. Alors même, que cela n'était pas son véritable prénom.

Ce fut comme si il reprenait contact avec la réalité. Le déchaînement autour de lui, se calma peu à peu. Les ténèbres se dissolvaient et j'en vis se fondre sous sa peau dorée. Cette peau qui était si différente de Maven qui se tenait à deux mètre de lui sans manifester la moindre peur. Et pourtant... Maven avait les bras croisés. Exactement la même posture que prenait souvent Abrax. Ils étaient frères. Non pas adoptifs, comme me l'avait dit Abrax, mais bel et bien de sang.

- Alors c'est comme ça que tu dis t'appeler, ricana Maven.

Ma confiance s'effritait, mes espoirs s'effondraient. Allait il seulement me conduire de l'autre côté des montages où comptait il me tuer ? Il n'était assurément pas avec Maven, car il avait voulu s'enfuir, mais quels étaient réellement ses plans ? J'avais cru avoir un compagnon de voyage, paysan, voleur et Révolté, alors que j'avais à mes côtés un prince ennemi disparu depuis plusieurs siècles. Nyx avait bel et bien existé, Ravenna me l'avait confirmé. Mais jamais je n'aurai put soupçonner que je voyageais avec lui depuis quatre jours.

- Arcanya, appela Abrax en se tournant vers moi.

La peine que je vis dans ses yeux, ne fit que renforcer ma rage, qui montait un peu plus à chaque seconde qui passait. Comment pouvait il me regarder ainsi, alors qu'il m'avait trahit. Qu'il m'avait menti. Je vis son épée tournoyer dans sa main. Je crus, un instant, qu'il me chargeait moi. Mais, la lame pourfendit l'air, en direction de Maven. Ce dernier balaya d'un geste de la main, l'espace devant lui. Il disparut. Pour réapparaître pile devant moi. Son visage pâle et figé, se rapprocha du mien. J'étouffais un cri de surprise.

- Tu te sens trahie ? Tu sens la colère et la rage monter?, me questionna t'il avant de disparaître à nouveau, avant que je puisse amorcer un mouvement.

Comment pouvait t'il faire cela ? Le souffle court, je récupérais mon poignard et regardai autour de moi. Abrax, non Nyx, était en train de rappeler toutes ses ténèbres et elles s'amassaient autour de lui. Une fois encore, je le vis dans toute sa puissance. Il me regardait et s'avança vers moi. Puis, soudain un grand bruit, se propagea autour de nous.

- Arcanya, répéta Abrax en faisant un pas supplémentaire.

Je levai sur lui mes yeux. Je le dévisageais en silence. Je n'étais pas seulement en colère. J'étais déception et tristesse. Je me sentais plus trahie, que je ne l'avais jamais été. Je me sentais seule, abandonnée. La personne en qui j'avais commencé à faire confiance, n'était pas celle qu'elle disait être.

- Vous devez me faire confiance, amorça t'il en levant une main qui se voulait apaisante.

- Vraiment, m'écriais je en levant mon arme pour l'empêcher de plus avancer. Qu'est ce que vous me voulez réellement ?

- Je suis bel et bien en mission, me dit il. Tout était vrai, je vous jure.

- Bien sur, hormis la totalité de votre identité, lançai je d'une ton amer.

- Peut être qu'elle sera celle qui te tuera, grand frère, fit Maven en apparaissant derrière Abrax.

Il pivota et fendit l'air mais Maven n'était déjà plus là. Les ténèbres autour de lui, enflèrent. Je sentis comme une force onduler sous ma peau. Je sentais que le puit sans fond dans mon esprit, s'érodait, pour s'agrandir.

- Je ne vous l'ai pas révélée, car cela était trop dangereux, me répondit il.

- Non, fis je d'un ton sec, vous n'avez rien dit, car vous ne voulez rien dire. Vous ne m'avez jamais rien révélé. Peut être parce que, vous ne saviez rien ? Peut être parce que vous ne comptiez pas me mener par delà les montagnes ?

- Je vous assure que si, Arcanya, lâcha t'il en me regardant avec tant de peine dans ses yeux que je ne sus que répondre.

