𝓚𝓸𝓷𝓮𝓴𝓸 𝓚𝓸𝓰𝓮𝓴𝓲
La reprise des cours s'est faite calmement, le froid était malheureusement bien présent, je dois mettre quatre couches pour avoir un minimum de chaleur — et ça ne suffit pas tout le temps.
Il reste plus que quelques mois avant la fin de l'année, ce qui commence à faire angoisser un peu tout le monde. L'ambiance est toujours joyeuse, mais ça se voit qu'il y a une fissure dans celle-ci pour tout le monde, même pour moi. Je crois que Monsieur Koro a pris à peu de place lui aussi dans mon cœur, et ça me fend celui-ci de devoir le tuer.
C'est même assis autour de deux tables réunies, nos repas posés sur celui-ci, que nous en discutons.
— Il faut qu'on trouve quelque chose. Un plan qui puisse le tuer à coup sûr, annonce Nakamura-chan.
— Ouais ok, mais quoi ? réagit Sugino-kun. Parce que c'est pas comme si on avait essayé plein de chose et que ça avait pas marché, donc bon...
— Dire qu'il reste moins de trois mois..., dit tout bas Kanzaki-chan
— C'est pas très positif ça ! Pourquoi pas une embuscade ?
Je continue de les écouter parler attentivement, ils n'ont pas tort, le temps nous file presque entre les doigts et c'est vraiment quelque chose dont on a besoin. La grande différence entre cette créature et nous est si grande qu'il paraît difficile à tous de pouvoir la combler pour le tuer.
— Et si Koneko utilisait ces tentacules ? demande Sugino-kun.
— Hein ? je relève la tête en entendant mon nom.
— Bah ouais, t'as des tentacules, on pourrait s'en servir.
— Heu, oui d'accord, mais comment ?
— Pas sûr que ça soit une bonne idée, intervient Karma sans relever la tête de son téléphone.
— On en reparle après, le cours va reprendre là ! se lève Nakamura-chan toute souriante.
Je tourne mon regard vers Karma qui n'avait pas levé le sien, interrogatrice. Pourquoi je ne pourrais pas utiliser mes tentacules ? Au contraire, ça serait une bonne idée, enfin je pense. Mon regard dérive légèrement sur son téléphone pour comprendre ce qui l'accapare autant au point de ne pas bouger. À la vue du contact « Okuda », mon cœur se serre encore une fois. La sensation est différente de celle du nouvel an, pourtant elle fait toujours mal. Pourquoi ?
Ah, je déteste ça...
J'essaye d'éteindre ce sentiment horrible qui presse autant ma poitrine. Je ne sais pas ce que je ressens, mais je sais que je ne devrais pas le ressentir, au contraire, il est mon ami. Je dois être... heureuse pour lui. Oui, c'est ça, heureuse. Mais, aïe, ça fait mal. Je devrais peut-être en parler aux filles, elles comprendront peut-être...
Le cours commence alors à reprendre quand Koro fait son apparition, par la fenêtre pour changer. Les couleurs de sa tête varient en fonction des réponses, comme à son habitude. Pour dire, rien ne change jusqu'à ce que soudainement, quelqu'un se met à toquer à la porte.
Le cours s'interrompt facilement, tout le monde concentrant nos regards sur cette porte. Elle finit par doucement coulisser avant qu'un homme d'une quarantaine d'années figure devant celle-ci. Qu'est-ce qu'il fait ici ? Ses yeux sont bandés, sûrement dus à une obligation par rapport à l'apparence de Monsieur Koro. Pourtant, je ressens de légers frissons qui parcourent mon corps. Son silence devient presque inquiétant pour tout le monde avant que notre professeur n'interrompt celui-ci.
— C'est pour quoi ?
— Je viens chercher Kogeki Koneko.
— Je peux en demander la raison ?
— Personnelle. Koneko, suivez-moi s'il vous plaît.
La classe a rapidement tourné leur regard vers moi intriguée, je ne peux en dire autant pour moi. Je suis aussi intriguée qu'eux par la soudaine demande que l'on me fait. Un peu perturbée, je mets du temps à me lever de ma chaise. Je ramasse du mieux que je peux mes affaires avant de marcher dans les rangée. Je regarde du coin de l'œil Nakamura-chan qui est devant qui me pose plein de question rien qu'avec son regard. Or, même moi, je n'ai pas la réponse pour le coup.
— Je ne t'ai pas autorisé à partir Koneko. Je me vois mal confier l'une de mes élèves à un parfait inconnu, réagit rapidement Monsieur Koro.
— Votre autorité n'a aucun pouvoir sur mes décisions. Je vous prie de nous laisser, nous allons partir.
— Je crois que-
— Vous n'avez pas bien compris. J'ai des droits qui me le permettent. Si vous avez un souci, il faudra voir cela avec l'État. Sur ceux, au revoir et bon cours.
Je finis par suivre l'homme quittant la classe, lançant un dernier regard à Monsieur Koro avant que la porte ne se referme. Nos pas tapent contre le couloir fait de bois du bâtiment, tandis que je marche derrière lui presque inquiète.
— P-pourquoi être venue me chercher en plein cour ?
— Ordre obligatoire de dernière minute. La voiture nous attend en bas de l'immeuble.
Je ne peux absolument rien dire et je me laisse conduire vers celle-ci. Mince alors, qu'est-ce qui m'attend ? J'ai fait quelque chose de mal ? La poisse en ce moment, elle m'aime un peu trop, je crois. Dans quoi je me suis fourrée ? Karma va encore s'inquiéter et m'en vouloir, je suis sûre. Ah, j'espère ne pas être absente trop longtemps, je ne voudrais pas que Okuda fasse... Fasse quoi ? Je ne sais pas, mais je neveux pas.
Je secoue la tête face à ce remue-ménage que me cause ma tête avant de m'engouffrer dans la dite voiture. Je sens que le trajet sera long.