Octobre
Depuis la salle de bain, elle l'entendait s'activer dans le salon, son salon pas du tout prêt à recevoir qui que ce soit ce soir. Elle restait devant le miroir à détailler les produits posés sur son lavabo, sentir son parfum. Elle vit du shampoing à la vanille dans sa douche et du gel douche pomme cannelle. Ce qui expliquait ce qu'elle avait senti tout à l'heure. En sortant de la salle de bain, elle le trouvait en train de fourrer du linge dans sa machine à laver. Il avait pris le temps de changer ses draps en l'attendant.
- Tu n'es vraiment pas en couple ? Je veux bien m'amuser mais pas dans le dos d'une femme qui te fais confiance. La sororité tu vois, c'est important.
- Je te promets que je ne suis pas en couple.
- Ce sont les affaires de ta fille dans la salle de bain ? Pourtant c'est un studio...
- Elle dort dans le grenier, dit-il avec un sourire taquin.
Alors, il montra la trappe au plafond et la large échelle qui montait le long du mur.
- J'ai aménagé les combles pour qu'elle ait son espace, elle aime bien être seule dans sa chambre alors elle y passe du temps. Si tu veux monter voir tu...
- Je te crois, ça va, dit Alice en le trouvant plus détendu.
Elle se mit à marcher vers son lit, laissant son sac descendre sur son bras jusqu'à le laisser tomber par terre et elle retira ses chaussures avant de monter sur l'estrade. Comme il était en chaussettes elle ne l'entendit pas approcher dans son dos, mais elle l'attendait. Il posa ses mains sur ses hanches et se colla tout entier contre son corps, en commençant par son bassin. Alice attrapa ses mains pour les faire passer devant sur le bas de son ventre. En les pressant contre elle il remonta le bas de sa robe. Elle aimait déjà sa façon de la toucher.
- Tu promets que t'es vraiment pas une cousine éloignée ou un truc du genre ?
Il aima son rire, sentir ses vibrations sous ses mains, son corps contre le sien. Avec douceur, il la retourna pour l'embrasser. Adam était toujours en bas de l'estrade et ça les mettait à la même hauteur. Ses bras autour de son cou, Alice le sentit grandir alors qu'il la faisait reculer pour la pousser jusqu'à son lit tout en montant la marche. Le matelas était si épais qu'elle ne se sentit pas tomber quand il la bascula dessus. Allongé sur elle il oubliait sa nervosité, ses mains accrochaient ses cuisses de chaque côté de ses hanches. Et quand il remonta sa main sous sa robe tout en embrassant son décolleté, elle poussa un long soupir d'envie et de satisfaction à l'idée qu'il sache parfaitement ce qu'il avait à lui faire. Alice faisait remonter son t-shirt jusqu'à lui enlever et en découvrant son corps sculpté recouvert de tatouages comme ses bras, elle se mordit la lèvre en le caressant.
- J'espère que tu aimes ce que tu vois parce que c'est du boulot, plaisanta Adam en l'embrassant encore.
- Si tante Yvonne nous voyait, plaisanta Alice en détachant les premiers boutons de son jean.
- J'ai vraiment une tante qui s'appelle Yvonne, il avait l'air choqué.
- Quoi ?
Alice fronça les sourcils, elle était trop concentrée sur la suite pour capter la blague sur l'instant.
- Je rigole, se moqua-t-il en étouffant son rire dans son cou.
Elle riait aussi en enroulant ses bras autour de lui avant de se laisser guider quand il la fit rouler pour qu'elle se retrouve au dessus de lui.
Alice se redressait en prenant ses mains pour les passer sous sa robe. Et alors qu'il continuait à remonter vers sa poitrine, elle se déshabillait en le laissant découvrir la dentelle noire et fine de ses sous-vêtements qui laissaient voir son corps en transparence. Il détailla chaque courbes avec ses mains et ses yeux avant de se redresser aussi pour se rapprocher.
- Je crois que t'es la plus belle femme que j'ai jamais...
- Arrête ton baratin, je suis déjà dans ton lit, le pressa-t-elle en posant sa main sur sa bouche.
Ses yeux lui souriaient. Même si elle refusait de l'admettre, il avait un truc. Elle était plus que charmée. Et quand elle libéra ses lèvres, il enlaça sa taille avec force pour les faire à nouveau basculer.
- Comment tu t'appelles ?
Il avait presque mordu son cou en prononçant ces mots contre sa peau. Alice ne répondit pas, se contentant de le bâillonner d'un baiser ardent pour le faire taire. Cette fois il resta concentré sur ce qu'elle attendait de lui.
Et en voyant le jour arriver, elle se surprit à ne pas être pressée de partir.
C'était quand la dernière fois qu'elle avait pris le temps de regarder quelqu'un dormir à côté d'elle ?
