juliet.
l'air s'était peu à peu chargé
d'une mélancolie douce-amère.
je ne cherchais plus à cacher mes larmes,
mais tu te gardais de me le faire remarquer.
je te remerciai intérieurement.
nous semblions résolues
à laisser le silence s'installer,
acceptant avec résignation la tournure imprévue que prenait cette soirée.
je ne cherchais plus
à alléger l'atmosphère
ou à m'assurer que tu passes
un bon moment.
je n'en avais soudain plus la force.
c'était comme si les souvenirs qui m'avaient assaillis avaient canalisé toute mon énergie,
me laissant songeuse sur cette plage déserte.
ne m'en veut pas ash,
mais je crois que mon cœur
était même trop abimé
pour que les remords m'assaillent.
là maintenant, je t'avouerai que
j'ai du mal à me remémorer
le cheminement de mes pensées
durant les derniers instants
que nous avions passé là-bas.
ce dont je me souviens, en revanche,
c'est de la chaleur de ta main
lorsque tu avais saisi mon menton,
chassant avec douceur les préoccupations
qui noyaient mon esprit.
mes yeux rencontrèrent les tiens
et sur le moment, j'aurais voulu
graver en moi cette sensation
qui prit possession de mon cœur.
mélange d'excitation, de gêne et
d'un petit quelque chose de plus profond.
c'est fou comme tu avais le don
de me faire perdre mes moyens
en un claquement de doigts.
c'était peut être le ridicule
de la situation qui m'arracha un rire.
à moins que ce ne soit
la prise de conscience progressive
du temps qui semblait
me glisser entre les doigts,
à la manière des grains de sable
de cette plage dans le grand sablier
de ma misérable vie.
quoiqu'il en soit, j'entendis
résonner dans la nuit
les échos de mon rire
qui sonnait un peu faux.
il était faible et écorché comme mon cœur,
et le temps d'un instant,
j'eu l'espoir que tu t'en aperçoive.
mais je chassai aussitôt
cette pensée égoïste.
je me saisis alors des épines
qui faisaient saigner mon cœur
et les approchèrent de mon visage
pour y graver le sourire que tu méritais.