Golos [PREMIER JET]

By CookieEcrivaine

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Agata Anholt est une jeune actrice dont sa renommée devient mondiale. Devant les caméras, elle joue son rôle... More

AVANT-PROPOS
PROLOGUE
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
EPILOGUE

CHAPITRE QUINZE

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By CookieEcrivaine


___________________________


Cela faisait trois jours qu'elle s'était enfermée chez elle avec le téléphone d'Agata. Trois jours qui, selon elle, étaient d'une longueur interminable. Elle était épuisée, comme longtemps elle ne l'avait été. Elle n'en connaissait pas vraiment la cause. Car cette fatigue n'était pas liée à l'excitation d'une enquête technologique comme elle les aimait tant. Sinon elle en ressentirait de la fatigue tout comme de l'énergie. Non, elle était vidée de cette précieuse énergie.

Assise devant son bureau, se tenant ses cheveux bruns, ses lunettes sur le nez, elle fixait l'ordinateur sans vraiment le voir. Se rendant compte de l'inutilité de son geste, elle retira ses lunettes et se pinça l'arête du nez en fermant les yeux cernés.

Pour se réveiller un peu, elle se leva en prenant son carnet, se dirigea vers la fenêtre qu'elle ouvrit pour respirer l'air frai revigorant de décembre. Elle était de celle qui aimait l'hiver. La grande majorité préférait les saisons plus chaudes et colorées, comme l'été ou encore le printemps. Le froid était un ennemi, une souffrance. Mais pas pour Viki. Il n'y avait qu'avec cet air froid et sec de cette saison qu'elle se sentait en forme, en vie. Elle aimait tout autant être dehors avec des vêtements chauds, à respirer l'air qui vivifiait ses poumons, que d'être pelotonnée chez elle avec une bonne boisson chaude.

Après s'être vaguement changé les idées, elle ouvrit son carnet pour en relire une énième fois ses notes.


Expérience #1 : Avec et sans enregistrement.

Nuit avec enregistrement → une voix lointaine me parle, mais pas la même que celle d'Agata. Elle est plus grave et rocailleuse. Trop faible pour entendre ce qu'elle dit. Sommeil très agité, je me suis réveillée encore plus fatiguée qu'hier.

Nuit sans enregistrement → même état de fatigue, mais aucun souvenir qu'une voix me parle.

Expérience #2 : Téléphone durant la journée.

Impression de fatigue, état de transe beaucoup plus fréquents qu'à la normale. Des idées que je n'avais pas eu avant : la Russie la meilleure, surexploitée par les autres pays, toujours vu comme les méchants alors qu'elle détient la vérité, le réchauffement climatique n'est pas si dramatique que ça. Mes goûts ont changé aussi. Les Twix et Mars que j'aimaient tant, ils me dégoûtent. D'autres idées plus personnelles deviennent sombres. Igor

Une impression de bourdonnement, parfois plus forte, surtout dans les moments de transe. Pas de souvenir d'entendre une voix.

Expérience #3 : Eteindre le téléphone.

Mettre le téléphone en mode avion avec l'enregistrement vocal → toujours la voix + ondes existantes.

Eteindre le téléphone avec enregistrement vocal → pas de voix, mais continue d'avoir des bourdonnements aux oreilles : soupçonne qu'il y a encore des ondes même si l'ordinateur ne relève rien.

Expérience #4 : Eloigner le téléphone.

Dans une autre pièce → Ondes moins fréquentes.

Juste éloigner le téléphone à l'autre bout de la pièce → adaptabilité des ondes pouvant aller jusqu'à 5m.


Elle soupira en se massant les tempes. Entre les ondes, la voix, ses pensées, les écrans et ses notes, elle ne savait plus où en donner la tête. Elle rejeta alors le carnet, l'envoyant balader plus loin par terre sans aucun remord. Elle se reconcentra sur les sensations primaires. Le froid cognant la peau du visage et de ses mains, l'odeur si particulière de cet hiver qu'ils avaient en Russie, le bruit de la circulation en bas de chez elle, ainsi que les quelques oiseaux qui ne sont pas partis en migration vers les pays plus chauds.

