𝕳𝖆𝖐𝖎𝖒
FÉVRIER 2024
En me réveillant ce matin, j'avais eu une illumination. Le genre de révélation qui te faisait te lever d'un coup de ton lit, avec le cerveau focalisé seulement sur cette chose. J'avais passé la nuit seul vu que Nour était pas mal occupée ces derniers temps et vu que je n'avais pas eu envie qu'elle m'envoie bouler et que je le prenne personnellement, j'avais préféré qu'on fasse maison à part.
Pas pour autant que je n'étais pas pressé de la retrouver demain soir chez moi.
- Non, j'vais pas pouvoir venir. prévenais-je mon frère que j'avais au téléphone, alors que j'étais en train de chercher mes clés de voiture.
Id : Pourquoi ? On bosse sur la réédition on a dit et t'étais d'accord pour c'créneau. je l'entendais soupirer à travers le combiné, il avait horreur des plans de dernière minute.
Moi aussi de base mais là, je pouvais pas faire traîner ça plus longtemps.
- Nour a réussi à se trouver un petit temps pour qu'on le passe ensemble, ça fait une semaine qu'on s'est pas vu.
Id : Sah ? Wesh Hakim tu joues à quoi, tu nous lâches au dernier moment pour ta meuf ?
J'en étais capable.
- Smeh.
Id : Mais y a pas d'smeh comme ça, j'laisse pas passer.
- Idriss c'est bon, calme. grognais-je en voyant qu'il commençait vraiment à se vénère et ça allait me tendre aussi s'il continuait à faire sa chieuse.
Id : Donc on prévoit un truc avec tout le groupe, on s'est laissé un mois pour se reposer de la tournée et toi, juste parce-que Nour elle te dit qu'elle est libre, tu vas la voir elle et pas nous ? J'te crois ap, arrête tes conneries et viens.
- J'suis sérieux.
Id : Bah m'appelles pas pour des merdes comme ça, sonne direct Théo ou Ken mais mis à part me foutre les nerfs, ton coup d'fil il sert à r. Tu déconnes Hakim ça y est.
Sur ces mots, mon reuf raccrochait sans plus de cérémonie et je soupirais longuement en fermant les yeux pour me détendre. Il n'avait pas tort, je comprenais qu'il soit énervé mais si je lui disais la vraie raison de mon annulation sur le fil, il voudrait pour sûr m'empêcher de bouger de chez moi.
Hors c'était impossible, j'avais qu'une pensée depuis ce matin, Delgado.
Je m'étais trop vite positionné sur Allan pour l'agression de ma copine et plus j'y repensais, plus Delgado semblait être le type parfait pour choper Nour à la sortie de son cabinet. Pourtant, elle avait tout fait comme il avait voulu, elle lui avait obtenu une diminution de peine par je ne sais quel miracle et même si c'était pour servir un gros chien, je restais fier de ma nana.
Elle réussissait tout ce qu'elle entreprenait, je m'étais mis avec Annalise Keating.
De Zer2 : Tu fais une blague ?
Je soupirais en voyant mon portable vibrer sur le siège passager de ma caisse, juste après que je sois monté dedans, prêt à démarrer. Ils allaient pas me lâcher.
De Zer2 : Fram' il déconne, tu viens
De Zer2 : Nous lâches pas wesh, il te prend quoi ?
De Ken : Je sais que tu mens.
Je prenais bien soin de ne surtout pas répondre au message de Ken car j'étais certain de me faire griller, il était trop fort pour déceler les secrets de chacun. Sauf lors de mon procès et ça m'allait très bien. Avant de démarrer, j'abattais le pare-soleil à cause de l'astre du jour qui m'éclatait les rétines, et mes yeux tombaient sur un cliché de Nour que j'avais calé dans le petit porte-carte.
C'était une des multiples photos à la dérobée que j'avais prise d'elle, là c'était à Bali, pour un des nombreux restaurants qu'on avait fait elle et moi.
Je ferais tout pour elle, même louper des séances studio.
(...)
- Monsieur Delgado va arriver.
Je hochais de la tête avant d'aller m'asseoir sur une des chaises libres de la pièce où on m'avait emmené. J'avais des hauts-le-cœurs en voyant cet endroit et franchement, j'étais reconnaissant envers mon avocate pour m'avoir tiré de là, j'aurais jamais pu passer des années dedans.
Les bras croisés sur la table, je regardais attentivement autour de moi, comme si un sniper s'apprêtait à faire feu sur mon front. Je réfléchissais à comment j'allais faire cracher le morceau à l'autre fils de pute mais je le savais que devant lui, j'arriverais pas à rester calme, j'allais tout balancer et s'il ne coopérait pas, j'enverrais sa tête sur le fer de la table.
J'aurais bien écrasé ses doigts mais j'avais pas d'encyclopédie sous la main.
