Avertissement, ce chapitre contient une ou plusieurs scènes choquantes pouvant heurter la sensibilité.
Timothy profitant de la confusion générale, chargea Lorelaï toujours inconsciente et moribonde sur ces épaules et sorti. Il laissa derrière lui les amis de la sorcière presque agonisants ainsi que les cadavres de ses hommes. Une fois dans la voiture, il appela Hoshihito, l'oncle de Keiko, pour prévenir qu'une invitée supplémentaire se joignait à eux et que celle-ci était dans un état nécessitant des soins d'urgences. Ils se rendirent rapidement dans un hôtel de luxe situé au cœur de la ville que contrôlait leur organisation. Hoshihito avait fait venir leur médecin personnel pour soigner Lorelaï. Cette dernière mit plusieurs heures à se réveiller, heures durant lesquels son hémorragie avait été stoppée et et sa blessure recousue. Quand elle ouvrit enfin les yeux, la douleur lançait toujours son corps et Timothy était à son chevet. Voyant qu'elle était finalement consciente, celui-ci prit la parole.
« Tiens, une revenante... Décidément à chacune de nos rencontres, tu passes plus de temps, inconsciente qu'éveillée ! » Déclara l'inquisiteur en ricanant.
« Peut-être est-ce parce que je préfère voir le moins possible ta sale tronche ! » Lui répondit Lorelaï avec hargne et le regard sombre.
« Même dans une telle situation tu trouves encore le moyen de faire de l'humour et te permettre d'être impertinente. Mais ne t'inquiète pas, je vais m'assurer personnellement de t'enlever cette mauvaise habitude ! Tu risques de ne plus rire très longtemps... » Déclara-t-il, les yeux emplis de sinistres promesses.
« À dire vrai, j'étais on ne peut plus sérieuse, de te voir me donne la nausée ! Par contre toi je ne te comprends décidément pas... Tu essaies de me tuer et immédiatement après tu me soignes ! Pas très logique tout ça tu conviendras ! »
Elle ricana devant l'absurdité du comportement de son tortionnaire. Ce faisant une douleur aigue dans son abdomen vint arrêter net ses railleries, la faisant grimacer tant la souffrance était accablante, devenant plus forte à chacun de ses mouvements.
« Ah ça ! Disons que ton côté jeune héroïne m'a légèrement irrité... Je me suis un peu emporté sur le moment je dois l'admettre. Nous avons besoin de toi, donc pour l'heure je dois te garder en vie ! »
« Tu sais que demander une faveur à la personne que tu as au préalable : molestée, torturée et sans oublier embrochée avec ton épée ; ce n'est vraiment pas, comment dire, indiqué ; voir même carrément déplacé... Pour être plus clair je préférerais perdre l'usage de mes deux jambes ou encore me faire empalée par dix autres lames, que de rendre un quelconque service à toi ou à ta petite organisation de fêlés... À moins bien sûr que cela ne consiste à te faire mourir dans d'atroces souffrances, là ce sera avec grand plaisir ! » Déclara-t-elle, le regard féroce.
« Parce que tu crois qu'on te demande ton avis mon cœur ? » Dit-il en caressant tendrement sa joue.
Ne pouvant supporter ses caresses, étant à elles seules plus odieuses que n'importe quelle torture, elle tourna sa tête dans la direction opposée avec brusquerie.
« NE ME TOUCHE PAS ! » Vociféra-t-elle, la mâchoire serrée et les yeux plein de dégoût. « Tue-moi car tu n'obtiendras RIEN de moi ! » Ajouta-t-elle en le regardant avec une lueur de défi.
Timothy observa Lorelaï de longues secondes durant. La détermination sans faille qu'elle affichait en cet instant était évidente. Cependant cet homme cruel savait exactement comment faire plier la jeune femme, connaissant la faiblesse de la celle-ci. Celle qui lui permettrait de muselait sa témérité en faisant voler en éclat sa détermination. Il l'avait surveillé dès son plus jeune âge. Il savait que quand il était question de ses proches, elle était capable de n'importe quoi. Après tout, elle l'avait prouvé quelques heures plus tôt en s'interposant entre lui et le vampire, se sacrifiant sans la moindre hésitation. Il lui adressa un sourire victorieux avant de reprendre la parole.
« Et s'il en va de la vie de ton amie ? » Demanda l'inquisiteur en toisant la sorcière.
Lorelaï soutint le regard de l'homme méprisable qui lui faisait face. La menace sous-jacente des mots de celui-ci était évidente. Cependant elle savait qu'elle n'était qu'esbrouffe. Jamais il ne pourrait mettre son abject chantage à exécution. Keiko était reliée, d'une manière ou d'une autre, à l'organisation dont il faisait lui-même parti, c'était évident.
