Antes De Que Llegue La Muerte

Autorstwa camelia_falek

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Je ne suis pas la proie. Je suis le chasseur. Je ne suis pas le mari. Je suis l'amant. Je suis sûrement sa p... Więcej

Avant de commencer...
Prologue
• Jeux de mains... •
• L'ultime Souper •
• Espoirs et Verres brisés •
• Toy Story •
• Smoking Enflammé •
• En Apnée Profonde •
• Pas de vagues •
• Collier d'écailles ou de grêle •

• La Muette et Le Barbare •

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Autorstwa camelia_falek




[Les musiques que j'imagine pour ce chapitre sont (dans l'ordre bien évidemment);

- Dos Gardenias, de Buena Vista Social Club

- Wasted Times, de The Weeknd

- Azul, de Jesse Cook

- Often, de The Weeknd

Bien sur, vous pouvez dire si mes goûts musicaux sont à chier ! Sur ce bonne lecture 💓]




Chapitre premier


~ Emilia ~

Santa Clara, La Aldaba, 29 novembre

Mon service touchait bientôt à sa fin. Dieu merci. Épuisée, je ne rêvais que d'une chose; une douche et un bon sommeil.
A cette heure-ci, il n'y avait que des habitués. Rares étaient les blancos qui traînaient dans le coin en cette période de l'année de toute façon.

Je resserrais le tablier qui soulignait mes reins, et plaquais maladroitement mes cheveux sur mon crâne. Avec l'humidité, ces derniers avaient décidé de ne pas être très coopératifs.
Je devais ressembler à l'une de ces folles tout droit sortie d'asile avec ma crinière en pétard.

Néanmoins, je ne disposais pas de temps supplémentaire pour m'attarder sur mon aspect puisqu'une petite sonnette retentit depuis le comptoir du bar, me faisant comprendre que la commande de la table 9 était prête.
Deux cafés avec verres d'eau, et un Picadillo.
Une odeur si âcre se dégageait de la viande, que je ne pus m'empêcher de me retrousser le nez.
La personne qui allait manger ce plat finirait sûrement aux toilettes en moins de deux !

Je mis tout sur mon plateau et me dirigea vers les clients. Un homme assez âgé avec un gros ventre escorté de son fils beaucoup plus fin.
Miguel et Marco.

— Emilia, mon enfant, enfin ! J'ai bien cru ne jamais manger, ronchonna le plus vieux. Tu es peut-être muette, mais le bon Dieu t'a donné des bras et des jambes qui fonctionnent, donc assure toi de me ramener le plat plus vite la prochaine fois.

Muette ?

Pauvre con.

— Ce n'est pas de sa faute papa, me défendit Marco.

Lui, il veut vraiment me sauter. Quitte à s'attirer les foudres de son paternel.

— Et c'est peut être de la mienne si mon café est froid ? Tu sais, à son âge, mon ami Iker et moi enchaînions les boulots et jam...

J'hochai la tête puis partis, laissant Miguel raconter sa vie d'antan à son fils. Malgré son mauvais caractère, cet homme était foncièrement gentil. Il me laissait toujours un pourboire, et c'était le seul client à mon actif à ne m'avoir jamais reluquée. En revanche, il semblait assez impatient quand il s'agissait de nourriture.

Malgré la chaleur étouffante, je ne pus m'empêcher de remuer lestement mes hanches de gauche à droite lorsque la musique de Buena Vista Social Club, Dos Gardenias, s'échappa des enceintes.
Un classique des plus délectables !

Je m'apprêtai à retourner au bar accompagné de la vielle chanson, quand soudain, la porte d'entrée s'ouvrît faisant retentir les carillons. Un courant d'air chaud s'immisça dans le café ventilé suivi d'une forte odeur de tabac.
Me retournant très doucement, je pus apercevoir quatre grands hommes.

Des pingünos.

Je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas ça du tout. Généralement, les personnes habillées en costards étaient toujours des hommes d'affaires. Mais à Cuba, les affaires demeuraient quelque peu différentes. Tout le monde le savait, mais aucun de nous ne l'ouvrait. La peur de mourir l'emportait toujours sur la justice.

Et puis, comment pourrais-je parler si j'en suis incapable ?

Dans notre pays, si quelqu'un se pavanait en costume, ce n'était sûrement pas par choix. Vu la chaleur qui nous accablait, mais à laquelle on s'était accommodé avec le temps, tout le monde préférait la compagnie d'un short et d'un simple marcel. Mais pas eux. Ça correspondait à une sorte de marque de fabrique, un peu comme les yakuza et leurs tatouages. Alors, à moins que ce ne soit des promoteurs immobiliers ou une autre connerie dans le genre, ces hommes représentaient le danger dans toutes ses formes.