- J'y crois pas ! Akrour !
Je grimaçais devant la voix rauque du taulard qui entrait, après s'être fait enlevé les menottes juste devant la porte. Ce débile éclatait de rire en souriant comme si je venais de lui annoncer qu'il était acquitté. Alors qu'il n'avait même pas fait le quart de sa peine.
- Quand on m'a dit que j'avais un vieil ami qui reviendrait me voir, je te jure que j'ai cru qu'on me faisait une blague. rigolait-il en se posant lâchement sur sa chaise, alors que j'avais toujours le regard fermé. Je m'y attendais pas.
- Ah ouais ? je fronçais les sourcils. Tu t'doutais pas que j'viendrais te voir ?
- Certainement pas. Mais ça fait plaisir l'ami. je rétractais mes mains au moment où il voulait carrément les attraper. Que me vaut ta visite ?
- T'as envoyé qui pour aller voir Nour ?
- Hein ? son sourire se déformait plusieurs fois en grimace, comme s'il était perdu.
- Joue pas au con avec oim, j'te mens pas que j'suis sous tension ces derniers temps. crachais-je, n'ayant pas envie de perdre de temps, j'en avais trop perdu.
- Je suis désolé mon p'tit mais je vois pas de quoi tu viens me parler. Ça fait des mois que je l'ai plus revu ta copine. Elle va comment au fait, tu lui as fait des gosses, c'était ton fantasme un peu d'te la faire non ?
Putain pourquoi j'avais pas pris un livre avec moi.
- Réponds à ma question, j'ai pas que ça à foutre.
- Je suis honnête Hakim, j'ai rien donné comme directives pour aller voir Nour. Elle a des soucis ?
Son ton légèrement concerné me fit d'autant plus serrer la mâchoire, je pouvais pas m'être trompé une seconde fois putain.
- Il lui est arrivé quoi ? enchaînait le pourri en face de moi, comme si je venais de lui dire que c'était sa daronne qui avait des problèmes. J'rigole pas sur ça et j'te jure que j'ai rien à voir avec Nour ou ce qui a pu se passer.
- Et j'suis censé te croire ?
- Si tu veux pas perdre de temps, ouais tu ferais mieux. J'ai eu une permission de sortie y a deux semaines et c'était uniquement pour aller voir mon grand-père à l'hôpital, sinon j'ai pas bougé d'ici et j'ai seulement communiqué avec mes gars pour mon business perso, rien de plus. Il s'passe quoi avec Nour ?
- Pas ton dos.
- Ça a été mon baveux, un court instant certes, mais elle m'a grave aidé, plus que ce que je lui avais demandé. J'ai une dette envers elle.
- Depuis quand tu fais dans la charité ? crachais-je, ne croyant pas un instant à ses conneries.
- Depuis qu'on parle d'une nana qu'a une plus grosse paire de couilles que mon daron. je préférais pas répondre à ça.
- On l'a menacé vis-à-vis de moi et au début j'pensais que c'était son ex, puis toi. Mais là j'ai plus de pistes putain. grognais-je en frottant mon visage avec mes paumes de main.
- Menacé comment ?
- Pas ton d-
- Hakim khlass, j'te parle sérieux mon frère.
- M'appelles pas frère, tu m'as mis dans la merde espèce d'enfoiré et t'as cru que j'allais discuter avec toi de comment j'dois gérer ma femme ?
- Mais non. ce con se mettait à sourire. Tu t'es marié avec Nour ? Tu t'mets bien mon reuf, bsaht-
- T'as cru j'rigolais en plus ?
- En tout cas tout ce que tu peux savoir de moi, c'est que je ne suis pas concerné par l'histoire de ta nana...
Sur ce, il croisait ses mains sur son ventre avec un petit sourire au coin des lèvres, qui me faisait comprendre qu'il avait l'air d'en savoir un peu plus. Fixant longuement le gars qui avait gâché un bout de ma vie à l'ancienne, j'attendais qu'il déclare quelque chose car je n'allais pas lui donner la satisfaction de le supplier, c'était pas mon style.
Du coup, on restait de longues secondes sans rien dire, attendant que l'autre fasse un mouvement ou ouvre juste la bouche. Et ça commençait vraiment à me mettre des fourmis dans les jambes, peut-être aussi à cause de mon téléphone qui n'arrêtait pas de vibrer dans ma poche, je devais être en train de me faire harceler par tous mes gars là.
- Tu crois que j'ai été le seul impacté par ta libération prématurée ? me demandait innocemment Delgado en promenant ses yeux sur la pièce.
- C'est-à-dire ?
