" Chaque blessure laisse une cicatrice
et chaque cicatrice raconte une histoire,
une histoire qui dit :
- J'ai survécu ! "
***
1000 ans plus tôt
Caché derrière l'un des nombreux chênes, un petit garçon aux cheveux blonds a les yeux braqués sur le chevreuil qui cherche de quoi se nourrir sous ce manteau de feuilles épaisses. Son frère, à ses côtés, lui murmure de respirer profondément.
La corde de l'arc est bien tendue, la flèche pointée en direction du cervidé. L'enfant est si concentré que rien ni personne ne pourrait le distraire.
— Maintenant ! lui murmure son ainé.
En toute confiance, le plus jeune lâche la corde, sa flèche se faufile jusqu'à finir sa course sur un tronc.
En regardant le chevreuil s'enfuir, il reste silencieux sans vouloir montrer la déception qui a envahi son cœur d'avoir tout simplement... échoué.
— Tu vises de mieux en mieux... la prochaine fois, tu y arriveras ! le rassure son ainé avec bienveillance.
Les deux frères se regardent avec complicité. Une alchimie, une fascination, un lien inexplicable
— Tu l'encourages Elijah ? résonne une voix masculine qui les a fait sursauter. Il devient chaque jour de plus en plus pathétique !
— Je ne suis pas pathétique ! se défend Niklaus.
— Silence !...Ne me parle pas. Tu n'es pas digne de tenir cette arme, lui arrache t-il l'arc des mains, si tu ne sais pas chasser alors tu n'es qu'un fardeau !
— Je suis désolé, s'excuse tristement le plus jeune.
— Ce n'est pas en pleurnichant que tu garniras notre table, raille Mikael en l'attrapant par le col de sa chemise. Tu n'es vraiment qu'un bon à rien ! crache-t-il avant de le frapper si fort que l'enfant s'écrase au sol sous les coups de son bourreau.
— Père, arrêtez ! quémande Elijah.
— Ne t'approche pas, hurle t-il sur son fils ainé. Ou je m'occuperais de ton cas !
Et tandis qu'Elijah est contraint d'abandonner, son père poursuit :
— Le garçon a besoin de s'endurcir un peu, termine Mikael en le frappant à nouveau, ignorant les plaintes de Niklaus.
Klaus
La situation devient hors de contrôle alors que je pensais avoir construit le puzzle, chaque pièce avait trouvé sa place, enfin presque. Depuis que j'ai appris que Caroline est enceinte, des images de mon enfance défilent dans ma tête sans m'offrir le moindre répit. Et aucun de ses souvenirs n'est positif. Bien au contraire, elles me font mal.
Je regarde la bouteille de Bourbon dans ma main. D'un geste rapide, je la lance contre le mur en brique. Bien qu'elle soit restée intacte, ce qui en premier lieu m'interpelle, le filet d'alcool qui restait à l'intérieur vient recouvrir le sol.
La porte-fenêtre donnant sur le balcon s'ouvre à nouveau et j'en soupire d'agacement.
Pourquoi refuse-t-on de me foutre la paix ?
— Si tu es venu pour me féliciter sur ma future paternité, je te conseille vivement de retourner d'où tu viens avant que je ne perde le contrôle et me décide à t'étouffer avec tes dents, je crache, menaçant.
— Le jour où je voudrais te féliciter sur ta paternité, je t'offrirais une petite carte, tu sais celle du genre où lorsque tu l'ouvres, une musique assourdissante retentit à t'en donner mal au crâne, me répond Chris.
Je le regarde sans réelle expression. Peut-être que lui arracher la langue serait tout aussi judicieux. La sienne est toujours bien pendue.
— Tu ne le feras pas ! me dit-il en ayant surement entendu mes pensées morbides.
Je soupire de lassitude.
Le simple fait qu'il puisse en douter m'agace. Étant redevenu un hybride, l'hybride originel, il ne peut plus rivaliser avec moi. Sa force n'est plus rien comparer à la mienne. En est-il conscient ?
— Et pourquoi ça ? je demande en me retournant sur lui
— Parce qu'avoue-le... tu m'aimes bien ! me dit-il accompagné d'un sourire amusé.
J'arque un sourcil et l'observe attentivement.
— Chris si tu n'es pas là pour un serment comme tu me l'as certifié un peu plus tôt, qu'est-ce que tu fais là ? je l'interroge.
— J'ai quelque chose pour toi ! dit-il tout en déposant un sac à mes pieds.
D'un signe de tête il m'invite à l'ouvrir et alors que je le fais, j'y découvre tout un arsenal d'armes, certaines semblent d'ailleurs très anciennes.
Instinctivement, mes yeux se posent sur une épée. Je libère sa lame de son fourreau pour l'observer avec plus d'attention. Lui me regarde faire, sourire aux lèvres.
— Elle appartenait à ton père ! m'apprend t-il avec bienveillance.
A son aveu, mon coeur rate un battement.
— Comme tu doit t'en douter, elle était précieuse pour le mien mais maintenant qu'il n'est plus là... , s'arrête t-il, n'arrivant pas à en dire davantage.
