Fou de rage, Hua Cheng se leva de son trône. Il se précipita pour quitter la pièce, déterminé, et en un claquement de doigts se retrouva aux cieux. Une barrière protectrice colossale se dressa devant lui comme un obstacle infranchissable pour rejoindre enfin Xie Lian. Elle s'étendait tout autour du royaume céleste, défendant les dieux des attaques. Il lança une première offensive qui rebondit et se dispersa dans les airs. Le temps était compté, il ne pouvait se résoudre à abandonner. Quatre assauts sans le moindre effet l'enragèrent davantage. Il posa ses mains sur cette muraille invincible, la frappa de ses poings et espéra qu'elle se brise.
Au même moment, le palais de Jun Wu tremblait et des bruits sourds résonnaient. Tous se regardèrent et se questionnèrent sur ce qu'il se passait dehors. Quand des gardes arrivèrent au pas de course.
— Mon seigneur, quelqu'un essaie de rentrer dans votre royaume.
— Qui ? demanda Jun Wu, intrigué.
— La Fleur de la Pluie Pourpre, Hua Cheng, lâchèrent les sentinelles, apeurés.
La frayeur et l'agitation gagnèrent la foule, certains posèrent d'instinct leurs mains sur le manche de leurs épées. Jun Wu se leva de son trône et regarda ses sujets.
— Du calme, il ne pourra pas s'introduire, affirma-t-il en se voulant rassurant.
Soudain, un fracas terrifiant se fit entendre et un vent violent s'abattit dans la salle. Les dieux martiaux fixèrent l'entrée.
Quelques minutes plus tôt, le sang coula de ses phalanges meurtries par les coups et s'envola en perle dans le ciel. Hua Cheng observa cette entrave, affligé. Son souffle était court et son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. À bout de force, il recula et attaqua une ultime fois, mettant tous ses espoirs dans cette dernière tentative. La barrière de protection se brisa en des milliers de fragments brillants. Il entra et se dirigea au plus vite au cœur des cieux. L'avenue centrale était déserte, aucun garde ou dieu ne s'y trouvaient. Un pont interminable et de chaque côté les demeures des maîtres s'étendaient à perte de vue. La peur s'empara de lui, il courut la distance qui le séparait encore de Xie Lian.
Essoufflé, Hua Cheng arriva devant un immense édifice ivoirin. De grands pylônes et un escalier impressionnant menait à l'entrée. Ne pouvant perdre une seconde, il les gravit à la hâte. Il se retrouva dans un couloir obscur avec des statues à l'effigie des empereurs célestes passés, au bout une lumière éblouissante. Les papillons d'argent sur ses bottes teintèrent, alors qu'il s'élançait vers la clarté. Une allée gigantesque se dressa vis-à-vis, des centaines de balcons, tous occupaient par des dieux supérieurs. Ses pas résonnèrent sur le marbre blanc, tel le hurlement des enfers. Des dignitaires et l'armée accoururent et l'entourèrent, faisant une offensive protectrice. Depuis les hauteurs, les maîtres au regard assassin l'observèrent prêts à le tuer sur le champ. Hua Cheng ne porta aucune importance à cette hostilité envers sa personne, se faufila entre les combattants et se dirigea jusqu'au trône.
Un homme élancé aux vêtements immaculés était assis dessus, son visage fin, une peau laiteuse, des iris noirs et brillants. Hua Cheng s'arrêta juste à quelque pas des marches menant à lui, tourna la tête et écarquilla ses yeux d'ambre, à genou sous le coup d'une lame sur la gorge ; Xie Lian.
Intolérant, Hua Cheng fixa le prince dont il ne connaissait pas le nom, en une fraction de seconde, l'arme de ce dernier vola dans les aires pour finir sa course plantée dans le sol de pierre. L'altesse chercha à la retenir et à bouger en vain, déjà sous l'emprise de La Fleur de la Pluie Pourpre.
Xie Lian restait la tête baissée, les mains sur les genoux solidement agrippées au tissu de ses robes. Il ne protesta pas et s'était muré dans le silence.
Attristé de le voir si soumis, Hua Cheng reposa son attention sur l'empereur, le cœur lourd. Celui-ci ne semblait nullement angoissé ni même étonné par sa présence en ce lieu.
— Que nous vaut le plaisir de votre présence dans mon palais ? questionna calmement Jun Wu.
— Je suis venu pour Xie Lian, le pointa Hua Cheng de l'index.
Xie Lian à l'appellation de son nom trembla, ses phalanges resserrèrent la soie couleur neige.
— Je ne voyais que cette raison-là. Je vous demande d'attendre, je dois donner mon jugement sur l'affaire dont il est accusé.
— Je n'ai que faire des incidents célestes, rétorqua Hua Cheng, menaçant.
Jun Wu s'avança jusqu'aux marches et le regarda, droit et fier. Hua Cheng sourit, bien décidé à ne pas partir sans Xie Lian.
— Je le conçois... s'arrêta Jun Wu, en tapotant son menton. Mais voyez-vous, il y a quelque chose qui me dérange.
— Qui vous dérange ?
— Il subsiste plusieurs rumeurs fâcheuses sur la pureté et l'honnêteté de Son Altesse Royale le prince héritier de Xianle, je me vois dans l'obligation de vérifier si elles sont fausses.
— Comment osez-vous ! s'emporta Hua Cheng.