- Enfin sérieux Hakim, réfléchis un peu, moi c'est ma première hypothèse sur l'agresseur. Penses-y, tu sors de prison après avoir été reconnu complice d'un meurtre. À l'issue de ton premier procès où ta Nour n'a pas été très compétente, il faut dire ce qui y est, tu étais donc le coupable avéré. Et, quelques mois après, tu sors. Qui ça dérangerait d'après toi ?
Prenant au mot ses paroles, je plongeais mon regard sur mes chaussures pour faire marcher mon cerveau, alors que Delgado imitait le bruit d'une horloge en répétant inlassablement "tic tac", ses doigts tapotant sur la table en fer de la salle.
J'avais beau retourner le problème dans tous les sens, j'avais du mal à trouver la solution et ça me tendait de plus en plus, je n'aimais pas ne pas comprendre. Surtout que ça concernait Nour et que cette histoire me trottait en tête depuis que j'avais appris qu'on lui avait fait mal. L'agression n'avait pas quitté un instant ma cervelle et, si je ne montrais rien devant ma brune, je n'en pensais pas moins.
- Tu es long à la détente Hakim, m'étonne que tu aies fini rappeur et pas av-
- Ferme ta gueule. claquais-je pour essayer de ne pas être déconcentré. Ferme-la.
- D'accord, très bien, pas la peine d'être si nerveux. râlait le taulard en levant les yeux au ciel. Si t'as toute l'après-midi pour trouver l'agresseur qui veut mettre ta femme entre quatre planches, vas-y, ton temps sera le m-
- J't'ai dit quoi ?! crachais-je en frappant mes paumes de main sur la table, excédé par sa voix qui résonnait dans mon crâne.
- Espèce de con, t'as pensé à la famille de Walid, le mec qui s'est fait shooter et pour qui t'as été reconnu coupable dans un premier temps ? lâchait Delgado en ayant perdu toute trace de rigolade. T'as vérifié son entourage, sa miff, ses proches ? Bah nan, t'es allé au plus simple.
- Je vois pas le rapp- je m'arrêtais de parler quand je me mettais à doucement réaliser. Putain.
- Obligé de tout faire avec toi c'est ouf. Il lui a dit quoi, son agresseur ? Hakim, il a dit qu-
- Qu'elle allait payer pour ce qu'elle avait fait... murmurais-je en me pinçant les lèvres avec mes doigts, assemblant toutes les pièces du puzzle.
- Et ça t'es pas venu au crâne cette possibilité ? Il avait des sœurs, des frères, des darons, des oncles, des cousins. Zihmoff c'est pas une p'tite famille de ma banlieue, crois-moi l'adresse du cabinet de ton avocate ils ont dû la trouver bien vite et pas très compliqué de savoir tes dispos, monsieur le chanteur.
- Donne-moi des noms.
- Ça j'en sais rien par contre, vas falloir que tu t'démerdes. J'suis ta mère pour te mâcher le travail et te le cracher dans la bouche derrière ? Fais ton taff un peu et retrouve l'enculé qui s'en est pris à ta femme au lieu de mal me regarder pour que j'te file des infos. J'ai fait beaucoup non ?
- Ouais. T'attends pas à un merci non plus.
- J'savais que c'était trop te demander Akrour. Elle va comment ?
- Qui ?
- Wesh hmar, ta femme, Nour.
- Bien. déclarais-je simplement en me levant de ma chaise, n'ayant rien d'autre à lui raconter.
- Tu lui passeras le bonjour de ma part ?
- Vas t'faire foutre aussi.
Le détenu éclatait de rire alors que je quittais la pièce, l'esprit bien clair sur ce que j'allais faire. Après être sorti de cette prison dégueulasse dans les alentours de Paname, je soupirais longuement une fois assis dans ma caisse, passant mes mains sur mon visage en réfléchissant comme un gue-din.
J'connaissais personne de la famille de Walid et j'savais déjà que j'allais devoir faire de grosses fouilles pour trouver le gars qui s'était amusé à poser sa main sur Nour. Juste avant de démarrer, je lâchais mon portable qui vibrait, sur le siège à ma droite, et l'écran me renvoyait une tonne de messages et d'appels manqués, une photo de Nour et moi en fond.
6 appels manqués de Id'
3 appels manqués de Oria
8 appels manqués de Ken
2 appels manqués de Célia (shab Nono)
1 appel manqué de Hayati
De Ken : J'sais que t'es parti faire une connerie
De Ken : Nono nous a dit que t'étais pas avec elle
De Oria : Putain Hakim t'es où ?
De Oria : Tu vas me faire avoir de la tension sale con
De Oria : T'ES OÙ ????
De Hayati : je crois que c'est mieux pour toi que tu ne me répondes pas.
De Hayati : je t'attends chez moi.
J'allais morfler.
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c'est le cas de le dire
on commence enfin à se rapprocher de la vérité sur l'agresseur de Nono !!
prenez soin de vous jusqu'à vendredi <3