L'échiquier

Od Yukichee

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Dans une cour où il n'y a que mensonge, trahison et manipulation des meurtres ont lieu. C'est pendant que cel... Více

Chapitre 1

Chapitre 2

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Od Yukichee

Doucement mes paupières se ferment. Je ressens une totale plénitude. Je suis apaisée et confiante. Après plusieurs années dans la cour, je ne me suis, je pense, jamais sentis aussi bien et heureuse. Alors que pour une fois et depuis longtemps je commence à sombrer dans un sommeil profond, je sens quelque chose de froid se glisser sur ma poitrine, remonter le long de cou...

Je me réveille en sursaut, il fait encore nuit, le soleil ne s'est pas levé. J'ai failli m'endormir totalement. Je ne le dois pas. Je n'en ai pas le droit. Je me lève de mon lit. Je dois marcher, aller prendre l'air, faire quelque chose. De toute façon je n'arriverais pas à me rendormir. Je le sais, ça a toujours été ça depuis l'événement. Je n'appelle pas Annabelle et m'habille de ma tenue d'équitation. J'ai demandé qu'on me coud un pantalon afin d'être plus à l'aise à cheval, je sais que ce n'est pas très conventionnel mais je préfère. Enfiler un pantalon et ne pas mettre de corset me fait du bien, les robes d'équitation sont certes splendides mais elles peuvent être un véritable calvaire à porter. Après m'être fait une simple queue de cheval je sors de ma suite et me rend directement aux écuries. Il est encore tôt et les seules personnes présentes sont les domestiques et écuyers. Je me dirige immédiatement vers le box de mon étalon, Astre, qui me suit depuis plusieurs années. Je demande qu'on me ramène le matériel nécessaire pour le brosser et le seller, j'ai toujours tenu à le faire moi-même, dès que je le pouvais. Dès qu'on m'apporte un seau avec des brosses, je prends l'étrille et la passe sur sa robe isabelle. Cela me détend immédiatement et éloigne les cauchemars qui me hantent.

Une fois en selle, je file sur le chemin menant à une balade autour du château que j'ai sillonnée un nombre incalculable de fois avant de partir. J'aime voir le soleil se lever, ses couleurs décliner dans le ciel, observer la rosée du matin qui s'est déposée sur le sol, le paysage se révéler à moi et respirer l'air frais et non celui lourd que je vais devoir bientôt retrouver à la cour. J'aimerais pouvoir rester éternellement ici.

Je retourne vers les écuries après ce qui me semble une heure de balade. Un attelage arrive en même temps et les domestiques se précipitent pour accueillir le visiteur. La diligence n'est pas celle de simples voyageurs, elle présente des dorures sur un écusson particulier. Je fronce les sourcils, personne ne doit arriver aujourd'hui que je sache et d'habitude, les visiteurs préfèrent l'entrée principale à celle des employés. Je descends d'Astre et m'approche, intriguée. C'est alors que je vois une tête blonde sortir et lorsqu'il se retourne, je reconnais tout de suite les traits de son visage. Depuis hier soir, tout le monde les connait. Il regarde d'un côté puis de l'autre et fini par m'apercevoir. Il sourit pendant que je me dirige vers lui. Je passe les rênes d'Astre à un écuyer puis fait une brève révérence, qu'il me rend, surpris.

— Votre Altesse, nous n'attendions pas votre arrivé si tôt ! Je suis ravie de faire votre connaissance.

— Madame, c'est un plaisir de faire votre rencontre, croiser une aussi jolie femme dès mon arrivé. Cependant, je souhaiterais que celle-ci reste sous silence pour le moment.

— Je ferais comme vous le désirez et resterais muette comme une tombe. Mais c'est mademoiselle, s'il-vous-plait.

Après avoir dit ces mots, je commence à m'éclipser, pressée de retourner dans ma chambre. Mais il me retient d'un cri, et je fis volte-face.

— Mademoiselle !

Cette fois je pris le temps de l'observer un peu plus. Il portait une tenue de son pays. Une chemise bleu roi, près du corps, parsemée d'un effet de paillettes argentées, faisant penser à un ciel étoilé et accompagnée d'un long manteau noir. Lorsqu'il était descendu j'avais pu apercevoir le début d'une constellation sur son dos. En tant que digne Astréméistidien il se devait toujours de revêtir un vêtement qui rappelle leur passion pour l'astrologie. Il dégageait une aura calme, posée et presque, je dirais, innocente.

— Puis-je vous être d'une quelconque aide ?

— Répondez juste à cette question. Comment savez-vous qui je suis ?

