Golos [PREMIER JET]

By CookieEcrivaine

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Agata Anholt est une jeune actrice dont sa renommée devient mondiale. Devant les caméras, elle joue son rôle... More

AVANT-PROPOS
PROLOGUE
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
EPILOGUE

CHAPITRE DOUZE

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By CookieEcrivaine


___________________________


Malgré la tranquillité des lieux, Igor faisait inlassablement les cent pas pour la deuxième fois de la soirée. Il ne ressentait pas la fatigue alors que les heures défilaient à une vitesse folle. Non, son cerveau fournissait suffisamment d'adrénaline pour le maintenir réveillé et bien sur les nerfs. De plus, la culpabilité avait décuplé en entendant la voix tremblante de Viki. Jamais il ne l'avait entendu dans cet état. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il en était dans un sens coupable de ce que la jeune fille avait vécu. Elle n'avait rien pu dire sans renifler ou bien s'arrêter pour éclater en sanglot. Il lui avait alors proposé de venir à l'hôpital. Il ne pouvait pas laisser son neveu tout seul, pas avant qu'il ne se réveille pour avoir des informations sur cette sinistre affaire.

Mais qu'est-ce qu'il détestait attendre ! Il était quelqu'un qui courait de partout, qui bougeait et était toujours dans l'action. Là l'attente était insoutenable. Chaque fois qu'il regardait l'horloge qui trônait dans le couloir, l'heure semblait être figée. Il avait même pensé que leur horloge était en panne. Mais non, elle ne l'était pas, car il vérifiait également sur sa montre et – chose improbable venant de lui – sur son portable.

— Bon sang mais qu'est-ce qu'elle f...

Il se tut, rangeant sa colère et son impatience. Il reconnut les talons claquant le sol dans un rythme tranquille. Il tourna la tête en direction du bruit, et son regard se posa sur la secrétaire de la police. Ses yeux étaient gonflés et rouges, son nez de la même couleur, mais elle gardait une attitude droite et détendue. Trempée de la tête aux pieds, il en conclut qu'elle avait complètement oublié de prendre un parapluie, mais n'avait pas perdu sa priorité, puisqu'elle portait à bout de bras son ordinateur et un téléphone qui lui était inconnu.

Peu importait. Le cinquantenaire s'approchait de la jeune femme pour la prendre dans ses bras protecteurs. Elle répondit à son étreinte, sa tête posée sur son épaule basse. Après ce qui semblait être une éternité, ils se séparèrent et, avant qu'elle puisse dire quoi que ce soit, Igor la devança.

— Pardonne-moi. Je n'aurai pas dû ignorer ton appel, et j'aurai dû te forcer à rentrer chez toi.
— Ne vous excusez pas. Et puis, je ne sais pas si j'avais été plus en sécurité chez moi qu'au poste.

Il allait l'interroger, mais elle l'en empêcha en posant son index sur sa bouche. Elle regardait autour d'elle, méfiante. Elle cherchait du regard un endroit où ils pourraient parler sans être interrompus ou bien écoutés. Comme s'il lisait dans ses pensées, le plus vieux attrapa avec douceur son poignet et l'emmena dans la chambre de Viktor.

Viki observait l'endormi d'un air égaré. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait posé son regard sur lui. Mais elle revint à la réalité en sentant le pouce chaud du policier sur sa joue.

— Tu es blessée ici... fit-il comme s'il était fautif.

Viki sourit légèrement et passa sa main sur la sienne pour l'enlever de son égratignure.

— A part ça, il ne m'a rien fait.

Le regard aussi gris qu'un ciel de pluie la fixait pour vérifier si c'était la vérité. Ses yeux étaient si profonds, si tristes et en colère à la fois. Alors, elle sut que ce qu'elle avait entendu plus tôt dans son appartement était faux. Elle gardait son léger sourire qui devenait même taquin.

— Tu me dois un restau' du coup.

Les yeux ronds démontraient sa surprise avant d'éclater d'un rire tendu mais sincère quand même. Il hocha la tête, tapotant gentiment son épaule.

— Demain si tu veux.

