Je fus réveillée par une secousse.
Ma tête partie d'elle-même sur le côté, cognant une surface en verre.
Aie !
Je grognai de douleur, me frottant le front d'une main. Soudainement, des images surgissent brutalement dans mon esprit. Le cœur battant à une vitesse hallucinante je regardai autour de moi, paniquée.
J'étais dans une voiture, neuve, si je me fiais à l'odeur du cuivre. Je jetai un coup d'œil à mes mains pour ensuite passer à ma poitrine. Je me figeai.
-Eh merde.
Les yeux écarquillés, j'observai la peau neuve orner mon épaule droite. Il n'y avait plus aucune trace de blessure et la seule chose qui m'empêchait de douter que j'avais été réellement blessée, était le sang qui imbibait mon chandail ainsi que le déchirement du tissu causé par le coup de crocs du chasseur.
Je guérissais rapidement, comme tous les métamorphes. Mais l'état de fatigue et de faiblesse dans lequel je me trouvais ne m'aurait pas permis de guérir aussi rapidement. C'était tout bonnement impossible !
Je tournai la tête vers la gauche et encore une fois, tous mes muscles se figèrent. Des yeux bleus semblables à la mer m'observaient, amusés. Des traces d'hématomes lui recouvraient la moitié droite du visage. Ses cheveux noirs étaient ébouriffés, lui donnant un air d'enfant qu'on venait de sortir du lit. Ce qui ne collait aucunement avec son image, croyez-moi.
Ma louve gronda en voyant ses yeux fixés sur nous, la queue battante. Contrairement à moi, elle voyait en lui quelqu'un de confiance, ce qui me surprit grandement.
Je hoquetai de surprise en voyant le trou béant au niveau de son abdomen, laissant à découvert des abdos bien dessinés. Je déglutis, chassant l'envie de passer ma langue sur cette peau soyeuse. Il plissa les yeux dans ma direction, comme s'il lisait dans mes pensées. Super !
— Alors, réveillée la belle au bois dormant ?
Je sursautais, surprise d'entendre une seconde voix. Je me cognais pratiquement la tête sur le toit de l'auto, me retrouvant à observer devant moi. Deux types s'y trouvaient, confortablement installés. Je reniflai. Des loups.
Le propriétaire se tourna sur son banc pour me faire face.
En voyant son visage, j'en restai bouche bée. Ses cheveux légèrement ébouriffés étaient d'un blond éblouissant, ses yeux étaient d'un bleu océan tellement profond que j'aurais pu me perdre dans son regard. Sa mâchoire était légèrement massive et des lèvres bien dessinées accomplissaient merveilleusement bien son visage.
— Jaxon, dit-il en me tendant sa main que je pris doucement. Mais tout le monde m'appelle Jax, dit-il en souriant.
Jaxon. Son sourire se fit rassurant. Mes muscles se relâchent un peu alors que ma louve l'épiait, les oreilles bien droites.
—On ne te veut aucun mal, dit-il doucement.
Un grognement sur ma droite attira mon attention. Je ne baissai pas les yeux face à ses prunelles, mais une image nette et précise se dessina dans mon esprit. Son nom se répéta en écho dans ma tête, jusqu'à me la faire tourner en bourrique ! Ma louve réagissa, montrant les crocs à son tour. L'envie de découvrir le goût qu'il avait fut chasser rapidement, laissant place à la colère.
-Toi !
Les yeux scintillants, je lui sautai dessus. Sous mon poids, la ceinture de sécurité explosa, la faisant voler dans la voiture. J'attrapai son menton entre mes mains et le tira vers moi. Surpris, Hayden ne montra aucune résistance. Malgré le petit espace dans lequel on se trouvaient, je réussi à passer ma jambe autour de sa hanche, le faisant chuter sous moi. Je me retrouvai en califourchon sur lui, qui étendu sur la banquette arrière, m'observa dans les yeux.
J'entendis quelqu'un jurer. La voiture dérapa un instant vers la droite avant de se stabiliser rapidement. Les crocs en dehors, je lui frôlais la peau du bout des griffes, le menaçant.
-Je t'ai vu, crachais-je. Dans les souvenirs de cet enfoiré !
Hayden garda un visage neutre. Me surprenant, il ne tenta pas de se défaire de ma prise, gardant ses yeux dans les miens. Ma poitrine se leva au rythme de ma respiration saccadée.
-Je n'ai aucun lien avec lui.
Sa voix se fit plus rauque. Je pouvais sentir la colère qui l'entourait, mais la mienne n'était en aucun cas comparable ! Je grondai, lui lançant un regard noir.
-Ne me mens pas ! Tu es le fils d'un putain de meurtrier...