— Ici, rien ne reste secret très longtemps. Votre portrait a fait le tour de la réception d'hier soir. Je vous assure que vous êtes connu de tous. Être le fiancé d'une princesse n'est pas des plus discrets, surtout, quand c'est le roi lui-même qui annonce les fiançailles.

Il me regarde, surpris par mes propos.

— Puis-je vous donner un conseil, Votre Altesse ?

— Je vous en prie.

— Si vous voulez ressortir vivant, faites attention à vos arrières. Car bien des prétendants ont été éconduits à la course au trône, et vous en tiennent pour responsable. Je vous conseille donc d'avoir un mercenaire près à vous protéger jour et nuit. Mais je suppose que vous avez déjà ne serait-ce qu'un soldat pour vous accompagner, vous protéger ?

— En avez-vous un ?

— Oui. Moi-même. Ecoutez, personne n'a les mains propres ici. Sur ce, je vous laisse, au plaisir de vous revoir.

— Attendez ! Puis-je au moins savoir qui vous êtes ?

— Vous le saurez bien assez tôt.

Sur ces mots, je pars enfin. Je crains que s'il ne se montre pas plus hargneux, il ne reparte pas indemne.

***

Amandine se tient droite, un peu reculée derrière moi, elle s'apprête à faire son entrée à la cour à mes côtés. Elle est parée d'une robe couleur émeraude allant à merveille avec la couleur de sa peau noire et des bijoux, que je lui ai offert pour cette occasion, qui la mettent en valeur. Elle a un port de tête altier et ses yeux gris brille d'une lueur que je ne lui avais encore jamais vu. J'aurais pu retarder son entrée, à ce soir ou encore demain, avec l'arrivée du prince mais je me suis dit que mes plans ne devaient pas changer pour une personne. J'ai passé l'après-midi dans le boudoir des princesses à attendre ce moment avec impatiente. Mère pardonne moi pour ce qui serait pour toi un péché mais je sais que c'est ce que je dois faire. Le valet pied ne cache pas sa surprise lorsqu'il voit que je ne suis pas seule et que la personne qui est à mes côtés ne soit pas quelqu'un de la liste habituelle. Il n'ouvre pas la porte tout de suite et me demande d'une petite voix qui il doit annoncer, un peu honteux de ne pas connaitre son carnet de nom par cœur.

— Annoncé moi avec ma Dame de compagnie Lady Amandine Forestier.

Il reprend sa posture, droite comme un piquer et déclare d'une voix forte ce que j'attendais depuis longtemps.

— Sa Grâce la Duchesse Lydia de Merkay et sa Dame de compagnie Lady Amandine Forestier.

Une fois encore tous les regards se tournent vers moi à mon arrivée et je souris de l'effet que l'on crée. Fièrement nous descendons les marches pour rejoindre la cour, dans la salle en cette belle après-midi. Les rayons du soleil passant par les grandes fenêtres font briller sur le sol de la salle l'armoirie royal qui est peinte en feuilles d'or. Cette fois-ci personne ne vient à ma rencontre, ils se tiennent tous à bonne distance de moi. Ne croyant surement pas que j'ai osé faire cela, pensant surement que c'est une blague. Je prends l'initiative de m'approcher de mon cousin Stéphane. Il me fait un grand sourire, amusé. Je le lui rends dans ma tête mais restée impassible face à lui.

— J'aime quand tu surprends comme ça Lydia, tu ne pouvais pas faire meilleur retour.

Il se tourne ensuite légèrement vers ma dame de compagnie et l'analyse de haut en bas.

— Lady Amandine c'est un plaisir de vous voir parmi nous et je dois avouer ne pas être surpris. Votre tenue vous sied à merveille, vous devriez penser à porter plus souvent de tels toilettes.

— Ravie qu'elle vous plaise votre Altesse.

— Ça constitue un crime de vous restreindre à rester dans l'ombre de ma cousine, au simple rôle de servante. Je suis ravi qu'elle vous ai élevé au rôle de Dame de compagnies. Heureusement que vous êtes une femme qui sait se défendre car c'est une place convoitée. Je suis sûr que dans votre pays maternel vous seriez montée dans la hiérarchie sans crainte.

— A Erestros ma famille n'avait non plus aucun titre, nous étions de simple marchand de soie, votre Altesse. Je doute que j'aurais attirais le regard d'un noble. La Duchesse Lydia me permet d'avoir accès à de bien nombreuses choses dont je n'aurais jamais pu penser atteindre.

— Je suis sûr que c'est bien réfléchi, n'est-ce pas ma chère cousine ?

— Tu verras bien, mon cher cousin.

