Le jour tant redouté est arrivé. June dormait profondément. Inconsciemment, son esprit a sûrement dû la plonger dans un état de sommeil spécifique pour que son corps ne puisse pas appréhender en plein repos, la tension qui sera présente toute cette journée. Cette stratégie se révèle efficace, car la jeune femme ne s'est pas réveillée de la nuit, perturbée par des pensées angoissantes à propos de l'enterrement. June ne se réveille qu'à partir de neuf heures moins le quart. Quand elle se réveille, elle constate que la place à côté d'elle est vide, et cela, depuis un moment. Loki a du passé une mauvaise nuit. Une fois assise dans le lit, elle s'étire, levant ses bras et en basculant sa tête en arrière, regardant le plafond pendant plusieurs secondes. Quand elle rabaisse ses bras, elle expire lentement et longtemps tout en fermant les yeux. Alors qu'elle fait cet exercice de « relaxation », deux petits yeux marron la regardent attentivement. La géante de feu se retourne vers Pillow, assis à la place de Loki. Elle sourit rapidement et lui caresse le dessus de la tête avant de se lever. Le chiot saute du lit et se dirige directement dans la cuisine. Avant de quitter la chambre, June prend le temps d'aérer la chambre en ouvrant la fenêtre et en ouvrant le lit. Elle retape les oreillers et quitte enfin la chambre à coucher.
June veille à ce que Pillow est de quoi manger et boire, ainsi que les lieux soit sécurisé avant d'aller dans la salle de bain. Elle a besoin d'une douche pour affronter les évènements de la journée. L'eau détendra ses muscles qui ont commencé à se tendre à peine réveillé.
En attendant d'être à Asgard, June s'habille d'une robe, descendant jusqu'au-dessous des genoux, avec un petit décolleté rond, de couleur pourpre. Le violet et le noir sont les couleurs du deuil sur Asgard. Elle aurait pu choisir sa robe noire, mais elle est bien trop festive pour cet évènement. Elle doit s'habiller de celle-ci pour le moment. La géante de feu enfile une paire de ballerine violette aux semelles noires. June avait supprimé les petits nœuds noirs au bout, détestant cet esthétisme. Elle se brosse rapidement les cheveux et se maquille légèrement, ne trouvant pas nécessaire d'en faire une tonne pour simplement aller du Bifrost au palais ou elle pourra se refaire une beauté en toute tranquillité.
Prête, June se dirige dans la cuisine, ou elle retrouve Pillow en train de manger ses croquettes au poulet. Elle prend une tasse, un verre, une cuillère et un couteau avant de le laisser tranquille. Elle sort la bouteille de lait, la bouteille de jus d'ananas, le pain complet, la confiture de mûre et le chocolat en poudre. Elle s'installe au bar de la cuisine et étale la confiture sur le pain avant de le tremper dans son chocolat chaud. June reste silencieuse et le plus calme possible. Jamais elle n'a vécu une journée aussi stressante. Même les journées de torture n'étaient pas aussi tendues, parce qu'elle savait ce qui l'attendait, contrairement à aujourd'hui. Elle débarrasse et met la vaisselle dans le lave-vaisselle et se tourne vers le Loulou de Poméranie qui s'est mis à s'agiter.
June : Où est papa ? Montre-moi. Lui demande-t-elle accroupie à sa hauteur.
Le chien se dirige instantanément vers l'ascenseur et tourne devant. June le prend dans ses bras et y entre. Elle caresse sa tête jusqu'à ce que les portes s'ouvrent sur le salon général. La géante de feu dépose le chiot au sol et ce dernier se précipite vers la terrasse pour sauter sur les jambes du dieu de la malice. June sourit faiblement, voyant que Pillow est déjà bien attaché à Loki. Elle ne doute pas que Loki apprécie suffisamment le jeune chiot. Elle s'avance lentement vers lui, ne voulant pas le déranger.
Loki : Bonjour.
June : Bonjour. Comment te sens-tu ?
Loki : C'est le « grand jour »... J'ai connu mieux comme sensation.
June : Tu as aussi connu pire. Relativise-t-elle.
Il acquiesce en silence, sans jamais détacher son regard de New York. June est venue se placer à côté de lui, sans le gêner. La jeune femme sait qu'il a besoin de sa présence, plus qu'avant. Il aura besoin d'elle pour passer cette épreuve.