C'était dans ces moments-là qu'elle voudrait sortir, ne plus être dans son appartement devenu trop petit au fil des jours, qu'Igor ignore ses avertissements pour venir la sortir de là. Mais elle n'avait reçu aucune nouvelle. Elle ne voulait même pas regarder son propre portable de peur d'avoir des désillusions. Pas de nouvelle sur l'état d'Agata, ni sur Viktor, et encore moins pour savoir comment elle allait, elle. Un bourdonnement résonna dans ses oreilles devenues sensibles, lui faisant froncer les sourcils.

— Tu le vois bien qu'il ne s'intéresse pas à toi, Viki. Il ne s'est jamais intéressé à toi.

C'était une voix rocailleuse, qui se faisait très largement entendre, mais dont Viki n'en avait pas conscience. Pour elle, tout ceci était une pensée qu'elle avait dans sa tête. Que c'était sa conscience qui lui parlait, et non autre chose.

Elle dont la joie de vivre était marquée sur sa face, son visage montrait plutôt de la tristesse et de la colère depuis ces derniers jours. Tout l'énervait. Tout. Sauf la Russie en elle-même, elle s'était rendue compte que ce pays était merveilleux et qu'on devait en reconnaître sa beauté ainsi que sa puissance.

Mais ce genre de réflexion ne lui ressemblait pas. Parfois elle se réveillait en se disant ça. Mais cette fois-ci, c'était plus compliqué de ne pas céder aux ténèbres du cœur. En ce moment même, elle ne songeait même pas à se sortir de cette mauvaise passe. Juste à se laisser tomber petit à petit, en espérant atteindre le fond.

Son téléphone sonna néanmoins et, cette pensée disparaissait pour laisser place à la surprise, regardant l'appareil comme si elle le découvrait pour la première fois. Depuis quand cet objet qui lui appartenait était là ? Elle laissa sonner deux fois avant de prendre le mobile et de décrocher.

— Oui, allô ?
— Viki j'ai absolument besoin de toi ! Peux-tu me remplacer pour assister à un service très important ? Je te revaudrais ça promis.

Il ne fallut même pas quelques secondes avant que la réponse sorte naturellement de ses lèvres, comme un souffle de libération.

— J'arrive.

*

Le jour après sa petite visite à Agata, Igor revenait cette fois-ci en compagnie de Viktor, enfin sorti de l'hôpital. Jamais le psychologue ne s'était senti aussi libre et content d'être dans le froid, lui qui détestait tant ça. Et à peine fut-il dehors, il s'était remis au boulot, voulant absolument voir sa patiente malgré les recommandations de son oncle. C'était donc contre son gré qu'il l'accompagnait. Et pour lui faire penser à autre chose, Viktor lança un sujet.

— Tu lui as vraiment passé un de tes romans ?
— Bah ouais, pourquoi ?
— Justement, je me demande la même question.

Il haussa les épaules.

— Je m'suis dit que ça pourrait l'aider.
— L'aider ? demanda-t-il dans un rire. Comme si tes romans de « je vais partir à zéro » pourrait ! Ce n'est que de la fiction pour filles.

Le plus âgé fronça les sourcils, s'arrêtant devant la porte de la prisonnière.

— C'est pas pour les nanas ! Et c'est mieux que tes livres de psycho j'sais pas quoi.
— Ce sont des livres qui parlent de l'identité de soi. C'est pour tout le monde. Tu devrais le lire d'ailleurs.
— Garde tes trucs de psycho pour toi.

Viktor soupira, jamais il ne pourrait le changer. Mais son comportement restait amusant quand même. Dès qu'on parlait de lui plus en profondeur, il se braquait tout de suite dans sa carapace de dur à cuir. Et le brun n'insistait pas, car il savait que le sujet sensible l'était tout autant pour lui-même. Ses parents...

