A dream come true [Français/E...

By anna_dion24

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Millie se retrouve à habiter avec Stray Kids pendant deux mois à la suite d'une surprise de sa meilleure amie... More

Note importante
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
(Long) Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Épilogue

Chapitre 15

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By anna_dion24

*  *  *

J'étais assis sur un tabouret de bois devant un canevas vide. Le blanc me suffoquait, me pressait de le ravager de coups de pinceau. J'avais mal. Non. Je souffrais. C'est pour cela que je me devais de peindre mon deuil sur la toile. J'avais besoin de me libérer de ma conscience.

J'empoignai mon outil et en noyai le crin lisse de rouge, rouge comme le sang que versait mon cœur à la pensée de ce que j'avais perdu. Le pinceau, comme une extension de moi-même, poignarda le blanc de chagrin. Les traits fins et épais traversèrent le canevas telle une envolée d'oiseaux.

Une bouche apparue. Elle était parfaitement dessinée; les lèvres pleines, les courbures douces et attirantes. Chaque mot que cette bouche avait prononcé, je l'avais bu avec avidité. Les uns après les autres, je n'avais jamais été à court d'admiration.

« Mon amour, comme je me languis de t'entendre parler à nouveau. Je sais pourtant que tu as proféré ta dernière parole. »

Des yeux prirent forme sur la toile. Asymétriques, chocolats, ensorcelants... j'avais tant de mots pour décrire leur beauté unique. J'aurais pu me perdre dans leur réconfortante chaleur pendant des siècles, mais le rouge rageur dans lequel je les avais peints me rappelait qu'ils n'étaient plus de ce monde. Une joie baignée de nostalgie s'empara toutefois de moi au souvenir de ses yeux.

« J'ai vu la lumière s'éteindre dans ton regard quand tu m'as quitté, mais mon tendre, jamais tu ne m'as autant manqué. »

Un nez s'ajouta au portrait. Les gens n'aimaient pas les nez, car ils les trouvaient disgracieux et seulement utiles à porter leurs petites lunettes prétentieuses. Je n'étais pas de cet avis. Un nez, même s'il coulait en hiver, s'il était gros et central, comme un perchoir tendu fièrement pour que les merles s'y perchent, complétait le visage de quelqu'un. La bouche enivrait les passants, les yeux ouvraient la porte sur l'âme et le nez, qu'il soit majestueux ou discret, harmonisait les faciès sans expression. Et alors que je portais un dernier regard à l'appendice olfactif que j'avais peint, le mien s'emplit de l'odeur métallique du rouge.

« Les gens ne t'ont aimé que pour ton argent et pour ton corps, mais moi, je t'ai aimé pour tout ce que tu étais. »

Des cheveux complétèrent finalement le portrait. Ils encerclaient le visage si divinement, comme un halo couronnait un ange. On aurait dit des vagues soyeuses s'écrasant sur un front blanc, des boucles simples ondulants sur un rivage calme. C'était une tignasse rebelle composée de délicates mèches qui donnait l'envie foudroyante d'y plonger ses doigts.

« Tu as toujours été le seul à mes yeux. »

Je posai mon regard sur mon canevas achevé. Mes mains tremblaient, ma respiration était saccadée et j'avais envie de déchirer les dizaines d'œuvres qui m'entouraient. J'avais versé tant d'émotions dans mon travail que je me sentais à présent vide. Je ne savais pourtant pas si ce néant se traduisait en libération de mon esprit troublé ou en mélancolie profonde. Peu importe duquel il s'agissait, j'avais fais ce qu'il fallait.

Je déposait mon pinceau à mes côtés et tournai mon regard vers le sujet du portrait. Son cadavre gisait à côté de moi, l'homme dont j'étais amoureux qui n'avait pu m'aimer en retour.

« Si je ne peux t'avoir, personne ne le pourra. »

Et ainsi, le rouge tourna au bourgogne, puis au brun. Le canevas sécha avec mes larmes.

« Je t'aime, » confessai-je à la toile couverte de son sang.

