À l'unisson

By -livresse

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Nouvelle année scolaire, nouvelle occasion pour Germain de se réjouir de la vie qui lui est offerte. Passion... More

LEVER DE RIDEAU
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MOUVEMENT N°4
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MOUVEMENT N°29
MOUVEMENT N°30
MOUVEMENT N°31
MOUVEMENT N°32
MOUVEMENT N°33
MOUVEMENT N°34
SALUT FINAL

MOUVEMENT N°8

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By -livresse

𝐋𝐄𝐒𝐋𝐘𝐄


Ces trois jours étaient passés plus vite que je ne l'aurais pensé. Je n'avais fait que travailler car nous n'avons pas eu cours de danse et que je n'avais aucun moyen de communiquer avec mon partenaire au cas où si, l'un de nous, voulait qu'on se voit. J'aurais pu penser que ça ne me gênait pas, mais je me mentais à moi-même. 

Comme toujours. Ce devait être ma spécialité. Mais si nous étions dans cette situation, ce n'était pas que de ma faute. Mais de la sienne aussi. Il ne m'a pas demandé mon numéro, non plus. Bon, peut-être que je ne lui aurais pas donné, mais ce n'est qu'on contretemps. S'il tenait tant que ça à collaborer avec moi, il aurait tout fait pour que ce soit le cas. Peut-être qu'en fait, j'étais en train de devenir la seule qui s'intéresse vraiment à ce qu'on fait. Ou qu'avec moi, il est, pour je ne sais quelle raison, plus timide qu'avec ses amis. 

Je n'ai rien d'inquiétant, et n'ai pas encore mangé quiconque, pourtant. 

Il est vrai que je ne me suis pas montrée super accueillante à son égard, mais je reste toujours sur mes arrières. Ce n'est pas forcément contre lui. La perfection est ma seule solution. Si je ne réussis pas en danse, ou au lycée, je me déteste de longs mois, sans aucune raison. Il faut que tout soit parfait, que mes mouvements soient le plus possibles coordonnés avec la musique et que je puisse danser les yeux fermés ou même dans mes rêves. Si ceci ne se produit pas, mes parents peuvent être sûrs que je ne vais pas rentrer à la maison tant que je ne serais pas fière de moi. 

Peut-être est-ce mon passé qui me fait penser comme tel. Ou peut-être est-ce seulement le fait que, comme il me l'a si bien fait remarquer, je ne vis pas assez. 

Je n'ai aucune autre raison, que la danse, de sourire. À part mes amis et ma famille. Aller en cours m'ennuie plus qu'autre chose, je ne sais jamais quoi faire quand je n'ai plus rien à faire. Et puis sortir n'a rien d'intéressant quand danser est ma passion. 

Ce qui me fait le plus mal, c'est que seul un inconnu s'en soit rendu compte. 

Pour mes pères, c'est normal. Ils m'ont toujours connu comme cela. Se sont même eux qui m'ont incitée à toujours viser plus haut qu'on nous le demandait. Ils me disent que « Ce n'est qu'en pensant que l'on peut mieux faire, qu'on ressent l'envie d'aller plus loin. » Je n'avais jamais vraiment réfléchi à ça, mais ils ont de loin raison. 

Que se passe-t-il quand je ne peux penser à mieux vivre ? Rien ne me permet aujourd'hui de dire haut de fort que j'ai trouvé une nouvelle raison à ma vie ici. Pourtant, je peux être sûre que mes pères se battraient pour que j'en trouve une. Ou même plusieurs. Du moment que je reste celle que je suis pour eux et que je ne décide pas d'investir dans du tricot et des Lego. Ils trouveraient peut-être ça drôle. Mais seulement quelques secondes, avant de me rire au nez, en fronçant à l'unisson les sourcils. 

Penser à cela ne me menait à rien, je le sais plus que bien. Mieux que mes tables de multiplication, du moins. Ce n'était pas de ma faute si moi et les maths ça faisait deux ! S'il y a bien une chose que je sais aussi, c'est que pour danser, je n'avais pas besoin de savoir que trente-quatre fois huit ça faisait deux-cent soixante-dix-huit. A moins d'être bourrée, mais encore, boire n'était pas ce qui me plaisait le plus. Peut-être qu'un jour, je me rendrais compte que c'est la seule chose dont mon esprit a besoin. Je souhaite que ça ne traverse jamais ce dernier. 

En me concentrant sur l'horizon devant moi et plissant les yeux pour être sure de moi, je remarquai une silhouette qui m'étais familière. Son sac en bandoulière pendant sur son épaule, il marchait face à moi. Je me mis à sourire immédiatement. 

