𝕳𝖆𝖐𝖎𝖒
JUIN 2023
- Regarde comment il est trop beau !
Je soupirais fortement en sentant Nour attraper ma main pour me tirer vers un énième bassin. Elle semblait être carrément dans son univers si bien qu'elle prenait tous les poissons en photo. Alors que c'était juste des poissons, je pouvais avoir les mêmes dans mon assiette si je voulais.
- Archi cheum celui-là. avouais-je en pointant du doigt un petit bordel qui nageait dans toutes les directions.
- C'est un Guppy. m'informait l'égyptienne en lisant le petit panneau à côté de l'aquarium. Il est chou.
- Ça sert à rien cette merde, ça se voit il est en bas de l'échelle alimentaire carrément.
- Moi je le trouve chou quand même. déclarait Nour en enroulant son bras autour du mien, collant sa joue à mon biceps pour se rapprocher de la grande vitre.
- Ils sont où tes requins, moi je suis là que pour ça.
- Un peu de patience monsieur Akrour.
À chaque fois qu'elle m'appelait par mon nom de famille et qu'elle me vouvoyait, Nour me faisait honnêtement vriller. Ma main se retenait d'empoigner sa mâchoire pour l'intimer d'arrêter de me surnommer comme ça. C'était plus fort que moi mais fallait pas la brusquer maintenant.
- Tiens, y a une raie là.
Me sortant de mes pensées, je suivais des yeux le doigt pointé de la brune qui me montrait un truc marin plat et qui longeait le sol. C'était même pas beau. Franchement en venant à l'aquarium avec Nour, en acceptant de me lever à neuf heures du sbah pour faire pas moins d'une heure de route, je m'étais dit que j'allais voir des trucs cool, des trucs stylés.
Pas des poissons qu'on pouvait croiser à l'aquarium de Paname, j'avais fait le déplacement pour rien.
C'était bien pour les yeux de Nour que j'acceptais tout ça.
- Ah, le bassin des requins c'est après. m'informait-elle d'ailleurs en voyant bien mon air renfrogné. Souris un peu pour voir ?
- Pas envie.
- Ça va, je t'achèterais une peluche à la boutique souvenirs. mon regard noir la fit ricaner. Allez Hakim, un peu de bonne humeur, c'est trop te demander ?
- Y a plein de trucs mieux qu'on aurait pu faire.
- Comme quoi ? râlait-elle en levant les yeux au ciel.
- Du parapente.
- Très peu pour moi, on est bien ici.
Abdiquant finalement, je soupirais avant de serrer mon bras autour du sien tandis qu'elle nous faisait jongler entre les différents bassins. Moi je n'avais qu'un objectif, le long couloir qui était annoncé par des sculptures de requins, annonçant qu'ils n'étaient pas loin. J'en avais rien à foutre des Chirurgiens Bleus ou des Poissons Clown, moi je voulais voir du dur, de l'agressif.
Pas trois poissons qui nageaient, j'pouvais très bien me mater Nemo chez oim. Qu'est-ce que je ferais pas pour Nono sérieux ?
- C'est trop beau comme endroit. soufflait finalement l'égyptienne en regardant partout autour d'elle.
- C'est vrai, tu kiffes ?
- Grave, merci d'être venu avec moi.
Malgré moi, un petit sourire montait au coin de mes lèvres, j'étais content si elle, elle l'était. Son histoire de la veille m'avait grave mis un coup dans la tête, je m'étais rendu compte qu'on connaissait vraiment personne mis à part soi. Parce-que vraiment, je n'aurais pas soupçonné un quart de toutes les horreurs qu'avait vécu Nour.
Pire là-dedans, c'était encore qu'une gamine à ce moment-là, sa daronne avait niqué son enfance et j'avais senti un souffle de soulagement quand elle m'avait assuré qu'elle n'avait plus de lien avec sa génitrice. Au final, elle comme moi, on avait été élevés par des personnes autre que nos parents.
On avait peut-être pas mal de points communs au final.
- Ah ça y est, on arrive à ton endroit préféré.
La voix de ma compagne sonnait à mes oreilles et je sortais une nouvelle fois de mes pensées pour découvrir l'environnement de dingue où on se trouvait. On était dans une sorte de tunnel vitré et entouré par un énorme bassin de requins.
