Dancing Our Fears [EN PAUSE]

By thewordsofanais

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Pour Lana, être douée ne suffit pas dans la vie. Ce qu'elle veut, c'est être la meilleure. Avoir le monde à s... More

AVANT-PROPOS
00. LANA
01. LANA
02. NATHAN
03. LANA
04. NATHAN
06. NATHAN
07. LANA
08. LANA
09. NATHAN
10. LANA

05. LANA

88 11 27
By thewordsofanais

♫ olivia rodrigo – jealousy, jealousy

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Sur le clavier de mon ordinateur, mes doigts se mettent à pianoter à toute vitesse. Les touches s'enchaînent les unes après les autres, les lettres s'assemblent, mes notes s'allongent, tandis que le professeur de littérature poursuit sur le même ton, son cours et ses explications. Mes lunettes noires jonchées sur mon nez, je me concentre pour ne pas louper une miette de ses analyses de Hamlet, toutes plus pertinentes les unes que les autres. J'essaye donc d'en noter le maximum, afin de m'en nourrir pour finir l'essai qui est à rendre pour la semaine prochaine. Autour de moi, le rythme effréné des mains sur les claviers résonne dans l'amphithéâtre, en même temps que les soupirs de certains étudiants dépassés par ce cours magistral.

Comme tous les jeudis en fin de matinée, monsieur Hermett se penche avec nous sur des classiques tous plus incontournables les uns des autres, dans ces deux heures consacrées à l'étude d'œuvres composant la littérature anglo-saxonne. Avec le cours de presse et civilisation de madame Avalon, il fait définitivement partie des cours qui me plaisent le plus parmi tous ceux proposés dans mon cursus. La littérature ne m'a jamais passionnée réellement avant cela, pourtant, depuis que j'ai commencé ma double licence d'anglais et de communication l'année dernière, je me suis prise d'un véritable intérêt pour l'étude d'œuvres littéraires. Peut-être aussi parce que j'ai la chance d'avoir des professeurs jeunes et dynamiques, comme monsieur Hermett, qui sont passionnés par la matière qu'ils enseignent.

La cloche retentit soudain, marquant la fin du cours. Monsieur Hermett s'arrête dans sa présentation au tableau, l'éteint puis pose sur son bureau, comme à son habitude, des textes complémentaires à étudier pour la prochaine fois. J'enregistre mes notes, referme mon ordinateur, puis retire mes lunettes et les pose dans mon étui, après les avoir bien nettoyées. Je ne bénéficie pas d'une correction particulière sur cette paire, il s'agit d'ailleurs plus d'un outil de travail. Je ne la porte en effet que lorsque je suis à la fac, ou même chez moi lorsque je suis devant mon écran, davantage pour préserver mes yeux des excès de la lumière bleue. Ainsi, je n'abîme pas ma vue en restant trop longtemps à travailler sur mon ordinateur, et je m'évite aussi d'avoir des migraines, comme ça je reste concentrée au maximum.

L'effervescence commence à se fait ressentir dans tout l'amphithéâtre. La pause déjeuner sera bien méritée pour tout le monde, je pense. Le prof sourit et fait aussitôt taire les discussions avec des phrases dont seul lui a le secret.

— N'oubliez pas, j'aimerais avoir tous vos essais d'ici la semaine prochaine. Bonne journée à tous et à toutes, dit-il en rangeant ses affaires.

J'entends des nombreux soupirs de part et d'autre de la salle, ponctués de quelques ricanements, ce qui me fait sourire. C'est constamment la même chose, dès que l'on doit rendre un devoir de littérature anglaise, que ce soit un commentaire, un essai ou un corpus documentaire. Le professeur se fait un malin plaisir à nous le rappeler quelques jours avant, histoire de bien faire stresser ceux qui ne sont s'y toujours pas mis, mais finit toujours par nous le noter avec exigence certes, mais également avec bienveillance dans ses annotations et conseils.

Je me dépêche ensuite de ranger mes dernières affaires dans mon tote bag, et sors de la salle après avoir pris un exemplaire des textes posés sur le bureau. L'amphithéâtre se vide en même temps que la cloche sonne, annonçant la fin de l'intercours. Dans les couloirs, le brouhaha est immédiat. Je roule des yeux face à ce chahut puérile, et m'empresse de passer mon chemin, pour aller déjeuner. Pour se faire, je sors du bâtiment, traverse la cour de l'université à grandes enjambées, puis entre dans le restaurant universitaire. Je suppose qu'Olivia et Juline sont déjà arrivées, et qu'elles m'attendent à notre table habituelle. Je prends mon plateau, pose une entrée et un plat au hasard dessus, puis tente de passer mon badge à l'automate, sauf que des gens devant moi n'avancent pas et bloquent la sortie. Je peste intérieurement, mais finis tout de même sortir une ou deux insultes, incapable de me retenir plus longtemps. Puis, lorsqu'ils daignent enfin se bouger, je me faufile à travers la queue pour rejoindre les filles dehors au soleil.