Les deux se regardaient, se sourirent, retrouvaient leur complicité malgré les évènements qu'ils avaient chacun vécu. Un moment simple, sans parole. Juste un regard et ils se comprenaient. Mais leur bulle se perça avec la venue d'une infirmière qui venait certainement vérifier l'état du brun. Alors instinctivement ils se séparèrent en détournant leur regard à l'opposé. Même quand la soignante sortit, ce drôle de silence gênant envahissait la pièce. Igor se gratta la gorge comme pour retirer son embarras.

— Tu dois être fatiguée... Tu devrais aller te reposer.
— Ah ça non ! Je ne suis pas venue ici pour repartir bredouille ! elle posa son index sur ses lèvres quand il les vit s'ouvrir. Je suis venue pour faire un rapport complet. Pas pour un câlin, même si je dois avouer que c'était plutôt plaisant...

Elle masqua ses rougeurs en passant sa main sur ses cheveux et se tourna pour prendre ce qu'elle avait apporté. Elle omettait aucun détail. Elle lui fit part de ses soupçons à propos de l'étrange clarté de la voix des enregistrements étudiés, de l'incident avec cet homme, du téléphone qu'elle avait confisqué avant de partir de la scène de crime, et surtout de son désarroi qu'elle avait vécu dans son appartement.

— Dans un sens, c'était horrible à supporter ce grésillement. Mais d'une autre part... J'étais comme dans une certaine léthargie. Je ne saurai dire quoi, mais c'était une drôle de sensation.

Le policier regardait la jeunette un moment, elle, puis le téléphone qu'elle avait confisqué. Il le prit dans ses mains, regardant la marque.

— Kolpi... Ça me dit quelque chose...
— C'est normal. C'est la nouvelle marque de téléphone russe de luxe. Toutes les célébrités russes l'ont. Elle existe depuis je dirai cinq ans.

Tout allait si vite dans la tête d'Igor. Ça défilait sans qu'il puisse réellement s'en rendre compte. Car pour lui, c'était normal qu'il pense à ce rythme-là. Il se rappela de différentes affaires plus ou moins récentes. Puis, l'évidence apparut dans ses yeux écartés de clairvoyance. Il tourna lentement la tête vers Viki qui ne semblait pas effrayée par un tel regard. Elle avait travaillé suffisamment de temps avec lui pour connaître ses réactions.

— Tu as une idée ?
— Le téléphone. C'est le téléphone qui fait ça !

Igor aurait pu éclater de joie s'il n'y avait pas cet air sceptique dans les yeux de la secrétaire.

— Réfléchis. Agata a le même téléphone que ce mec. Je le connais, lui. C'est un gars bien, jamais il ne ferait ce genre de chose. Il était venu au poste plus tôt pour une histoire de cambriolage ou je ne sais quoi. En plus, tous les cas de justice impliquant des renoms russes avaient cette marque de portable. Ce n'est pas possible de contrôler quelqu'un avec des ondes ou je ne sais quoi d'électronique ?

Sa théorie était totalement folle, mais pas impossible. Viki était une femme qui s'y connaissait en technologie, et elle savait que les ondes avaient une influence sur le cerveau. Même si le fait de contrôler quelqu'un avec des ondes était ahurissante, il fallait quand même admettre qu'avec leur connaissance actuelle sur la technologie ils pouvaient faire bien plus de choses qu'ils ne le pensaient.

Le cinquantenaire, toujours persuadé de son idée, continuait en secouant le téléphone non loin d'elle.

— Faisons une expérience.
— Oula ! J'ai peur... C'est pas ton style les expériences.
— Très drôle ma p'tite ! On regarde ce que ça fait quand on met Agata dans une pièce loin de cet appareil de malheur et on observe son comportement. Il n'y a rien de mal à essayer de faire ça.

Pendant quelques secondes, Viki envisagea cette éventualité. Rapidement, des idées d'expérience sur cet appareil qui l'intriguait tant se mettaient en place dans son cerveau. Ça fusait à toute vitesse. Pensive, elle resta silencieuse durant quelques instants. Mais elle savait qu'elle allait accepter. Il n'y avait pas d'autres échappatoires pour elle, car elle voulait savoir comment le téléphone lui avait tant résister pour atteindre ses données.