Les ombres se multiplièrent. Elles gagnèrent sa tête et bientôt, il ne fut plus qu'une silhouette dans une tornade sombre. Maven se matérialisa derrière lui. J'étouffais un hoquet, lorsqu'il propulsa vers lui, une épée, presque similaire à celle d'Abrax. Même si il était moins grande, moins menaçante, il lui tournait le dos. Mais il contra la parade, en pivotant avec grâce. Les ténèbres engloutirent Maven et je ne les discernai plus durant de longues secondes. Je pris conscience que je retenais mon souffle. J'étais encore inquiète pour Abrax. Je serrai les dents. Je combattit mes larmes. S'il m'avait mentit, je n'étais pas idiote. Il m'avait indéniablement sauvé la vie, à maintes reprises et il c'était révélé à moi pour empêcher à Maven de m'éliminer. Ce dernier avait fait exprès. Il savait qu'il le ferai. Qu'il s'interposerait. Jamais, il n'aurait risqué de me tuer, alors même que la malédiction n'était pas brisée. Abrax avait fait le choix de dévoiler son identité.

Un vent violent, me malmenait. Des nuages avaient dut apparaître dans le ciel, car la luminosité baissait de plus en plus. Inquiète, je regardai le ciel. Je priais pour qu'une pluie de sang ne s'abatte pas sur nous. Devant moi, je vis les deux princes dans un duel mortel. Les coups pleuvaient, les lames s'entrechoquaient. Leurs crissements retentissaient dans la clairière. Je plissai les yeux et tentaient de discerner le combat.

Les ténèbres étaient effrayantes. Menaçantes, elles me tenaient à distance. Elles tourbillonnaient en rythme avec les coups qu'assénait Abrax. Il se tenait au cœur de cette tempête. Ses vêtements noirs, ses cheveux noirs. Je pouvais presque voir ses yeux brillaient de cette même couleur. Ses gestes étaient puissants, gracieux. Pleins de vélocité. Il se mouvait en un ballet dont il était le seul maître. Maven maîtrisait assurément sa lame, mais je pouvais voir d'ici qu'il n'était pas à la hauteur. Les muscles d'Abrax roulaient, alors qu'il feintait, parait et attaquait. Bientôt, je le vis prendre l'avantage. Ses coups ne faiblissaient pas. Chaque rencontre entre les épées, se soldaient par un tremblement dans l'épaule de Maven, alors que celle de son frère, se stabilisait aussitôt. Je vis, la tempête redoubler. Je vis les ténèbres se resserrer. Puis le sol trembla. C'était comme si Abrax perdait le contrôle. Je vis, effarée, combien, les dents serrées, il se contenait. La force de son pouvoir, m'écrasant encore, je me demandai ce qui en serait, lorsqu'il le déploierait dans son intégralité. Puis, Maven se volatilisa au moment où la terrible arme d'Abrax allait s'abattre sur lui.

Le calme se fit autour de nous. Il se tourna vers moi. Je ne prononçai pas un mot. Il s'avança avec lenteur, comme pour me laisser tout le temps de me dérober.

- M'emmenez vous vraiment au camp des Révoltés, demandai je.

Il hocha la tête. Son visage semblait fatigué.

- Oui.

Il s'approcha un peu plus.

- Je vous assure que je n'ai toujours eut que ce but, poursuivit il, et que je n'ai jamais voulu vous tromper.

Je gardai ma main levée, mon poignard dedans. Il se stoppa à un mètre de moi. Son épée était toujours dans sa main. Il suivit mes yeux et vit ce que j'observai. C'était une merveille. Je vis les reliefs qui la parcouraient, les lignes droites de la lame. Le pommeau était entrelacé de vrilles qui se joignaient. Je vis au sommet, une orbe noire, qui surmontait le tout. Dedans pulsait, une chose noire et opaque. L'intégralité était d'un noir profond. Je m'étais demander brièvement quel métal pouvait faire ressembler une épée, à celle que brandissais Abrax. J'avais maintenant ma réponse. Ce n'était pas du métal, ni de l'acier, mais des ténèbres à l'état pur. Solidifiées en cette arme mortelle. Il remua soudain le poignet, et l'épée se dissolue brusquement dans l'air. Mon regard revint sur lui. Je regardai son visage que j'avais appris à connaître. Son pouvoir retombé, il n'avait nullement changé. C'était toujours les mêmes cheveux décoiffés, les mêmes traits, la même ligne droite de sa mâchoire et les mêmes yeux si étranges qui me renvoyait mon regard.

