L'ange de Noël

By albatross_author

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Qu'est-ce qui ferait que cette année Noel serait différent ? C'est la question que Charlie, 35 ans se pose à... More

Prologue
Case 1
Case 2
Case 3
Case 4
Case 5
Case 6
Case 7
Case 8
Case 9
Case 10
Case 11
Case 12
Case 13
Case 14
Case 15
Case 16
Case 17
Case 18
Case 20
Case 21
Case 22
Case 23
Case 24
Case 25 : Epilogue

Case 19

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By albatross_author




Say something - Alex and Sierra


25 décembre

Les kilomètres s'envolent à mesure que la voiture se rapproche du chalet. Tante Agathe a motivé tout le monde. Après une journée qui a commencé de manière très étrange, qui s'est poursuivie sans grande conviction pour certains, elle s'est décidée à tout apporter chez Gabriel.

Textuellement : « s'il ne venait pas pour Noël, Noël viendrait à lui »

Je sais que Jérémie est parti lui tenir compagnie, mais dans quel état vais-je le retrouver ? Dans quel état d'esprit est-il ? Il doit m'en vouloir terriblement. Je sais qu'il avait envie de profiter de ces vacances de Noël pour passer du bon temps avec moi ? Ça n'incluait pas de découvrir qu'il est père d'un petit garçon de cinq ans.

J'ai presque l'impression de l'avoir piégé alors que je ne savais pas que c'était avec lui que j'avais passé la nuit...

Mais quel sac de nœuds cette histoire !

Je devrais peut-être lui en vouloir moi aussi ? Après tout, il m'a caché la vérité durant des jours...

Pourquoi n'est-il jamais venu me retrouver à Paris ?

Que suis-je pour lui ?

Un amusement ?

Un pari ?

Un fantasme ?

De quoi passer d'agréables fêtes de fin d'année avant de retourner à sa petite vie ? Et peut-être même que je suis son lot de consolation avant qu'il envisage des choses sérieuses avec cette Jessica...

Et pourtant lorsque nous sommes dans l'intimité, quand nous laissons nos corps et nos cœurs s'exprimer, je ne peux pas m'empêcher de ressentir la connexion qui nous lie. Elle est tellement puissante...

La petite main de Gabin serre la mienne. Il est paisiblement endormi à côté de moi, totalement inconscient de tout ce qui se joue autour de son existence. Si je pense à ce qui se passe entre Gabriel et moi, qu'en est-il de lui ? Il n'a jamais eu qu'un seul père dans son esprit. Même s'il ne l'a jamais vraiment connu, qu'il n'en a aucun souvenir, dans son esprit et dans les souvenirs que je lui distillais, c'était lui son père, peu importe les liens biologiques ou pas qu'ils avaient. Je n'ai jamais caché à Gabin que Grégoire n'était pas son vrai père, mais je lui ai toujours expliqué qu'il l'aimait avec le cœur.

Au-delà de ce qu'il se passe entre Gabriel et moi, j'ai besoin que nous parlions de mon fils. Je ne veux pas qu'il souffre, je ne veux pas lui infliger la douleur d'un rejet. J'ai bien vu à quel point il adorait Gabriel. Il le regarde avec tellement d'admiration. Il représente le héros de tous les jours, comme celui qu'incarnait son papa de cœur.

J'ai encore tellement de mal à réaliser cette évidence. Parce qu'à cet instant, dans la faible lueur de l'habitacle, les traits de Gabin sont effectivement si proches de ceux de son père...

Rien que dans ma tête, ce mot est étrange...

La neige tombe abondamment. Les routes sont glissantes, heureusement pour nous, les voitures sont bien équipées pour contrer le mauvais temps.

Je suis traversée par mille sensations. La crainte de la réaction de Gabriel, le mal être que je ressens vis-à-vis de Léa.

Aujourd'hui, nous n'en avons pas parlé. Je sais qu'elle sait, je l'ai lu dans son regard et j'ai vu aussi la façon dont elle regardait Gabin. Il est toujours le même petit garçon certes, mais elle redécouvre à travers lui les traits d'un petit frère qui a dû grandir bien trop vite...

Laura a été d'un soutien infaillible. J'aurais pu lui en vouloir un moment, après tout elle savait en arrivant ici et ne m'a rien dit, mais je comprends quand même qu'elle avait ses raisons. Ce n'était pas à elle de mettre les pieds dans le plat. Non, ça je l'ai fait toute seule.

Ma mère ne voit que le positif. Gabin a finalement un père. Et ma mère adore Gabriel. Pas seulement parce que selon elle il a une plastique parfaite, mais surtout parce que durant toutes ces années d'absence, il a toujours pris soin de mes parents, de ma mère en particulier, surtout depuis la découverte de la maladie de mon père. C'est un homme altruiste et je sais très bien le nombre de femmes qui aimeraient être à ma place. Ou pas. Parce que finalement, peut-être va-t-il tout bonnement me détester ?