Ils étaient morts lors d'un accident de voiture. Et le conducteur s'était enfui sans laisser de trace. Jamais la justice n'avait été rendue, et Igor n'avait rien fait pour arranger ça. Viktor avait 13 ans. Au début, il le prenait pour le responsable. Car ses parents étaient venus le rendre visite, et qu'il était flic. Qu'il n'avait rien fait pour les sauver ni pour retrouver le coupable. Ayant grandi, il avait compris qu'il n'était pas responsable de tout ça, mais une rancœur restait au plus profond de lui.

Pendant qu'il s'était replongé dans ses souvenirs, Igor regardait son portable au lieu d'ouvrir la porte. Le psy le remarqua et sourit légèrement.

— Elle a dit...
— Ouais, j'sais. Mais c'est bizarre, elle répond pas à mes messages.
— Peut-être parce qu'elle a dit de la laisser tranquille. Je dis bien peut-être.
— Justement, elle m'aurait répondu en me le disant par message.

Il entendit l'inquiétude dans la voix de son oncle. Voix qui n'était plus aussi sûre de lui d'un coup. Il posa sa main sur son épaule en guise de soutien.

— A force, peut-être qu'elle s'est lassée.
— Hm... Ca fait beaucoup de « peut-être », ça... marmonna-t-il, plutôt sceptique.
— Je sais bien. Mais fais-lui confiance.

Le policier soupira mais acquiesça. Il savait qu'il ne pouvait rien y faire. Du moins, pas pour le moment, car ils devaient régler une affaire.

— T'es prêt p'tit gars ?
— Ne m'appelle pas comme ça, soupira-t-il.

L'oncle sourit, le taquiner était une manière pour lui de dire qu'il allait bien. Ou bien qu'il allait mieux. Il sortit alors les clés de sa poche, ouvrant la porte où était Agata.

La blonde était assise par terre, contre le mur, le nez dans un des livres de Viktor. Constatant ça, le concerné sourit au plus vieux en l'observant. Igor leva les yeux au plafond puis se racla la gorge afin d'annoncer leur venue. L'actrice sursauta légèrement et porta son attention sur les deux arrivants. Igor parla en premier.

— T'as de la visite.

Et comme confirmation, Viktor lui adressa un sourire et s'assit sur le sol, en face d'elle, le dos sur le lit de fortune. Agata ne le lâchait pas du regard, surprise de le voir en face d'elle après ce qu'elle lui avait fait. Enfin, ce qu'on lui a dit qu'elle avait fait. Elle leva ensuite ses yeux bleus vers le flic. Il comprit son message.

— J'te fais confiance pour rien faire. Mais au moindre bruit suspect, j'rapplique. On est d'accord ?
— Très.

Ils se confirmaient officiellement ce contrat invisible d'un regard avant que le flic ne sorte de la pièce, fermant la porte derrière lui, les laissant seuls. Viktor avait attendu que leur échange se finalise en regardant la quatrième de couverture du roman, soupirant d'un air exaspéré.

— Juste une fiction des plus banales... murmura-t-il pour lui-même, levant ensuite son regard vers la blonde. Est-ce que vous êtes prête à me parler, Agata ?

Elle nota la distance verbale qu'il avait pris rien qu'au vouvoiement. Ils étaient redevenus un psy avec une patiente. Ils avaient fait un pas en arrière. Elle hocha la tête, plus sûre d'elle.

— Oui. Je ferai de mon mieux pour répondre à vos questions.

La voix presque professionnelle rendit bizarrement Viktor plus détendu. Il se rendait seulement compte que ce genre de langage ne leur correspondait plus. Il hocha alors la tête.

— Bien. Pour commencer, comment te sens-tu ?

Elle prit le temps de s'analyser intérieurement, afin de répondre adéquatement à la question.

— Je me sens... Bien. Je crois ? A vrai dire, je suis un peu perdue. Comme si je me réveillais d'un rôle qui n'était pas le mien.

Il n'avait pas de calepin ni de stylo, mais Agata était certaine qu'il notait tout dans sa tête. Même lors de leurs séances normales, Viktor ne prenait jamais de notes. Du moins, pas devant elle.