- Comment pourrai je vous croire, articulai je la gorge serrée.

Il secoua la tête.

- Je vous assure que je ne voulais pas que vous l'appreniez de cette façon.

- Et comment alors, réagis je.

- Je vous l'ai déjà dit, tout avait été organisé. Mais que mon frère, nous retrouve dans cette forêt...

Il ne finit pas sa phrase. Je tressaillis à l'entente du mot « frère ». Toute les fois où nous avions parlé, il avait dit « Maven » au lieu de mon frère, Menevras et Ravenna au lieu de « père et mère ». Il avait vanté ses talents d'espion et de mercenaire alors qu'il était prince. Déblatérer sur sa vie de jeune homme pauvre, qui avait gâché sa vie au service d'un homme cruel pour survire, alors qu'il avait... qu'il avait plus de quatre cent ans, aux dires des histoires à son sujet.

- Vous n'avez fait que mentir, à chaque instant, dis je avec amertume. Dire que je vous ai plaint, pour votre vie, pour ce que vous avez enduré, jour et nuit à servir Menevras. Je vous ai écouté parler encore et encore de choses que vous n'avez même pas vécut.

- Ne croyez pas qu'être Abrax de Vengeria est plus facile que de naître en étant moi, rétorqua t'il.

- Mais vous n'êtes pas Abrax de Vengeria, m'écriais je. Vous êtes...

Je m'interrompis, stupéfaite, devant la pure souffrance sur son visage. Jamais je ne l'avais vu, aussi peu maitre de lui même. Son masque neutre ou narquois qu'il arborait comme une armure à chaque instant, c'était volatilisé.

- Oui, je sais ce que je suis, prononça t'il. Je ne le sais que trop bien. De naitre dans le mauvais camp, de grandir et de s'apercevoir que mes propres parents étaient fous à liés. De voir qui j'étais, par ma simple naissance. Je vous assure, que je ne suis pas de leur côté.

- Je sais, fis je aussitôt.

Car je l'avais bel et bien compris. Il c'était battu contre son frère. Il avait même essayer de le tuer. Il ne pouvait qu'être contre eux.

- C'est déjà ça, commenta t'il dans un ton si familier que je pris conscience que seul son nom avait changé. J'avais marché à ses côtés, en pensant être avec Abrax, alors qu'il se nommait Nyx. Mais seul le prénom changeait. C'était le même homme. Je n'avais pas peur, qu'il me trahisse et aille me traîner jusqu'à son père. J'étais terrifiée, de lui avoir fait confiance alors qu'il me mentait sur ce point la. La première personne avec qui je me permettait de baisser quelque peu ma garde, n'avait pas été sincère avec moi.

- Votre identité est connue là bas?, demandai je. Vous alliez me la révéler, le chef des Révoltés est donc au courant qu'il collabore avec le fils de son ennemi ?

- Oh oui il le sait, souris Abrax. Il sait tout de moi.

- Nous allons donc toujours la bas?

Je voulais m'en assurer. M'assurer que rien n'avait changé, malgré cette révélation. J'avais encore du mal à le croire, tant la légende du prince Nyx était effacée. Plus personne n'y croyait. Personne ne savait rien de lui. Personne ne savait comment il avait été, si il avait bien sûr existé. Et il se tenait devant moi, dans ses vêtement presque déchirés, sale, et essoufflé. J'avais marché avec lui, je l'avais jeté d'une colline, dansé, rit et l'avait insulté.

Il hocha la tête.

- Nous pouvons y être en moins d'une minute désormais.

Je lui jetai un regard interrogateur.

- Vous avez vu comment mon frère se matérialisait, m'expliqua t'il. Nous pouvons le faire grâce à nos pouvoirs. Nous pouvons nous fondre dans les ombres. Je peux nous conduire directement à l'entrée de notre destination.

