Nos sentiments voilés

By Leophire

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GAGNANT DES WATTYS DANS LA CATÉGORIE YOUNG ADULTE :) Samedi 22 août, 18 : 59. Une simple décision peut change... More

La prière
L'étrange fille
L'autre famille
La fin de l'été
La dernière rentrée
Le premier cours
Le cours de SVT
La danse
L'exposé
Le petit copain
Les questions
Le brookie
La crise d'angoisse
Le passé
L'anniversaire
La révélation
L'appel
L'émotion
Le concours
Le pique-nique
Le rapprochement
La rencontre
Le duel
Le skate
L'audition
Les excuses
Les reproches
Les confessions
L'arrangement
Le cadeau
Epilogue

Le bowling

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By Leophire

— Vous avez prévu de faire quoi ? s'enquiert Jean alors que je prépare mes affaires.

— Un bowling. Erell voulait faire un pique-nique mais Marius a dit qu'il en était hors de question puisqu'on est en décembre, je souris.

— Ah vous y allez tous ensemble ?

— Oui, il y aura Marius, Sam', Adrien, les amies d'Erell et elle du coup. C'est pour fêter l'arrivée des vacances de Noël.

— Amusez-vous bien alors ! Et dis à ta dulcinée que nous l'invitons à manger, il serait temps de la rencontrer ! Pourquoi pas le 25 décembre, à midi ? Et on pourrait inviter Marcelle et Maurice aussi.

— Je lui en parlerais, je réponds, pas franchement convaincu de cette idée.

Ce n'est pas que je n'ai pas envie qu'Erell rencontre ma famille, c'est surtout que je serais mal à l'aise entre eux tous. Mais je suppose que c'est une épreuve inévitable lorsque l'on est en couple. D'ailleurs, je n'arrive toujours pas à le réaliser. Quand je suis avec Erell, je n'ai aucun mal à l'intégrer, mais lorsque je suis tout seul, j'ai l'impression d'avoir tout rêvé. Jusqu'à ce que je reçoive un message d'Erell qui me raconte sa vie. La voilà justement qui m'envoie un message pour me demander quand est-ce que je pars. Je lui réponds et m'approche du miroir de l'entrée pour vérifier si je suis bien maquillé. Aujourd'hui, pas d'extravagance, juste un épais trait d'eye-liner qui part du coin de mon œil pour remonter à l'intérieur de la paupière.

— Ça te va vraiment très bien, me complimente Alexandre, assis à la table de la salle à manger pour préparer ses cours.

— Merci.

Après qu'Erell l'ait découvert, je n'ai pas vraiment eu besoin de le révéler à mes tuteurs. Ils l'ont vu directement quand je suis rentré et ont été surpris. Ils m'ont posé quelques questions sur cet attrait que j'avais pour le maquillage. Ils ont été assez compréhensifs, comme toujours et m'ont encouragé à me perfectionner. Mes amis aussi sont également au courant, après que je les ai rejoints au skate park, maquillé. Si ça n'a pas surpris Marius, Adrien a été dérangé par cet aspect. Parce que, comme je le craignais pour les autres, il assimile le maquillage pour les filles et ne comprends pas que je puisse autant aimer. T'as qu'à devenir une fille aussi, tant que t'y es, m'a-t-il dit. Erell m'a rassuré en disant qu'il devait seulement prendre le temps de s'y habituer et que c'était normal de réagir comme ça, parce qu'on nous élevait dans une toute autre perspective. Et puis, elle m'a rappelé que je pensais la même chose, puisque je n'avais jamais osé le dire. Grâce à ses sages paroles, j'ai décidé de ne pas tenir compte des remarques d'Adrien et d'espérer qu'il s'y fasse vite. De toute façon, à force de me voir maquillé, j'ai l'impression qu'il en oublie que je le suis. Il ne me voit pas tout le temps comme ça, non plus, parce qu'au lycée, je conserve un visage dénué de couleur. Je n'ai pas envie de m'attirer les foudres des harceleurs.