Il hocha alors la tête, l'observant pour voir si les tics nerveux apparaissaient. Mais il n'en vit aucun. Elle qui était nerveuse et constamment fatiguée, la femme devant lui était plus posée, bien que son regard se perdait parfois à l'horizon.

— Te rappelles-tu de cette soirée où tu m'as invité chez toi ?
— Très vaguement. Je me souviens de quelques mini scènes, mais pas la totalité. Et comme je vous ai dit, je n'étais pas dans mon rôle. Même maintenant dans mes rares souvenirs, c'est comme si j'étais spectatrice de ce que je voyais, et pas actrice.

La blonde s'exprimait aussi avec ses mains. Appuyant certains de ses propos en mimant un mur qui séparait la scène et l'autre côté de l'écran. Tout était dans le thème de l'art visuel avec elle. C'était son repère, ce pour quoi elle a toujours vécu.

— Entends-tu toujours cette voix ? Quand est-ce que tu l'as entendu pour la dernière fois ?
— Et bien... fit-elle après un silence, la dernière fois, c'était dans ma chambre d'asile. Enfin je crois. Même de ça, je n'ai pas de souvenir clair. Mais ce qui est sûr, c'est que maintenant, je ne l'entends plus. Igor me l'a confirmé.

Viktor acquiesça, sachant tout grâce aux rapports précis de son oncle. Dans chaque cellule il y avait un système de caméra. Au cas où si les prisonniers se faisaient la malle. Le brun n'était pas bien en accord avec ces méthodes, mais il devait avouer que pour ce coup, ça l'arrangeait.

Agata l'observait. Elle comprenait que les deux hommes étaient liés, qu'ils communiquaient ensemble. Car rien qu'elle disait ne semblait surprendre son psy. Mais elle ne disait rien de ce qu'elle avait découvert, sentant qu'il ne fallait pas le dévoiler. Pas tout de suite, du moins.

Cependant, à présent c'était à elle de poser des questions.

— Est-ce que vous voulez bien me dire ce qu'il se passe à la fin ?

Viktor eut un sourire.

— Je comprends votre impatience. C'est juste que, moi-même je trouve que c'est improbable.
— Oh voyons, avec tous les scénarios que j'ai lu et où j'ai dû jouer, vous imaginez bien que plus rien ne risque de m'étonner.
— Je doute bien. Mais est-ce que tu vas me croire ? C'est surtout ça, le problème.

Et les yeux déterminés de la blonde confirmaient qu'il pouvait le dire. Il soupira un peu. L'avouer à vive voix, c'était autre chose que de le penser. Ça rendait l'hypothèse plus... Officielle.

— Nous pensons que cette voix, ce comportement dont tu as été atteinte provenaient en fait de ton téléphone. Et non d'un dédoublement de personnalité, comme je le supposais.

Il eut peur que la dernière phrase n'affecte leur relation déjà assez complexe comme ça. Alors il ajouta promptement :

— Désolé d'avoir pensé ça, mais...
— Pas besoin d'excuse. Je sais qu'il y avait pas mal d'indice vous menant à cette déduction. Par contre le téléphone c'est plutôt... Délirant.
— Oui, je suis du même avis. Mais dans un sens, il n'y a que sans votre portable que vous semblez aller mieux. Sans cette voix, qui plus est.

Elle ne put que confirmer d'un hochement de tête. Et maintenant qu'il le disait, elle se souvenait d'avoir eu le téléphone quand elle avait été dans sa chambre d'asile. Par négligence ou autre chose, elle l'avait gardé, et elle avait été agressive, une fois encore. Alors qu'à présent, elle était là, à parler avec Viktor, sans ressentir de choses négatives.

Viktor remarqua que sa patiente ne semblait pas si chamboulée que ça par la situation qu'il venait d'exposer. Lui quand on lui avait dit ça, il les avait traités de fou et avait dû prendre son temps avant de l'accepter. Pour elle, c'était comme si c'était déjà approuvé. Sûrement avec sa condition d'actrice, à avoir lu tellement de choses à jouer qu'elle se retrouve elle-même dans un scénario de grand écran.

