Victoria pila. La voiture patina sur la route verglacée, puis tourna sur elle-même jusqu'à ce que l'arrière aille taper sur l'obstacle que Victoria avait justement tenté d'éviter. Secouée, Victoria eut besoin de quelques instants pour reprendre ses esprits. Heureusement qu'elle ne roulait pas vite. Elle sortit de la voiture.
Le froid lui mordit les joues. Debout au milieu de la voie, Victoria contempla les dégâts. Sa voiture avait été stoppée dans son dérapage par le poteau téléphonique qui était tombé au milieu de la route. Remarquant les fils noirs qui serpentaient sur la route blanche, Victoria fit un petit bond en arrière. Elle évita soigneusement les fils pour se rapprocher de l'arrière de la voiture.
Le feu arrière droit avait explosé, parsemant le fossé enneigé d'éclats rouges. Ça n'avait pas l'air bien grave, mais Victoria n'y connaissait pas grand chose. Elle retourna du côté conducteur. La portière était restée ouverte, autorisant l'un des rares flocons de neige qui tombaient encore à aller fondre sur le siège. Victoria se pencha à l'intérieur de l'habitacle pour y prendre son sac à main. Son premier réflexe fut bien entendu d'en sortir son téléphone portable. Mais évidemment, dans la montagne, entre deux tempêtes, on ne capte pas. Elle hésita à appuyer sur le bouton « urgence seulement ». Elle n'était pas blessée. Était-ce vraiment une urgence ? Elle releva la tête, regarda autour d'elle. Il n'y avait personne en vue, pas de vrombissement de moteur à portée d'oreille. Comme il faisait encore jour et qu'il ne neigeait presque plus, Victoria décida de ne pas déranger les pompiers tout de suite. Elle passa la lanière de son sac sur son épaule et se mit en marche.