- Pourquoi est t'il partit ?, choisis je de demander.

- Il a toujours été moins fort que moi, répondit t'il. Et j'étais sur le point de le vaincre.

- Mais il savait que j'étais avec vous, non ?

- Oui je pense qu'il le savait.

- Mais, comment avez vous donc fait pour vous faire emprisonner dans ces cachots?

- Je ne l'ai pas fait, avoua t'il. Je me suis fondu dans les ombres du cachot, après avoir revêtu mon costume d'homme sale et rapiécé. Personne n'a jamais su que j'étais dans ce Palais, avant vous et Olga qui est une Révolté qui vous a donné mon petit mot.

Olga était donc une rebelle. Elle m'avait semblé si jeune et si effacée. Tout cela n'avait été qu'une couverture pour se fondre dans la masse ?

- Les barreaux, me souvins je, c'était des ombres n'est-ce pas ? C'est pour cela que vous avez put les écarter.

Il acquiesça.

- Me servir de mes facultés, attire la créature que vous venez de tuer. Menevras l'a conçut pour moi, il y a bien longtemps, désormais, afin de me retrouver. C'est pour cela que le roi a dut être prévenu de ma présence dans le palais. Elle a dut s'agiter, après des années de sommeil. Nous avons dut fuir précipitamment, dès que j'ai dissolue les barreaux.

- Mais la bête ne nous a pas trouvé le premier jour.

- Non mais elle était sur nos traces. Puis je l'ai attirée à nouveau, lors de notre chute.

- Notre... Je fronçais les sourcils.

- L'eau, se contenta t'il de répondre.

Puis je compris. L'eau m'avait semblé étrange, trop douce et trop épaisse. Ce n'était pas de l'eau. Il m'avait caché la vue alors que nous tombions. J'avais cru que c'était pour m'épargner cette vision. Mais en réalité...

- J'ai créé, à partir de mes ténèbres, un sorte de puit afin d'amortir notre chute, dit-il en écho avec mes pensées. Et ce faisant, le monstre a put me flairer à nouveau. Mais la pluie de sang nous a frappé et je pensais que nous avions plus de temps devant nous. Et je ne pensais pas que Maven serai avec lui.

- Et le mercenaire au village, continuai je. Le monstre n'était pas avec lui.

- Il a dut nous trouver de son côté, seul, me répondit il et je vis ses yeux briller de curiosité.

J'avais évoqué devant lui le message pour le roi. Il savait que j'avais fait quelque chose. Mais je ne lui révélerai rien. Je comprenais un peu mieux la situation mais je lui en voulait toujours.

- Vous ne m'auriez jamais suivi si vous l'aviez sut, lança t'il comme s'il pouvait lire dans mes pensées.

Je continuai à le fixer. Nous ne nous quittions plus du regard.

- Comment la Révolte a put se retrouver avec le fils de leur ennemi comme allié ?, me questionnai je.

- C'est une longue histoire qu'il faudra que je vous raconte plus tard, répondit t'il en me tendant la main.

Je le regardai sans bouger.

- Tout le monde doute même de votre existence, poursuivis je, et le peu qui y croit, vous pense mort.

Il se rembrunit.

- J'ai dut faire des choix, afin de préserver le bien commun, y compris me faire disparaître aux yeux du monde entier.

- Mais votre famille savait que vous étiez en vie.

- Ce n'est pas ma famille, rétorqua t'il durement. Mais oui, ils me savaient en vie. Ils ignoraient simplement où j'étais. C'est la premier fois en un millénaire que je revois mon frère.

- Un millénaire, répétai je. N'êtes vous pas né il y a seulement quelque siècles ?

- J'ai fait mon apparition à la cour de mon père, il y a quatre cent ans, et ce non par choix, soyez en sûre et Maven un peu plus tard. Mais nous avons bel et bien vécu la grande guerre des royaumes.

- C'est pour cela que vous connaissait si bien l'histoire, murmurai je. Vous l'avez vécu. Vous vous êtes donc battue avec Moroviel et les enchanteurs de l'ombre.