Le véhicule s'avance dans l'allée et je repère les lumières du chalet. Lorsque la voiture s'immobilise enfin, c'est comme un signal, Gabin se réveille.

— Maman ?

— Oui mon chéri, on est arrivé.

Il me fixe avec ses grands yeux encore baignés de sommeil. Alban sort, suivi par Léa et Laura qui roupillait à côté de moi. Dans l'autre voiture, le reste de la bande en fait autant. J'attrape mon petit loup qui grelotte et m'engouffre moi aussi à l'extérieur. Je ne sens même pas le froid piquant, tellement le stress réchauffe chacune de mes cellules.

Léa s'approche et me dévisage. Elle semble aussi tendue que moi ou peut-être est-ce la fatigue ? Si elle est contrariée, j'espère que ce n'est pas de ma faute. Alban me prend Gabin des bras et se dirige vers le sous-sol. À l'intérieur du chalet, je perçois déjà les jappements de Nanuk qui nous observe depuis la fenêtre.

C'est le moment.
Léa doit détecter mon angoisse car elle prends ma main, m'insufflant sa force.

— Eh... ne t'inquiète pas, je connais mon frère. Il a pris peur et je peux le concevoir, mais il a un sens de l'honneur bien plus fort que tout le reste. Il ne fera pas de scène. Passons juste un Noël en famille et plus tard vous parlerez. Je crois que vous avez, l'un comme l'autre, beaucoup de choses à vous dire.

— J'espère que tu as raison. Mais Léa...

Je tente de lui témoigner ma reconnaissance autant que mon repentir. Je culpabilise d'avoir séduit son frère. Mais je n'ai pas le temps d'argumenter qu'elle pose sa main sur ma joue.

— Je sais. Je sais Charlie. Il aurait fallu être aveugle pour ne rien déceler chez mon frère...

Elle se doutait. Mais pourquoi n'a-t-elle jamais rien dit ? Elle semble percevoir mon trouble puisqu'elle me sourit avec tendresse.

— Je ne te jugerais jamais. Gabriel est adulte, j'ai confiance en toi, ce qui s'est passé, se passe ou se passera entre vous ne me regarde pas. Ça ne regarde personne. Si tu attends l'approbation, voire la bénédiction du monde entier, tu n'avanceras jamais. Fais-toi confiance, fais-lui confiance, OK ?

J'acquiesce d'un signe de tête tout en avalant difficilement ma salive.

La porte du chalet s'ouvre et Jerem apparaît. Il fusille Laura du regard avant de s'effacer pour nous laisser entrer. À l'intérieur, l'ambiance chaleureuse nous accueille. Agathe est déjà en train d'installer de quoi manger, Alban la seconde en remplissant le frigo de tout ce qu'elle a apporté et les enfants sont en train de jouer avec Nanuk. Ce dernier vient me léchouiller la main avant de retourner voir ses acolytes. Léa, qui semble éreintée par toutes ses émotions, se pose lourdement dans le fauteuil. Laura visite la pièce, promenant son regard un peu partout, tandis que Jerem s'approche de moi, un sourire pincé aux lèvres.

— Il doit être dans sa chambre. Il a un peu passé la journée à picoler donc la douche a dû lui faire du bien. Tu devrais aller lui parler...

— Maintenant ? Mais...

— Vas-y, je t'assure que c'est le mieux à faire. Vous ne réglerez pas tout en cinq minutes, mais au moins parlez un peu. Ça aidera tout le monde à passer une meilleure soirée.

— OK.

Je m'éloigne en direction du couloir. Je ne réfléchis plus.

Le rai de lumière sous la porte m'indique qu'il est bien dans sa chambre. J'entends des portes de placards ou de tiroir s'ouvrir et se fermer.

Dois-je frapper ? 

C'est mieux, je pense...

Je m'exécute, oubliant encore une fois toutes les voix contradictoires qui se bousculent dans ma tête. Léa a raison. C'est à moi de choisir, pas à toutes ses barrières et codes que j'érige en fonction de la bienséance...

— Ouais ?

J'entrouvre la porte délicatement, sans m'annoncer. Il se retourne vivement, encore dégoulinant de quelques gouttelettes dont la destination ne doit pas me dévier de mon objectif. Il me scrute, des pieds à la tête, la voix coupée et la bouche ouverte. Quelques longues secondes s'étirent avant qu'il ne finisse par prononcer un unique mot. Celui qui me donne toujours des frissons dans sa bouche, dans sa manière qu'il a de détailler chaque syllabe.