Y avait v'là les gosses qui s'mettaient à chialer dans les jambes de leurs mères alors que moi, j'étais carrément émerveillé. J'allais pas mytho, c'était vraiment beau et incroyable, j'avais l'impression d'être moi aussi dans l'eau.
- Oh regarde, on peut même nager avec eux. m'indiquait Nour en me montrant des plongeurs amateurs qui tournaient pas loin des squales.
- Ouais franchement, moi je tenterais ap. rigolais-je en baissant un peu ma tête pour avoir ma joue à côté de celle de Nour.
- Ah bon, pourquoi ? elle fronçait les sourcils en tournant la tête vers moi.
- Imagine le requin il s'tape un délire et il vient te quer-cro ? Nour pouffait de rire en reportant son regard sur le bassin. Nan j'suis sah.
- Je pense qu'ils ont réfléchi à ça. Vous êtes sûr que vous ne voulez pas aller faire trempette monsieur Akrour ? se moquait-elle de moi, me faisant sourire.
- Arrête de me vouvoyer. grognais-je en jetant mes mains dans les poches de ma veste.
- Sinon quoi, monsieur Akrour ?
Alors que je tournais une nouvelle fois ma tête vers elle, je remarquais que Nour me fixait déjà. Grâce à l'eau claire juste à côté de nous, des reflets cyan se jetaient dans les yeux bruns de l'égyptienne qui se pinçait innocemment les lèvres, me donnant un coup de chaud. Ses prunelles me déstabilisaient, j'avais l'impression d'avoir un gouffre sous mes pieds qui allait m'engloutir si je n'agissais pas.
Si je ne m'agrippais pas à Nour.
Fatigué de réfléchir, je me laissais aller, je laissais ma tête se pencher vers l'avant jusqu'à ce que ma bouche se retrouve en contact avec une paire de lèvres, avec les lèvres de Nour. Même si j'avais voulu, mes yeux se fermaient dans un long soupir de soulagement tandis que les mains de la brune s'attachaient à mes hanches pour coller nos ventres ensemble.
Ma langue mouillait sa lèvre inférieure jusqu'à ce que Nour me laisse l'accès à sa bouche que je m'empressais de découvrir. Rien à foutre des familles autour, des couples de vieilles personnes, des gamins, des plongeurs, des requins, je voyais que le corps de cette femme devant moi. Son baiser m'enivrait, c'était comme si le chaud et le froid se battaient en duel dans mes organes, je n'arrivais pas à discerner mon ressenti.
- Hakim... murmurait Nour.
Pensant qu'elle voulait me repousser, j'arrachais violemment mes lèvres des siennes, faisant se rouvrir les yeux de Nour qui me dévisageaient amèrement.
- Smeh, j'pensais que tu-
Mes yeux s'écarquillaient quand la brune montait ses mains à mon cou avant de me ramener contre elle pour sceller à nouveau mes lèvres. Fallait pas me le dire une deuxième fois. Sans gêne, mes paumes s'ancraient à son bassin et je tenais Nour tellement fort contre mon torse que j'avais peur de l'étouffer.
Mais elle ne disait pas non, ses ongles venaient chatouiller ma nuque, me faisant gémir de plaisir. Mes lèvres se retrouvaient plusieurs fois sur les siennes, je l'embrassais autant de fois que possible jusqu'à ce qu'on en perde haleine, en plein milieu d'un tunnel d'un aquarium à Bali.
J'sentais mon cœur battre à tout rompre quand une de mes mains empoignait la mâchoire de Nour pour la tenir encore plus fermement contre moi, comme j'l'avais déjà imaginé auparavant. Et ça faisait un bien fou que de réaliser ses fantasmes.
Grâce à la population massive qui se mouvait dans l'aquarium, on passait plutôt inaperçu avec ma brune, les gens n'avaient pas le temps de s'attarder sur deux jeunes gens se mélangeant leur salive, il y avait mieux à faire.
Nour embrassait super bien.
(...)
𝕹𝖔𝖚𝖗
L'esprit complètement enfumé, je passais mes doigts sur mes lèvres juste après m'être démaquillée. La sensation de la bouche d'Hakim contre la mienne se faisait toujours sentir et j'avais limite l'impression d'être dans un monde parallèle. On s'était embrassés en plein milieu d'un aquarium et j'avais du mal à m'en rendre compte.
