Léonie
Alors que je marche à pied pour rentrer à la maison après cette seconde journée de cours, la fatigue se fait sentir à chacun de mes pas.
Ce matin, je n'aie pas oublié mon uniforme parce que j'étais réveillé depuis hier soir. Je n'ai pas dormi de la nuit et avoir gardé les chansons de Yungblud tourner toute la nuit m'a récompensé d'un mal de crâne carabiné.
Franchement, ce matin j'aurai préféré rester au lit mais le sommeil et moi, nous ne sommes pas compatibles. J'ai une trouille bleu de la nuit parce que c'est le moment où les démons sortent de l'ombre et viennent me tourmenter.
La musique sert en quelque sorte à me tenir éveillé coûte que coûte.
J'arrive à la maison et la voiture devant me signale qu'Elia et ma mère sont rentrées. Et quand j'ouvre la porte, j'ai la mauvaise surprise de voir que Nathanaël aussi est rentré.
Avant moi.
Nous avons fini les cours en même temps étant donné que nous nous trouvons dans la même classe mais je suis allé flâner en ville pour éviter de me retrouver coincé entre quatre murs. La solitude n'est pas la chose dont j'ai besoin. Je m'isole assez toute seule en tenant tout le monde éloigné de moi, même ma propre mère.
Je suis en train de détruire ma relation avec elle et pourtant, je ne peux rien faire. Elle autant qu'Elia attendent désespérément que je finisse par me confier. Chose qui n'arrivera jamais et tant pis si pour ça, je dois rester seule jusqu'à la fin de mes jours.
– Elles dorment, dit Nathanaël, vautré sur le canapé.
Il est concentré sur la télé où passe je ne sais quoi. J'acquiesce seulement et disparaît dans les escaliers en faisant le moins de bruits possibles. Si elles dorment, c'est foutu pour la musique. Heureusement, j'ai une autre occupation.
Une véritable passion et dévotion pour eux.
J'entre dans ma chambre, balance mon sac sur le lit et ouvre le tiroir de mon bureau où à l'intérieur sont conservés soigneusement mes précieux.
Quand je m'empare du premier livre de la mince pile, un sourire incontrôlable se dessine sur mes lèvres et je referme le tiroir.
Je ne suis pas une fada addicte de la littérature. Mais j'ai une véritable addiction pour tous les livres qui touchent de près au couple mythique de la mythologie grecque.
Hadès et Perséphone.
Les uniques amours de ma vie.
Alors quand mes dieux préférés sont rassemblés dans une romance, évidemment que je fais partie de leurs lectrices et de leurs fans.
Le livre que je tiens entre mes mains est Neon Gods. J'ai passé une après-midi entière devant les librairies à Boston pour avoir ce bijou. Il a été tellement populaire dès sa sortie que ça a été vraiment difficile de s'en procurer un exemplaire.
Mais j'ai fini par l'avoir.
Et avec tout ce qui s'est passé durant l'année dernière, je n'ai pas eu une minute - d'envie ou de motivation - pour le commencer.
Mais aujourd'hui, j'ai le temps et l'envie.
Il est temps que mon couple favori me sauve une énième fois la vie. Au sens littéral comme au sens figuré.
Mais ce sera une histoire pour un autre jour.
Je me love contre les oreillers sur mon lit, et les genoux repliés où je dépose un coussin pour déposer le livre - technique infaillible pour réhausser - j'ouvre et tourne les premières pages de présentation avec le titre et me plonge enfin dans l'histoire en commençant le premier chapitre.
***
Je suis au moment où Perséphone traverse le Styx gelé pour fuir Zeus et ses toutous quand je suis interrompue par la voix de ma mère.
– Bonjour, chérie.
Intérieurement, je me maudis d'avoir oublié de fermer la porte de ma chambre. A regret de quitter pour l'instant mon livre et la fuite de la déesse, je lève la tête de mon livre et esquisse un rictus envers ma mère. Ses cheveux blonds sont en batailles et emmêlés et ses yeux sont encore embrumés de sommeil. Je conclus qu'elle vient tout juste de se réveiller.
– Salut, la salué-je en retour.