*  *  *

Cela devait faire deux heures que nous étions rentrés de la compagnie et presque une demi-heure que Hyunjin et Han se criaient par la tête. Je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle ils se chamaillaient aussi violemment, mais j'étais persuadée d'avoir entendu mon nom plusieurs fois. Dès que la tension avait monté entre les deux garçons, j'étais allée m'enfermer dans ma chambre. C'était une habitude que j'avais pris depuis un très jeune âge à cause des chicanes récurrentes qu'il y avait entre ma belle-mère et ses enfants. Dans ces moments, un mal horrible s'emparait de tout mon être et je ne pouvais m'empêcher de pleurer. À chaque fois, c'est comme si j'étais moi-même dans la bataille, mais que je recevais les reproches des deux partis. Cloîtrée dans ma chambre, loin de la source réelle du conflit, je me transformais en paratonnerre humain à toute la douleur des paroles proférées. Je n'avais jamais vraiment compris pourquoi je réagissais ainsi outre mon diagnostique d'hypersensibilité, mais je savais que mon empathie me tuait à petit feu. Je m'étais enfoncée une lame dans le cœur et je ne pouvais m'empêcher de laisser les autres la retourner pour agrandir la plaie.

Les cris s'étaient calmés, mais je restai tout de même dans ma chambre, sachant que je ne pourrais pas supporter l'atmosphère tendue qui devait régner dehors. Je ne voulais pas non plus que les garçons voient mes joues mouillées de larmes qui avaient échappé à mon contrôle. Le cahier dans lequel je m'étais défoulée reposait ouvert sur mon lit. Je préférais violenter des pages de graphite que de frapper un mur et hurler. C'est dans les pires moments que les plus belles œuvres venaient au monde. J'avais bien l'impression que l'horrible nouvelle que je venais de créer faisait partie de mes meilleurs travaux à ce jour.

C'était l'état dans lequel j'écrivais qui me rendait réticente à montrer mes écrits aux gens. Dans un élan d'émotions, les mots sortaient de moi t'elle une rivière déchaînées. J'avais érigé un barrage au bout de cette rivière pour empêcher les flots de détruire un nid d'oiseaux qui se trouvait sur une branche en contrebas. Dans ce nid sommeillait un oisillon au chaud dans sa coquille. Tant que le barrage tenait, il était sauf. Tant que mes écrits restaient pour moi, mes pensées demeuraient secrètes.

Un faible cognement à ma porte me tira de mes pensées. Le bruit avait sonné réticent comme si la personne qui l'avait produit espérait que je ne l'entende pas. Et pourtant, c'est moi aussi ce que j'aurais voulu. J'étais bien dans ma solitude et je n'étais pas certaine de pouvoir faire face à quelqu'un de si tôt. Je me devais bien de répondre même si l'idée me déplaisait, car je savais que quiconque se tenait derrière cette porte, il s'inquiétait pour moi.

- Can I come in? demanda Han d'un ton triste.

Mon manque de réaction et mon regards perdu dans le vide le firent ouvrir la porte plus qu'il ne l'avait déjà fait. En voyant que j'avais pleuré, il s'assît précautionneusement sur mon lit pour me faire face.

- Are you alright?

Une fois de plus, je ne répondis pas. Il ne reçu qu'un simple reniflement. Je pouvais sentir qu'il se sentait mal et qu'il voulait faire quelque chose sans vraiment savoir quoi.

- Did you write? tenta t'il en apercevant le carnet barbouillé de lettres.

Lui même avait déjà révélé qu'il écrivait pour se libérer l'esprit de ses tourments intérieurs; il comprenait donc que je fasse de même.

- Can I read it?
- It's in French, répondis-je pour la première fois.
- Can you read it?

Ça question me prise par surprise. Non, je ne voulais pas lui lire l'histoire terrible d'un artiste qui tua l'amour de sa vie par jalousie et peignit son portrait dans son sang. Même s'il ne comprenait rien de ma langue maternelle, ce serait tout de même d'admettre mes plus douloureuses émotions à voix haute et c'était quelque chose que je ne me permettrais jamais. J'avais pourtant tellement envie de lui faire confiance.