- C'est bien plus compliqué que cela, fit il a mi-voix avant de me retendre la main. Je n'avais pas remarqué qu'il l'avait baissée.

- Si vous me suivez, vous pourrez avoir toute vos réponses dans quelques instants.

- Car vous ne pouvez toujours rien dire, complétai je.

- Vous avez enfin compris, dit t'il en souriant.

Je regardai son sourire. C'était toujours le même, en coin, qui me semblait si hautain à notre rencontre.

Je m'avançai jusqu'à lui. Je pris une grande inspiration. En vue de tout les événements, ce qu'il venait de me dire, je n'allais pas m'enfuir en courant en criant à la trahison. J'étais capable de comprendre. Mais cela ne m'empêchait pas d'être en colère. D'un coup sec, je lui balançais mon poings à la tête. Sa tête recula sous le choc et ses yeux s'agrandirent. Il porta la main à sa pommette. Puis éclata de rire.

- Si vous osez me mentir à nouveau, je vous plante ce couteau dans le ventre, dis je en soulevant sous ses yeux mon long couteau incurvé.

- C'est noté, fit il entre deux éclats de rire.

Puis, pour la troisième fois, il me tendit la main. Je rengainais l'arme. Je la saisit et le sol se déroba sous mes pieds. Mon souffle se coupa, les ténèbres m'oppressèrent au point que j'eus du mal à respirer. Ma vision se coupa, mes oreilles se bouchèrent. Il n'y avait plus que du noir partout. Puis j'atterris sans douceur sur un sol rocailleux. Je titubais et repoussai ma main d'Abrax. Je n'arrivai toujours pas à l'appeler autrement que par ce prénom.

Un coup d'œil me fit comprendre que nous nous trouvions sur un plateau de rochers, qui surplombait la forêt de quelque mètres. Il n'y avait aucun moyen d'accès autour de moi, hormis si l'on décidait d'escalader la paroi.

- Et nous devions nous rendre ici à pieds, marmonnai je.

- Dites vous que moi,j'aurais porté le sac, que vous n'avez jamais pris, me répondit Abrax à côté.

- Je l'ai pris une fois, protestai je aussitôt.

Il secoua la tête et je fronçais les sourcils. Il ne faisait cela que pour m'énerver comme à son habitude. Je voyais clairement désormais, que qu'il soit Abrax ou Nyx il restait le même personnage.

Je voyais les arbres en contrebas qui s'étendaient à perte de vue et sur ma droite un bout de l'océan qui brillait. La lumière du soleil, me tapait fort après avoir passé autant de temps, dans ces espaces sombres.

- Enhrikeï zelih, s'écria soudain le jeune homme derrière moi.

Je fis volte face. Qu'est ce qu'il fabriquait encore ? Il se tenait face à la paroi rocheuse. Était ce la l'entrée ? Je compris ce qu'il avait entendu par « magie ». C'était bien une incantation qu'il venait de clamer. La paroi de la falaise se rida et ondula. J'avançai malgré moi d'un pas. Un voile rouge se forma. On ne distinguait rien derrière. C'était comme si une fenêtre venait de se former à même la montagne. Le phénomène était impressionnant.

Abrax se tourna vers moi, l'air fier.

- J'ai bien cru que nous devrions escalader la falaise, je suis soulagée, lançai je nonchalamment.

Je me plaçai à côté de lui.

- Notre dernière séance d'escalade c'était pourtant si bien passé, rétorqua il en me retournant un regard appuyé.

- Abruti, marmonnai je.

J'ignorais l'éclair d'un étrange soulagement qui me traversa. Nous conversions encore aussi normalement que c'était possible entre nous.

- Il faut simplement traverser, choisit il de répondre à mon insulte mais je le vis retenir un large sourire.

Pensez t'il comme moi ?

- N'ayez pas peur, termina t'il en se tournant vers moi.

- Je n'ai pas peur, rétorquai je.

- Dans ce cas...

Il appuya son propos d'un large geste de la main pour m'inciter a me lancer.

