Chapitre 4

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Octobre


Myriam vit son amie arriver dans les mêmes fringues que la veille, la tenue qu'elle lui avait montré en photo avant son rencard. Alors, elle se demanda si ça c'était si mal passé que ça finalement ?


- Est-ce que tu as mordu à l'hameçon au final ? se moqua-t-elle en relevant ses lunettes de soleil.

- Si tu parles du connard que tu m'as fait rencontrer, non, répondit Alice en s'asseyant sur le banc à côté d'elle.


Alice tandis le sachet de la boulangerie qui contenait leurs paninis à son amie et s'adossa contre le banc pour exposer son visage au soleil. Elles se rejoignaient parfois pour leur pause déjeuner.


- Je comprends pas, tu portes les mêmes fringues ?

- Ton pote est parti du bar en me traitant de salope.

- Oh le con, pourquoi il a dit ça ?

- Parce que j'ai dit qu'on se reverrait pas et il avait l'égo fragile.


Myriam croqua un morceau de son repas et mâcha longtemps en réfléchissant à comment ça allait se passer la prochaine fois qu'elle allait croiser son collègue.


- Mais du coup...

- Le barman, répondit Alice en se mordant la joue.


Pourquoi rien que parler de lui réchauffait son corps à ce point ?


- T'es pas croyable, rit Myriam. C'était bien ?

- C'était absolument génial.

- Tu vas le revoir ?


Elle se contenta de lui jeter un regard entendu. Pourquoi posait-elle toujours cette question ?


- Et toi, le mec du site ? Tu lui as dit que tu voulais « du sérieux » ?

- Ouais, répondit Myriam en croquant plus énergiquement son panini pendant qu'Alice entamait le sien.

- Et ?

- Et « c'est pas moi, c'est lui, il est encore trop immature, il a besoin de vivre plus d'expériences et de rencontrer plus de monde avant de savoir réellement ce qu'il veut ».


Myriam grimaçait en répétant les mots qu'elle avait entendu pour la millième fois.


- Il ne pouvait pas dire ça dès le départ au lieu de me faire perdre mon temps ?

- En même temps, il avait écrit sur son profil qu'il ne recherchait rien de...

- Mais on met tous ça, ça veut plus rien dire !

- Tu devrais afficher directement la couleur toi aussi, mets la vérité, que tu rêves du prince charmant monté comme un cheval, se moqua Alice en se tournant vers elle.

- Pas monté comme un cheval, monté sur un cheval, rectifia Myriam.

- T'es sûre que c'est ça ?

- L'enjeu des contes de fées ? s'interrogea-t-elle en rigolant. Oui je suis presque sûre que c'est ça.

- J'ai dû mal écouter quand j'étais petite, ironisa Alice.

- Ça expliquerait beaucoup de choses !


Myriam esquiva de justesse le coup de poing qu'Alice voulut lui mettre dans l'épaule.


- Le 31 tu fais quoi ?

- Le nouvel an ?

- Non, Halloween ?

- Tu veux encore m'entraîner dans un rencard foireux pour faire de moi une honnête femme ?

- Non, je suis invitée à une soirée, je voulais y aller avec l'autre abruti mais finalement, je me retrouve encore toute seule. Tu viendras avec moi ?

- Il faut se déguiser ?

- Peut-être... disait-elle en serrant les dents pour ne pas dire oui.

- Non, je ne ferais pas ça...

- Oh allez, te déguise pas on s'en fout, mais viens !

- C'est quelqu'un que je connais ?

- Non, tu ne connais pas, mais tu feras connaissance, c'est pas comme si t'étais timide !

- Ok, je viendrai avec toi.

- D'ailleurs la soirée c'est le samedi, pas le 31. Y'aura des darons alors ils ont pas voulu le faire en semaine.

- Des darons ? Pour qui tu te prends, la taquina Alice. Tu parles comme les « jeunes » ?

- Mais c'est comme ça qu'on dit pour les gens qui ont des enfants non ?

- J'en sais rien, je fréquente pas ces gens là, répondit-elle.

- Tu voudras plus me voir moi non plus quand j'aurais un bébé ?

- On se rappellera quand il aura 18 ans !


Cette fois c'est Myriam qui frappait l'épaule de son amie qui ne l'avait pas vue venir.

Plus tard, Alice reprit son poste après leur pause déjeuner. Et tandis qu'elle passait dans les rayons pour replier le linge là où c'était nécessaire, elle regrettait qu'il n'y ait personne pour lui parler et occuper son esprit.

Elle ne pensait qu'à cette nuit.

Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle faisait ça.

Et si les autres fois elle s'était surtout souvenue de l'action plus que de l'acteur, aujourd'hui elle ne pensait qu'à lui. Son sourire, ses regards, sa voix, ses mains. Peut-être parce qu'elle l'avait déjà vu avant, peut-être parce qu'inconsciemment il lui rappelait cette période heureuse où la vie semblait si facile ? Ce n'était pas seulement lui, pas vrai ?

Elle se mettait déjà en garde contre elle-même. Pour ne pas recommencer...ne pas s'accrocher à quelqu'un du passé par peur de la solitude.

Celle qu'il aimeWhere stories live. Discover now