— Hello ! lance Olivia en me voyant poser mon plateau devant elle.

Juline me fait un petit signe de la main droite, les yeux plissés par les rayons faibles du soleil qui pointent dans le ciel aujourd'hui. Je m'assois à côté de cette dernière, et face à Olivia. Nous avons pris cette habitude, au fil des jours, de déjeuner à cette table, afin de profiter du beau temps et du calme loin de la cafétaria bruyante.

— Désolée les meufs, j'ai cru que je n'arriverais jamais à venir. Déjà, le prof il nous garde jusqu'à la sonnerie, et puis les gens devant moi pfff, c'est fou tout ce monde qui n'avance pas, putain !

— Nan mais c'est clair, renchérit Juline. A croire qu'on a leur temps... Mais bref, après t'inquiètes, nous on venait d'arriver aussi, mais bon quand même.

— Bon les meufs, moi je vous cache pas que mes deux heures de psycho m'ont donné faim donc allez, bon appétit à vous, reprend Olivia.

Je glousse et nous commençons à manger toutes les trois. La salade verte qui me sert d'entrée est vraiment fade, mais bon au prix où coûte le repas à l'université, personne ne s'attend à bien mieux. Je mastique les feuilles de verdure, amusée par l'histoire de Juline sur une fille de sa promo, puis passe au plat, composé d'un morceau de poisson trônant sur des brocolis et des petites pommes de terre. Le déjeuner se poursuit dans la bonne humeur, ponctué de rires et d'anecdotes croustillantes avec mes deux acolytes. En réalité, je ne saurais pas dire si je considère Olivia et Juline comme de véritables amies, et réciproquement. Mais disons que j'apprécie être en leur compagnie, j'apprécie les personnes qu'elles sont et ce qu'elles dégagent. Ces deux filles dont super sympas, bon vivant. Elles sont drôles, mais surtout, elles ont un fort caractère et ne se laissent pas faire. Avec elles, je me sens bien, je me sens intégrée. J'ai l'impression de mener la vie d'une étudiante normale, qui déjeune à la fac avec ses amies, et putain ça fait du bien de temps de retirer le masque et de profiter de la vie, tout simplement. C'est assez bizarre, mais avec elles, j'ai l'impression d'exister par moi-même, sans avoir besoin de ma cour, comme à l'école de danse. J'aurais pu me trouver des véritables larbins à mon entrée à la fac, des filles qui auraient fait mes quatre volontés, mais paradoxalement, je ne l'ai pas fait. Je n'ai même pas cherché à le faire, je ne l'ai même pas voulu. Pour une fois, j'ai juste cherché à vivre une vie normale, d'une fille de vingt ans, sans avoir cette pression constante que j'ai au quotidien avec cette réputation, de faire sans cesse mieux pour être la meilleure.

Au final, je me rends compte qu'à part les cours de la fac qu'on a en commun et les soirées, elles ne connaissent rien de ma vie. Ni Juline, ni Olivia. Et moi non plus, d'ailleurs, je ne connais pas grande chose d'elles mis à part ce que l'on se raconte en cours. Olivia a quatre frères, elle est en crush sur deux filles de sa classe qui lui plaisent en même temps donc elle arrive pas à se décider, elle est passionnée par la peinture et la sculpture, et elle est en licence de psychologie. Juline fait du rock avec des mecs de son lycée d'avant, elle a une demi-sœur qu'elle adore, elle est engagée dans plein de combats admirables et elle est en double licence de lettres et communication. Et c'est à peu près tout ce que je sais de leur vie personnelle. De leur côté, elles savent de moi que je suis fille unique, que je fais de la danse depuis petite et que c'est ma raison de vivre, et que je rêve de partir étudier à l'étranger. Et c'est tout. Mais ça me va, et ça leur va aussi, je crois. On cache toutes des choses, on joue toutes des rôles le reste du temps, alors ça permet de s'en détacher au moins lorsque l'on est que toutes les trois. Et puis, ça permet, enfin à moi surtout, de ne pas trop s'attacher. C'est un des sentiments que je déteste le plus au monde, en plus de la faiblesse. Savoir qu'on est trop dépendant de quelqu'un, qu'on est prêt à tout pour cette personne. Ça me fait peur aussi de trop m'attacher. Au moins là, le moment venu, on n'aura pas de comptes à se rendre.

