𝐏𝐎𝐈𝐍𝐓 𝐕𝐈𝐑𝐆𝐔𝐋𝐄 [ �...

By LinaDreamer1

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« Quand un auteur utilise un point virgule, cela veut dire qu'il aurait pu terminer sa phrase, mais qu'il a p... More

𝘼𝙫𝙖𝙣𝙩-𝙥𝙧𝙤𝙥𝙤𝙨
𝙅𝙤𝙪𝙧 𝙓
𝙅𝙤𝙪𝙧 𝟏
𝙅𝙤𝙪𝙧 𝟐
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟹
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟺
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟻
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟼
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟽
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟾
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟿
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟷𝟶
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟷𝟷
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟷𝟸
𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟺𝟺

𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟷𝟹

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By LinaDreamer1

— Catherine, réveille-toi, tu vas être en retard ! 

Je peine à ouvrir deux paupières lourdes de sommeil. Une nuit encore bien agitée. La voix de ma mère me parvient lointaine, comme si j'étais jetée dans un gouffre et que je me laissais tomber. 

Chaque soir environ, c'est la même chose, je me bats contre moi-même. Contre cette haine que je porte envers mon corps, mon âme, et cette déception qui me consume à chaque fois que je me rends compte que mon cœur est disloqué, brisé en mille morceaux. Le pire, c'est que je ne sais pas pourquoi j'ai à endurer tout ça, je n'arrive pas à mettre le doigt sur une raison plus ou moins tangible ou concrète de ce qui m'arrive. J'ai beau sourire, vivre un conte de fées, m'enfermer dans mon imagination... La réalité me rattrape où que je vais, partout où j'essaye de m'échapper. Je suis une coquille vide, et ça, personne ne pourra jamais y remédier.

— Catherine ? 

— J'arrive, maman...

Je grogne et jette la couette par dessus mon corps encore engourdi. Mes membres sont ankylosés et c'est une véritable torture de marcher jusqu'à la salle de bains. Quand je me regarde dans le miroir, deux cernes monstrueux me dévorent les yeux. Ce sont littéralement des poches. Quelle horreur... 

L'horloge murale indique qu'il est 6h49, les cours ne débutent qu'à 8 heures mai je me lève toujours un peu tôt avant les cours, ma plus grande phobie est d'arriver en retard et de me montrer en spectacle devant tout le monde dans un épique "Bonjour, désolée pour le retard". Dans un monde parfait, personne ne se soucierait de ma présence et le professeur continuerait son cours en me donnant la permission d'entrer. Malheureusement, le monde est loin d'être parfait. Dans le mien, les élèves se mettent à rire et Harry fait des blagues déplacées sur Catherine la Sainte-nitouche.

Je me passe de l'eau glacée sur le visage et ferme le robinet avant de saisir ma serviette pour m'essuyer la face. C'est mon premier jour au lycée, je pense qu'il serait convenable que je me maquille au moins pour cacher ces choses hideuses qui encerclent mes yeux ?  

On m'a toujours fait remarquer que j'avais des cernes trop prononcées, c'est la première chose qu'on remarque quand on me parle. Est-ce que tu dors ? Est-ce que tu es malade ? 

Je trempe l'applicateur de l'anticernes dans le produit et me badigeonne la zone. Je l'étale de façon à ce qu'il se fonde bien avec mon teint puis matifie le tout avec une poudre que j'ai dû voler dans le tiroir de ma maman. J'essaye de dompter ma tignasse pour l'attacher en une demi queue de cheval, puis j'y attache un ruban blanc. Je me rends ensuite dans mon dressing pour décider comment m'habiller. Il n'y a pas de choix, de toute façon, j'avais oublié. Tenue obligatoire, jupe mi longue bleue, chaussettes longues et chemise blanches avec le supplément veste avec blason aux couleurs du lycée que je récupèrerai une fois sur place. Je mets des ballerines blanches avec une touche de bleu et grimace quand je me regarde dans le miroir. Qu'est-ce que c'est que cette horreur ? 

De toute façon, je n'ai pas le temps de détester ma tenue. Je jette un coup d'œil à mon emploi du temps et saisis mon cartable que j'avais déjà préparé la veille. Quand je fais irruption dans la salle à manger, mes parents sont déjà à table. Ils me font savoir que je suis très belle et quand je prends place, il est déjà 7h15. 

Je mange à peine, je n'ai pas d'appétit. Une boule se forme dans mon estomac et ma gorge est nouée. Mon père propose de me déposer, ce qui est devenu une habitude. Je ne sais même pas pourquoi il propose. C'est bien connu : Catherine ne sort presque jamais toute seule, à quelques occasions près. 

Ethan...

Je me surprends à espérer intérieurement, presque secrètement le retrouver là-bas. On ne s'est pas vus depuis la dernière fois mais j'ai essayé de retrouver son numéro que j'avais bloqué. Je ne sais plus comment me comporter si je le vois. Mais je sais que je dois paraître la plus froide et distante possible.