En 23 ans d'existence, j'eus seulement vent des légendes urbaines qui entouraient les pingüinos et leur violence inouïe. J'osai donc profiter de ce moment pour nourrir ma curiosité en toute discrétion.

Deux de ces hommes se ressemblaient étrangement. Sûrement des frères. Même si l'un portait des cheveux roux assez courts et que l'autre abordait une queue de cheval brune, leurs yeux marrons, leurs bouches asymétriques ainsi que leurs teints légèrement plus clair que le mien étaient bizarrement similaires.
Oui, sûrement des frères.

A leurs côtés se tenait un homme noir. Complètement chauve. Cependant, sa barbe garnie et bien taillée contrastait parfaitement avec ce manque capillaire. Sans compter sur son teint basané complètement lisse, qui détenait quelque chose d'extrêmement envoûtant.
Pourtant ce n'était pas lui qui attirait le plus mon attention.

Dios míos !
Un géant.

Je savais pertinemment que du haut de mes 1m68, j'attribuais l'adjectif « grand » un peu trop facilement. Mais cet homme s'avérait être anormalement immense.
Son teint hâlé légèrement plus foncé que le mien soulignait ses iris sombres.
Un noir charbon qui ne permettait pas de voir ses pupilles.
Ce même noir qui façonnait ses cheveux.
Un noir qui lui collait même à la peau.
Par contre, il m'était impossible de voir distinctement les dessins qui couraient le long de ses mains, ou même ceux qui s'échappaient du col de sa chemise.
Une chemise de couleur...noire.
À y regarder de plus près, on pouvait remarquer que lui seul exhibait un haut foncé. En fait, il ne s'était même pas contraint d'une veste.

Il est magnifique.

Magnifiquement dangereux.

Ce fut les seuls mots qui me vinrent à l'esprit. Son regard me scrutait en retour, tandis que Victorio, mon collègue, les plaçait à la table 4.
Sa zone.
Je n'avais pas à m'occuper d'eux.
Une fois derrière le comptoir, je m'autorisai à me détendre légèrement et me rendis compte que j'avais arrêté de respirer.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils m'ont coupé le souffle !
Je sentais toujours un regard sur moi, mais n'y prêtai nullement attention et me replongeai dans une tâche hardie; laver des verres sans les casser. Avec deux mains gauches comme les miennes, ça tournait souvent au drame.



•••••••••



15h30 retentit comme une délivrance. J'avais sacrément mal au dos et aux pieds. J'enlevais mon tablier lorsqu'on me lança;

— Déjà finis ?

Victorio.
Mon collègue.
Mon ami.
Tout allait bien.
Je secouai la tête de haut en bas plusieurs fois, tout en rangeant mes affaires de travail dans un placard se cachant dans le comptoir.

— Tu ne veux pas m'attendre ? Comme ça je pourrais te raccompagner.

J'arquai mes sourcils et comprenant mon étonnement Victorio enchaîna;

— Je sais que je n'ai pas l'habitude de te ramener chez toi, mais tu les vois tout aussi bien que moi Emilia. Ils sont encore à table. Je finis dans 1h, après, Rafael reprends mon service. Tu pourrais m'attendre et je te raccompagnerais. On ne sait pas si ce sont les seuls en ville.

Il marqua un temps d'arrêt, avant de reprendre;

— C'est bizarre. D'habitude, ils règlent leurs affaires du côté de La Havane. Ou pour plus de discrétion, ils vont à Trinidad. Mais jamais à Santa Clara. Donc pourquoi sont-ils ici ?

Comment savait-il tout ça ?

Il m'avait posé une question sachant pertinemment que je serais dans l'incapacité de lui répondre. Pourtant j'étais à l'aise avec Victorio et je voulais lui parler. Une fois j'avais essayé de lui répondre par un simple « oui », mais comme à chaque fois, la panique avait pris le dessus.
Même si je m'en voulais terriblement, il m'avait rassurée et répété que je n'avais pas à me forcer.
Voilà pourquoi je me sentais à l'aise avec ce dernier.

Les paroles de Miguel revinrent soudain comme un écho.

Muette.

Je n'étais pas muette. J'avais une voix. Je n'arrivais simplement pas à l'utiliser avec un autre être que Payo.
Ce qui n'était qu'un mutisme total à la base, c'était transformé en mutisme sélectif. Et Dieu seul sait à quel point je me détestais pour ça.

Le regard de Victorio s'était voilé, signe qu'il divaguait dans ses pensées. Pour le ramener sur terre, je vins poser ma paume sur son avant bras. Mes doigts froids durent le faire revenir à lui puisqu'il me scruta enfin.
Un instant seulement en revanche, car son attention se reporta sur quelque chose se trouvant derrière moi.

Pas une chose, Emilia.

Quelqu'un.