Pendant ce temps, Igor l'observait. Il patientait difficilement sa réponse. Il ne l'avait rarement vu dans cet état de concentration. Elle qui était si joyeuse, accueillante et souriante, elle pouvait être sérieuse et tout aussi passionnée que lui. Et ça le rendait fier de savoir qu'elle était comme ça avec lui, et pas avec tout le monde.

La brune releva légèrement la tête, les émeraudes fixés sur les aigues-marines. Elle sourit, déterminée.

— Très bien. On fait comme ça pendant trois jours. En attendant, j'analyserai le téléphone chez moi après le boulot.

Cependant, cette dernière annonce ne convenait pas au policier, qui fronçait ses épais sourcils. Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Viki répliqua avec une once de taquinerie :

— Voyons, Igor. Je ne suis pas une enfant.
— Je sais bien. Mais...
— Tut tut tut ! Pas un mot de plus. Je sais ce que je fais. Alors épargnez-moi vos leçons de moral, par pitié.
— Je peux demander à quelqu'un de s'en occuper. Laisse-moi un peu de temps.
— Du temps ? On n'en a pas, Igor. Et vous le savez. Et puis même, qui voudrait croire à votre farfelue théorie et garder ça sous silence ?

Le policier ne rajouta rien. Pour que la situation soit à son avantage, Viki mêla ses yeux verts avec les siens bleus, d'un air de chien battu. Il soutint son regard pendant un moment. Mais la détermination et l'entêtement dont elle faisait preuve lui fit renoncer. Résigné, il soupira et croisa les bras.

— Bon très bien... Mais ma théorie n'est pas farfelue d'abord. Et ensuite, si je remarque que ton comportement a changé, tu auras affaire à moi.
— Ça marche, dit-elle d'un sourire rayonnant.

C'était contagieux, car malgré les réticences, Igor l'imita mais d'un étirement de lèvres plus discret. Puis ses yeux se posèrent sur son neveu toujours inconscient.

Silencieux, il reconstitua les événements de cette soirée de folie. Viktor avait accepté l'invitation d'Agata, qui ne lui voulait aucunes bonnes intentions. Et au même moment, Viki a été victime d'un attentat au sein même du commissariat. Et dans ces deux incidents, un point commun : les meurtriers possédaient tous deux un Kolpi de dernier cri. Coïncidence ? Il ne l'envisageait pas.

Mais et lui dans tout ça ? Qu'avait-il fait ? A part chercher son neveu et l'emmener à l'hôpital, rien. C'était lui, l'homme d'action. Lui qui devait affronter le danger. C'était son métier.

Pas Viki ni Viktor...

Il se sentait soudainement inutile. Impuissant. Incapable de protéger ses proches. Tout comme avec son propre frère... Il serra ses mains en poings, avec tant de force qu'elles en devenaient blanches. Sa mâchoire se crispa, tout comme tous les muscles de son corps.

Inutile...

Mais la présence douce d'une main sur un de ses poings le sortit de sa transe. Surpris d'un tel geste, il baissa d'abord la tête pour observer cette main, puis la leva pour atterrir sur Viki. A peine sa tête s'était levée vers elle qu'il sentit une soudaine douleur dans une zone de son front. Les sourcils broussailleux se froncèrent et il frotta de sa main libre l'endroit douloureux.

— Non mais ça va pas ?
— Je vais très bien, merci. Mais toi je t'interdis de ruminer dans ton coin alors que Viktor vient de bouger.

Avait-il bien entendu ? Ou bien c'était son envie de voir son neveu sain et sauf qui lui avait fait imaginer la dernière partie de sa phrase ?