Loki : J'ai simplement envie de passer cette journée le plus vite possible... De faire comme si elle n'avait jamais existé.
June : Pense quand même à elle. À elle, telle qu'elle était et qu'elle serait toujours.
Loki : Je sais. Soupire-t-il. J'aurais seulement voulu me dire qu'elle était encore là, vivante, et que j'allais lui rendre visite comme je le souhaitais depuis tout ce temps enfermé et privé d'elle.
Elle n'a pas voulu prononcer son nom, par peur de raviver des choses chez lui, comme la culpabilité. Mais, elle n'en a pas eu besoin. Les remords le rongent depuis qu'ils ont appris cette nouvelle, mais June voulait limiter les dégâts. Il n'avait pas besoin de souffrir davantage.
Loki : Oublie ça... Attendons Thor et nous y allons. Dit-il en retournant dans le salon.
June ne savait pas quoi dire, parce qu'il avait raison. Mais, c'est aussi une façon de nier la réalité. Seulement, Loki est totalement conscient de la dure vérité. Il ne fait que regretter. Ils attendent ensemble dans le silence. De temps en temps, quelques mots sont échangés, mais la plupart du temps, ils se prennent la main, ils se caressent le dos de la main et l'avant-bras. Ce sens est bien plus communicatif que tous les autres en ce moment. Thor fit son apparition une heure plus tard, ce qui a le don d'agacer le dieu de la discorde, suffisamment sur les nerfs sans que le dieu du tonnerre ajoute son retard. Assise au bar, June apaise la situation sans élever le ton. Les frères se calment et se séparent en silence. L'enterrement est quelque chose d'important sur Asgard. Il s'agit de la transition entre le corps matériel et le corps spirituel. L'âme quitte le corps charnel pour former le corps spirituel qu'elle occupera au Valhalla.
Nora : Ça va aller ?
June : Je pense. Mais, ça va être plus dur que je ne le pensais en réalité.
Nora : Pourquoi ?
June : Je vais également rechercher ma mère, et comprendre sa décision et ses actes. Sans compter ça, l'enterrement sera intense.
Nora : Oh ! Je vois. J'espère que tu auras des réponses à tes questions. Veille bien sûr les frères.
June : Ils n'ont pas forcément besoin de moi, mais ne t'en fais pas.
Loki : Viens June. Dit-il en passant.
La géante de feu le regarde partir. Elle les rejoint sur le toit après avoir dit au revoir à son amie, les regardant disparaître dans le Bifrost qui les emporte en peu de temps. En l'espace de quelques secondes, ils sont dans l'immense sphère dorée. La géante de feu est quelque peu perturbée de revenir ici après tout ce temps.
Son sang se fige. La dernière fois qu'elle a mis les pieds ici, elle allait se faire tuer et elle a subi des choses atroces. Toujours figé, June ferme les yeux et fait le vide dans son esprit, chassant ses pensées. Aujourd'hui, elle ne doit pas penser à elle, mais elle doit penser à Frigga. Quand elle ouvre de nouveau les yeux, Thor et Loki avaient avancé, mais le dieu de la discorde s'était arrêté à l'entrée du Bifrost, regardant le palais de loin. La jeune femme s'approche de lui, lui saisissant doucement la main. Au début, la main du dieu s'est écartée de la sienne, elle l'avait surpris, mais au final, il la lui prend et la sert délicatement tout en lui donnant un fin sourire. June se rend compte que Loki aura bien plus besoin d'elle qu'elle ne l'aurait imaginé. En le voyant figé, le regard rivé vers le palais, elle a eu l'impression de voir Loki totalement vulnérable. Sa carapace avait disparu. Elle se doit d'être là pour que personne ne puisse exploiter sa tristesse et sa culpabilité pour lui faire du mal.
Heimdall leur avait fait préparer et venir deux montures. Pourquoi deux ? June est indignée de voir qu'elle n'a pas le droit à sa propre monture, comme si elle ne savait pas monter à cheval. C'est un détail, mais un détail qui a tout de même une grande importance pour la géante de feu. Loki se met derrière elle pour l'aider, seulement, June monte sans difficulté même habillé d'une robe.
June : La prochaine fois, je te donnerai l'occasion de m'aider comme un gentleman. Sourit-elle.
