Blue & Grey - BTS (La Flutiste Cover)
- Ton prénom ? réitéra Orphée, voyant que la servante ne répondait pas.
- Anippe*.
- Anippe, répéta-t-il de sa voix mélodieuse, comme subjugué par ce prénom dont les consonances lui étaient étrangères, mais curieusement plaisantes. Anippe...qu'est-ce que ça veut dire ?
- Fille du Nil.
- Qu'est-ce que « Nil » ?
- Le Nil est le fleuve qui nourrit les terres de mon pays natal. Il se trouve de par les mers de Poséidon. Il brille sous le soleil de Rê*, et il est couvé par les ailes de son faucon sacré.
Orphée était à la fois déboussolé et émerveillé par ce flot d'informations qui se bousculait dans son esprit.
- Emmène-moi à la mer, supplia-t-elle.
L'homme fût surpris par cette demande inattendue.
- Maintenant ?
Elle acquiesça.
En cachette, ils prirent donc l'initiative de parcourir les rues silencieuses d'Athènes, évitant les gardes qui veillaient à maintenir le calme des habitants. Et alors que les berges se rapprochaient, une milice indiscrète avança dangereusement vers nos deux fuyards.
Orphée prit la main d'Anippe qui marchait docilement derrière lui, et la plaqua entre les murs de deux maisonnées voisines. Surprise par ce geste, et la voyant commencer à s'interroger, il posa sa main sur sa bouche. Elle fut apeurée par le bruit notable des armes grecques valsant aux bassins des gardes, et comprit lorsqu'elle les vit, qu'ils s'étaient cachés ainsi précipitamment à cause d'eux.
Lors de ce moment entre deux temps, les pupilles d'Anippe plongèrent dans les yeux de biche si singuliers d'Orphée. La paume de ce dernier, sentait le souffle saccadé et tourmenté de la jeune femme, qui se calmait petit à petit.
Elle était d'une beauté singulière, une beauté qu'il n'aurait jamais eu le plaisir d'encapsuler dans ses rétines, s'il était resté dans les jupons de sa montagne natale de l'État de Jin*.
Une fois la milice partie, ils reprirent leur marche à pas de chat en empruntant des recoins incongrus qu'Orphée avait eu le loisir d'explorer depuis qu'il était devenu le favori de la Grande Prêtresse d'Athéna.
Peu à peu, les pavés des rues se diluèrent vers une texture plus terreuse, jusqu'à ce qu'enfin s'esquissent les pétillants reflets de la mer. Au-dessus de cette dernière, une lune pleine, d'une couleur laiteuse et scintillante se dessinait délicatement autour d'un ciel noir et nu.
La plage était déserte et dénuée d'âmes humaines. Il n'y avait que ces deux êtres, venus de contrées à l'opposé du globe, mais qu'on avait réunis ici, sous les étoiles du ciel d'Athènes qui telles des lucioles, illuminaient le parvis de l'Olympe.
Anippe défit aussitôt ses vêtements, et son chiton tomba sous l'ardent sable blanc grec. De ses petits pas qui prirent une plus grande amplitude, elle se dirigea vers la mer. Sa cadence accélérée l'unit aux eaux flegmatiques qui imprégnèrent sa peau délicate, asséchée par l'envie de ne plus faire qu'un avec cette eau qui lui avait tant manquée.
Les vagues légères faisaient danser les tresses de ses cheveux sombres, qui reflétaient fièrement la beauté du firmament de ce soir-là. Chaque once de sa peau absorbait la lumière artificielle générée par la lune, pour la sublimer. Elle devenait ainsi le lien qui liait l'astre lunaire aux mers profondes. Ne faisant plus qu'un avec eux.
Elle lui avait tellement manqué cette sensation de bien-être absolu, qu'elle en oublia celui qui lui avait offert ce précieux cadeau, celui qui l'observait religieusement de loin.
Elle fit donc signe à Orphée de la rejoindre. Il refusa en souriant, et elle lui rendit son sourire, en n'insistant pas plus. Elle se retourna à nouveau vers l'horizon, comme si elle voulait à travers ce dernier, apercevoir un peu de sa terre natale.
Non, il ne voulait pas qu'elle se retourne. Il ne voulait pas quelle défasse son regard de lui. Il voulait à nouveau voir sur son visage, cette sensation d'éphémère liberté.
Orphée se décida donc à la rejoindre en toute discrétion.
