Chapitre 24 - Un pas après l'autre

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Nathanaël

Sur le chemin du retour à la maison, je rumine ma frustration. Moi qui était déterminé à choper Aurélia entre quatre yeux, cette garce s'est fait porter pâle en étant absente aujourd'hui. Comme par hasard, je ricane. Sûrement en train de fêter avec tous ces salopards de Boston, le tabassage en règle qu'elle a passé à Léonie. Rien que de revoir dans ma tête son corps roué de coup, suffit pour me faire voir rouge. Être furieux est un euphémisme à côté de ce que je ressens quand je repense à Léo et son hématome qui lui recouvre tout le ventre.

Léonie en bave depuis l'année dernière avec cette salope. J'ai signalé à plusieurs reprises aujourd'hui ce foutu groupe sur Facebook mais j'ai la rage de voir qu'il est toujours là. Les commentaires ainsi que les réactions défilent. Le dernier post du groupe posté par l'administrateur et la responsable est monté à 3753 j'aimes et mille commentaires. Et ça continue encore.

J'en ai la nausée. J'espère que Picasso ne stalke pas la publication à l'affût du moindre commentaire qui ne ferait que la faire sombrer un peu plus. Plusieurs fois j'ai hésité à intervenir dans la section, mais je doute que mon intervention aide Léonie... Je ne ferai qu'aggraver la situation.

Je pousse un soupir tout en ouvrant la porte d'entrée. Depuis le hall, je reconnais la voix de ma belle-mère.

– Léo se fait rouer de coup et ne veux rien nous dire... Et nous? On est censé rester là à se tourner les pouces alors que ces salopards sont en train de faire je ne sais quoi pendant que notre fille se tord de douleur ?! Je refuse !

Le son d'une chaise qu'on vient de racler sur le sol résonne et agresse mes oreilles pendant que j'avance dans le couloir. Je passe une tête dans le salon, ne manifestant pas ma présence et épiant. Gaëlle est debout, en train de faire les cent pas.

– Tu ne peux pas la forcer à se confier, dit plus posé sa compagne.

– Mais comment peux-tu rester aussi calme ? fait volte face Gaëlle. Ça t'est complètement égale que Léo soit cloué au lit et défigurer pendant que les coupables continue de mener la belle vie ?!

– C'est faux et tu le sais. Je me soucie tout autant que toi de Léonie mais péter un plomb ne fera pas avancer les choses, Gaëlle.

Ma mère finit par la rejoindre au centre de la pièce et pose une main dans son dos.

– Ça me rend malade qu'elle refuse de me parler, soupire la mère de Léonie.

– Je sais...

J'en ai assez entendu. Les laissant à leurs lamentations, je monte les escaliers et m'arrête directement à la chambre de la malade. Je toque deux coups contre la porte et ouvre avant même de recevoir une réponse.

Pour une fois, la chambre est éclairée par la lumière naturelle du jour. Je dévie les yeux sur Léonie. Si elle m'a entendu arriver, elle ne manifeste aucune réaction.

Je referme doucement la porte et avance dans la pièce.

– Hey Picasso.

Pas de réponse.

Je contourne le lit et je la vois alors. Elle est réveillé, les yeux grands ouverts. Mais elle ne me regarde toujours pas, le regard vague.

– Léo...

– Je n'ai pas réussi, elle dit tout à coup. Il m'a tendue une perche et je ne l'ait pas saisie...

Sa voix se brise autant que ce ton monocorde de condamné. Je n'ai pas tout compris et j'ignore qui est ce il. Ce que je remarque en revanche, c'est que quelqu'un est venu ici.

– Qui t'a tendu une perche, Picasso ?

L'appeler par ce sobriquet pour qu'elle reste avec moi. Qu'elle ne divague pas. J'ignore si ça fonctionne réellement mais en tout cas, elle me répond :

– Matthew.

Matthew ? Putain, je jurerai d'avoir déjà entendu ce nom quelque part...

– Il m'a donné ça, elle ajoute en laissant tomber une carte qui volète par terre. Je la récupère et la retourne.

– Médecin Haymeric Matthew, je lis alors et je sais maintenant pourquoi ce prénom me disait quelque chose.

Ce type est le dernier ex de ma mère. Je ne l'ai rencontré qu'une fois et il m'est resté complètement indifférent. Pas digne de mon attention.

Alors il est venu ici...

– Qu'est ce qu'il t'a dit ? Je lui demande en déposant la carte de renseignement sur la petite table.

– De parler, souffle Léonie et rien qu'à ces deux mots, je peux entendre sans mal toute la souffrance qu'elle ressent.

Putain.

Et si j'ai bien compris ce qu'elle a dit à mon arrivée, elle n'en a rien fait.

– Mais t'es resté silencieuse.

Ce n'est pas un reproche et pourtant, elle réagit comme si c'en était un.

– J'en suis incapable...

Baliverne.

– Au contraire Picasso, je contre. T'en ai capable.

Elle redresse la tête et ses yeux rencontrent enfin les miens. Mon coeur se serre quand je devine qu'elle a encore pleurer si je me fie aux traces que ça a laissé sur son visage.

– Alors pourquoi j'ai rien dit si j'en suis capable hein ?!

– Parce que ce n'est pas quelque chose que tu parviendras à faire tout de suite, Léonie. Tu connais l'expression un pas après l'autre ?

Ses sourcils se froncent et je remarque alors que maintenant qu'ils sont clair. Presque dorés.

– C'est quoi le rapport ?

– Le rapport est que pour toi c'est pareil. Faut que tu y ailles pas à pas. Personne ne s'attend à ce qu'une victime de harcèlement se mette à parler sur le champ. Pas moi en tout cas, j'ajoute devant son scepticisme. Pour le moment, la priorité c'est que tu te rétablisses.

– Et après ? Tout recommencera.

– Après on avisera, Picasso. Ensemble.

Elle semble surprise.

– Ensemble ? Elle répète. Et au lycée quand tu -

– Ensemble, je déclare en la coupant. Cela veut dire ce que ça veut dire.

Et même si elle n'est pas d'accord, je ne compte pas la laisser entre les griffes venimeuses d'Aurélia. Comme je ne laisserai pas cette dernière propager davantage de noirceur sur Léonie.

Mon objectif présent est de redonner le goût de vivre à Picasso et c'est bien ce que je compte faire.

Et pour ça, on va y aller pas à pas. Retrouver ensemble la lumière qui réduira en cendres les démons derrière nous.

Désormais qu'on touche à un seul cheveu violet de cette fille, et c'est à moi qu'ils auront à faire. Tous autant qu'ils sont. 

🤍🤍🤍🤍

Nathanaël sort les griffes et commence à montrer les crocs...

À votre avis, que va-t-il se passer dans les prochains chapitres ? Hâte de lire vos théories haha ! N'oubliez pas de voter !

À très vite pour la suite !

Xoxo 🦋

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Where stories live. Discover now