– Ta journée s'est bien passée ? m'interroge-t-elle et bien que ses questions me dérangent, je mets ma mauvaise humeur de côté et fait l'effort de répondre à ma mère.
– Comme une journée d'un second jour de cours, et toi ? C'était comment cette nuit aux urgences ?
Bien que prendre des nouvelles est loin de mes habitudes, mon intérêt est cependant sincère. Je sais combien être infirmière dans les urgences peut être compliqué et bien que je le dirai jamais de vive voix, j'admire ma mère d'avoir choisi ce travail. Parce qu'aider les autres pour elle, c'est une véritable passion.
Et elle partage cette passion avec Elia qui est aussi auteure à ses heures perdues.
Ma question tire un sourire à ma mère qui doit se réjouir de voir que je m'intéresse tout de même à elle. Elle appuie sa hanche contre le chambranle de porte et une pendant une minute j'ai une pointe de culpabilité qui s'immisce. Ce qui me fait bondir de mon lit, je pose mon livre sur la couette et passe devant ma mère pour sortir de la chambre. Elle me suit jusque dans la cuisine.
– Assieds toi, je vais te préparer un café, je lui lance.
– C'est adorable de ta part, ma Léo, répond-elle en prenant place sur le tabouret devant le bar de la cuisine.
Je peux être une bonne fille quand je le veux et je sais que ça fait plaisir à maman.
J'allume la cafetière en même temps que je me rappelle de la présence de Nathanaël qui lance depuis le salon :
– Maman dort toujours ?
– Oui, ce soir elle est encore de garde, répond ma mère.
– Et toi ? demande-t-il encore en venant nous rejoindre.
Je me renfrogne à son arrivée et me détourne vers la cafetière. Je sors une tasse du placard en hauteur, la pose sur le plan de travail et arrêtant la cafetière qui signale que c'est prêt, je verse le café dans la tasse.
– Moi, je suis de garde aussi ce soir mais je commence plus tard qu'Elia. Merci, elle sourit quand je dépose son café devant elle.
J'hoche uniquement la tête et contourne le comptoir de la cuisine pour sortir d'ici et retourner suivre les aventures de la déesse du printemps.
– Tu repars déjà ? m'interpelle maman où la déception dans sa voix m'arrache le cœur.
– J'ai des devoirs, je marmonne en poursuivant ma route.
C'est faux. Je les ai fait en études tout à l'heure mais je ne peux pas rester une seconde de plus dans la cuisine avec Nathanaël et ses yeux qui épient le moindre de mes gestes.
T'es parano surtout, lance ma conscience que j'ignore.
Ouais, elle me l'avait déjà dit ça, quand j'étais à Boston et au final, j'ai terminé au fond de la piscine. Si on ne m'avait pas repêché, j'y serais sûrement resté parce que j'étais pas dans un état où je pouvais nager. J'avais à peine la motivation de m'en sortir.
Deux jours plus tard, mon père m'avait acheté un livre. Je n'ai pas compris pourquoi alors que je ne lisais pas mais j'avais perdu le goût de vivre et de continuer à me battre.
J'ai pris ce foutu bouquin à contre cœur et pendant l'après-midi, je ne savais tellement pas quoi faire que j'ai fini par l'ouvrir. La même soirée, je l'avais terminé et j'avais demandé à mon père si je pouvais avoir le second tome. Il était tellement heureux que je m'intéresse de nouveau à quelque chose que le lendemain, j'avais le tome deux et trois sur mon bureau.
Voilà comment ma passion, mon addiction des romances entre Hadès et Perséphone a commencé.
Ils m'ont sauvé la vie, grâce à eux, j'ai pu trouver quelque chose qui me faisait envie et depuis, j'ai continué. A chaque nouvelle romance qui sort sur eux, je les achète.
Si la musique tue les voix dans ma tête, les livres eux, m'entourent dans une bulle où mes démons sont éloignés de tout.
Le dieu de la mort et la déesse du printemps sont mes protecteurs.
🤍🤍🤍🤍
Quelques petits détails sur ma très chère Léo. Une dévotion pour Hadès et Persephone 🥰
Quelles sont vos impressions sur ce chapitre ? Dites moi tout !
A très vite pour le prochain !
Xoxo 🦋