« - Inspection générale ! »
Cette voix fit sursauter Jimin, qui leva les yeux de sa broderie pour voir quatre soldats entrer dans la pièce. Aussitôt, Jungkook abandonna ses jouets en bois et il vint se réfugier dans ses bras en chouinant presque silencieusement :
« - Minie...
- Ssssh, tout va bien. »
Il serra son petit frère contre lui, cachant son visage enfantin contre son torse, et il observa les soldats fouiller la chambre, retourner les matelas, feuilleter les livres en en arrachant presque les pages, vérifier qu'il n'avait rien brûlé dans la cheminée et enfin farfouiller parmi leurs vêtements à la recherche de messages secrets. Quand ils eurent fini et qu'ils n'eurent rien trouvé, leur chef, le soldat Ho, se tourna vers Jimin et son frère avec le visage dur :
« - Faîtes attention à vous. Nous trouverons bien quelque chose. »
Jimin garda les yeux baissés, sachant bien qu'il valait mieux qu'il ne croise pas leur regard. Et quand la porte se referma, le laissant seul avec son frère, il s'autorisa à souffler, les yeux levés vers le plafond. Jungkook tira doucement sur sa chemise et il demanda d'une voix perdue :
« - Pourquoi ils viennent tous les jours ? Ils veulent trouver quoi ?
- Je ne sais pas, trésor, lui sourit tristement Jimin. Mais ils ne trouveront jamais rien. »
C'était la vérité. Si Jimin était de sang royal, il n'était pas l'héritier du trône. C'était son petit frère, Jungkook. Et si des partisans de la royauté voulaient le faire évader pour le remettre sur le trône, ils s'adresseraient à leurs parents, le roi et la reine déchus. Jimin n'avait jamais compté dans l'échiquier politique, il avait été dès le début un échec, et à présent il ne servait qu'à surveiller son frère, à l'éduquer et à s'assurer qu'il ait les compétences nécessaires pour régner un jour. Car même si la royauté avait été renversée et que la famille royale était à présent sous haute surveillance, ses parents ne désespéraient pas et cherchaient un moyen de s'enfuir pour reprendre le pouvoir.
À cause de plusieurs tentatives d'évasions et de contacts avec l'extérieur, les conditions de détention s'étaient considérablement durcies depuis plusieurs mois. Finies les promenades quotidiennes dans le parc, les desserts amenés par des gardes (certains y cachaient des messages), à présent les chambres étaient fouillées une ou plusieurs fois par jour, les sorties étaient sous haute surveillance et tout était encadré avec une rigueur militaire. Et Jimin s'efforçait de faire bonne figure, pour Jungkook. Son petit frère ne comprenait pas exactement leur situation, mais il avait bien intégré, après dix mois et vingt-sept jours de détention, qu'il ne pouvait pas dire tout ce qu'il pensait à voix haute, qu'il ne devait pas regarder les soldats qui les surveillaient jour et nuit, et qu'il ne pouvait avoir confiance qu'en Jimin.
Et cette situation brisait le cœur du plus vieux. Son frère, seulement âgé de tout juste six ans, n'y était pour rien dans les décisions politiques désastreuses de leurs parents. Quand ils habitaient encore au palais royal, Jungkook était un enfant joyeux, un peu turbulent il était vrai, mais avec un rire qui faisait fondre la personne la plus sévère. Personne ne pouvait résister à son sourire de lapin et à son visage attendrissant. Mais depuis leur enfermement... Il était devenu timide, silencieux, introverti même, il avait peur de tout. Et ça, même le faux enthousiasme de Jimin et les routines qu'il avait essayé d'instaurer n'y pouvaient rien y faire.