juliet.
nous marchions sans but précis
dans les rues de la ville,
telles des âmes perdues
cherchant un endroit où s'échouer.
j'entendais tes pas derrière moi
comme un écho lointain,
et le vrombissement étouffé
de ton caméscope allumé.
tu prenais soin de ne pas
resserrer l'écart entre nous,
et je ne pouvais m'empêcher de croire
que c'était mon comportement
étrange sur la plage
qui t'avait rendu distante.
et je m'en voulais.
je m'en voulais de ne rien faire
pour arranger les choses.
parce qu'en t'entraînant avec moi cette nuit,
j'avais un but précis en tête.
parce que je m'étais juré de ne pas partir
tant que je ne serais pas sûre
que tu auras quelque chose
à quoi te raccrocher.
et maintenant,
alors que le temps semblait
me glisser entre les mains,
et que je pouvais presque sentir
les premiers rayons du soleil
poindre doucement à l'horizon,
je me rendais compte que j'avais échoué.
je n'avais aucune certitude
que les rêves qui sommeillaient en toi
s'auront s'éveiller au moment voulu.
j'avais l'impression
de ne pas t'avoir assez parlé,
de t'avoir mise de côté
alors que mes démons m'assaillaient.
ou en tout cas,
c'était ce dont j'essayais de me convaincre.
pour ne pas voir la réalité qui m'effrayait
et que je tentais d'ignorer
depuis que nous avions mis le pied dehors.
peut-être même
depuis plus longtemps que ça.
la vérité, c'est que
je ne voulais pas te quitter, ash.
et pourtant, je ne voyais pas d'autre issue.
sentant mon cœur au bord de l'implosion,
je me tournai alors vers toi
pour tenter de m'ancrer dans ton regard.
surtout, ne pas sombrer.
puis, lorsque tes prunelles
que je percevais au loin
rencontrèrent les miennes,
ce fut comme la fin d'un long supplice.
mes jambes me lâchèrent finalement
et je dû m'asseoir sur le trottoir
pour ne pas m'écrouler.
surtout, ne rien montrer.
je te vis te rapprocher,
un sourire timide se dessinant sur ton visage,
sans jamais briser notre contact visuel.
et parce que tu étais là, près de moi,
j'eu la force de m'accrocher encore un peu.