Comme paralysé, mon corps refusa de bouger alors que je pouvais parfaitement deviner qui se cachait dans mon dos.
Mon regard resta scotché sur le visage de mon ami.
Sa mâchoire était contractée, signe de sa nervosité mais aussi, et surtout, de sa peur qu'il essayait vainement de transformer en rage.
Aucune colère n'est assez grande pour défier la mort.

Un bras frôla mon épaule et je vis apparaître dans mon champ de vision une main tatouée qui tenait une liasse de pesos cubain. C'est alors que la voix suave de l'inconnu derrière moi retentit;

— J'ai cassé un verre.

Ni plus, ni moins. Et pourtant ces quelques mots suffirent à me faire trembler comme une feuille.
J'avais peur de lui.
Il ne m'avait rien fait, pourtant j'étais terrorisée. Sûrement parce que je ne pus faire abstraction des histoires que l'on me racontait à leurs sujets.

Tueurs, violeurs, kidnappeurs,...

Tout un amas de clichés que je ne chercherais jamais à vérifier. Probablement étaient-ils bons, seulement leurs réputations les précédaient.
Et vu la tête de Victorio, je me disais que je n'avais peut-être pas tort de les craindre au final.
Ce dernier attrapa l'argent qu'on lui tendit, et d'une voix chevrotante ajouta;

— Il y...il y a beaucoup trop... pour...pour...pour un repas... et un verre cassé.

Sans même répondre, le bras du barbare disparut pour mon plus grand soulagement. Sauf que ce bonheur ne dura qu'une fraction de seconde.

En effet, la main que j'apercevais il y a encore une minute, s'étala délicatement sur mon épaule droite. Instinctivement, je me figeai. Et je crus m'évanouir complètement lorsque je sentis une autre main s'immiscer sur mon épaule libre.

Dios ayúdame.

Il y avait un avantage avec mon mutisme. En cas d'anxiété, mon visage était anormalement impassible. Et là en l'occurrence, ma nervosité était à son paroxysme.
Je demeurai apathique tandis que le visage de Victorio, lui, était défiguré par l'inquiétude. Je savais qu'il voulait me défendre, lui demander d'enlever ses mains et de lui dire de dégager du restaurant tenu par son paternel. Malheureusement, la réalité était ce qu'elle était.
Cruelle.
Si l'homme derrière moi décidait de me tuer, alors Victorio ne pouvait rien y faire. Sauf peut-être me rejoindre dans la tombe.

J'entendais un froissement dans mon dos. Et une seconde plus tard, un souffle tapait mon oreille.
Ses mains, maintenant sa bouche.
Il s'était penché et je pouvais à présent sentir sa tête cachée derrière la mienne.
La peur me déchira les entrailles. L'angoisse commençait déjà à humidifier mes mains. Et mon cœur battait à toute vitesse, si bien que j'en venais à me demander s'il l'entendait.
Mes cheveux en pagaille au niveau de mes tempes dansaient au gré de sa respiration. Son parfum envahissait mon espace vital et sans que je puisse m'en empêcher, je me mis à humer légèrement son odeur.
Cigares, menthe et eau de Cologne.
Un géant barbare qui sentait bon.

Sans crier gare, ce dernier lança:

— Ton ami à raison bichito. Laisse le te ramener. Nous ne sommes pas seulement quatre dans le coin. N'est ce pas Victorio ?

Et d'un coup, la chaleur qui inondait mes épaules ainsi que le haut de mon oreille droite disparurent.
J'assimilais peu à peu ce qui venait de se produire sans pour autant vraiment y croire.
Toujours aussi crispée, je me retournai doucement.
Plus là.
Comme si sa présence n'avait été qu'un rêve.
Ou du moins un cauchemar.


•••••••••


— Et là elle me dit quoi ? « Je n'aime que les blond désolée», imita mon ami avec une voix aiguë des plus insupportable. Il a l'air d'avoir des blonds dans le coin ?!

J'avais finalement attendu. Si le pingüino disait vrai, et qu'il y avait effectivement d'autres personnes appartenant à leur milieu, alors je préférais être accompagnée pour rentrer chez moi. Même si cela voulait dire supporter les jérémiades sans fin de Victorio.
Il restait environ 7 minutes avant d'arriver à mon domicile. Il me restait donc 7 minutes à l'écouter se plaindre de ses déceptions amoureuses et sexuelles.

— C'est vrai quoi ! On vit à Cuba ! On est pas des blancos pour avoir des cheveux couleur pipi.

Pipi ? Sérieusement ?
Plus que 6 minutes.

En traversant la rue, l'atmosphère changea radicalement. Nous venions d'entrer dans un quartier beaucoup plus populaire.
Beaucoup plus sale.
Beaucoup plus pauvre.
Beaucoup plus corrompu.