C'est sans doute l'une de nos plus grosse différence parce que moi la mort de mon père me fait ni chaud ni froid.
— Je pense que tu devrais la garder !
Même si un simple merci aimerait sortir, il ne franchit pas mes lèvres.
Mon père biologique restera pour moi semblable à un mythe qu'on arrive à toucher du bout des doigts. Même si aujourd'hui j'en sais davantage sur lui, l'image paternelle que je conserve, reste et restera Mikael. Cet homme qui m'a élevé, cet homme qui m'a détruit.
— Qu'est-ce que c'est ? demandé-je en lui montrant le fond du sac où une dernière arme est précieusement emballée.
— Ma préférée ! me dit-il, les yeux pétillants.
Je le regarde la déhousser et ce que je découvre me glace le sang.
Aussitôt, les images de mon enfance ressurgissent à nouveau dans ma mémoire telle des démons loyaux.
...
" —Tu n'es pas digne de tenir cette arme " me crache Mikael en m' arrachant l'arc des mains, si tu ne sais pas chasser alors tu n'es qu'un fardeau !"
...
— Il appartenait à mon père, c'était son arme de prédilection, m'apprend Chris en me faisant revenir au moment présent.
D'un geste habile, il le sort et l'exhibe sous mes yeux.
Je déglutis difficilement. À la vue de cet arc, j'ai replongé dans mes démons intérieurs.
Depuis le début, tout ceci n'était-il pas un stratagème de sa part pour m'atteindre ? Je me pose la question.
Après tout, il me l'a déjà dit, mon histoire a bercé son enfance.
— Tout le monde n'est pas fait pour devenir père ! lâché-je.
Chris réfléchit posément puis répond :
— Si tu ne te donnes pas les moyens d'essayer, tu ne pourras pas le savoir. Et puis... tu n'es pas lui !
— Cela on n'en sait rien ! dis-je d'une voix peinée.
Parce que le si peu que j'en sais, je me retrouve plus en Mikael que en un Roi Loup vénéré par son peuple.
— Le simple fait que tu t'en soucies ne fait-il pas de toi quelqu'un de différent ?
La pression accumulée semble se relâcher doucement même si celle-ci est encore bien présente. Je suis convaincu que tout était un stratagème mais peu importe, ça a fonctionné. Chris est arrivé à moi et à la différence du reste de ma famille je l'ai laissé entrer sans me méfier. On dira ce qu'on voudra mais même si aujourd'hui avec mes frères et sœurs nous avons trouvé une certaine paix les uns avec les autres, on ne peut pas oublier un millénaire de trahisons, de déceptions que notre famille porte sur ses épaules.
Alors qu'avec lui, malgré un début difficile, la page est blanche.
Mes yeux se posent à nouveau sur le quartier français. Au loin, des pas résonnent comme des tambours de guerre. Nos ennemis approchent et en grand nombre, tout est une question de temps maintenant.
Caroline
Au QG, tout le monde s'agite ce qui signifie que la guerre est imminente. Je regarde une dernière fois mon reflet dans le miroir. Dans cette tenue, mon petit bidon se dessine. Plus rien ne semble m'arrêter, il est temps de prendre les choses en main, j'en ai le pouvoir. Je tortille mes doigts et laisse des étincelles en sortir. Cette fois, je suis prête et étrangement, je me sens forte.
— Je n'y arriverais pas ! résonne une voix derrière moi.
Je me retourne sur Klaus et croise mes bras sur ma poitrine.
Mon regard est froid, fermé tout comme l'est ma posture. Je veux qu'il comprenne que ses mots m'ont réellement blessée. J'ai été suffisamment patiente. En sa présence, je me suis révélé en tant que femme. À mon tour de faire honneur à cette nouvelle Caroline.
— À être celui que tu veux que je sois ! continue-t-il.
— Je ne t'ai jamais demandé d'être parfait, Klaus.... tout ce que je te demande c'est d'être là, d'être là pour lui !
— Crois-tu réellement que même si je le pouvais, je le voudrais. Es-tu consciente qu'il peut te tuer ? Te tuer toi ! Toi qui a été capable un jour de m'aimer ?
— Lui aussi te donnera de l'amour. D'ailleurs, il t'aime déjà ! lâché-je d'une voix émue.
— Ne sois pas stupide !
— Au fond de toi tu sais très bien que la magie de Magellan n'aurait pas du fonctionner pas après ce que Rebekah a fait !
— Arrête, s'il te plaît ! il soupire d'un air las.
— C'est lui qui a fait en sorte que ça marche ! Il l'a fait pour TOI, parce que c'est ce que TU voulais ! Quand Silas m'a attaqué, il a bâtît un bouclier pour me protéger et lorsque tu as été projeté dans le vide il en a créer un autre pour te rattraper, c'était encore lui. Il t'a protégé !
— Silas et son armée de loups approchent, je veux que tu restes en arrière, me dit-il en changeant brusquement de sujet.
— Quoi ? Mais non !