Mais surtout, traîner avec elles, ça me permet de vaincre une de mes plus grandes peurs. La solitude. Quand je suis à la fac, personne ne me connaît. Je ne suis pas Lana Mattezi, la danseuse en classique avancés. Lana Mattezi, la star de l'école sur Instagram. Lana Mattezi, qui est tellement méchante que tout le monde la déteste. Ici, je suis qui je veux, qui j'ai envie d'être. Alors Olivia et Juline n'ont pas besoin de découvrir cette part de moi, cette part plus sombre. Elles m'apprécient comme Lana, la meuf en licence d'anglais et c'est très bien comme ça. On traîne ensemble, on va aux soirées étudiantes ensemble, on mange ensemble. On profite de notre jeunesse ensemble. Elles ne le savent pas, mais cette relation qui nous lie, j'ignore si le terme amitié est opportun, me permet surtout de ne pas me sentir trop seule, dans cet univers si éloigné du mien.

— Hé Lana, tu m'écoutes ?

Je sursaute et redresse la tête. En face de moi, Olivia me regarde avec une moue énervée. Je ne peux m'empêcher de pouffer.

— Tu le dis si ma vie amoureuse chaotique, ça ne t'intéresse pas...

— Mais si meuf tu sais très bien que je raffole de ça. C'est encore mieux à mon goût qu'une série Netflix tes aventures avec tes crush.

— Moque-toi, moque-toi. Je sais bien que t'es jalouse que je pécho autant, et pas toi. Mais bref, le sujet n'est pas là. Oses me dire que tu m'écoutais pendant que je te racontais ma conversation avec Bouclette.

— Désolée meuf, j'étais ailleurs.

— T'étais surtout en train de mater le beau mec là-bas, Juline.

— Mais n'importe quoi, Ju', rigolé-je en l'assénant d'un coup de coude dans les côtes.

Cette dernière ricane, et m'envoie un baiser de la main. Aussitôt, Olivia s'interrompt dans son passionnant récit et se met à glousser, à son tour. Je vois ses yeux pétiller lorsqu'elle demande à Juline de lui en dire plus, le ventre vide de nouveaux potins.

— C'est lequel genre ?

Juline s'empresse de pointer du doigt dans la direction d'un grand mec brun, qui discute avec un surveillant.

— Ohh je comprends, déjà de dos il est pas mal... lance Olivia un regard coquin.

— Mais stop genre, j'étais juste dans mes pensées. Je regardais personne, c'est de l'obsession à force.

— Mouais, fais Juline peu convaincue.

— Bon allez, tu es pardonnée de pas m'avoir écouté, Lana. T'as pas à te justifier.

— Merci merci.

— Mais c'est seulement parce qu'il a l'air beau gosse. Je me renseignerais sur ce type pour toi, chérie.

— Mais au secours, lancé-je en roulant des yeux. Ces meufs sont folles.

Soudain, la cloche sonne, nous coupant dans notre fou rire. Juline en pleure presque, tellement elle rit, ce qui m'amuse encore plus. Au bout de quelques minutes, nous arrivons chacune à reprendre notre souffle.

— Bon les meufs, on décale ?

— Yes.

— On fait quoi cette aprèm ? Vous voulez venir chez moi ? Je vous ramènerai après, propose Olivia.

— Ah oui, c'est vrai, j'avais oublié qu'on avait pas comm' avec Lana, dit Juline.

— Oui et moi j'ai pas tutorat donc on a l'après-midi libre les meufs.

Nous nous levons donc et déposons nos plateaux à l'intérieur de la cafétaria. Puis nous sortons de l'université pour rejoindre l'endroit où Olivia a garé sa voiture ce matin. En effet, cette dernière est la seule de nous trois à posséder sa voiture, il se pourrait donc que l'on en profite légèrement avec Juline. Olivia prend place, puis nous faisons de même avec Juline. Sur le chemin jusqu'à chez elle, Olivia nous impose sa playlist de musique. Au début, Juline boude, et insiste pour mettre de la « vraie bonne musique et pas de la pop commerciale comme ça » comme elle dit. Mais finalement en quelques secondes, elle change complètement d'avis et s'égosille avec nous sur du Britney Spears.