J'inspirai. Jamais je n'aurai penser ce matin que d'ici la fin de la journée, je me serai retrouvé face à cela. Je pensais que le voyage durerait bien plus longtemps. J'avais presque appréhendé mon arrivée. J'étais terrifiée à l'idée de ne pas être là bonne personne. Comment aurai je put être la clé a toute cette histoire ? Maintenant, j'avais de plus en plus hâte. J'avais réussi à dompter mes dons. Et j'arrivai avec bien plus de questions qu'ils n'en verrai jamais. Comment avait t'il put se réunir derrière des montagnes dites maudites et avoir accès à ce genre de magie ? Je voulais tout savoir. Et puis, il y avait mon père. S'il avait été au courant de la véritable histoire d'Oriolen quand ce continent se nommait encore Quisalar, il avait forcément dut se trouver dans ce lieu. D'un seul mouvement, je franchis cette barrière translucide qui ondulait face à moi.

C'était comme traverser de l'eau. Froid et humide sur mon corps, cette sensation ne dura qu'une seconde. J'émergeais de l'autre côté et décidai aussitôt que je préférais ce genre de magie pour me déplacer, au saut dans les ombres.

Je tournai sur moi même. J'étais dans une sorte de grand salon. Il n'y avait pas de mur, seulement de grands piliers majestueux aux quatre coins. Des rideaux volaient et m'empêchait de voir au dehors. Le mobilier était luxueux mais chaleureux. Je vis sur un de trois gros canapés qui trônaient au milieu, une cuirasse de guerrier, traîner au milieu d'armes. Un guéridon sur un coin de la pièce étaient remplis de bijoux éparpillés et emmêlés. Des chaussures étaient même posées au plein milieu, d'une manière négligée. Je me retournai. La sorte de portail que je venais de franchir était comme suspendu dans les airs et se tenait juste devant un rideau, semblable aux autres. Je fis un pas hésitant sur le côté. Je sentais l'air léger sur ma peau. Le vide devait se trouver derrière l'étoffe blanche qui voletait. Abrax surgit alors. Il fit deux pas et se posta à mes côtés.

- Bienvenue chez nous, lança t'il gaiement.

Je ne répondis rien, bouche bée. Je pouvais voir sur ma droite qu'une porte menait à d'autre pièces, par une sorte de couloir. Je m'avançai enfin et tournai sur moi même.

- C'est... ce n'est pas le genre de chose à laquelle je m'attendais.

- Suivez moi, fit il en souriant en retour, par dessus son épaule.

Il s'engouffra dans l'ouverture. Je passai dessous en notant qu'elle formait une arche en pierre ancienne. Des motifs étaient gravées dessus, et ils me rappelèrent une chose... J'étais si fatiguée que je passai immédiatement à autre chose. Nous débouchâmes sur une pièce, encore plus grande que celle que nous venions de quitter. Une grande table trônait au milieu, ensevelit sous des parchemins, des cartes et d'autres objets insolites comme un peigne ou encore un oreiller. Je haussai les sourcils. Non, je ne m'attendais vraiment pas à ça.

En face, je pouvais voir que les pièces s'enchaînaient encore mais Abrax vira sur la gauche et rabattit d'un grand mouvement le rideau vaporeux qui s'agitait devant lui.

- Te voila enfin, mon salaud, s'écria une voix masculine et pleine d'affection.

Mes yeux s'agrandirent de surprise. Mes pas ralentirent. Était ce des retrouvailles et allai je être de trop ?

- Eh, on a fait rapidement, protestai la voix d'Abrax.

- Cela se saurait si Nyx était ponctuel, fit une voix féminine.

- Vous êtes vraiment de mauvaise foi, j'aurai bien aimé vous y voir, continuai de protester mon compagnon de voyage.

Ces gens dehors. La femme l'avait appelé Nyx. Elle connaissait son identité. Il ne m'avait ainsi pas mentit sur ce point. Les Révoltés avaient bel et bien accepté un Erashva dans leurs rangs.

- Oh, bonjour, retentit soudain derrière moi, une voix grave.

Je glapis de surprise et fit un bond de côté.

- Excuse moi, je ne voulais pas te faire peur, s'empressa de dire l'homme qui se tenait devant moi.

- Ce n'est rien, me repris je, en restant sur mes gardes. Et vous êtes ?