Le grognement qu'il lâcha me glaça le sang. Ses beaux yeux bleus l'avaient quitté pour laisser place à deux billes vertes scintillantes. Sous moi, je pouvais sentir ses muscles tendus, tremblants.
-Fais attention, murmura-t-il.
Je me figeai. Une alarme sonna dans ma tête, baissant d'un cran mes envies de meurtre. Je passai ma langue sur mes lèvres, les humidifiant. Ma louve, la tête entre ses pattes leva les yeux, montrant les crocs. Merde, son odeur...
-Tu ne peux pas me blâmer pour quelque chose que je n'ai pas fait, cracha-t-il. Je veux sa tête à mes pieds autant que toi, ne t'inquiète pas pour ça ma jolie.
Je fermai les yeux, appréciant la manière dont le petit surnom roula sur sa langue. Malgré moi, le désir se rajouta, me faisant serrer la mâchoire. Le tissu de mon pantalon frotta contre ma peau sensible, me faisant jurer. Il fallait que je sorte de là !
D'un geste rapide, je tentai de m'éloigner.
-Oh non beauté, tu ne m'échapperas pas comme ça !
Avant que je ne puisse m'enfuir, Hayden posa une main dans mon dos, me tirant vers lui. Il leva la moitié de son corps, approchant dangereusement sa tête de la mienne. Les griffes disparues, je m'accrochai par réflexe à ses épaules.
-S'il te plait, le suppliais-je.
Il me fit un sourire, ses yeux bleus revenus avec une fièvre brûlante. Je me giflais mentalement. Mais de quoi avais-je l'air de le supplier comme cela ?! Je détournai le regard de ses lèvres charnues, tentant de calmer la chaleur qui se répandit dans tout mon corps.
-Oh non, dit-il en attrapant mon menton.
J'essayai de me défaire de sa poigne, mais il la serra. Bloquée dans son regard, je retins ma respiration.
-Tu me veux ?
Sa main qui était posée dans mon dos se fit un chemin sous le tissu, frôlant du bout des doigts ma peau sensible. Un frisson me parcourut, me faisant fermer les yeux.
-Non.
Mensonge.
Il poussa un petit rire, laissant sa main s'aventurer près de mes côtes. Toujours les yeux fermés, je bougeai le bassin, usant de mes dernières cellules encore intactes pour essayer de me soustraire de sa poigne. Il gronda, enfonçant ses ongles dans ma peau. J'arrêtai automatiquement de bouger.
-Ne fais pas ça, dit-il la voix base. Si tu continues à bouger de cette manière, je te promets de te baiser sur ce siège, seuls ou pas.
Oh mon dieu. Mon corps réagit aussitôt. Ma peau était moite, mon souffle rapide et une délicieuse sensation me tira le bas-ventre. Félicitation Alison, te voilà excitée sur un homme que tu connais à peine et qui en plus de cela, se trouve à être le fils malheureux du tueur de ta mère. Avais-je précisé que nous n'étions pas seul ? L'avais-je dit ? Je ne crois pas non.
Ma louve m'observait, la langue sur le côté de la gueule. Elle semblait me faire un sourire canin, appréciant l'aura de dominance qu'Hayden projetait. Sale traître !
-On nous a suivis, nous coupa le conducteur. J'ai dû prendre un petit détour pour les semer.
Les cellules grillées se reforma rapidement, me donnant la force de refouler mes envies de retirer tous les vêtements du beau mâle. Hayden fronça les sourcils, attrapa son téléphone dans sa poche arrière. Je tentai de m'éloigner, mais il me lança un regard d'avertissement, sortant les griffes. J'arrêtai de bouger.
-C'est moi. Des gens nous ont pris en chasse mais Rayan les a semés.
Il eut une brève pause. Le regard du loup se fit plus sombre.
-Je vois. D'accord, ne faites rien avant que j'arrive, compris ?
Il raccrocha, lançant son téléphone vers l'avant.
-Ce sont des loups, dit-il en crispant la mâchoire.
Des loups ? J'allais lui poser la question quand soudainement, la voiture s'arrêta devant un portail. Je levai la tête, jetant un coup d'œil à l'extérieur par le pare-brise. Trois autres voitures, semblables à des vans se trouvaient aussi devant la grille.
-Ils sont là.
Hayden gronda, passant son bras autour de mes hanches. Il me leva comme une simple poupée, me faisant pousser un petit cri de surprise. De son autre main, il ouvrit la portière.
-Allons-y.
Je me retrouvai sur mes pieds, encore sous le choc. Mais qu'est-ce qui se passait bordel !? Hayden me suivit rapidement, fermant la portière dans un énorme fracasse. Je jetai un œil pour voir si les gonds n'avaient pas explosé. Une dizaine de personnes se trouvait devant les voitures. Ils tournèrent la tête dans notre direction.