Devant mon silence persistent, il n'insista pas plus, mais décida de m'apporter un réconfort physique en me prenant dans ses bras, de sorte à qu'il soit assit contre le mur, que mes jambes reposent sur les siennes et que mon visage se niche dans son cou. Je me sentais bien à son contact. Je me sentais en sécurité.

Jisung était au courant de mes réactions aux confits et j'étais persuadée que c'était la raison pour laquelle il me serrait contre lui à l'instant même. Ainsi il se contenta de me caresser doucement la tête en silence pour me laisser l'espace émotionnel dont j'avais besoin. Il savait aussi que j'allais parler si je le voulais et qu'avec le temps je finirais par m'ouvrir à lui. Il m'avait prouvé à maintes reprises que je pouvais me confier entièrement à lui et qu'il respecterait chaque mot que je prononcerais.

- What did you guys fight about? demandai-je finalement après un moment.
- Nothing that you should worry about, me rassura le garçon.
- But I do worry! I never saw you fight like this.
- It won't happen again, promit-il en prenant ma main dont il caressa doucement le dos avec son pouce.

C'est à ce moment, mon regard plongé dans le sien, que je pris conscience de l'ampleur de mes sentiments pour le garçon. Nous étions tous les deux sortis de nos zones de confort en se rencontrant: lui en accueillant un étranger dans sa maison et moi en m'immergeant dans un pays dont je réalisais que je ne connaissais rien. Nous nous étions retrouvés dans le creux d'une vague et avions appris à vivre ensemble. Ce qui n'était au début qu'une simple cohabitation s'était bientôt transformée en lien puissant. Il me ressemblait, me comprenait, me faisait rire et me rendait heureuse dans le tumulte incessant des jours qui passaient. J'aurais tant voulu que nos chemins se prolongent l'un à côté de l'autre pour une plus longue période de temps, mais le fait que Han soit enchaîné à sa compagnie et que je doive retourner chez moi l'empêchait. C'est cette même prise de conscience qui me poussa à poser ma main sur sa joue et approcher son visage du mien pour l'embrasser.

Jisung répondit presque instantanément au baiser en passant une main derrière ma nuque. Ses lèvres étaient douces et sucrées, comme je me les avais imaginées. Quand il se sépara de moi, son tempérament naturellement introverti reprit le dessus et il se mis à rire d'embarras en évitant mon regard.

- Please don't love me just because I'm an idol, dit-il après avoir regagné son calme.
- Oh Jisung, I swear that it's not like that. I can make the difference between admiration and romantic love and I would never do something as low as abusing you. I really like the side of you that you don't show on camera. My feelings for you truly changed since I met you and I would have liked to try for a relationship but I'm leaving tomorrow and I don't think you have the time for a long distance thing with your job. I just felt like I needed to confess so I could move on more easily after getting back home.

J'avais parlé avec toute la sincérité que j'avais pu trouver en moi. Même si cela me faisait mal, je savais que nous ne pourrions jamais être ensemble et que je devrais passer à d'autres choses le plus vite possible.

- But I want it to work, répondit prestement le rappeur. I can talk to my boss and make you stay. I can...
- Jisung, le coupai-je, I have to go back home. Alexe needs me, I want to go to university and I just can't ruin your career.
- At least let me stay with you until you leave, please.
- Yeah, okay, acquiesçai-je tout bas.

Nous nous allongeâmes face à face sous les couvertures pour profiter des derniers moments que nous aurions ensemble avant mon départ. Je lui racontai l'histoire du peintre et de son portrait que j'avais écrite plutôt dans la soirée. Quand la chute le frappa, il me regarda d'un air ébahie pendant quelques instant avant de se mettre à analyser le récit de A à Z. Bien entendu, chaque mot était minutieusement pensé et je pus lui donner une réponse précise quant à la signification de leur emploi. Nous discutâmes ainsi de tout et de rien jusqu'à en tomber de fatigue. Empêtrés dans une étreinte maladroite, nous nous endormîmes sans bruit.

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