« Comme si son oncle allait te laisser lui faire quoi que ce soit. Trouve quelque chose de plus plausible si tu veux que ton intimidation fonctionne ! » Répondit la jeune femme avec véhémence.
« Le mal est déjà fait à dire vrai et ce n'est pas moi qui en suis responsable, mais toi. »
Le ton calme et assuré de Timothy, vinrent insinuer suffisamment de doute en Lorelaï pour que celle-ci commence à croire qu'il ne bluffait pas.
« Comment ça ? » Demanda-t-elle, en fronçant les sourcils, perplexe.
« Il faut que tu brises l'enchantement qu'elle et toi avait jeté. » Répondit Timothy en éludant la question de Lorelaï.
« Je ne vois pas du tout de quoi tu parles... » Déclara-t-elle calmement en relevant légèrement le menton.
« Je te conseille fortement d'éviter de te moquer de moi ! J'ai su en voyant que ma présence affectait mademoiselle Izumi que tu lui avais fait pratiquer la sorcellerie ! »
« Peut-être qu'elle non plus ne peut pas supporter de voir ta sale gueule... » Répondit Lorelaï avec nonchalance au accusation de l'inquisiteur.
Sur cette remarque impertinente de la sorcière, Timothy saisit violemment celle-ci à la gorge et serra fortement.
« Je vais te le redire une dernière fois, arrête de me prendre pour un imbécile ! Mon pendentif n'affecte que les sorcières de TA famille, ainsi que les personnes qui ont pratiquées avec elles. » Il relâcha son étreinte, la regardant avec mépris. « Il faut donc que tu y remédie... »
La jeune femme toussa en massant son cou endolori des suites du geste colérique de l'inquisiteur. Elle mit quelques minutes à retrouver son souffle tant la forte pression de la main de Timothy avait était longue.
« Et que dois-je faire gros malin ? Remonter le temps ? » Demanda Lorelaï.
« Ça, ce n'est pas mon problème... Trouve une solution ! »
« Ce qui est fait est fait... Je ne peux strictement rien y changer. Et puis je ne vois pas en quoi c'est aussi grave que tu le prétends... »
« Keiko est destinée à de grande chose qui ne comprennent en aucun cas d'être sous l'influence d'un être abjecte tel que toi ! »
« À parce que l'influence de fanatiques complètement ravagés et fachiste de surcroît, tel que toi c'est mieux ? Laisse-moi rire veux-tu... »
« Il n'y a rien de pire, à ce que je sache que d'être sous l'emprise d'une sorcière en partie noctambule... »
Lorelaï écarquilla les yeux sous la compréhension, saisissant l'impact de la déclaration de Timothy, celui-ci se mit à rire à l'adresse de sa prisonnière.
« Tu l'ignore évidemment ! Tu ne peux pas imaginer comme c'est jouissif pour moi que d'être celui qui va t'apprendre l'horrible vérité sur ta famille ! Laisse-moi donc te raconter une petite histoire... Il était une fois une femme enceinte sur le point d'accoucher. Cependant avant qu'elle n'ait mit bas ; un vampire, voulant ainsi octroyer à son clan un membre d'une grande puissance, la mordit dans le but de la transformer. Le choc de sa mutation provoqua ces contractions. Elle mourut en couche ; étant bien trop faible pour achever sa transition en vampire. Sa fille cependant survécut, non sans avoir était infecté par le « gène » vampirique transmis par sa mère, elle le donna ensuite à ses descendants. C'était la dernière, jusqu'à récemment, sorcière active de la famille Boleign. C'était ton arrière-grand-mère ! »
« Tu mens. »
« En es-tu bien sûre ? N'as-tu jamais remarqué que tu cicatrisais plus rapidement que le commun des mortels ? Que ta force physique était bien supérieur à celle de tout autre humain ? Tu n'aurais jamais pu survivre à une blessure telle que celle que je t'ai infligé sans cela ! »
Lorelaï ne pouvait se résigner à le croire. Cependant elle savait que c'était la vérité, trop d'éléments venaient étayer cette thèse. Toutes les preuves qu'avaient avancées l'inquisiteur étaient vrai. Sa force surprenante, le fait que Liam ne puisse l'hypnotiser, sa cicatrisation accéléré et voir dans ce cas précis sa survie face à au coup mortel que lui avait porté Timothy. Ravi de son effet Timothy souriait. Il quitta la pièce laissant derrière lui les échos de son rire machiavélique hanter l'esprit de la jeune femme en sortant. Il avait abandonné derrière lui une Lorelaï désemparée.
