Victoria
— Un visiteur ? je répète, perplexe.
Un espoir commence à naitre dans ma poitrine. Et si c'était lui ? Et si c'était Carter ? Je me relève d'un bond et défroisse ma robe. Je m'avance vers ma commode et applique du gloss sur mes lèvres. Ma mère lève un sourcil, ne comprenant pas pourquoi je m'apprête comme ça.
— Qui est-ce ? je demande, espérant entendre le nom de celui que j'aime.
— Je ne sais pas, c'était un grand blond qui avait un bouquet de fleurs dans les mains.
Je me mords les joues pour retenir mon sourire. C'est lui. Ma mère me scrute curieusement.
— Tu le connais ?
— Longue histoire, je réponds en sortant de ma chambre à toute vitesse.
Je dévale les escaliers et arrive enfin devant la grande porte d'entrée. Carter se tient sur le palier, en costume avec des fleurs dans les bras. Je lui saute au cou en m'exclamant :
— Tu m'as manqué !
Il se recule et me sourit avant de répondre :
— Tu m'as aussi manqué, mi gato. (mon chat)
Je souris à mon tour en entendant le surnom qu'il m'a donné. Carter et moi entretenons une liaison secrète. C'est le fils d'un des gardes du corps de mon père. Si il venait à apprendre qu'on est à deux, je n'imagine même pas la fureur qui l'emporterait. Il m'a toujours interdit de voir qui que se soit. Je n'ai pas le droit d'avoir des amis ou un copain. Il me traite comme si j'étais un animal en cage. Quand j'étais petite, mon père me disait que c'était pour me protéger du monde extérieur. Mais le seul dont j'ai besoin d'être protégée maintenant, c'est lui.
— Victoria, si je suis venu ici, c'est pour te demander d'être ma cavalière au bal masqué qu'organise Alcàrez.
Un bal masqué ?
— Mais je n'ai même pas reçue d'invitation, je lui répond embarrassée.
Carter lève un sourcil et pointe du menton la table près de l'entrée. Une enveloppe couleur or est posée dessus.
— Ohh... je murmure, gênée.
Il rit face à mon embarras et passe son doigt sur mes lèvres.
— Alors ? Veux-tu être ma cavalière ? murmure t-il.
Il est proche, trop proche. Une de ses mains descend le long de ma taille et l'autre est posée sur ma joue. Je peux sentir son souffle caresser ma nuque. Mon coeur bat à toute vitesse.
— Oui, je chuchote à mon tour.
Ses lèvres se rapprochent des miennes et je suis tentée de l'embrasser, mais je me rappelle soudainement que mon père peut arriver à tout moment et je me décale.
Il soupire et se recule.
— Quand est-ce qu'on va pouvoir arrêter de se cacher ?
— Carter, tu connais mon père, je souffle, si il venait à l'apprendre tu pourrais mourrir !
Soudain, le mariage me revient en tête. Merde ! Comment j'ai pu oublier ça ? Et comment je vais annoncer à Carter que je suis fiancée ?
— Carter, il faut que je te dise quelque chose, mais avant, promets-moi de ne pas t'énerver...
Il hausse les sourcils, soucieux.
— Tu me fais peur Vic, tout vas bien ?
Je baisse le regard et prends mon courage à deux mains. Il faut qu'il sache.
— En fait, je suis...
— Oh ! Mais qui est ce bel homme ?
Je tourne la tête et aperçois ma mère dans les escaliers. Je pousse un soupir de soulagement, rassurée de ne pas avoir à avouer la vérité à Carter.
— Maman...
Carter s'avance à sa rencontre, en souriant.
— Señora complacida, mi nombre es Carter. (Enchanté madame, je m'appelle Carter)
— Oh, un español ! Cariño, dónde encontraste esta rara perla ? (Oh un espagnol ! Ma chérie, où as-tu trouvé cette perle rare ?)
— Maman stop, ça me gêne !
Elle rigole, fière et mon petit-ami secret se joint à elle.
— Me gusta tu madre. (J'aime bien ta mère) me confie t-il.
— A mí también me gusta tu amigo. (J'aime bien ton ami aussi)
Je lève les yeux au ciel. Et prends le bras de Carter pour l'entrainer vers la sortie.
— Au revoir Carter !
— Mais je viens à peine d'arriver !
Ma mère rit, amusée par mon embarras, et Carter se décide enfin à avancer vers la sortie.
— Te amo, il me murmure avant de m'embrasser sur le front. (Je t'aime)
— Te amo, je réptete en chuchotant.
J'ouvre la porte et me crispe soudainement. Mon père se trouve devant moi.
Et il est en compagnie d'un homme.
***
Qui est cet homme ?
À suivre...
-Carter-