Amandine lui répondit d'une voix neutre et posée. Elle connait les dangers de la cour, elle est quelqu'un de raisonné et rusé, c'est bien pour cela qu'elle est mon espionne. La plonger dans la cour lui permettra d'avoir une plus grande vue d'ensemble dans ce rôle et grâce à elle je pourrais faire ce que je souhaite car toute l'attention sera fixée sur elle. Mon cousin, lui, me connait très bien et je sais qu'il a surement tout compris. Mais je sais aussi que je peux lui faire confiance, il ne me trahirait pas. Nous nous apprécions bien trop et connaissons chacun des secrets de l'autre, comme garantis pour ne jamais nous trahir. Enfin, je l'espère car ici nous ne sommes jamais à l'abri des coup bas.

— Si Lydia me permet de vous dérober à sa compagnie, Lady Amandine accepterez-vous de m'accorder votre première dance ce soir pour continuer à faire jaser ?

— C'est votre choix Amandine si vous voulez essayer de le supporter.

— Alors avec plaisir votre Altesse, ce serait pour moi un grand honneur.

— Et bien c'est décidé, votre première danse en tant que Dame de compagnie officielle sera avec moi.

Sans un mot Amandine acquise laissant transparaître un petit sourire. Mon cousin l'observe un petit moment avant de poser ses yeux sur la Marquise Hélène De St Andrée qui s'approche de nous. La canne sur laquelle elle s'appuie pour venir nous voir est sertie de diamant en son manche et fait un joli petit cliquetis sur le sol de la salle, il est difficile de la louper. Cette canne est la preuve de sa force et le vestige d'un des nombreux coups montés contre elle. Elle n'a pas l'un des titres le plus haut mais c'est une grande amie du roi, un peu comme son bras droit, sa confidente, cette place lui a valu beaucoup de convoitise. La Marquise dégage, en plus, une aura très fort et dès qu'elle rentre dans une pièce nous avons pris l'habitude, à la cour, de la saluer. Âgée de 65 ans elle est la plus ancienne de cette cour avec le roi. Ainsi que l'une des seule à y être resté et y avoir survécu aussi longtemps. Nous lui vouons tous par conséquent une grande admiration et la respectons beaucoup. J'ai beaucoup d'estime pour elle mais nous n'avons que très peu parlé ensemble je suis donc étonné de la voir venir à moi.

— Et bien duchesse qu'elle entrée ! Vous en faites jaser plus d'un, leur réaction est une délectation à mes yeux.

— Vous connaissez ma cousine, c'est toujours un plaisir pour elle de faire parler, son retour ne pouvais pas se faire dans la discrétion.

— Elle a raison et maitrise son entrée à la perfection. C'est pour cela que je tiens, personnellement, à la remercier pour ce spectacle très appréciable à voir et la belle créature que vous nous amenez là. Je crois bien que c'est l'une des premières fois qu'une noble amène sa Dame de compagnie à une soirée si sophistiquée, où nous allons faire la rencontre du fiancé de votre cousine. Au pique-nique c'est très courant mais comme vous le savez nos soirées, repas, sont plutôt très fermée.

— J'espère que cela ne vous déplaît pas mais je trouvais qu'Amandine méritait bien mieux que de rester dans mon ombre.

— Bien au contraire, j'aime la nouveauté et pouvoir observer un peu plus les visages de l'ombre. C'est un plaisir de vous rencontrer Lady Amandine et de vous revoir en forme Duchesse mais je crains déjà devoir vous laisser je viens de d'apercevoir ma fille arriver.

À peine a-t-elle dit cela qu'elle repart rejoindre sa fille, Annabelle, accompagnée de la Comtesse Astrid de Bastoyss à son bras. Marie m'a dit hier qu'Annabelle était devenue une sorte de mentor et d'amie pour Astrid depuis l'année dernière, qu'elles ne se lâchaient plus. Je doute que le père d'Astrid voit cela d'un très bon œil étant donné le dédain qu'il a pour la Marquise et sa fille. Amandine coupe le fil de mes pensées d'un léger coup de coude.

— Elle a deviné n'est-ce pas, me chuchote-t-elle.

— Je n'en doute point. Comme je vous l'ai dit, même si vous le savais déjà, fait attention à tout ce que vous faites, vous serez bien plus épiée que ce que vous ne le croyez. J'ai confiance en vous et votre intelligence. Scrutez le monde qui vous entoure autant que vous l'êtes.

