Ohana

By fuck_the_cis-tem

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Parce que les liens du sang ne font pas tout, parce que parfois mieux vaut choisir que subir sa famille. Ils... More

Journal d'un Chasseur
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Journal d'un Chasseur
Chapitre 4
Chapitre 5
Journal d'un Chasseur
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Journal d'un Chasseur
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 33
Chapitre 34
Journal d'un Chasseur
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Journal d'un Chasseur
Epilogue :,)

Chapitre 32

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By fuck_the_cis-tem

Nathanaëlle (5530 – Vierlème – JOUR 8)

J'ouvre les yeux, éblouie par le soleil déjà bien haut dans le ciel. Un groupe d'oiseau plane là-haut, glissant sur les airs sans se soucier du monde auquel j'appartiens. Ils dansent, laissant leurs corps se confondre, se croiser et s'entrecroiser. Une chorégraphie divine que je leur envie. Autrefois, ils étaient mes frères, aujourd'hui, plus qu'un amer gout de nostalgie abandonné de tout espoir. Enfin bon, qu'importe. Mon cœur bat toujours, sur terre peut-être, mais synchronisé a ceux que j'aime.

Assez pensé à ces oiseaux.

Il est déjà tard. Les jours précédents, Sören réveillait les retardataires, pourtant aujourd'hui personne n'est venu mettre un terme à mon sommeil. Je me redresse, m'étire pour immerger complètement dans le monde des éveillés et regarde autour de moi, en quête d'une réponse aux questions qui germent dans mon esprit.

Les autres parlent, un peu plus loin. Mayron, Sören et Erwen se concertent, la mine grave. Ils sont trop loin de moi, je n'entends rien de leur discussion... Certes, parfois moins on en sait mieux on se porte. Pourtant, je n'ai jamais adhéré à cette philosophie. Probablement parce que tu passes ton temps à écouter aux portes, fouineuse !

Aëka, fidèle à son rôle de sentinelle, est assise devant la porte fermée de la voiture où dors probablement Léane, comme toujours. Preuve que le temps presse et que nous devrions être partis depuis longtemps déjà... Et toi, tu dors jusqu'à midi, feignasse ! Tu avais promis de ne pas les ralentir, tu parles ! Une vraie tare !

Je me lève, remarquant soudain l'absence de mon frère. Il est probablement parti cloper. Il hait ce genre d'ambiance. Trop de pression sur ses épaules qui portent déjà tant de choses.

Eden est assis par terre, emmitouflé dans une couverture. Il fixe le sol, la bouche entrouverte et l'air absent. Des taches de sang recouvrent son visage... Qu'a-t-il bien pu se passer ? Une nouvelle crise ? Un lapin blessé qui passait dans le coin ? Tout peut si vite tourner au cauchemar avec lui... J'approche du cercle que forment les garçons et un silence s'abat soudainement sur le groupe.

-Sympa...

Pas de réponse. Un peu vexée, mon ton se fait plus froid.

-Que s'est-il passé ?

Ils restent muets, cherchant dans la poussière qui tapisse le sol une raison de ne pas affronter mon regard. Bras croisés contre la poitrine, ils demeurent silencieux pendant de bonne secondes...

-Eh oh ? c'est quoi cette ambiance ? Pourquoi sommes-nous toujours là ? Pourquoi Eden est dans cet état ? Vous avez peut-être oublié qu'on a une enfant mourante sur les bras !

Les regards se tourent vers mon copain, une goutte de sueur perlant sur le front de ce dernier. Il finit par opiner du chef, faisant comprendre aux autres qu'il se chargerait des explications.

-Alors ? j'insiste, n'appréciant pas du tout d'être mise à part.

-Eh bien... C'est un peu compliqué... commence mon Elfe.

-Qu'est-ce qui est compliqué ? Vous allez m'expliquer, à la fin !

-C'est vraiment délicat... Peut-être devrait tu t'asseoir ?

Il passe une main dans sa nuque, ses yeux fuient les miens, brillants d'une lueur qui m'inquiète.

-Enfin, c'est ridicule ! Ça ne peut pas être si grave... Si ?

Je relève les yeux vers les autres et croise le regard sombre de Sören qui me montre un tronc d'un geste du menton. Si même lui me le conseille... J'obéis et m'assois. May' s'accroupis face à moi, comme au premier jour où ses nos prunelles se sont rencontrées. Celui où j'ai fui l'emprise de mon frère, me retrouvant loin de lui pour la première fois. Il inspire profondément, pose une main sur ma cuisse en guise de soutien, et se lance.

-Ce matin... Eden et Isaac n'étaient pas au camp à notre réveil... Et Isaac...