Nous rentrions tous les deux à la même heure, et ce pour la première fois depuis des semaines. Même des mois. À ce moment-là, rien ne me faisait plus plaisir que de le voir. Il avait beau sembler fatigué et marchait avec difficultés, mas c'était bien lui. 

C'est mon père qui, en me voyant, me fis un coucou de sa main libre. De son autre, il s'agrippait à son sac. Non en ayant peur de se le faire voler, car rien d'important n'était à l'intérieur, mais pour se tenir à quelque chose. De ce fait, s'il avait un instant hors d'ici, où son esprit quittait son corps, il avait cette lanière pour l'aider. Sans n'avoir jamais eu le courage de lui dire que ça ne servait à rien, je trouvais quand même ceci beau. 

Petit à petit, je me rapprochais de lui, devinant derrière ses cernes et ses yeux qui ne demandaient qu'à se fermer, un sourire qui m'était destiné. Le mien, qui n'avait jamais quitté mes lèvres, devenait de plus en plus grand à mesure que j'accélérais le pas pour le serrer contre moi. Un simple câlin, qui faisait tout. Quand je me heurtai contre lui, j'enfonçai directement ma tête contre lui, le serra plus que je ne devrais surement. Ce contact, qui sans que je ne m'en sois aperçu, m'avait énormément manqué. 

Durant ses longues gardes à l'hôpital, je ne pouvais pas lui prouver mon affection, ni même faire un FaceTime avec lui en étant sûre qu'il ne s'endorme pas en plein milieu ou plutôt qu'il me réponde. Il n'avait jamais cessé d'aimer son travail et d'aider les gens dans le besoin. Avec Lauris, nous avions, tous les jours, Marius rien que pour nous.  

Car quand Augustin rentrait, personne d'autre que son mari lui était mieux destiné. Ils restaient des minutes complètes, et des fois des heures, l'un contre l'autre. Parfois, ils ne se disaient rien. Je n'avais jamais compris comment on pouvait autant aimer une personne. Alors je levais la tête pour voir l'amour que mon père me portait à cet instant. Et là, je savais qu'aucun autre être humain sur terre ne pourrait m'aimer et me chérir comme ils l'avaient fait. 

Pas même l'amour de ma vie ou mon âme sœur. Car, que je le veuille ou non, c'était à eux que mon cœur avait appartenu en premier. Il resterait le leur pour le reste de ma vie.

⎯ Tu m'avais manqué, me chuchote-t-il avant de m'embrasser le front.

⎯ Tu nous as encore plus manqué.

Nous nous séparons, sa main prenant ma taille, pour toujours garder un contact.

⎯ Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vraiment parlé, Lyly. Et je m'en excuse.

Je fronce les sourcils, lui faisant comprendre que ce n'est en rien sa faute.

⎯ Si tu n'es pas là pour nous, tu l'es pour des personnes qui en ont surement plus besoin que nous.

⎯ Personne ne mérite plus ma présence que ma famille. Je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir passé assez de moments avec vous. Marius a cette chance que je n'aie pas.

⎯ Quand tu es là, ce sont les meilleurs moments. Sans toi, ce n'est pas la même chose, je te l'assure, lui avouais-je en lui offrant le sourire qu'il mérite, plus que tout.

⎯ Assez parlé de ça, comment se passe ton début d'année ?

Je ne pourrais pas le lui résumer en une seule phrase, car je ne sais moi-même pas ce que je ressens concernant ce début d'année. Je ne sais dire si mon année scolaire va être une réussite et si je vais toujours performer en danse. Du moins, c'est ce que je souhaite plus que tout.

⎯ Monsieur Mansart nous a appris que nous allions organiser une collaboration avec des autres danseurs. Ça fait quelques jours qu'on a commencé, et même si au début je ne prenais pas au sérieux mon partenaire...

⎯ Pour quelle raison ? Me coupe-t-il.  

Je lève les yeux au ciel, mais lui répond avec tout le sérieux dont je peux faire part.  

⎯ C'était le seul gars blessé de tout le groupe! Pour moi, ça n'allait pas fonctionner entre nous. Mais il y a trois jours, ils nous ont fait une démonstration. Je peux t'assurer que j'ai complètement changé d'avis à propos de lui. Je n'avais besoin que de ça pour me sentir en confiance avec lui.  

⎯ J'espère que ceci te servira d'exemple.  

⎯ Merci de me sermonner, papa.  

Nous arrivons devant notre immeuble, il sort ses clés de sa poche et ouvre à l'aide du Bip.  

⎯ Ce n'est pas contre toi.  

⎯ Ce n'était pas contre lui, non plus. Mais plutôt contre moi.  

⎯ Je sais.  