— Il n'y a aucune négociation possible, tu restes à l'intérieur du QG ! raille-t-il avec froideur
— Tu ne me fais pas confiance, tu me prends toujours pour cette petite Caroline faible !
— Je n'ai jamais pensé une telle chose, Caroline ! s'énerve-t-il.
— Alors, laisse-moi combattre à vos côtés, je me sens forte, je peux utiliser notre lien d'Alpha et les pouvoirs du bébé.
— L'ennemi que nous devons combattre dépasse tout ce qu'on a connu jusque-là et je me dois de rester concentrer et ne pas me faire du souci pour toi ! me dit-il d'une voix bien plus douce. Alors s'il te plaît je te le demande, restes à l'intérieur.
— Très bien ! je raille à regret.
Ses mains prennent mon visage en coupe, ses yeux se noient dans les miens et mon corps entier tremble. J'ai subitement le souffle qui devient court, mon cœur bat la chamade à m'en épuiser. Quelques minutes plus tôt, j'étais tellement en colère contre lui et à sentir son contact maintenant je me sens toute chose.
Comme l'a dit un philosophe, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Aujourd'hui, cette citation tient tout son sens.
Je n'attends qu'une chose que sa bouche prenne d'assaut la mienne pour évacuer toute cette frustration accumulée. Il se penche vers moi et je ferme les yeux prêts à ressentir le contact de ses lèvres. Seulement, ses dernières se déposent sur mon front et au fond je ne comprends pas. Pourquoi ?
Est-il toujours en colère contre moi ? L'annonce de ce bébé a-t-il réellement brisé quelque chose entre nous ?
— N'oublie jamais à quel point je t'aime, Caroline ! me dit-il d'un regard si pénétrant qu'il me saisit sur place.
Rebekah
Nik m'a demandé de faire le plein d'armes mais je me trouve paralysée devant le sac sans en toucher une seule. En vérité, je suis pétrifiée.
En ressentant une pression dans mon dos puis deux bras qui m'enlacent, mes paupières se ferment. Ma tension s'apaise doucement. Ses lèvres viennent déposer des baisers à la naissance de mon cou. Je pose mes mains sur les siennes et entrelace nos doigts.
Dans le sens des aiguilles d'une montre, je pivote vers lui.
— Nik m'a donné ça ! lui dis-je d'une petite voix en lui faisant découvrir de petites fioles en verre. Chacune d'elle est remplie de son sang, avoué-je tandis que lui se tend telle la corde d'un arc. C'est pour nous protéger du venin des loups lors de l'attaque, j'explique . Il est convaincu que je suis redevenue une immortelle !
— Rebekah, dit-il d'une voix posée, rassurante, tu n'auras pas à te battre. C'est nous qui serons en première ligne. Magellan restera concentrée sur son sort de protection afin que nous soyons les seuls à pouvoir rentrer dans le QG.
— Nik ne me laissera jamais à l'intérieur, pas en me croyant un vampire. Pas en sachant ce que mon statut d' originel est capable de faire dans un combat.
— C'est déjà arrangé ! avoue-t-il
— Tu lui as dit ! lâché-je paniqué. Pour le bébé ?
— Non ! finit-il dans un rire. Je ne pense pas que ce soit vraiment le moment si je tiens à garder ...mes dents.
— Quoi ? je m'inquiète alors que lui sourit.
—Je lui ai suggéré que si jamais la situation nous échappe, Caroline et Magellan pourraient avoir besoin d'aide et quoi de plus efficace qu'un vampire originel à leurs côtés ?
— Mais toi et moi savons que je ne le suis plus !
— Oui, mais comme tu l'as dit... lui ne le sait pas !
— Sais-tu à quel point tu es rusé ? Tu es sûr que tu n'as pas de sang de renard ?
Il pouffe de rire et admet en avoir déjà la couleur.
— Fais attention à toi, Chris, je ne suis pas rassuré de te savoir en première ligne, j'ajoute avec sérieux.
— Tu oublies que je suis difficile à tuer !
— Il arrive aussi que la chance tourne !
Et je ne peux ignorer toutes les fois où la faucheuse s'est penchée sur lui.
— Rebekah, ma chérie, attrape-t-il mon visage dans ses mains.
– N'oublie pas, n'oublie jamais ces mots : Je reviendrais, je te le promets.
Je le regarde partir tout en soupirant. A cet instant, je me hais de ne pas avoir le courage de lui dire à quel point je l'aime.
Si moi je crois que je l'ai aimé dès la première seconde, cela n'en a pas été de même pour lui et au fond je crains de le mettre dans une position inconfortable dans laquelle il ne pourrait pas encore me retourner mes mots.
— Chris, l'appelé-je.
Instantanément, il s'arrête dans ses pas et se retourne sur moi.
— J'ignore pourquoi ce matin tu m'as posé cette question mais je veux que tu saches qu'à ce que j'ai vu du futur, je ne te trouve en rien différent.
Comme si ma réponse le soulageait, comme s'il en avait eu tant besoin, je distingue tous les traits de son visage se détendre.
— Merci ! m'accorde-t-il un sourire sincère.