À l'unisson

By -livresse

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Nouvelle année scolaire, nouvelle occasion pour Germain de se réjouir de la vie qui lui est offerte. Passion... More

LEVER DE RIDEAU
MOUVEMENT N°2
MOUVEMENT N°3
MOUVEMENT N°4
MOUVEMENT N°5
MOUVEMENT N°6
MOUVEMENT N°7
MOUVEMENT N°8
MOUVEMENT N°9
MOUVEMENT N°10
MOUVEMENT N°11
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MOUVEMENT N°23
MOUVEMENT N°24
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MOUVEMENT N°27
MOUVEMENT N°28
MOUVEMENT N°29
MOUVEMENT N°30
MOUVEMENT N°31
MOUVEMENT N°32
MOUVEMENT N°33
MOUVEMENT N°34
SALUT FINAL

MOUVEMENT N°1

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By -livresse

𝐆𝐄𝐑𝐌𝐀𝐈𝐍

𝐈𝐋 𝐘 𝐀 𝟓 𝐌𝐎𝐈𝐒.





J'avais commencé sans savoir où ça allait me mener. Ni même me douter qu'un jour j'en serais là. À danser devant ces gens.

Aucun de nous ne les connait. Pas une de ces têtes ne m'est connues, mais j'ai la sensation de les avoir toujours vu. Comme si leur admiration pouvait faire fondre l'inconnu. Pourtant, rien ne me fait plus peur qu'être là où je suis, de faire ce que je fais.

Danser est ma force. J'avais beau me répéter cela, ce cœur qui bat dans ma poitrine ne semble pas vouloir l'entendre. Il fait que ma respiration veuille à de nombreuses reprises se couper et que mes jambes cessent de me porter. Rien de cela ne m'est inconnu non plus. Le stress a toujours fait partie de moi, et ce n'est pas aujourd'hui qu'il risque de partir.

Alors je prends ma tête entre mes mains, me mets à part en attendant que la musique retentisse ou, simplement, l'un de mes amis me crie de me bouger le cul. Aucun regard ne prend le risque de croiser le mien. Je le porte vers le sol, posant ma paume sur mon cœur. Quelques battements plus tard, la confiance que j'ai mis si longtemps à obtenir, s'empare de moi.

Elle me porte vers les autres danseurs et étire ce sourire qui nait sur mes lèvres. Je souris à chacune des personnes présentes, même celles que je n'aime pas. Plus particulièrement à cette dame devant moi, qui n'est debout que grâce à cette canne. La force humaine qu'elle contient en elle ne cesse de vouloir m'appartenir. Mais je la repousse, à maintes et maintes reprises.

Elle lui appartient, la mienne viendra plus tard.

Un « vous êtes prêts ? » retentit non loin de moi, ayant ce grain de voix que je pourrais reconnaitre les oreilles bouchées. Je hoche la tête, prends tout le souffle dont je n'aurais pas besoin et me place là où je dois me placer. Tout est millimétré. 

La musique commence, chacun de nous évolue à sa manière et c'est ce qui fait la beauté de notre art. Je tourne sur moi-même, exécutant cette chorégraphie qui coule dans mes veines. En face de moi, mes camarades chantent tout en dansant. Je fais comme eux, pensant que leur joie puisse m'aider à oublier mes mains qui deviennent moites.

Les minutes passent, les émotions que je ressens m'enivrent. C'est cela à chaque représentation, à chaque flash mob que je me vois faire. Puis quand les souvenirs de ces moments reviennent, je regrette de ne pas avoir assez profité, que mes mouvements n'aient pas été assez sincères. De l'extérieur, on pourrait penser que j'ai été forcé.

À l'intérieur, il n'y a rien qui me fasse plus plaisir que de faire ceci.

Comme si c'était ma dernière danse, je donne tout. Mes gestes deviennent lourds de sens, jamais ils ne l'ont autant été. Ou du moins, jamais je ne les ai autant ressentis. Le rythme des mélodies pulsent dans ma cage thoracique. Peut-être que je serais prêt à mourir aujourd'hui si mon dernier moment était celui-ci. Seules les paroles et les cris des spectateurs mais aussi de nos profs et camarades me rappellent que je ne souhaite pas en finir maintenant.

Je souhaite à tout jamais faire ceci. Vivre, et non survivre.

Tous en cœur, nous finissons enfin nôtre représentation. Il ne me reste plus qu'une petite chose à faire, et sans m'en rendre compte, elle n'est pas celle qui me fait le plus peur. Je m'avance vers le milieu de notre scène improvisée, passe sur mes mains puis de nouveau sur mes pieds. Attentant d'avoir assez d'élan, je saute en but d'une acrobatie.

Puis vient le drame. Je me sens tomber, au détour de cette pirouette que je connaissais pourtant par cœur. Mon genou butte contre le sol, se tordant d'un coup, en harmonie avec ma tête qui claque mon épaule. Ecroulé par terre, tous les spectateurs viennent vers moi, me demandant si je vais bien.

Je les regarde en forçant les sourcils, enfin du moins la partie que je sens encore. Mao, l'un de mes amis vient vers moi, me soulève la tête, m'arrachant au passage un gémissement de douleur, et me posant la même question. Comme s'ils le faisaient tous exprès ou qu'ils avaient besoin de lunettes.