- Un crétin, fit Abrax en sortant sa tête de derrière le rideau.

- Un coureur de jupons, incapable de garder son sérieux deux secondes, cria la femme derrière.

Abrax ricana.

- Ou plus communément, Arick, le dernier des sorcelleur, dit il en me tendant la main.

Je la saisit et la serrait, sous le choc.

- Vous voulez dire que...

- Ah, vous voyez, ça fait tout de suite son effet, cria t'il à l'adresse du rideau où Abrax avait une nouvelle fois disparu.

- Elle ne tardera pas à changer d'avis, répondit l'autre voix d'homme.

Je le détaillai de la tête au pieds. Il était très grand et portait une sorte de cuirasse qui lui donnait plus un air de guerrier que de sorcelleur. Bien qu'en fait... je n'ai jamais vu de sorcelleur. Il portait ses cheveux blonds mi long et son visage pourtant dur me renvoyait un sourire amical.

- Comment est ce possible, demandai je en chuchotant.

- C'est quelque chose que nous allons t'expliquer de ce pas, me dit il en m'entourant de son bras.

Trop stupéfaite, je ne me dérobais pas à ce contact. Il m'emmena vers l'endroit d'où sortaient toutes ces voix. Il écarta le rideau et une jeune femme surgit devant moi.

- Bonjour, chantonna t'elle en se saisissant de mes mains. Je suis Bellona.

Je bégayais un salut. Elle était magnifique. Elle avait de longs cheveux noirs et brillants qui ondulaient dans la douce brise. Elle semblait avoir quelque années de plus que moi. Nous nous tenions sur une sorte de balcon. Les rebord étaient assez éloignés mais je pouvais voir d'ici que nous surplombions un grand espace dessous. La jeune femme me pressa les mains et me guida lentement vers le rebord. Mon cœur faillit s'arrêter lorsque je découvris la vue. Je n'avais aucunement conscience d'Abrax et de la j'te homme inconnu sur ma droite. Je me tenais face à une gigantesque vallée, entourée de trois montagnes. Une ville s'étalait sous mes yeux. Je voyais des maisons, des rues, des avenues, de grands bâtiments. La lumière du soleil, a son point culminant dans le ciel, baignait le tout d'une lumière dorée. Au loin, une grande construction encadrait, une foule qui semblait être en train de se battre. C'était... une armée. Un camp d'entraînement, au pied de la montagne la plus éloignée. Je pouvais à peine distinguer les mouvements qu'exécutaient les silhouettes, armées d'épées. La Révolte avait donc bien une armée. Je tournai la tête et compris que la demeure où je me trouvais, se dressait au flanc d'une quatrième montagne. C'était une ville enclavée. Encerclée par ses hautes montagnes, qui disparaissaient entre les nuages. Je ne voyais aucun moyen d'accès. Une véritable cité, coupée du monde. C'était impossible.

- Mais quel est cet endroit, soufflai je.

- Bienvenue à Vaenira, fit une voix à côté de moi.

Je me tournai, arrachant mon regard à la merveille que je regardais... et mon regard rencontra celui qui venait de parler.

- ... petite sœur, termina alors l'homme devant moi qui arborait des cheveux aussi rouges et flamboyants que les miens.

Continue Reading

You'll Also Like

4.6M 219K 50
Emma Walker va se retrouver enfermée dans un magasin pendant 24 heures avec son ennemi juré, Tyler Cullen. Ils se détestent depuis leur enfance, mais...
13.4K 983 80
(تمت الترجمة من اللغة الصينية ) عدد الفصول : 240 سافر لي يياو، الذي تخرج للتو من الكلية. عبر الزمن وسافر إلى العام الثالث عشر من حكم كانغشي، ليصبح ل...
11.9K 869 6
Claire souhaite rendre son ex jaloux lors d'une soirée. Elle contacte alors, sur une application de rencontre, un jeune homme censé lui servir de « f...
57.5K 6.8K 66
La Province de Nauphela est divisée en quatre Ordres : Les Chevaliers, les Fées, les Sorciers et les Archers. Pour établir une harmonie entre chacun...