***

Au bout d'un moment la musique commence à s'intensifier et Stéphane tend sa main à Amandine pour l'inviter à danser afin d'ouvrir le bal. Discrètement j'étudie qui nous regarde, je vois alors l'étonnement, le choc ou encore l'indignation paraitre sur plusieurs visages. Certaines femmes "chuchotent" leur scandale sous leurs éventails, ne cherchant même pas à être discrète. La Marquise De St Andrée qui remarque que je l'observe me fait un sourire, d'approbation, au coin.

C'est alors que je remarque une femme à laquelle je n'ai pas fait attention avant et qui n'était pas présente hier, se tenant près de mon cousin Charles. A proprement parlé je dirais plus qu'elle se colle à lui plus qu'elle ne se tient près de lui. Je cherche alors des yeux la femme de mon cousin, Jeanne, et fini par la repérer en train de discuter avec d'autres convives, ne faisant prêtant même pas un regard à cela. Cela fait maintenant plusieurs années que leur relation n'est pas au meilleur. Cependant, avant que je parte ils essayaient de montrer le contraire au public, ou en tout cas de ne pas se montrer si proche d'une autre personne, ils restaient cordiaux entre eux même si personne n'était trompé. Tout le monde sait parfaitement qu'ils ont chacun un amant et que peut-être leur second enfant n'est pas de mon cousin, même s'il l'a reconnu.


Dans ma tête j'essaye de me repasser le discours de Marie, lorsqu'hier elle m'a parlé des changements à la cour. Je veux me rappeler exactement ce qu'elle m'a dit sur cette femme. A la fin je n'écoutais plus totalement Marie lorsqu'elle parlait, ce qui est une erreur, je m'en veux de faire dès le départ une bêtise comme cela. Contrairement à ce que je crois d'elle, elle a dû évoquer, vers la fin, des choses bien plus intéressantes et sérieuses que des petites querelles. Elle ne sait pas gérer l'ordre d'importance des informations. Alors que je suis dans mes pensées une voix près de moi me fait faire un léger sursaut, je me mords la lèvre d'avoir était aussi distraite. Encore une erreur, à croire que je les enchaine.

— Elisabeth, toujours la même vipère. Votre pauvre cousin est totalement ensorcelé par elle, en temps qu'héritier il devrait faire plus attention, mais ce n'est que mon simple avis.

— Marquise ! Vous m'avez surprise.

— J'ai bien vu cela, jeune fille. Même si vous êtes impassible vous devriez essayer de rester plus attentive, pendant votre année à la campagne vous avez dû perdre l'habitude.

— Merci pour votre conseil... Elisabeth a donc gagné du pouvoir au sein de la cour ?

— Au que oui ! Et pas qu'un peu. C'est une femme des plus désagréable et on ne peut pas même pas agacer. Cela n'a pas changé en un an, je dirais même que cela s'est intensifié ! Vous rendez-vous compte que votre cousin m'a demandé de mieux la traiter après que j'ai un peu parlé sur elle. Il négocie même avec votre oncle pour qu'elle ait une place sur notre table à manger, un vrai scandale ! Ne vous frottez donc pas trop à cette femme, elle a plus d'un tour dans son sac et elle est prête à tout pour y arriver.

— Je vous remercie à nouveau pour votre conseil.

— Jeune fille, si je vous dis cela c'est bien parce que je vous apprécie. Vous ne craignez pas de montrer qui vous êtes et ne faites pas des coups en douce comme la plupart d'entre eux. Votre honnêteté est rafraichissante.

— Mon honnêteté ?

— Oui, votre honnêteté.

— Je...

— Pas besoin d'essayer de dire le contraire, j'ai raison, point. De tout de façon j'ai toujours raison. Vous avez bien fait d'aller vous ressourcer pendant un an, même si c'est une période un peu longue à mon gout. Moi-même je m'étais éclipsée quelques mois dans ma jeunesse, c'était il y a bien longtemps... Je suis certaine que vous revenez encore plus puissante que jamais. Et votre surnom, ici, est votre force contrairement à ce que vous pouvez le penser. La crainte que les autres peuvent avoir de vous nourrissez là.

Nous nous regardons un instant sans rien dire. Instant qui sembla s'arrêter dans le temps. Elle me fixait de ses yeux vert clair, volant comme me faire passer un message. Ce moment fut interrompu par l'arrivé du roi avec sa fille Lorraine.

— Mes chères amis ! En cette fin d'après-midi radieuse j'ai l'honneur de vous présenter ma fille Lorraine en tant que membre officiel de cette cour et son fiancé Orion d'Astréméistide.

C'est à ce moment qu'Orionapparu à côté du roi. Élégamment habillé, toujours dans un vêtementtraditionnel de son pays, il balaya son regard bleuté sur toute la salle etfinit par le fixé sur moi, me reconnaissant.

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