—        Bah ouais tranquille, je regarde un film et toi ? Bien sûr que non ça ne va pas ! Cette putain de jambe est en train d'avoir ma mort.

—        Je vois que le choc n'a pas endommagé le côté gentillesse de ton cerveau, me fait-il remarquer, pensant être drôle.

—        Si on avait été dans une autre situation je t'aurais arraché les cheveux, mais j'ai trop d'estime pour toi étant donné que tu tiens mon crâne et que pour rien au monde je souhaite qu'il frappe de nouveau le sol.

Il me fait signe de la lâcher et du feu sort de mes oreilles.

—        Théo est en train d'appeler le Samu, continue-t-il après un coup d'œil au-dessus de nous, garde ta salive pour leur donner le numéro de tes parents.

L'agitation qui s'était créée autour de nous commence petit à petit à diminuer. Nous restons plus de cinq minutes dans cette position, je n'ose pas lui dire qu'il peut poser ma tête car mon genou me fait plus mal, alors je la ferme jusqu'au moment où j'entends les sirènes. Jamais je n'ai été aussi heureux qu'elles me percent les tympans. Ils posent plusieurs questions à Mao ainsi qu'à Théo. Aucun d'eux ne s'y connait en blessure ou en quoi que ce soit qui a un rapport de près ou de loin à la médecine, mais ils prennent le rôle, dont ils se sont eux-mêmes affublés, à cœur.

Les secours, après avoir pris soin de ne pas me faire mal, me transportent sur un brancard.

—        Tu vas me manquer, mon amour, dis-je, avec le même humour que depuis notre rencontre avec Mao, tendant ma main pour prendre la sienne.

—        J'espère que tu vas mourir.

—        Et dire que notre amour n'est qu'à un sens. Un jour, tu m'aimeras, je te le jure, criais-je alors que je m'éloigne de lui.

Il ne me répond pas et j'en suis presque déçu. Notre complicité me manque immédiatement. Mince, je suis pourtant sûr de ne pas encore être sous anesthésie.

Dans le camion, je prends réellement conscience de ce qui est en train de m'arriver et je commence à stresser. À aucun moment de ma vie de danseur je ne me suis blessé, pas même une seule fois ni une seule entorse. Cette sensation de ne pas être à ma place devient de plus en plus grande.

Je pense à tout ce que je risque de louper, à l'amour que Mao ne va plus ressentir pour moi quand il va me voir en béquilles, mais surtout à la peine que je vais voir dans les yeux de mes camarades danseurs. Cet accident est la pire chose qui a pu m'arriver. Une vie peut être gâchée de cette manière-là. Alors je pris, même si je ne suis pas croyant, pour que la mienne ne le soit pas. Sans pouvoir danser, que vais-je pouvoir faire ? Du tricot et des Lego ?

—        C'est si grave que ça ?

—        Nous ne pouvons pas nous présenter pour le moment.

—        Vous pouvez au moins me dire si je vais remarcher, non ?

Il reste un moment sans rien dire, avant que je comprenne de moi-même que j'aurais été un bon marseillais. Peut-être que j'exagère un peu – beaucoup – mais mes jambes sont tout ce que j'ai. Si je les perds, je ne suis plus rien. Et cette fois-ci, c'est vrai.

Je ferme les yeux, le dos de ma tête s'appuyant tant bien que mal sur le matelas. Autour de moi, les nombreux bruits que je pouvais entendre s'éteignent. Je me repasse cette scène, essayant de voir là où tout à vriller, le geste que je n'ai pas fait comme il fallait. Rien ne vient. D'après mes yeux, tout était voué à la perfection.

Nous arrivons à l'hôpital sans que je ne sache précisément combien de temps j'ai somnambulé. Ils me font faire de nombreux examens, eux-mêmes ont arrêté de compter combien. Alors je ne le fais pas moi-même, n'ayant plus la force de le faire.

Même penser à Mao devient dur. Je commence à ressentir une légère douleur au niveau de la glabelle, et appuyer dessus n'y change rien. J'attends, mes parents à côté de moi. La main de ma mère est dans la mienne. Durant ces instants, ce devrait être à elle de me soutenir, mais ici, c'est moi qui le fais. Car c'est elle qui en a le plus peur entre nous deux.

Moi, je ne ressens que la douleur. Elle, elle la lit dans le froncement de mes sourcils à chacun de mes mouvements.

Ce n'était pas le jeudi après-midi que nous avions espéré et pourtant il est venu à nous sans nous demander s'il vous plait.

Quand le docteur référent de mon dossier arrive vers nous, j'espère que ce soit pour une bonne nouvelle. Dans le genre que rien n'est grave et que dans une semaine, maximum deux, je peux redanser.

Jamais je n'aurais cru qu'il allait nous annoncer cette durée.

—        Germain ne va pas pouvoir danser pendant six mois.

Comme un simple signe, mon genou m'envoie une décharge. Lui aussi n'est pas content concernant cette nouvelle.



je ne suis clairement pas prête pour la suite, mais je les aime tellement que je ne peux les garder que pour moi. même si ça aurait été un bonheur 🥹

j'espère sincèrement que ce début vous a plu. ce n'est pas la meilleure chose que j'ai faite, maintenant je ne peux plus revenir en arrière...

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