Comme j'avais kiffé.
Et bien évidemment pour ne pas déroger à la règle, on n'avait pas parlé du baiser avec Hakim de toute la journée, faisant comme si tout allait bien. Cependant, il m'était arrivé plus d'une fois de jouer un peu, en frôlant parfois ses doigts quand il se trouvait à mes côtés, amusée par les frissons qui le prenait.
La nuit à présent tombée, il était l'heure pour nous d'aller nous coucher. On repartait demain dans la soirée et j'étais littéralement dégoûtée de quitter ce monde de paradis, je craignais le retour à Paris et tout ce qui pouvait en découler. Croiser Allan dans la rue, avoir une montagne de dossiers à trier et, peut-être, devoir assumer le fameux baiser.
Qui signifiait quoi ? On ne s'était pas dit "je t'aime" à la fin, on ne s'était pas serrés dans les bras l'un de l'autre, non. On s'était juste regardés comme deux cons qui ne savaient pas quoi faire par la suite.
- Hakim ?
Les sourcils froncés, je constatais que le brun n'était pas dans la chambre quand je sortais de la salle de bain. Vêtue de mon pyjama en coton, je n'attendais pas mon colocataire pour me glisser sous les draps fins, profitant de l'odeur agréable du linge.
Remarquant bien qu'Hakim n'allait pas arriver tout de suite, j'écoutais une de mes pulsions qui m'ordonnait de retirer tous les coussins du lit, ceux qui formaient une barrière entre le rappeur et moi. Je l'avais instauré en début de séjour, comme pour me rappeler que je ne devais pas aller trop loin avec lui mais c'était trop tard, on s'était tout de même embrassés. Alors, à quoi bon sert de garder ces oreillers ?
- Enfin, j'en avais marre de dormir face à une muraille de cousins.
La voix amusée du brun parvint à mes oreilles et je souriais déjà en n'ayant qu'une hâte, qu'on se couche. Ma joue était enfoncée dans mon édredon tandis que je suivais des yeux, Hakim enlevant son haut pour me rejoindre. Dans un premier temps, il ne s'allongeait pas complètement, calant sa hanche sur le matelas pour être tournée vers moi, son coude maintenant son torse pour ne pas être étendu de tout son long.
Sans rien dire, je suivais sa main qui recouvrait la surface de ma joue, dans un silence profond mais, quelque part, sensuel. Son sourire en coin me fit fondre comme neige en saison d'été et je soupirais doucement quand il se penchait complètement pour écraser à nouveau ses lèvres contre les miennes
Le bruit de notre baiser résonnait lourdement dans la pièce, j'en avais des bouffées de chaleur qui me forçaient presque à me dévêtir entièrement. Mes doigts montaient pour recouvrir le dos de la main d'Hakim qui m'enfonçait de plus en plus dans le matelas, au fur et à mesure qu'il accentuait notre échange.
J'avais les lèvres en vrac, la langue en vrac et le ventre en vrac, il ne savait plus où donner de la tête le pauvre.
Alors que, dans la continuité de l'instant, je m'autorisais à descendre mes doigts pour caresser le torse d'Hakim, ce dernier se rétractait immédiatement, me sortant violemment du cocon rose qui s'était formé autour de nous. Ne comprenant rien à la situation, je le regardais se lever du lit précipitamment, comme si j'avais fait une bêtise.
- Ça va trop loin. l'entendais-je dire en remettant son débardeur gris.
- Hak-
- J'suis désolé Nour, mais ça, j'veux pas.
Le front plissé et le cœur en pleine fracturation, je le laissais quitter la pièce pour rejoindre la terrasse, m'abandonnant comme une débile dans la chambre. Je venais vraiment de le brusquer juste en posant ma main sur son torse ? Tout s'était enchaîné trop vite pour que j'y capte quoique ce soit et un mal-être s'installait rapidement dans ma poitrine pour la compresser.
Je comprendrais vraiment jamais rien aux garçons.
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Je vous avais dit que vous alliez partiellement aimer le chapitre 🕺
A titre d'info : à partir de la semaine pro, on bascule sur les chapitres le mardi et le vendredi normalement (vous comprendrez bientôt pourquoi...)
À mardi !