...
Adam se réveilla en entendant la porte se refermer. Le lit vide à côté de lui et l'inconnue disparue. D'abord il se dit qu'il devait la laisser partir, si c'était ce qu'elle voulait. Peut-être que ça devait juste être comme ça. Une soirée magique avec une femme qui l'avait suffisamment marqué pour qu'il ne l'oublie pas cette fois. Mais...
...
Elle avait le souffle court quand il se penchait sur elle, faisant pression entre ses cuisses pour qu'elle le sente tout entier. Et alors qu'il passait un bras sous son corps pour soulever un peu ses hanches, elle accrochait ses doigts à ses bras contractés et gémissait sans le lâcher du regard.
- Alice, murmura-t-elle en caressant sa joue alors qu'il souriait, heureux d'avoir enfin sa réponse. Je m'appelle Alice.
- Alice, répéta-t-il en fondant sur sa bouche.
Il ne s'était jamais senti comme ça, jamais. Leurs mains semblaient déjà connaître leurs corps par cœur. C'était un truc d'adulte de savoir se toucher sans ressentir le moindre frein ? Comme si c'était possible de s'appartenir spontanément, comme si c'était logique qu'il ait l'impression qu'elle se donnait toute entière ?
Et s'il lui donnait tout, le prendrait-elle ?
...
Alors que ses pensées revivaient cette nuit incroyable, il se redressait rapidement pour regarder par la fenêtre s'il pouvait encore la rattraper. Elle était à la moitié de la rue, elle remontait vers le boulevard en marchant lentement.
Alice avançait, la main posée sur son ventre. Elle avait toutes ces images en tête. Celles de lui en train de parcourir tout son épiderme avec ses lèvres restaient ses préférées. Les frissons la traversaient toujours rien qu'à l'idée. Et alors qu'elle s'apprêtait à tourner au coin de la rue pour rejoindre le magasin où elle travaillait, elle entendit sa voix.
- Hey, Fille du bar !
En se retournant, elle découvrit Adam en train de courir vers elle, simplement habillé d'un jean, les pieds nus. Était-il fou ? On était en Octobre, il faisait déjà bien frais le matin !
- Tu partais vraiment comme ça ?
- C'est le plan, oui, dit-elle en aimant un peu trop l'idée qu'il lui court après.
- On pourrait se revoir, j'ai très envie de te revoir, est-ce que toi...
- Non.
Menteuse.
- Je vais pas t'oublier comme ça cette fois...
Il n'arrivait pas à regarder autre chose que ses lèvres.
- Je vais être en retard, Adam.
- Alice, laisse moi ton numéro, on pourrait s'appeler, apprendre à...
Elle ne se souvenait pas avoir dit son prénom. S'était-elle à ce point laissée emporter pour oublier de suivre ses propres règles du jeu ?
- Je t'ai dit mon nom ou tu as fini par te souvenir ? s'étonna-t-elle en souriant, troublée.
- Tu me l'as dit, il voyait qu'elle était surprise. Tu avais l'air d'avoir une bonne mémoire pourtant.
- Je dois y aller, Adam en prononçant le M.
- Je veux pas te laisser partir, s'il te plaît, donne moi ton numéro.
Abruti de cœur qui commençait à tambouriner plus il se rapprochait d'elle. Alice aurait voulu reculer au lieu de se laisser embrasser mais son corps était toujours sous l'emprise du sien. Alors elle abandonna pour lui donner ce foutu baiser passionné qu'elle avait imaginé ce matin en le regardant dormir au point de se mettre en retard.
- Ton téléphone, murmura-t-elle pour essayer de s'en sortir.
Il plongea sa main dans sa poche pour lui donner et lui tendit l'appareil. Elle recula d'un pas en l'attrapant et remarqua son fond d'écran. C'était une photo de lui avec une adolescente aux cheveux roses. Elle ne put s'empêcher de sourire avant d'ouvrir son répertoire pour y entrer d'abord son nom puis...
Elle commença à taper les premiers chiffres de son numéro de téléphone et hésita. Cette nuit avait été parfaite, vu le début de sa soirée, c'était plus qu'inespéré. Mais la perfection s'efface quand on en demande plus.
Alors Alice n'ajouta pas les derniers chiffres et inscrivit une note à la place. « C'était génial, mais juste une fois. »
- Y'a ce restaurant vers la mairie, on pourrait...
Elle l'embrassa encore, sans qu'il ne sache que c'était l'ultime fois, en enfonçant son portable dans la poche arrière de son jean. Et puis, elle le regarda quelques secondes, elle allait regretter les premiers jours, peut-être un peu plus. Mais elle fit quand-même un pas en arrière avant de filer.
- Je t'appelle, c'est promis, dit-il en la laissant y aller cette fois.