La chambre était imprégnée d'une atmosphère étouffante, comme si l'air lui-même retenait son souffle, témoin silencieux de la détresse profonde qui émanait de la jeune femme. Les larmes lui montaient aux yeux sans qu'elle n'eût aucun contrôle dessus, elle en avait trop vu en si peu de temps. Les cicatrices purulentes de son passé semblaient se rouvrir devant elle, l'engouffrant dans un tourbillon destructeur et la plongeant dans les ténèbres. Chaque battement de son cœur blessé était marqué par une douleur lancinante, chaque souffle était une lutte contre le poids écrasant des souvenirs oppressants.
Elle avait été la cause de la mort de son père. Elle n'avait eu depuis sa plus tendre enfance qu'une vie accablante rythmée par la peine, la déception et la mort. Son père n'était pas le seul membre de sa famille qui avait disparu. Sa sœur aînée était morte à l'âge de dix-neuf ans alors qu'elle-même n'en avait que sept.
Ce n'était cependant là qu'un fragment des tourments qui pesaient sur elle. Elle avait été meurtrie dans son corps ainsi que dans son âme par l'homme qui venait de quitter la pièce. Elle était devenue le jouet sexuel d'un vampire. Elle n'était même pas humaine, pas réellement du moins... Elle était à bout de force. Combien d'affliction devait-elle encore endurer ? Combien de personnes devraient encore être blessés ou bien mourir par sa faute ? S'en était trop, même pour quelqu'un d'aussi résiliente qu'elle. La carapace impénétrable, qu'elle s'était forgée depuis la disparition de son père vola en éclat.
Elle hurlait de douleur, ses joues étaient inondées par des flots de larmes. Toute la peine, tout le désespoir, qu'elle avait tenté en vain d'oblitérer ces derniers mois l'assaillaient en cet instant, lui coupant le souffle. Les émotions déferlaient en elle, puissantes et dévorantes, brûlant chaque fibre de son être jusqu'à ce qu'il ne reste que des cendres. Il fallait que cela cesse, elle ne pouvait plus supporter l'intensité des émotions qu'elle ressentait affluer dans tout son corps avec fureur. C'était comme si chaque parcelle de ce qui constituait la jeune femme était chauffé à blanc. En comparaison des tourments sans fin qui l'écrasait, la mort devait être bien douce pensa-t-elle. Elle avait pris sa décision, cela devait prendre fin maintenant ! Elle arracha donc violement ses points de sutures laissant ainsi s'écouler son sang. Ce serait rapidement terminé.
Liam, dont la connexion qu'ils partageaient lui permettait d'éprouver les émotions de la jeune femme comme si elles avaient été les siennes, eut le souffle coupé. Il tomba à genou sous l'intensité des sensations provenant de Lorelaï. Ses mains fébriles vinrent se poser sur sa tête tentant de contenir l'abondance de sentiments envahissant son esprit. Il avait été prit d'assaut par un flot de souffrance brute. Il sentait le danger dans lequel se trouvait la jeune femme en cet instant, il essaya de la contacter, mais cependant sans succès, elle restait sourde à ses appels.
Keiko, grâce au lien qu'elles avaient toutes deux, ressentit également la vie qui s'échappait lentement du corps de Lorelaï. Elle était dans une pièce à l'autre bout de l'hôtel. Elle essaya de sortir pour lui venir en aide, mais s'était fermé à clef. Elle frappa comme une forcenée sur la porte qui lui bloquait l'accès à son amie mourante. Un garde, alerté par le vacarme provoqué par la jeune finit par lui ouvrir.
« Mademoiselle Izumi, votre oncle a donné l'ordre que vous restiez confiné ici. » Déclara-t-il simplement.
« Je me fous de ce que mon oncle vous a dit, dite lui que Lorelaï McKey est en train de mourir... »
L'homme, après avoir renfermé Keiko s'empressa de rejoindre monsieur Izumi, pour l'informer de la situation. Une fois celui-ci au courant il se précipita avec Timothy dans la pièce où se trouvait Lorelaï agonisante.
« Vous n'auriez pas pu laisser un garde avec elle ? On ne peut décidément rien vous confier ! » Hurla Hoshihito à l'adresse de l'inquisiteur.
« La garce ! Elle a rouvert sa blessure. » Vociféra Timothy
Malgré l'état proche de la mort de la jeune femme, ils réussirent à sauver une fois de plus Lorelaï in extremis. Le médecin était parvenu à cet exploit de justesse. Quand il réussit à stopper une nouvelle fois l'hémorragie, elle avait cette fois-ci perdue plus de deux litres de sang. Elle mit également beaucoup plus de temps à revenir à elle, tant son corps avait besoin de repos. Lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, deux jours s'étaient écoulés.