Comme si elle lisait dans ses pensées, elle attrapa ses joues dans ses mains, les appuyant pour lui faire tourner la tête en direction du lit. Et ainsi, il put constater que son neveu était bel et bien réveillé, les yeux grands ouverts posés sur eux. Un petit sourire naquit sur les lèvres de Viktor, en voyant le visage déformé de son oncle entre les mains de sa secrétaire. Mais malgré cet amusement, on voyait bien sa fatigue entre les yeux rouges accompagnés de fines cernes. Il voulut se redresser, mais cela ne lui offrit qu'une grimace de douleur. Telle une sonnette d'alarme, Igor s'agita en s'approchant de lui, posant une main ferme sur son torse pour qu'il s'allonge.

— Je vais chercher une infirmière, ne bouge pas de là.
— Tu veux que j'aille où dans cet état... ?

Le plus vieux ne répondit pas. Mais Viki remarqua un sourire en coin lorsqu'il passa devant elle pour sortir. Elle avait même dû se reculer pour ne pas qu'il la bouscule.

Une fois seuls, face à face, un drôle de silence s'installa. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'ils se retrouvaient sans Igor dans les pattes. Mais ça avait quelque chose de différent, car aucun n'osait prendre la parole. Comme s'il y avait un fossé entre eux.

Viktor l'observait d'un air nouveau. Ils ne s'étaient vu que deux fois, et pourtant c'était une autre Viki qui était présente devant lui. Et la brune semblait intimidée de savoir son secret dévoilé.

Alors, souriant faiblement, le psychologue hocha la tête d'un air entendu. Ce message sans mot fut compris par la brune qui en soupira de soulagement, la mais sur le cœur, bien plus détendue.

Bien que le silence fût toujours présent, la pression de la pièce s'allégea. C'était plus calme et apaisant, jusqu'à ce qu'Igor entra dans un vacarme, suivi de près par une infirmière essoufflée.

— C'est ici.
— Bien... fit-elle en reprenant un peu d'air. Ne vous inquiétez pas, je vais l'examiner de ce pas.

La femme habillée d'une simple blouse blanche s'approcha du blessé afin d'effectuer son travail. Igor fit de même, plus pour analyser le moindre faits et gestes de la professionnelle de santé qu'autre chose.

Discrètement, Viki s'éloigna de la scène pour se diriger vers la sortie. Elle jeta un bref regard vers l'homme inquiet. Elle était de trop, elle le savait.

— Je vais y aller, dit-elle en esquissant un sourire qui se voulait vrai.

Cette simple phrase réveilla le flic de sa transe anxieuse et se tourna presque immédiatement vers elle, les épais sourcils froncés.

— Il est hors de qu...
— Rassurez-vous, je ne vais pas chez moi. En restant avec vous, j'ai compris qu'en cas de danger comme actuellement, qu'on devait changer d'habitat. Par contre, demain je vais devoir rendre le portable de l'autre... Il me faudrait celui d'Agata, pour que je puisse faire ce qu'on s'est dit. Appelez-moi dès que vous l'avez.

L'air certain qu'avait pris la jeune femme désarçonna le policier. Elle en sourit en voyant son visage déformé par la surprise. C'était rare de le voir ainsi, mais ça l'était également qu'elle prenne autant les directives. Alors elle comprenait son étonnement.

Ne voulant pas qu'il rajoute quoi que ce soit, elle s'en alla sans rien ajouter. Igor la suivait du regard, silencieux, incapable de prendre la parole.

Lorsque l'infirmière s'en alla, il avait repris ses esprits et s'installa au chevet de son neveu. Il s'y attendait, à son air interrogateur. Après tout, il ne devait pas avoir une once d'idée sur le pourquoi Viki voulait obtenir le téléphone d'Agata. Le plus vieux sourit alors, d'un air paternel.

— Je t'expliquerai demain. Rendors-toi, p'tit gars. T'en as bien besoin à ta tronche.

L'expression fit sourire le brun. C'était rassurant d'entendre la façon parler de son oncle. Celui-ci lui caressa brièvement les cheveux, pour la tendresse du geste ou bien pour les décoiffer. Peu lui importait pour Viktor, car il s'endormit paisiblement tel un enfant.

Assit sur une chaise pas confortable pour un sou, Igor veilla sur lui durant toute la nuit qui restait.

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