Loki : Oh ! Ne t'en fais pas. Je serai saisir cette occasion. Ricane-t-il en retour avant de monter devant elle. Tu ne risques pas de basculer quand on sera au galop ? Sourit-il.
June : Ne pressons pas les choses. Je comptais bien entourer ta taille de mes petits bras. Ricane-t-elle en le faisant.
Il ricane et donne un coup à son cheval pour s'élancer sur le pont arc-en-ciel. Pendant ce temps, June regarde autour d'elle comme si elle découvrait la cité des dieux. Plusieurs choses lui ont échappé. Elle ne se souvenait pas des grandes tours et de leurs esthétismes. Il faut dire qu'elle a visité énormément de villes, de châteaux, de palais et autres monuments bien gardés. Entre-temps, ses souvenirs d'Asgard se sont mélangés avec les souvenirs de ces lieux. Néanmoins, elle se souvient parfaitement du quartier pauvre. Ils devaient passer près de lui et June ne pensait pas qu'elle réagirait aussi violemment à sa vue. Ses souvenirs sont subitement ressurgi. Sa mâchoire s'est serrée. Ses muscles se sont tendus. Ce quartier dans lequel sa mère l'a abandonné... Ce quartier dans lequel se trouve toujours cet horrible orphelinat... Ce quartier qu'elle haït... Alors qu'elle regardait les maisons délabrées et non entretenues qui délimitaient le quartier, elle sent une main près de sa hanche gauche. La géante de feu regarde et vit la main de Loki. Le dieu s'était contorsionné pour pouvoir la rassurer. June sourit faiblement et pose sa main sur la sienne pour le remercier et le rassurer à son tour.
En vérité, que ce soit elle ou lui, ils ont besoin l'un de l'autre pour affronter cette journée et tout ce qu'elle leur réserve.
Les portes de la cour du palais leur sont grandes ouvertes, avant que les gardes ne les referment après leur passage. Thor fut immédiatement accueilli par le trio Paladin. June peut entendre Loki souffler avant de descendre de cheval. La jeune femme n'apprécie pas ses personnages tout comme le dieu des mensonges. June fit passer sa jambe gauche du côté droit, prête à se laisser glisser de la selle. Mais Loki ne lui laisse pas l'occasion. Il la saisit aux hanches et la porte jusqu'au sol, la faisant sourire.
Loki : J'ai su saisir l'occasion. Sourit-il. Je vais me rendre quelques instants dans mes appartements pour préparer quelques petites choses.
June : Bien. Je serai sûrement dans le salon de musique. Et, si ce n'est pas le cas, je serai quelque part dans les jardins.
Loki : Je serai te retrouver. Sourit-il.
Le dieu de la malice se penche et lui embrasse tendrement le front avant de partir. June le regarde partir et regarde rapidement le trio Paladin et Thor. Ces derniers tentent de remonter le moral du dieu du tonnerre et lui proposent d'aller noyer son chagrin dans la bière. June ne trouve pas cette idée judicieuse, mais qui est-elle pour faire cette remarque ?
À son tour, elle quitte la cour et s'engouffre dans les immenses couloirs dorés du palais. Il lui faut malgré tout peu de temps pour retrouver ses marques malgré le temps passé. Rapidement, elle retrouve le salon de musique. Elle referme doucement la porte et se tourne vers le salon, désert et silencieux. Les rideaux sont tirés, plongeant la pièce dans le noir. Quand elle respire, June constate que les poussières n'ont pas été faites depuis un moment. Pourtant, la reine jouait de temps en temps dans le salon de musique. Comment se fait-il qu'autant de poussières se soient installés en si peu de temps ? La reine aurait-elle renoncée à ce passe-temps fantastique ? Si oui, pour quelle raison ? La géante de feu ouvre les rideaux d'un mouvement de main, faisant entrer la lumière du soleil. Enfin, elle peut voir les divers instruments présents : un violon, une harpe, une flûte, un violoncelle, une contrebasse et un piano. La jeune femme marche vers cet instrument. Elle le débarrasse de la poussière et s'installe sur le banc, observant les touches poussiéreuses. June souffle dessus, faisant voler la poussière. Elle est assise devant mais ne touche pas le piano. Les souvenirs de ces cours de musique avec Frigga lui reviennent. Et, en réaction à cela, June est dans l'incapacité de le toucher. Elle peut uniquement le regarder, en serrant les poings sur ses genoux.