Sa voix se perd dans un soupir, me laissant devinerla suite de l'histoire. Il passe sous silence les taches de sang, les crocs dans la chair tiède, les cris, le combat, la lutte. La scène se joue dans ma tête, mon frère dévoré par la première personne qu'il s'autorisait à apprécier. Hurlant à la mort jusqu'à ce qu'elle l'emporte. Finnisant par s'éteindre, noyé par le flot de ses larmes. Restant là, déchiqueté par les dents acérées du Croisé. Et la rage monte en moi. Une rage contre lui, qui a ôté sa vie. Une rage contre moi même, qui l'a délaissé depuis des Lunes. Il est mort avec cette dernière image de moi, pensant que son sort me laisserait indifférente. Il est mort et je n'ai même pas pu l'embrasser une dernière fois avant... Je n'ai pas entendu ses dernières paroles, pas été là pour lui tenir la main, le rassurer car je sais que derrière son air courageux se cache un enfant terrorisé. A qui la faute ? Il est mort dans la solitude qui le hantait et tu es la seule qui puisse être blâmer.

Je me relève, n'entendant plus rien de ce qu'ils me racontent. Sourde du monde alentour, je me perds dans mes propres voix. Me retourne, faisant quelques pas maladroits vers le roux. Ses yeux absents ne m'affectent plus, la tristesse enivrante qu'il dégage m'est bien égale. Il m'a enlevé mon grand-frère. Il m'a enlevé la personne la plus chère à mes yeux. Tu ne lui montrais pas tant que ça... Toi tu la ferme, je m'occupe des remontrances pour cette fois. La colère qui boue en moi m'échappe, je ne la contrôle plus. Mais bon, qui est-il pour me reprocher de perdre le contrôle de moi-même ?

-Isaac avait raison, on aurait dû se débarrasser de toi il y a longtemps déjà ! Tu finiras par tous nous tuer, uns à uns. Chaque nuit tu emporteras l'un de nous, et peut être même que tu n'en sauras rien ! N'est-ce pas ? La bête sauvage que tu es ne peut être contrôlée ! Et je doute que ce soit lié à tes cornes, oh non, ce serait une bien trop bonne excuse ! Tu es pourri de l'intérieur, voilà tout !

Il ne dit rien, baissant simplement la tête. Le regard détruit, il se tasse sous chacun de mes mots. S'enfermant dans son mutisme habituel, son air abattu qui lui excuse toujours tout. Une folle envie de le voir se détruire lui-même me prend, juste pour qu'il ressente la douleur dans laquelle mon frère a succombé, boyaux à l'air face à cette bête enragée. Mais il y a pire que la douleur physique, la culpabilité. Elle ronge de l'intérieur et consume à petit feu. Les mots dévalant ma bouche à la même vitesse que les larmes sur mes joues, je ne pense plus, ma colère a pris la parole.

-Après tout, qu'espérer de mieux de quelqu'un qui a tué sa propre sœur ? Je lui crache, la voix posée et les yeux bouillants de mépris.

-Nathanaëlle ! Me hurle Sören en m'écartant d'un geste du bras. Ça suffit maintenant, ferme là !

Et d'un coup, la rage retombe, laissant place au néant. Au manque qui comprime ma poitrine. Les voix de mes camarades m'atteignent à nouveau. Et ses yeux, qui plongent dans les miens avec un profond désespoir. Je ressens presque jusqu'ici son cœur qui le torture, lui infligeant une douleur insupportable. Regarde ce que tu lui as fait, sombre idiote. Je l'ai achevé, éteignant la dernière lueur d'espoir à laquelle il pouvait encore se raccrocher.

-Je... pardon... je ne voulais pas...

-Lexie, c'est moi qui l'ai tuée ? C'est vrai ? C'est moi ?

Son regard s'est soudainement détaché du mien, cherchant du soutien dans ceux des autres. Sören s'approche de lui, s'assoit pour être à sa hauteur, et l'encercle de ses bras. Ses yeux de feu écarquillés, il tombe dans les bras du Corné, s'enfermant dans de nouvelles larmes qu'il ne connaît que trop bien.

-Sören... je suis... je suis un monstre, dit-il, la voix tremblante de remords. Isaac avait raison de penser ça de moi... regarde... Regarde ce que je leur ai fait !

Il a tort et tu le sais, le monstre dans l'histoire c'est celle qui lui a jeté l'abject vérité en pleine face, n'est-ce pas Nathanaëlle ?

Le tenant par les épaules, Sören cherche à capter le regard noyé de l'adolescent. Il passe une main sur sa joue imbibée du sang de mon frère et efface une goutte salée qui traçait un chemin sur sa peau.

-Je t'interdis de penser ça de toi. Les vrais monstres sont ceux qui ont infligé ça à l'ange que tu es, Eden. Et Isaac t'estimait bien plus qu'il ne te le montrait, tu peux me croire...

-Mais Lexie... elle m'a toujours... toujours protégé. Elle doit me haïr, de là où elle est, hoqueta-t-il.