Quand ses pieds furent au contact de l'eau froide, l'âme d'Orphée se défit de son corps. Jamais il ne s'était baigné dans la mer, malgré tout ce temps passé à Athènes à admirer les eaux de Poséidon depuis le sommet de l'Acropole.
Peu à peu, chaque parcelle de son corps plongea dans la profondeur marine jusqu'à atteindre sa belle, qui dans un premier temps ne fit pas du tout attention à lui. Seulement, lorsque la paume rugueuse du jeune homme imprégnée de gouttes d'eau glacées imbiba son épaule nue, elle se retourna aussitôt.
Elle fut estomaquée par sa présence près d'elle, et puis, candidement, un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle chercha ses bras d'homme dans l'eau obscure afin d'atteindre ses mains et les prendre, pour l'écarter de plus en plus du rivage.
Que faisait-elle ? Pourquoi l'attirait-elle vers les profondeurs de la mer ? Savait-elle qu'Orphée avait du mal à nager ? A vrai dire, il n'avait jamais appris. Bien que son pays d'origine fût baigné par l'océan, lui, avait été un homme des montagnes.
Il s'arrêta, voyant que les eaux l'engloutiraient bientôt. Elle sentit son hésitation et la peur naître dans ses yeux d'une innocence attendrissante. Elle s'arrêta aussitôt.
L'eau salée recouvrait à présent le menton d'Orphée.
- Tu ne sais pas nager n'est-ce pas ?
Il répondit par la négative.
- Reste ici, ça devient profond ensuite. Je vais un peu plus loin mais je reviens vite vers toi.
Alors qu'elle commençait à s'éloigner, il retint immédiatement son avant-bras et la rapprocha contre lui. Instinctivement, elle s'agrippa à son torse, comme l'aimant attiré par le métal.
Encrés l'un dans l'autre, leurs visages se faisaient la cour. Chacun admirant les traits magnifiques de l'autre. Ils étaient captivés, comme ensorcelés par le parfum qu'Aphrodite avait répandu dans l'air.
Maintenant qu'elle était à lui, Orphée la rapprocha un peu plus du rivage, laissant les vagues découvrir sa poitrine nue. La main d'Anippe était posée sur son pectoral gauche, là où était logé son cœur trépidant, palpitant à deux-cent battements à la minute.
Ses mains d'homme renfermèrent son emprise sur la taille voluptueuse, et finement dessinée de l'amoureuse. Elle n'eût pas le temps de penser, qu'il accapara ses lèvres les dominant dans un baiser passionnel.
Les doigts d'Anippe découvrirent la courbure habilement sculptée du cou d'Orphée, ainsi que ses épaules aussi fermes que musclées. Ses jambes s'encrèrent au bassin d'Orphée, et sentirent au passage sa toge humide, qu'il n'avait pas pris le soin de retirer.
Il la maintint ainsi jusqu'à la ramener à reculons, jusqu'à la plage ; là où l'eau et le sable entraient en contact. Il posa le corps de sa belle sur le sable humide, laissant les vagues caresser ses cheveux défaits par la houle en son cœur.
Lui sur elle.
Lui, ne voulait qu'elle.
Orphée défit sa toge et approcha son visage de sa promise, qui l'embrassa à son tour.
Son pouls s'accéléra, insufflant à ses veines toute la force nécessaire pour donner tout l'amour qu'il avait emmagasiné en lui. La tension charnelle entre eux était à son exponentielle, fulgurante, et la chaleur ambiante, étouffante.
Il n'attendait qu'une chose, c'était de s'unir à elle.
Doucement, pour ne pas la brusquer, Orphée entreprit la démarche de ne faire qu'un avec Anippe, mais elle l'arrêta en posant sa main sur la cage thoracique du jeune homme, stoppant net son mouvement.
Un bruit venant des eaux vint perturber ce moment solennel. Un bruit à peine audible.
Qui était là ?
Lexique et clés de compréhension :
*Anippe : Prénom féminin de l'Egypte antique signifiant Fille du Nil.
*Rê : Déité solaire dans la mythologie égyptienne ayant une tête de faucon.
*Etat de Jin : Voir Lexique METANOIA - Chapitre I.
Mots de l'auteure :
« Yeah you makin' me a boy with love »....(la chanson qui m'a fait tombé in love de WWH Kim Seokjin)
Je n'avais jamais écrit de chapitre « pure romance ». « I'm shy »...
La photo du titre montre des cocotiers et on se croirait en pleine plage mais non j'ai prise cette photo en pleine ville, dans le Jardin National d'Athènes.
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Merci pour ta lecture !