— Charlie.

À mon tour de prendre mon courage à deux mains. J'ai dix ans de plus, la maturité et surtout l'expérience des situations compliquées.

— Gabriel, je ne sais par où commencer... je n'aurais jamais imaginé, je suis tellement désolée... je...

Je n'ai pas le temps de lâcher mes arguments, d'ordonner mes pensées qu'il se rue sur moi et pose l'une de ses mains sur ma bouche sans cesser de me dévisager avec une intensité qui me déstabilise complètement. À l'instar de ses yeux noisette, le blanc qui l'entoure est injecté de sang. Il semble fatigué et alcoolisé aussi. Mais comment lui en vouloir ? Il a travaillé la nuit du réveillon, n'a pas dormi ensuite et a appris une nouvelle qui va bouleverser sa vie, peu importe la décision qu'il prendra.

Alors que je vois la lutte intérieure qui fait rage en lui, son odeur boisée m'enveloppe, et je redeviens la faible femme complètement troublée par son aura. Après toutes ces émotions éprouvantes, j'ai envie de me jeter dans ses bras, mais je sais pertinemment que c'est prématuré. Dans son regard, je décèle le même combat. Celui de la raison et celui de la passion. À chaque fois que nous sommes proches, cette attirance devient indélébile, elle dépasse tout et nous enveloppe jusqu'à ce que nous cédions l'un à l'autre.

Il finit par poser sa main sur mon visage et ses yeux passent de mes lèvres à mes yeux de manière incessante. Son index vient taquiner ma lèvre inférieure et il ferme les yeux avant de reculer. On dirait qu'il s'est brûlé...

Son odeur m'échappe, il est déjà trop loin alors que je pourrais aisément le rejoindre en quelques pas.

— Charlie, je suis désolé pour ce matin, désolé de m'être enfui ainsi, mais quand j'ai compris le sens de tes mots et que Gabin est arrivé, c'était trop pour moi tu comprends ?

C'est un premier pas. Il s'excuse alors que je croyais qu'il m'en voudrait...

— Oui. Je comprends.

— J'avais besoin de m'isoler, besoin de réfléchir... j'ai tellement attendu de te retrouver...

— Tu savais pour cette soirée, cette nuit que nous avons passé ensemble. Tu n'as rien dit...

— Je n'aurais pas dû. Je ne savais juste pas comment l'aborder. Je pensais qu'en me revoyant tes souvenirs te reviendraient...

— Je n'étais pas amnésique Gabriel, j'étais bourrée.

— Je sais. Je crois que je chérissais le secret espoir de t'avoir laissé un souvenir impérissable...

— Oh, pour ça tu l'as laissé !

Je réalise le double sens de mes paroles au moment où elles m'échappent.

— Si j'avais su Charlie... si j'avais su que tu étais enceinte, jamais je ne t'aurais laissée vivre ça toute seule...

— Je n'étais pas toute seule...

Je le vois serrer les poings. Je sais que mes paroles sont maladroites, mais je ne veux pas me retenir. L'un comme l'autre, nous avons besoin de vider notre sac, de confier nos ressentis. Je crois qu'on a assez tourné autour du pot.

— On devrait peut-être y aller... ils vont nous attendre.

— Oui tu as raison.

— Tout le monde est au courant ?

— Je crois plus ou moins oui.

— Comment as-tu compris toi ?

— Ta tante m'a montré un album photo de votre famille. Sur l'une d'elles, vous êtes tellement ressemblants. J'ai eu un choc en la voyant et tout s'est ensuite organisé dans ma tête... les dernières paroles que nous avions échangé, ta réaction...

Gabriel s'approche et pose son front contre le mien. Il ferme les yeux et je le laisse m'embarquer en l'imitant. Je perçois son soupir à travers le souffle qui caresse mon visage puis mes lèvres.

— Je suis tellement paumé Charlie...

Je rouvre les yeux et m'écarte légèrement. Il ouvre les siens à son tour et je porte ma main à sa joue. À cet instant, je perçois le petit garçon effrayé et dépassé par les évènements.

— Ça va aller Gabriel, je te promets que ça va aller, une chose après l'autre.

Ses lèvres viennent tendrement caresser les miennes. Il ne m'embrasse pas, il me déguste. Rien n'est réglé, rien n'est clair, mais nous avons besoin l'un de l'autre pour faire face au capharnaüm que nous avons nous-mêmes lancé...

Il caresse mon nez tendrement et plonge ses billes dorées dans les profondeurs des miennes.

— Une chose après l'autre répète-t-il.


Coucou mes brioches !
J'espère que vous allez bien ?
Alors ce chapitre ???

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