En voiture, le trajet se passe dans le silence le plus complet. Une vieille musique est diffusée par les hauts parleurs de la voiture, je la fredonne en même temps. 

— Anxieuse ? fit mon père. 

— Très...

Je me surprends entrain de tripoter les petites peaux mortes autour de mes ongles rongés. Il est 7h57 lorsque la voiture se gare devant le portail, attisant encore et toujours un regard envieux, admirateur de la foule d'élèves. Pardon, mais personne ne se trimballe en Rolls Royce en ville, un matin tranquille de rentrée scolaire. 

Nous devons arriver 30 à 15 minutes avant le début des cours. Je baisse ma vitre, tout le monde me dévisage. Dans leurs regards, un brasier de jalousie qui brûle. Je ne connais personne. Aucun visage ne m'est familier. Super. 

— Bon, je pense que je vais y aller, papa. Viens me chercher à 16h. 

— Accroche toi !

Je lui fais la bise et ouvre la portière pour descendre. Les regards ne me lâchent pas. Tête baissée, je me faufile dans la foule. La grande pancarte cuivrée affiche le nom du lycée écrit en doré. Une statue de la reine est prostrée devant l'entrée. Très imposante, Sa Majesté.

Le lycée est vaste, le hall bourdonne de bruits de voix confuses des élèves, des cris et des vociférations de ceux que je devine être des surveillants, et des injonctions incitant au silence. L'ambiance est nulle, ça sent le café froid et le papier partout. 

Les murs des couloirs sont tapissés d'affiches, des casiers gris sont castrés dans les murs. Pour un lycée d'excellence, vraiment rien de très innovant... Je marche et me faufile dans la masse de monde pour me frayer un chemin. La foule est d'autant plus dense auprès du mur des emplois du temps. Après quelques efforts, et quelques marques de semelles sur mes ballerines blanches, j'arrive à trouver mon emploi. Philosophie en premier cours, génial.

Mes yeux descendent le long de la liste des élèves de ma classe à la recherche de mon nom, que je trouve finalement au numéro 15. Aucun nom ne m'est familier et les noms sont classés au hasard. Lorsque mes yeux tombent sur son nom, j'ai l'impression d'entendre sa voix grave au fin fond de mes oreilles. Croyant d'abord à une hallucination auditive - ce qui m'arrive très souvent ces jours-ci - je chasse cette pensée gênante mais elle se concrétise quand un souffle chaud me titille l'oreille gauche, ce qui me glace le sang sur place. 

— Regardez qui je croise pile au moment où j'en avais besoin ! 

— Ethan... soulignai-je avec un sourire forcé après m'être retournée.

— Miller... il répond d'un sourire étirant ses lèvres charnues.

— C'est Catherine, fis-je d'une voix cinglante.

— J'aime bien ton nom de famille. Dis, c'est quoi ton deuxième prénom ? 

La question était assez brusque, prise au dépourvu, je lui réponds simplement.

— Theresa, j'ai repris celui de ma grand-mère. 

— Catherine Theresa Miller voudrais-tu bien... 

— Non, je ne t'épouserai pas ! criai-je presque, sentant mes joues prendre une teinte cramoisie. 

Il se tape le front et essaye d'arrêter un rire en soupirant tandis que j'essaye de m'extirper de la foule. 

— Non mais attends ! Je voulais juste que tu me montres la salle ! 

Mon cœur rate un battement et je m'arrête net. Qu'est-ce qui m'a pris de croire que... Je devrais arrêter de lire Jane Austen... 

— Tu devrais arrêter de lire trop de romans ! se moque-t-il. 

Tiens, on dirait que ma conscience communique avec Ethan... 

— C'est la salle numéro 6 dans l'aile A. 

Je ne me retourne même pas, morte de honte. Je vais récupérer mon blason près de ce qui me semble être un amphithéâtre, suivie de près par Ethan qui ne s'abstient pas à commenter quand je l'enfile. 

— Je veux juste savoir pourquoi tu me fais la gueule, il déclare, de son accent for prononcé. Je croyais que c'était cool entre toi et moi. 

Je m'arrête pendant quelques secondes le temps qu'il arrive à ma hauteur, puis, les lèvres pincées, je me risque de dire :

— Tu m'as ignorée pendant tout l'été, tu penses que revenir comme ça, comme une fleur, arrangera les choses ? 

Le brouhaha autour de nous s'accentue quand la sonnerie retentit brusquement, incitant tous les élèves à rejoindre leur salle de cours. 

— Je.. ne t'ai pas ignorée. 

Sa voix se dissipe avec le bruit, je continue de marcher, tête baissée à ses côtés. 

— Je suis désolé, vraiment. 

— Tu t'excuses beaucoup, remarquai-je. 

— C'est ce que je ressens beaucoup, surtout envers toi.

Sur ces derniers mots, nous entrons en classe.

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