-Non mon grand, Lexie ne te souhaiterais jamais aucun mal. Elle savait les risques qu'elle courrait en engageant ce combat. Tu étais tout pour elle, tu étais son monde, Eden. Le foyer qu'elle n'a jamais eu. La vie est parfois cruelle... et elle ne t'a pas loupé. Mais ça va aller, je te le promets.

Il le serre une seconde fois dans ses bras, me lançant un regard noir par-dessus son épaule. Mérité.

-Est-ce que... Je peux le voir ? Je bredouille, gênée par mon comportement mon cœur qui m'est douloureux. Qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui, monstrueuse. Monstrueuse et lamentable, pour ne rien arranger.

-Mayron, emmène là, répond le chef de troupe d'un ton solennel.

-Viens, suis-moi, me dit le concerné avec douceur.

Main dans la main, nous nous écartons du groupe. La chienne qui a pour habitude de rester aux côtés de Léane en toutes circonstances, nous emboite le pas. Une odeur nauséabonde commence à chatouiller mes narines, et l'idée qu'elle provienne de la dépouille de mon frère me fend le cœur. Mon Elfe s'arrête un instant et me serre dans ses bras pendant de longues minutes, me laissant le temps de me dessécher de toutes les larmes que mes yeux sont capables de laisser couler. Une auréole se forme sur son épaule à mesure qu'elles tombent le long de mon visage. Il ne dit rien, m'enfermant juste dans une étreinte apaisante. Rien d'assez puissant pour taire la douleur. Et pourtant je mets de longues secondes à m'en défaire.

-Tu es sûre de vouloir le voir ?

-Oui, je veux lui dire au revoir. Je lui dois bien ça...

-Bien.

Il embrasse mon front avec douceur et calle une mèche derrière mon oreille. Sa main se pose sur ma joue, il contemple mes pupilles pour, en un regard, soulager un peu le poids qui pèse sur mon cœur.

-Alors viens, nous ne sommes plus très loin.

Il m'amène au pied d'un arbre sous lequel repose le cadavre de mon frère, le cadavre d'Isaac, camouflé sous un pan de tissus. De la même manière que nous avons abandonné l'écorce de Lexie. Aëka s'assoit non loin, la mine presque désolée.

-Sören l'a déplacé, il a dit qu'il trouverait mieux la paix un peu à l'écart de là où il est... enfin tu vois quoi.

-Mort.

-Oui, voilà...

Je m'abaisse et dévoile son visage. Les yeux clos, il repose ici, un air paisible avec lequel il n'a surement pas fini sa vie. Oh Isaac... Si seulement j'avais pu y changer quelque chose... Je dépose une main contre sa peau glacée qui s'est faite encore plus pâle que de son vivant. La chienne s'approche du corps et, à l'aide de son museau, elle soulève le tissu au niveau de son bras gauche et d'un coup de dent, arrache un peu de son derme.

-Mais qu'est-ce que tu fais, sale bête ?! Pousse-toi de là !

L'animal ne réagit pas, et enjambe le macchabée avant de déposer près de la dépouille un prisme mauve qu'elle tenait en sa gueule. Une pierre dont la simple vue est dérangeante, faisant naitre au creux de l'estomac de quiconque ose y poser les yeux, une boule de stress qui se propage dans chacune des veines de son organisme. Depuis quand vivait-il avec cette chose en lui ?

-C'est... une pierre d'Abo ? demande mon copain, méfiant.

-On dirait, oui...

-Probablement la raison pour laquelle il a été déchu.

-Sans doute...

Je veux la prendre, mais il m'en empêche, ses yeux bleus débordant d'une inquiétude sincère. Seulement, cette idée qui pourrait me couter bien cher à déjà pris racine dans chaque recoin de mon esprit.

-N'y touche pas, s'il te plait.

-Je ferais attention, ne t'en fait pas.

-Et s'il venait à te parler ?

-Si Isaac abritait une part d'Abo pendant toutes ces années, alors il lui a certainement vendu son âme. Alors... si Abo tente d'entrer en contact avec moi, je pourrais peut-être lui demander de voir mon frère, une dernière fois... Et négocier pour sa libération, aussi. Je refuse qu'il continue de souffrir même après sa mort...

-Nathanaëlle... Je ne veux pas briser cet espoir, mais le Mal ne connait pas la compassion. Il ne te laissera pas...

-Si les Cornés ne sont pas les monstres qu'on prétend, il doit forcément se trouver une lueur de bonté même dans l'Abject. Non ?

-De toute façon, je ne te ferais pas changer d'avis... Alors prend là, mais débarrasse toi en dès que possible.

Je fourre la pierre dans ma poche et dépose mes lèvres sur le front de mon frère.

-Merci d'avoir pris soin de moi tout ce temps, frangin. Tu t'es démené pour me retrouver lorsque je t'ai quitté, à présent, il m'appartient de te chercher et de t'amener la paix que tu mérites.

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