Je préviens mes tuteurs que je sors et pars rejoindre l'arrêt de bus. Six stations plus tard, me voilà au bowling, où tout le monde est en train de m'attendre. Erell me rejoint en courant et s'exclame :

— T'en as mis du temps ! J'ai cru que tu ne viendrais jamais, et pourtant, j'ai des choses à te raconter !

Je l'encourage à parler après l'avoir serrée contre moi mais elle refuse en disant qu'elle attend que nous soyons seuls. Je lève les yeux au ciel et nous partons rejoindre nos amis. Sam' et Lou-Ann sont si collés qu'on ne penserait pas qu'il n'y a pas si longtemps, ils songeaient tous les deux à arrêter. Ça me fait plaisir de les voir comme ça, si proches. Marius est en train de débattre, comme à son habitude depuis quelques jours, avec Rose. Ces deux-là ne sont jamais d'accord sur les sujets dont ils parlent et leurs discussions peuvent durer des heures si on ne les interrompt pas.

— Ah, bah t'es enfin là ! clame Adrien, levant les yeux de son téléphone.

— Je vous avais prévenu, je dis simplement.

Il me fixe quelques instants, jugeant mon maquillage, mais ne dit rien de plus. Après que tout le monde ait raconté ses derniers potins, nous finissons enfin à entrer à l'intérieur. Je pousse un soupir de soulagement quand la chaleur du bâtiment vient à ma rencontre. Je commençais à me transformer en glaçon.

La pièce est sombre et j'observe attentivement. C'est la première fois que je viens ici, alors que le bowling a élu domicile depuis six ans je crois. Je n'y avais jamais mis les pieds avant, mais l'ambiance me plaît bien. Le faible éclairage qui émane du plafond nous permet de nous diriger vers l'accueil. La salle sent la transpiration, et le bruit des boules qui claquent contre les quilles nous parvient des pistes situées au fond de la salle.

— J'adore venir ici ! s'extasie Erell. A chaque fois, je remporte toutes les parties !

Ça ne m'étonne pas vraiment d'elle. Pour elle, tout se transforme en compétition et elle fait tout pour gagner la première place.

— Je n'ai jamais joué, je lui avoue.

— Quelle honte. Mais t'inquiète, je vais t'apprendre.

— Hâte de voir ça, s'incruste Marius, l'air narquois.

— Rigole tant que tu veux, je rétorque, mais je suis sûr que je vais te battre.

— On parie ?

— Vous pariez quoi ? s'intéresse Adrien.

— Qui va gagner. Solal ou moi ?

— Je vote pour Solal, intervient Erell.

— Sans blague, on avait deviné. Moi, je vote Marius. Solal ne sait même pas viser, dit Adrien en faisant référence à une partie de balle au prisonnier, où j'avais été particulièrement nul.

Le temps que tout le monde fasse ses votes, Sam' et Lou-Ann, partis s'inscrire à l'accueil, reviennent pour nous montrer les affreuses chaussures que nous devons mettre.

— Le gars a dit qu'on prend la pointure dont on a besoin, on range ses baskets dans la case qu'on a libérée et on va sur la piste. Après, on les remet à leur place et voilà, nous résume Lou-Ann.

Nous nous précipitons vers les rangements, et une fois chaussés, nous prenons place sur la piste qui nous est dédiée.

— Erell, tu as un prénom bien trop compliqué ! fait Rose en examinant le tableau qui indique l'ordre de passage.

— Pour... Non mais c'est pas possible ça !

En effet, il y a de quoi râler. Erell s'est transformée en Errelle. A croire que la personne a fait en sorte de faire le plus de faute possible.

— Pourquoi pas trois R, tant qu'on y est.

— Il a bien écrit « Louanne » alors que j'avais précisé l'orthographe...

— Bon, on s'en fiche ! clôt Rose, visiblement impatiente de commencer. Adrien, c'est toi qui commences !

Comme je suis en dernière position, je m'affale sur le canapé derrière moi. Erell vient m'y rejoindre, occupée à bouder parce qu'elle n'a pas pu assez se plaindre sur l'écriture de son prénom. Je passe mon bras autour de ses épaules et lui dit :

— Alors, qu'est-ce que tu devais me dire ?