Loki : Je sais... C'est dur...
Le dieu de la discorde contourne l'instrument et s'assoit près d'elle.
Loki : Tu ne joues pas ?
June : La dernière fois que j'ai touché ce piano, c'était avec elle. Quand elle m'apprenait mes premiers morceaux. Quand tout allait encore bien... Ça remonte tellement. Soupire-t-elle en fixant l'instrument.
Le bras de son amant vient entourer ses épaules, la serrant doucement contre lui. Loki pose sa tête contre la sienne pour la soutenir face à ses souvenirs douloureux. Même pour June, ses simples souvenirs sont une douleur.
Loki : Joue. Elle serait fière.
Elle le regarde. Il avait raison. Jouer serait une façon de lui rendre hommage. Ce serait une manière de se remémorer les bons moments passés ici, avec elle. June effleure les touches avant d'exercer progressivement une pression plus forte. Elle appuie lentement, donnant un rythme lent. Mais, au fur et à mesure, elle reprend le rythme du morceau, se libérant de la peine et de ses souvenirs. Elle sent le regard bienveillant de Loki à côté d'elle. Cela lui rappelle le regard de Frigga, ce qui la fit brièvement sourire. Pendant cinq minutes, June s'est libérée de ses souvenirs devenus douloureux et oppressant, mais à présent la musique terminée, sa tristesse revient. Elle est tellement forte que quelques larmes se mettent à couler le long de ses joues. Le dieu de la discorde les essuies délicatement avec son pouce. June ferme les yeux et se penche vers lui. Les bras de son amant l'entourent dans une étreinte réconfortante. Jamais elle n'aurait pensé être aussi vulnérable. Heureusement, personne d'autre que Loki ne la voit ainsi.
June : Tu as eu le temps de faire ce que tu voulais ?
Loki : Oui... Tu ne veux pas sortir ?
June : Pour voir des gens qui me haïssent et me traitent de prostituée ? Non.
Loki : Qu'ils essaient de faire ça en ma présence ! S'insurge-t-il.
June : Même s'ils ne le disent pas, ils le pensent.
Personne ne peut empêcher les personnes de penser. C'est une chose que June aimerait faire ; empêcher les gens de penser des choses ignobles et fausses sur elle.
Loki : Je hais les midgardiens. Je hais les asgardiens et je hais encore plus Odin.
June : Tu détestes aussi les géants de glace. Complète-t-elle.
Loki : Oui, mais la liste serait trop longue si je devais énumérer tout ce que je déteste.
June : Tu hais aussi les géants de feu ?
Loki : À part toi, je n'ai jamais eu affaire à eux. Ils sont plutôt rares ici.
June : Alors, je suis exceptionnelle. Sourit-elle faiblement.
Loki : Oui. Et, je suis heureux d'avoir pour fiancée la plus exceptionnelle des femmes.
Il lui embrasse le front.
June : Mais je ne leur ressemble pas. Constate-t-elle.
Loki : Oui, je vois ça. Tu es... Un peu moins rouge. Sourit-il en attrapant sa joue.
June : Hé ! Rit-elle en se redressant. Je ne suis pas rouge du tout. À la limite, j'ai le caractère, mais c'est tout. Et, peut-être, la couleur de cheveux, s'ils en ont.
Le dieu de la malice rit.
Loki : Un tempérament de feu.
June : Et toi, un tempérament de glace que j'arrive à faire fondre rien que pour moi.
Loki : La rencontre du feu et de la glace. J'aime beaucoup. Sourit-il.
June : Ça ferait une belle histoire.
Elle sourit rapidement avant de reprendre un visage neutre. Depuis ce matin, ils avaient peu parlé. Aucun d'eux n'avait envie de parler. Mais, ici, dans ce salon, chacun d'eux s'est libérée de la pression qu'ils avaient. Ils se sont libérés pendant un moment de leur tristesse.
June : Quand aura lieu la cérémonie ? Demande-t-elle faiblement.
Loki : À partir de 19h, le banquet commence... Et, à 22h, elle partira au Valhalla.
Elle acquiesce légèrement, en fermant le clavier du piano pour empêcher la poussière de se reposer dessus.
June : Je vais chercher ma mère.