Il a bien raison. S'il y a bien une chose que je dois retenir de ce que nous sommes en train de vivre tous les deux, c'est qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Je pensais que les évènements anciennement vécus m'avaient servi de leçon concernant cela, mais j'ai le regret d'apprendre que non. Chaque chose que je vis en ce moment, me prouve que quoi que je vive, je ne fais pas gaffe aux répercutions que ça peut avoir sur les gens et sur mon futur. 

Pourtant, je souhaite plus que tout que ça change. Je n'y mets peut-être pas du mien, en vérité. Mais, à des moments, il est difficile de se rappeler ce qui nous a heurté. Oublier est la solution de facilité. Celle que l'on choisit pour ne pas sentir son cœur qui se sert et ses larmes qui montent. Elles essaient de s'enfuir, pour nous prouver que ce n'est rien. Sauf que nous sommes les seuls responsables de notre malheur, à cette heure-là. 

La cloche de l'ascenseur qui tinte me fait sortir de mes pensées, et ce pour le mieux. En quelques pas, Augustin ouvre la porte et nous sommes accueillis par le bruit des casseroles. Ce n'est que quatre heures mais Marius prépare déjà à manger. Quand son mari passe la tête par l'arche qui donne sur la cuisine, j'entends ces mêmes casseroles qui s'entrechoquent, puis un long silence où je n'ose pas bouger, de peur de les déranger. Quand je sais qu'ils sont dans les bras l'un de l'autre, j'enlève mon manteau, même si je vais le remettre dans pas moins de dix minutes. Il me faut juste aller chercher mon sac et je suis de nouveau dehors. 

En allant dans ma chambre, je passe par celle de Lauris. Je sais qu'il y est car j'ai été forcée, en début d'année, d'apprendre son emploi du temps par cœur pour que je ne le bombarde pas de messages. Nous savons tous les deux que je peux en envoyer plus d'une dizaine à la seconde si je m'inquiète. Le plus souvent pour rien.

⎯ Salut, commençais-je en ouvrant la porte de sa chambre. Papa est rentré.

Je m'attendais à la voir en train de jouer ou de regarder un de ses animés, mais c'est un Lauris avec un livre assis sur son lit que je trouve. Il me faut un moment pour me rendre compte de ce que je vois devant moi. Je pense alors à une hallucination ou au fait qu'il soit malade, mais non. C'est bien mon frère. Qui lit un livre. Le plus calmement possible.

⎯ Qui t'a forcé ?

Il tourne la tête vers moi, sans pour autant prendre mon arrivée comme une opportunité pour le jeter à travers la pièce.

⎯ De quoi tu parles ?

⎯ C'est papa, c'est ça ? Je peux aller lui parler, si tu veux.

⎯ Mais tu es folle, ma parole.

Je m'avance vers lui, lui touche le front pendant qu'il lève les yeux au ciel et que de sa main libre, essaie de me taper la mienne.

⎯ Parle-moi sérieusement, Lauris.

⎯ Je suis sérieux.

⎯ Non, tu ne peux pas lire un livre et être sérieux en même temps. C'est inconcevable.

⎯ Et pourquoi ça ?

⎯ Tu as quatorze ans. En quatorze ans, je ne t'ai jamais vu prendre un livre.

⎯ Les temps changent, ma pauvre fille.

Lauris me touche le bras et je regarde le plafond :

⎯ Demain, il va neiger. Non, des Aliens vont arriver sur terre.

⎯ Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter une telle sœur ? marmonne-t-il en se remettant à sa lecture.

Je fais en sorte de me lever, mais au dernier moment, sors mon téléphone de ma poche et le prends en photo.

⎯ Efface-moi ça tout de suite, m'ordonne-t-il.

⎯ C'est pour avoir des preuves. Tu sais, de la maladie que tu as. Au cas où on me demande quels sont les symptômes.

Il me crie un ferme la porte mais je suis bien trop loin pour le faire. 

Je m'empare de mon sac, passe faire un bisou à mes deux papas et enfile ma veste. En deux minutes, je suis dans la rue, direction mon cours de yoga-gymnastique ou je sais plus trop quoi. C'est censé m'aider pour la danse. Mais pour le moment, la seule chose que ça m'apporte, ce sont des crampes et une envie de mourir. 

C'est quelque chose qui m'aide à me vider l'esprit, alors je continue. 

Pourtant, durant les une heure et demie, je ne me concentre pas vraiment sur ce que je fais, pensant à ce que je pourrais faire avec Germain, non seulement pour me rattraper mais aussi pour lui donner des cours dont il se souviendra toute sa vie. À ce jour, je n'ai qu'un seul objectif : qu'il dise à tout le monde que la danse classique et que sa prof sont incroyables. Et ce n'est pas pour mon égo. Qu'il reste où il est.

que quelqu'un me donne la relation que leslye a avec sa famille.

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