L'après-midi chez Olivia passe en un éclair. Les filles sont d'excellente compagnie, et je prends vite conscience que cela fait bien longtemps que je n'avais pas autant lâché prise, autant ri et autant profité dans la même journée. Et putain, qu'est-ce que ça fait du bien. J'ai l'impression d'être comme pleine d'un nouveau souffle lorsque je monte les escaliers de mon immeuble. Je passe le pas de la porte et me retrouve aussitôt face à ma mère, en colère.

— C'est à cette heure-là que tu rentres ? Je croyais que le prof qui fait ton machin de communication-là était malade ?

— Oui oui, j'étais chez Olivia.

— Tout l'après-midi ? T'avais pas mieux à faire ?

— Oui tout l'après-midi, elle a proposé, ça s'est fait comme ça. Fin, je vois en quoi ça pose ça pose problème, enchaîné-je face à son silence froid.

— Lana ! On en a déjà discuté je crois, non ? Ça ne me plaît pas trop tout le temps que tu accordes à ces filles.

— Mais maman, j'ai vingt ans merde ! Je peux bien choisir avec qui je passe du temps quand même, non ? Même ça j'ai pas le droit ?

— Tu ne me parles pas sur ce ton, Lana ! Je suis ta mère, je te dis ce que je pense, et tu dois respecter cela !

— Mais...

— Il n'y a pas de mais, me coupe-t-elle. Je trouve que ces filles, cette Olivia et l'autre là... Julie ?

— Juline, maman.

— Bref, ce ne sont pas de bonnes fréquentations. Je ne les connais pas, mais je peux t'assurer qu'elles ne sont pas bien pour toi.

— Justement, tu ne les connais pas ! Ce sont vraiment de bonnes personnes. Elles sont gentilles, drôles, passionnantes...

— Et alors ? m'interrompt-elle. En quoi ça change quoi que ce soit ? Elles ont une mauvaise influence sur toi, un point c'est tout !

— Mais quoi ?

— Tu m'as très bien entendu, Lana. Je préfèrerais que tu consacres ton temps libre autrement qu'à traîner vulgairement chez les autres, surtout chez ce genre de filles. C'est pas comme ça que je t'ai élevée, voyons.

— Mais maman, c'était juste une aprèm sympa, c'est bon, c'est rien...

— C'était sympa ! ricane-t-elle. Nan mais tu t'entends, Lana ? Tu crois que c'est de passer des moments sympas avec des filles que tu dis être tes amies que tu vas réussir ? C'est vraiment comme ça que ça fonctionne la vie, tu penses ? Tu me déçois beaucoup, Lana...

Ses derniers mots me font l'effet d'une claque. Je roule des yeux, et pars dans ma chambre, en claquant la porte. Les larmes montent, mais je les ravale violemment. Je suis pas faible, putain, j'ai pas le droit de pleurer. C'est de ma faute après tout, ma mère a raison. Je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même. Qu'est-ce qui m'a pris de passer tout ce temps avec des filles qui sont seulement des filles de ma fac ? Je suis Lana Mattezi, et je traîne avec des filles sympas de ma promo ? Je ricane. Nan mais n'importe quoi, et puis quoi encore ? Ma mère a raison de dire que je la déçois, je me déçois moi-même en me comportant ainsi. Mais je vais me reprendre, je vais arrêter de vouloir jouer à ce jeu et je vais me reconcentrer sur mes réels objectifs. Sur ce qui compte vraiment. Mon audition. Le conservatoire. J'ai pas le temps pour ce genre de distractions. La fac, les amies, les soirées, c'est terminé. Les mots de ma mère m'ont plus que jamais remotivé à essayer de la rendre fière de moi. et je vais bien finir par y arriver. Et rien ni personne ne se mettra plus en travers de mon chemin avant que je n'y sois parvenue. 


hello hello ! 

j'espère que vous allez bien !

nouveau chapitre du pdv de lana, et disons que j'ai adoré écrire cette nouvelle facette de lana, une lana étudiante bien différente de la lana danseuse même si à la fin, la garce détestable revient oupsi 

que pensez-vous d'olivia et juline ? 

et de la mère de lana ?

bref, j'espère que le chapitre vous a plu 

n'hésitez pas à voter et commenter, je le répète à chaque fois mais ça me fait toujours plaisir de voir que le roman vous plaît :)

bonne soirée et à la semaine prochaine pour la suite <33

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