— Ah oui, c'est vrai ! fait-elle, oubliant aussitôt sa contrariété. Eh bien, Alma accepte que je revienne dans le cours, à partir de janvier !

— Oh, c'est génial ! Tu l'as menacée pour qu'elle revienne sur sa décision ?

— Même pas ! Au début, Axelle et Carla sont allées dire qu'elles étaient responsables tout autant que moi et qu'elles ne comprenaient pas que je sois la seule punie. Le premier jour, Alma n'a rien voulu entendre et puis au fur et à mesure, les autres sont allés témoigner aussi que ce n'était pas que de ma faute.

— On se croirait dans une affaire criminelle, je plaisante.

— Mais oui, cette histoire est partie beaucoup trop loin pour pas grand-chose. Elle a de la chance qu'on ne se soit pas plaints au conservatoire parce que je pense qu'elle aurait eu des problèmes. Bref, du coup, Alma restait sur sa position et continuait à faire des remarques sur moi dès qu'elle pouvait, selon Carla, et la plupart du temps elle me défendait. Elle a fini par s'énerver et dire que si elle et Axelle n'étaient pas contentes, elles pouvaient quitter le cours tout de suite.

— Elle va finir par ne plus avoir d'élèves du tout si elle vire tout le monde.

Erell rit et finit par me dire que, si Axelle et Carla n'ont pas bougé ce jour-là, ni répondu, c'est Imane qui l'a fait. Elle a fait tout un discours en disant qu'Erell n'y était pour rien et qu'Alma aurait dû leur dire qu'ils n'auraient pas le temps de faire l'aller-retour à la boulangerie. Elle a dit qu'elle n'était pas contente et qu'elle ne reviendrait pas tant qu'Erell n'était pas acceptée à nouveau dans le cours.

— Elle est partie comme ça, et Axelle et Carla l'ont suivie. Lola a été la quatrième à s'en aller et finalement tout le monde a fait pareil. Personne n'a voulu revenir et le soir-même, Alma appelait pour dire que je pouvais revenir.

— Donc, ça va mieux entre Imane et toi ?

— Oui. Elle s'est excusée et m'a dit qu'elle avait très mal réagi, et que j'avais le droit de ne plus jamais vouloir lui parler. Pour l'instant, c'est un peu bizarre entre nous mais je suppose que c'est normal. Dans quelques semaines, ce sera comme avant.

— Je suis content pour toi alors.

— C'est grâce à toi. Sans toi, je n'aurais pas eu le courage d'aller parler à Alma. Alors merci.

— C'est normal.

— Bon, les amoureux ! C'est votre tour, dépêchez-vous de jouer ! nous presse Rose.

Erell se lève d'un bond et part frapper son amie, sûrement pour qu'elle arrête de nous appeler comme ça. Personnellement, ça ne me dérange pas. Mais évidemment, je ne l'avouerais pour rien au monde. Comme c'est mon tour, je m'empare d'une boule violette et, d'un pas hésitant, m'élance pour la jeter. Sans surprise, elle roule dans la gouttière et Marius m'applaudit de toutes ses forces. J'éclate de rire et tout le monde se joint à moi. Quand notre petite bande reprend son souffle, après plusieurs minutes de fou rire, les regards des autres équipes sont braqués sur nous. Marius s'empresse de s'excuser et nous reprenons la partie, sans réussir à garder notre sérieux plus de cinq minutes. Entre mes tentatives ratées, les lancers artistiques d'Adrien, les danses de la joie d'Erell et les plaintes de Rose qui n'arrive pas à faire de strike, difficile de rester de marbre.

J'essaie de figer en moi les visages de tous mes amis, parce que je sais que j'en aurais besoin le jour où je déprimerais. Cette fois, contrairement à avant, je n'aurais plus seulement Nairobi comme aide, mais eux tous. Et je crois que ce bonheur, ça vaut bien d'endurer tous les malheurs que j'ai eu. En y repensant, je crois que je ne regrette pas d'avoir traversé tout ce chemin. Parce que maintenant, grâce à Erell, je sais qu'il y a toujours une lueur d'espoir. 

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