C'était tout de même le temps des questions, et Viktor s'avança un peu d'Agata, entrant dans la zone des confidences.

— Dîtes-moi, c'est vous qui avez acheté le portable, ou... laissa-t-il en suspens.
— C'est un cadeau de... Ma mère.

Au vu de sa situation avec celle-ci, Viktor en était légèrement surpris. Agata le remarqua et en sourit un peu, soupirant de lassitude.

— Et oui. J'ai été comme vous quand c'est arrivé. Bien sûr, elle n'est pas venue en personne, c'est Katrina qui me l'a passé. Après plusieurs années sans nouvelle, pour mon anniversaire cette année elle m'avait gâté... J'aurai dû m'en méfier...
— Je ne comprends pas. Pourquoi aurait-elle fait ça ? Quel aurait été son intérêt ?
— Son intérêt ? Me contrôler bien sûr ! Elle pouvait pas physiquement alors elle a voulu le faire mentalement.

Sa voix remplie d'orage frappa Viktor. Il savait qu'elle la haïssait, et c'était pareil pour l'ancienne actrice pour lui faire un cadeau empoisonné. Agata continua dans son monologue d'accusation.

— Elle a dû trouver un gars qui s'y connait en informatique pour faire que... Le téléphone parle et me contrôle. Je ne vois que ça. Elle est suffisamment riche et influente pour faire ça.
— Oui, ça pourrait...
— Il faudrait vérifier qui est garant de cette marque... Kolpi. Elle doit sûrement être récente. Une petite boîte qui cherche de l'argent et, comme par hasard ma mère arrive avec de l'argent plein les poches !

Viktor la laissa décharner toute cette hargne qu'elle contenait en elle. Agata ne pouvait en parler à personne. Katrina était l'amie de sa mère, ses amies seraient sûrement ennuyées par ça. Il n'y avait qu'avec lui qu'elle pouvait lâcher tout ça hors de sa tête, de ses pensées.

Quand elle fut enfin silencieuse, n'ayant plus rien à cracher sur sa figure maternelle, Viktor la regardait et posa une main sur son avant-bras. Un geste simple, mais qui apaisa l'actrice qui leva ses yeux clairs vers lui. Elle baissa rapidement sa tête.

— Désolée. Je ne voulais pas vous déranger avec ça. Surtout que... Ce ne sont que des scénarios sans queue ni tête.
— Ça a plus de sens que l'hypothèse du téléphone.

Ils s'échangèrent un regard avant de pousser un petit rire. Il garda sa main sur son bras, faisant apparaître un sourire sur le visage fin de la femme.

Mais leur moment calme ne fut que de courte durée, car des éclats de voix s'élevaient de l'autre côté de la porte, avant que la porte ne s'ouvre en fracas. Le directeur Dmitriev en personne venait récupérer la jeune femme, le visage fermé. Mais aucun des deux dans la cellule n'avaient conscience de qui il était. Ils pensaient que c'était un policier sans son uniforme, venant leur annoncer que le temps de la visite était passé. Dans un sens, c'était le cas, mais Viktor comprit que c'était bien plus que ça en voyant Igor derrière, très vaguement à cause de la taille du type, le visage crispé de colère.

— Mademoiselle Anholt, vous êtes libérée sous caution. Veuillez me suivre.

La blonde s'attendait à tout sauf à ça. Une libération ? Pour de vrai ? Ou bien était-ce une illusion. Elle suivit les conseils du vieux policier et se pinça discrètement au niveau du poignet, y ressentant une brève douleur. Ce n'était pas un rêve. Mais comment ça se faisait que ça se produisait au moment où elle ne voulait pas sortir ? Bien sûr, rester dans cette cellule n'était pas du luxe, elle en avait des courbatures à dormir sur ce lit de camp. Mais c'était la première fois depuis longtemps qu'elle se sentait bien, elle-même et qu'elle se sentait libre. Alors sortir de cette pièce la faisait un peu paniquée. Être à nouveau seule face à ses démons.