-Fallait vraiment attirer l'attention, dis-je en soupirant.
Malgré le peu de repos que j'avais eu, mon corps me faisait encore un mal de chien ! Je vérifiais rapidement si mes barrières étaient bien solides, ne voulant pas prendre la chance de me mettre vulnérable à nouveau.
-Ils te disent quelque chose ?
Jaxon nous avait rejoint, la mine grave.
-Non, dit Hayden en plissant les yeux.
Un homme avec des cheveux bruns descendit de l'auto en claquant la porte à son tour. Faisant une tête de plus que moi, je fus surprise de voir qu'il était plus frêle que ses deux congénères. Pourtant, en regardant dans ses yeux verts, je sus qu'il était autant dangereux que les deux autres loups.
— Ryan, dit Hayden en l'observant. Tu l'as déjà vu ?
-Non. Nos gars sont devant la grille, ils nous attendent.
Hayden hocha la tête. Il posa brièvement ses yeux sur moi et me surpris en logeant sa main dans la mienne. Dès que nous fûmes dans leur champ de vision, la tension se fit palpable. L'homme qui se tenait devant la petite troupe observa chacun de nos gestes. Ses yeux se baissèrent sur nos mains enlacées, lui faisant même froncer les sourcils.
Ma louve tourna en rond, n'appréciant pas la lueur d'émerveillement dans les yeux de l'inconnu. Voyant mon inconfort, Hayden lâcha ma main et me prit par la taille en grognant sur l'homme. Celui-ci avait une peau basanée et des yeux sombres. Il avait des cheveux bruns coupés très court ainsi qu'une barbe de trois jours. Il n'était pas aussi grand et costaud que mon beau mâle, mais il prenait tout de même de la place. C'était typique loup-garou.
Trois hommes se tenaient de l'autre côté, faisant face à la meute. Leur muscles tendus firent monter mon angoisse d'un cran.
Quand nous fûmes enfin près d'eux, Hayden se positionna devant ses loups, les épaules tendues. C'était un acte tout simplement naturel pour un alpha.
— Que fais-tu sur mon territoire, grogna Hayden en serrant sa prise sur ma taille.
La réponse de l'inconnu ne se fit pas tarder.
— Je suis venu te prévenir, répondit l'autre loup en posant son regard sur moi.
Je fronçai les sourcils, levant la tête afin de le défier. Le loup eut un bref rictus, m'observant. Me surprenant, Hayden me colla plus près de sa chaleur. Ce serait mentir de dire que je ne trouvais pas cela réconfortant. Son torse vibra alors qu'il montra les crocs. Mon instinct me fit défaut. Je posai ma main sur son torse.
— Parle, dit-il froidement ce qui me fit frissonner de plaisir.
Je levai les yeux au ciel pour moi-même. L'épisode de la voiture devait me coller encore à la peau, ouais, c'était probablement pour ça.
Le loup ne broncha pas, même si je vis ses muscles se raidirent.
— Mon Alpha aimerait acquérir ton oméga, dit-il en promenant son regard sur moi, ce qui me fit grimacer de dégoût.
Des grognements brutaux s'élevaient dans la meute d'Hayden.
— Pas question, dis-je par pur réflexe.
Au son de ma voix, le loup qui était sûrement le bêta de la meute reporta son attention sur moi.
— On ne prend pas la compagne d'un alpha, dit Jaxon en grognant.
La compagne?
— Ta compagne, demanda, surpris le bêta de l'autre meute.
T'inquiète mon grand, on avait manqué le même épisode ! Je tournai la tête pour observer Hayden, les sourcils froncés. Mais il m'ignora, les yeux brulants de rage, il fixait le loup.
— Elle est à moi, dit-Hayden en me rapprochant de son corps. Et si ton alpha n'a pas assez de couilles pour venir lui-même, ce n'est pas mon problème.
Le bêta serra la mâchoire due à l'insulte qu'Hayden venait clairement de lancer au sujet de son alpha.
— C'est drôle, dit-il en penchant la tête. Je ne vois pas de marque qu'elle t'appartient.
Hayden serra la mâchoire.
-Elle est sous ma protection...
-Et elle peut devenir sous notre protection, le coupa-t-il. Tu n'as aucun pouvoir sur elle ! Cette femme ne fait pas parti de ta meute, je sais d'où elle vient.
Mon dieu, mais comment la nouvelle s'était répandue aussi vite !? Surtout, comment il savait que j'allais me retrouver sous sa protection alors que moi-même je n'avais pas été au courant ? Un grognement rauque me tira de mes pensées.
— Je vais la marquer, ici et maintenant devant toi, dit-il en souriant lubriquement. Et la déclarer comme ma compagne !