Hors de lui, d'un claquement de doigts, il lança une attaque magique contre l'empereur. Jun Wu la balaya d'un revers de la main. Les rideaux derrière le trône s'envolèrent avec violence, mais restèrent solidement attachés aux cylindres de jade. Xie Lian sursauta et s'inclina davantage.
— Calmez-vous, Roi fantôme ! Je vous rappelle que vous vous trouvez dans mon royaume et qu'ici il y a des maitres martiaux qui pourront mettre fin à votre existence en un battement de cils.
— Il n'y a pas d'être plus pur que Xie Lian, même vous tous ne pourriez rivaliser avec lui. Je me demande comment vous pouvez vous regarder en face, après vos décisions concernant les guerres et le bannissement de ceux qui ne pense pas et n'agisse pas comme vous, déclama Hua Chang avec rancœur.
— Je comprends vos arguments et les accepte. Mais si vous voulez partir tranquille et sans inquiétude de représailles avec Son Altesse Royale le prince héritier de Xianle. Vous devrez consentir à mon investigation.
Son corps se raidit, sa mâchoire se crispa, Hua Cheng porta une œillade chagrinée sur Xie Lian. Lui le roi fantôme craint de tous, allait se plier et laissait cet empereur décider encore du sort de sa divinité.
Xie Lian se pétrifia, il savait ce que Jun Wu utilisera pour prouver sa pureté aux yeux de tous. Une légendaire épée qui lisait dans l'âme de celui qu'elle pointait et dévoilait sa virginité. Une angoisse le gagna, alors qu'il repensait à la main de Hua Cheng dans la sienne et le baiser échangé dans la rivière pour lui sauver la vie. - Est-ce que je suis encore chaste ? s'interrogea-t-il, effrayé.
— Soit, faites ce que vous voulez, céda Hua Cheng. Si un de vous lui fait le moindre mal, je lâcherais sur vous toutes les laves de l'Enfer.
Jun Wu rit et d'un signe de la main envoya un serviteur chercher l'objet.
Hua Cheng ne quitta pas des yeux l'empereur. Son cœur se serra quand le domestique réapparut. Il souhaitait que les fois où il n'avait pu contenir ses pulsions envers Xie Lian ne l'eussent pas sali. Inquiet, un soupir s'échappa malgré lui d'entre ses lèvres.
La main de Jun Wu sortit la lame de son fourreau, elle étincela tel un diamant pur. Les pans de ses robes immaculées bougèrent à chaque pas, il descendit les marches en douceur, s'arrêta juste devant Xie Lian et le pointa du bout de l'acier glacial, le bras bien droit. Une couleur rouge vif s'étendit de la pointe à la garde. Un soulagement se logea dans l'empereur, son protégé était innocent.
— La pureté et l'honnêteté de Son Altesse Royale le prince héritier de Xianle n'est plus en doute, il est innocent de ce dont on l'accuse, énonça clairement Jun Wu à ses sujets.
Une révolte retentit au milieu de la foule, le dieu martial du sud-ouest, Mu Qing fit comprendre son mécontentement, suivit par le dieu martial superviseur du sud-est, Feng Xin. Deux anciens amis et bras droit de Xie Lian qui lui portaient une rancœur vive, malgré le fait qu'ils aient choisi de l'abandonner au pire moment. Ce dernier ne leur en voulait aucunement, même il saisissait qu'aux places qu'ils occupaient maintenant ils ne l'apercevaient que comme une menace pour le royaume céleste. L'empereur leva la main pour clamer les deux dieux.
— Je vous ai dit qu'il a tué mon père ! Je ne vois pas en quoi sa pureté prouve que ce n'est pas lui ? Je ne suis pas venu ici pour qu'il puisse s'en tirer aussi facilement, s'emporta le prince.
— Son Altesse Royale le prince héritier de Xianle a suivi un enseignement très strict. Il ne doit souiller son âme en aucune façon, ni par le mensonge ni par le pêché de la chair. Donc sa virginité intacte, il n'a pas rompu ses vœux, expliqua Jun Wu.
Le monarque attrapa son épée et se précipita contre Xie Lian, très vite arrêté dans sa course par une force colossale, celle de l'empereur.
— Nous vous avons accueillis et avons écouté votre exposition des faits. Ne vous avisez pas de m'offenser davantage ! J'ai jugé votre affaire avec l'honnêteté des dieux.
Soulagé et agacé, Hua Cheng fixa Mu Qing et Feng Xin. De voir qu'ils avaient obtenu un statut supérieur à sa divinité l'offusqua, alors qu'ils étaient partis pendant la guerre le laissant seul face à l'horreur. Le reste de l'assembler semblait étonnés par les dires de leur souverain et certains affichaient sur leur visage une haine envers Xie Lian. Les mots employés par Jun WU résonnèrent encore dans son esprit. - J'ai failli le déshonorer avec mes désirs... s'accabla-t-il.
— Maintenant que cette mascarade est terminée, je le prends avec moi ! exigea Hua Cheng.
Il s'avança jusqu'à Xie Lian, le souleva du sol de sa poigne ferme, le porta sous le dégoût des dieux martiaux et claqua des doigts.
— Roi fantôme, un jour j'aimerais bien m'entretenir avec vous, proposa Jun Wu avant qu'il ne disparaisse complètement.
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Hésitez pas à me donner vos impressions, ça fait toujours plaisir et ça motive pour la suite.
😊 Merci à Morgan_Fictions pour ces corrections sur ce chapitres.