Une fois dans la voiture, Nex derrière le volant, moi côté passager et Aymeric qui a eu la gentillesse d'aller derrière, je n'arrête pas de jeter des coups d'œil à Nex. Aymeric dort derrière, alors nous pouvons avoir une discussion privée tous les deux.
- On a pas vraiment eu l'occasion de reparler de tout ce que nous nous sommes dit hier soir, je fais.
- Ouais, c'est vrai.
- Et... alors ?
- Je ne sais pas où tout ça peut nous mener Jamila. Mais honnêtement, tu te verrais prête à confier ta confiance à un type comme moi ?
- C'est vrai que la raison de notre rencontre est assez particulière, mais j'ai appris à te connaître, et tu m'as l'air d'être quelqu'un de bien dans le fond. Je te considère même meilleur que tous les types de mon lycée que tu as pu assassiner. Et justement, à propos de ça... je m'excuse de ne pas être à l'aise dès qu'on en vient au physique. Tu es un homme, tu as des envies, des pulsions... que je ne peux pas t'aider à assouvir. Mais au moins tu respectes mon choix de vouloir attendre, et ça, ça me fait vraiment du bien.
Il pose alors une main sur ma cuisse et c'est tout mon corps qui s'embrase. Il commence à la glisser vers l'intérieur mais sans jamais aller trop loin, et prend la parole.
- Jamila, dit-il. Je crois qu'il serait temps que tu réalises que tu es bien plus forte que ce que tu ne te laisses penser. Il en faut du cran pour aller assassiner le premier type à avoir abusé de toi. Pleins d'autres filles se seraient terrées dans leur coin en pleurant. Tu as su t'en relever tout en restant celle que tout le monde admirait.
Une larme que je n'avais même pas sentie venir coule le long de ma joue.
- Et puis tu me parles d'attente, mais même si j'ai beau être l'un des criminels fiché du F.B.I, jamais je ne te forcerais à faire quoique ce soit parce que « j'ai des pulsions à assouvir ».
Je souris.
- Merci.
- Tu n'as pas à me remercier.
Et le silence regagne l'habitacle. Petit à petit, je commence à fermer les paupières, et tombe dans un profond sommeil.
*****
Je me réveille environ deux heures plus tard selon l'heure qu'affiche la voiture, mais j'ai l'impression de n'avoir pas dormi du tout. J'ai encore plus de courbatures et j'ai extrêmement chaud. Aymeric est réveillé à l'arrière, et lui ainsi que Nex discutent.
- Ah, on attendait que tu sois réveillée, dit Aymeric. Il y a une station service pas loin, on va faire le plein et s'acheter à bouffer, enfile ta perruque.
J'exécute sans broncher et lorsque la voiture s'arrête deux minutes plus tard, je suis la première à en sortir. Ça me fait un bien fou de marcher. Nous entrons dans l'espèce de supérette et je vais immédiatement pisser. Ensuite, je fais le tour des rayons et m'empare de deux paquets de chips ainsi que de trois boissons gazeuses. Il va falloir que Nex, qui est en train de pisser, me passe du fric, car je n'ai rien sur moi. Je m'approche donc du caissier, et celui-ci me détaille de la tête au pied.
- Ça vous fera 6 dollars ma belle.
- Je n'ai pas l'argent, j'attends...
Un sourire très explicite se dessine sur ses lèvres.
- Toi je t'autorise à payer en nature. Sérieux, t'es encore plus bonne que miss monde.
Un rire m'échappe et je le détaille de haut en bas.
- T'as genre quoi, 40 ans ?
Il fronce les sourcils.
- Je vais te remettre les points sur les i l'ancêtre. J'en ai 17. À tout moment, j'appelle les flics et ils t'embarquent. Ça te plairait, ça ?
Il secoue immédiatement la tête tandis que je hoche la mienne.
- Mmh, c'est bien ce que je pensais. Alors tu sais quoi ? Non seulement tu vas me laisser partir avec ça gratuitement, mais en plus tu vas m'offrir l'essence. Pigé ?
Il semble hésiter et je souffle.
- Très bien, je fais en me dirigeant vers le téléphone public. C'est quoi le numéro de la police déjà ? Le...
- Ok ok c'est bon ! Prends-les tes merdes et casse-toi de là greluche !
Un sourire triomphant se dessine sur mes lèvres tandis qu'Aymeric entre dans la supérette avec sa perruque noire.
- Combien est-ce que je vous dois mon cher mons...
- Absolument rien, il nous l'offre. Tiens, prends ça, je fais en lui indiquant les canettes tandis que je m'empare des paquets de chips.
Nex sort à ce moment-là des toilettes.
- Allez bye, je fais en poussant la porte, suivie de mes deux acolytes.
Une fois dans la voiture, Nex démarre et nous nous en allons d'ici.
- Pourquoi est-ce qu'il nous a laissé partir sans payer ? demande Aymeric.
- Oh, ça serait trop long à expliquer. Remercie juste le destin d'avoir mis une femme dans votre périple.
Il hausse les épaules tandis qu'un sourire se dessine sur mon visage, que Nex remarque.
- Une femme sur notre périple, hein ? T'es vicieuse.
- Tu n'as pas idée à quel point.