Elle gémit en reprenant conscience, la douleur était plus forte que jamais. Cependant d'avoir ainsi frôlé la mort de si près, semblait lui avoir octroyé une puissance nouvelle. La jeune femme sentais en elle frémir les ondes d'une force inégalable, dépassant tout ce qu'elle avait connu auparavant. Sa volonté fut elle aussi accrue. Sa résilience nouvellement acquise lui donnait l'obstination qui lui avait fait défaut quelques jours plus tôt. Elle n'abandonnerait plus, elle ne se laisserait plus la fatalité lui dicter ses actes. La fureur qui l'habitait lui octroyant l'abnégation nécessaire pour survivre à tout ce qui lui ferait face.
« Décidément on ne peut pas mourir en paix... » Déclara Lorelaï avec effronterie à l'adresse d'un Timothy furieux de cette remarque. « Tiens, des menottes ? C'est nouveau ! » Ajouta la sorcière en remuant ses poignets entravés.
« C'est pour éviter que tu essayes une nouvelle fois de nous fausser compagnie ! » Siffla l'inquisiteur entre ses mâchoires serrées de mécontentement.
« Tu sembles irrité ? Tu dois être vraiment frustré, devoir me sauver, non pas une, mais deux fois en aussi peu de temps cela a du légèrement te contrarier. » Déclara-t-elle narquoisement.
Sa propre impertinence fit rire Lorelaï. Cette dernière qui malgré la douleur lancinante que les soubresauts moqueurs incontrôlables de son corps provoquèrent, ne semblait pouvoir s'arrêter. Elle dû se tenir les côtes tant elle trouvait la situation désopilante. Timothy lui attrapa les joues fermement furibond de la provocation de la jeune femme.
« Écoute-moi bien sale garce, tu veux crever ? Je me ferai une joie d'exaucer ton souhait mais une fois que tu auras libéré ta copine. Si ta mort était en mesure d'effacer ce lien entre vous, crois-moi tu serais déjà morte ! »
« Tu m'en diras tant ! » Dit-elle avec espièglerie, riant une nouvelle fois.
Timothy était abasourdi par l'impertinence de la jeune femme. Il s'était attendu à trouver face à lui, une Lorelaï affaiblit et moribonde. Il en était tellement persuadé, qu'il n'arborait pas son pendentif en cet instant, de peur que cela l'eut achevée. C'était cependant tout le contraire. Celle qui lui faisait face, semblait redoutable et en pleine possession de ses moyens.
Lorelaï quant à elle sentait sa magie crépiter avec impétuosité au plus profond de son être. Elle sentait des éclairs de puissance parcourir ses veines. Arborant un sourire malicieux, elle dit à Timothy, les yeux emplis de défi :
« Tu veux voir un tour de magie ? »
Elle secoua ses mains et se libéra comme par enchantement de ces menottes.
« Abracadabra ! »
Timothy pris au dépourvu n'eut pas le temps de réagir avant qu'elle ne lui lance un coup de poing d'une puissance telle que cela le laissa quelques instants inconscient. Elle lui cracha dessus.
« Je t'avais prévenu que sans ton médaillon tu serais celui qui serait à terre ! »
Avant de sortir de la pièce, elle lui assénât un violent coup de pied dans le visage de l'inquisiteur. Timothy hors d'état de nuire, elle aurait tout le loisir de s'échapper de l'hôtel avant qu'il ne puisse donner l'alarme.
Elle due se résigner à laisser Keiko derrière elle, ne pouvant pas l'atteindre sans risquer de se faire capturer à nouveau. Elle se rassura difficilement du bien fondé de cette douloureuse décision, étant persuadée que son oncle ne lui ferait aucun mal. Elle se retrouva donc rapidement dehors face aux quatre vampires et à Castiel, qui n'avaient jusque-là pas réussis à entrer. Elle était passée à travers une fenêtre du premier étage et avait atterri toute en douceur face à eux, bouches-bées de la voir débarquer ainsi. Tandis que Lorelaï, rayonnante, semblait avoir puisé une nouvelle force dans les épreuves de ces derniers jours, ses compagnons semblaient, quant à eux, épuisés. Ils portaient sur eux encore les stigmates physiques et psychologiques des combats endurés. Ils avaient des ecchymoses et plaies encore visibles sur diverses parties de leurs corps affaiblis. Elle les regarda en arborant un sourire mutin.
« Je vous ai manqué ? » Demanda la sorcière les yeux plein de malice.
Entendant de l'agitation dans l'hôtel, suite à son évasion Lorelaï reprit à nouveau la parole.
« On va devoir remettre les effusions à plus tard... Tirons nous d'ici ! »