Voyant que Dmitriev ne la lâchait pas du regard, elle se décida à se lever et à le suivre. Il lui posa une main sur son dos pour la guider vers la sortie, où Katrina, le visage tiré d'inquiétude et de soulagement, la prenait dans ses bras.

— Tu vas bien ? Ils ne t'ont pas trop bousculé ? Si c'est le cas je porte plainte !
— Non, non. Ne t'en fais pas... Je vais très bien.
— Va dans la voiture en attendant, je vais parler à Viktor, d'accord ?

La blonde jeta un regard vers Igor et Viktor. Le premier était frustré, mais l'observait en faisant un signe de tête. Le second lui fit un bref sourire rassurant. Agata soupira et finit par obéir à sa tutrice, sortant du commissariat. Katrina observa alors les trois hommes, s'adressant ensuite à Dmitriev.

— Je vous laisse avec votre homme.
— Oui, Madame. Gorski, avec moi.

Le concerné n'aimait pas le ton qu'employait le plus jeune qui était malgré tout son supérieur. Il lança alors un regard vers Viktor et la femme avant de s'éloigner. Le brun se retrouva alors seul face à Katrina. Il ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais en voyant le visage plus détendu de la femme, il comprit que ça n'allait pas être des remontrances. Sûrement ne savait-elle pas qu'il était impliqué dans l'emprisonnement partiel de sa protégée.

— Avant toute chose, est-ce que vous vous sentez bien ?
— Oui, merci de demander.
— C'est bien normal. Je voudrai vraiment m'excuser du comportement d'Agata, mais aussi de vous remercier de ne pas avoir voulu porter plainte...

Il fit un bref geste de tête pour lui montrer que ce n'était rien. Il n'avait même pas envisagé la possibilité d'emmener en justice sa propre patiente.

— J'aurai sûrement dû voir quelques signes.
— Ce n'est en rien votre faute... Mais à présent elle va être prise en charge, ne vous en faîtes pas ! Mais... Vous savez ce qu'elle a ?

Viktor était partagé. Devait-il la mettre sous la confidence et lui dire ce qui s'y passait ? Ou bien garder tout ça pour lui alors que Katrina pourrait certainement aider Agata ? Malgré ce qu'il pensait être un dilemme au début, la réponse fut néanmoins limpide.

— Même si je ne serai pas sous le secret médical, je ne pourrai vous dire exactement ce qu'elle a. Mais je vais lui prescrire un médicament qui pourrait la calmer.
— Oh je vous remercie vraiment Viktor. Vous êtes comme un ami pour elle, et je suis certaine que jamais elle ne vous aurait fait du mal.

Il acquiesça la tête, même s'il se doutait qu'elle exagérait un peu. La discussion semblait close, mais Katrina semblait se rappeler d'une chose. Elle ouvrit son sac à main grandeur nature et y fouilla dedans avant de lui tendre deux billets.

— Tenez. C'est pour nous faire pardonner.

Curieux, il porta son regard sur les bouts de papier. La surprise fut des plus grandes en y découvrant les quelques lettres en or.

— Une invitation au bal de Saint-Pétersbourg ? Katrina je... Je ne peux accepter.

Il voulait lui rendre les billets, mais Katrina les fit mettre dans la poche de son veston.

— Non, non, non. Pas de ça entre nous. Et puis, comme ça vous pourrez inviter votre femme.
— Je... Je n'ai pas de femme ?
— Oh ? fit-elle, l'air intéressé. Et bien, venez avec un ami, ou une amie. On se retrouvera là-bas, avec Agata.

Elle regarda l'heure sur sa montre avant de fermer son sac.

— Je dois y aller. Nous devons tourner une scène dans moins d'une heure. Et vous le savez, sans moi l'équipe est complètement perdue.

Le psychologue ne répondit pas, encore abasourdi par les places qu'il avait obtenu sans savoir quoi en faire de cette information.

— On se voit dans une semaine, Viktor.

La femme sourit au brun en faisant un signe de tête, sortant ensuite de l'établissement, laissant un Viktor encore pantois. 

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