Lorsque j'avais quitté les bidonvilles de la banlieue de La Havane, j'aspirais à un avenir légèrement différent.
Malheureusement, avec mon faible revenu, la seule chose que je pouvais me payer était un studio en face de l'église de Buen Viaje. Une rue qui puait l'urine et la marijuana. Une rue très plaisante en somme !
Cet endroit mal famé me permettait d'avoir la charmante compagnie de péripatéticiennes de tout âge et de vendeurs de drogue en tout genre. Il y avait même du trafic de faux cigares. Si ce n'était pas merveilleux !

Après avoir marché quelques minutes encore, nous atterrîmes devant la porte de mon immeuble délabré. Les déchets épousant les trottoirs laissaient derrière eux une senteur pestilentielle. Une puanteur qui avait tant de fois effleuré mon sens, que je n'y faisais presque plus attention.

— On se voit demain, me rappela Victorio. Ferme bien la porte, et appelle-moi à n'importe quel moment !

Il venait de faire deux bourdes.
La première était qu'il n'y avait pas de verrou à ma porte. En fait, ma porte se résumait à une simple plaque de bois rongée par les mites.
La deuxième...

— Enfin non ! Tu ne m'appelles pas, envoie-moi un message plutôt, se rattrapa-t-il.

Je n'allais certainement pas le faire. Mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir.
J'acquiesçai et, satisfait de ma réponse, il m'enlaça brièvement avant de me laisser monter.
J'habitais au troisième et dernier étage, pile en face du clocher de l'église.

Je n'étais pas très pratiquante, mais assez pour prier Dieu de ne plus jamais me remettre sur le chemin de pingüinos. Encore moins ceux d'aujourd'hui.

Une fois dans mon studio, d'une voix hésitante, j'appelai ma boule de poils.

— Payo. Payo. Où te caches-tu ma belle ?

Dans un bruit encore plus écrasé que ma voix, j'entendis le miaulement de mon chat.
Je m'avançai vers le lit, m'accroupis, et regardai en dessous.

— Te voilà mi princesa.

Je lui caressai légèrement la tête, avant de me remettre sur mes deux jambes. Je pris la gamelle près de la porte, et la remplis d'eau nouvelle. Avec la chaleur, l'ancienne avait tellement chauffé, que Payo aurait pu se faire un thé.

Cette dernière se précipita vers sa nouvelle source, tandis que j'enlevais les vêtements qui me collaient à la peau pour me diriger vers ma propre source d'eau.
La douche.
Les jets d'eau froide frappaient ma chair avec douceur et je pus enfin profiter de cet instant de répit. Le bloc de savon à la lavande entre les mains, je commençai à frotter tout en récitant tout bas les phrases qui étaient devenues mon rituel.

— Je m'appelle Emilia Suarez. J'ai 23 ans. J'habitais à La Havane. J'habite à Santa Clara. J'ai un ami serveur. Victorio. J'ai une amie chanteuse. Carmen. J'ai une chatte. Payo. J'ai une voix. Je sais parler. Et il ne peut pas m'entendre. Je m'appelle Emilia Suarez. J'ai 23...

5 minutes passèrent avant que je ne décide de couper l'eau, et ma voix par la même occasion.
Je m'infligeai ces cours d'orthophonie aquatique avec la même lassitude depuis toujours.

Lorsque l'eau coulait, il ne pouvait pas m'entendre.

Ma Payo avait beau être la seule à entendre ma voix, je ne lui parlai jamais plus de cinq minutes.
En parlant du loup !
L'animal vint se rafraîchir avec les gouttes d'eau qui coulaient le long de mes jambes et par la suite miaula de nouveau.
Vicelarde ! Payo ne voulait pas se montrer affective, elle avait simplement faim.
Et comme la bonne esclave humaine que j'étais, je nourris la chatte d'un reste de boîte de sardines que j'avais trouvé à la Aldaba environ 3 jours auparavant. De forts relents de poisson me chatouillèrent le nez et mon ventre gronda au même moment. Faut croire qu'elle n'était pas la seule à avoir faim.
J'attrapais donc la seule chose encore mangeable dans ce misérable studio; des chips.
C'est pas comme si j'avais pas assez de graisse sur la peau.

Une fois mon faux repas fini, je m'orientai vers la salle de bain afin de me brosser les dents.
C'était dommage que je n'eus pas le don d'ouvrir ma bouche plus souvent car mes dents étaient l'une de mes plus grandes fiertés.
Comme beaucoup de cubaines, j'héritais de hanches très généreuses et de cuisses à leurs images, et je ne portais pas forcément ce gène haut dans mon cœur. En revanche, la génétique dentaire qui m'accablait était un pur bonheur !

Il n'était que 18h lorsque je me glissai sous les couvertures. Tant que l'obscurité ne couvrait pas le ciel dans sa totalité, j'avais une chance de pouvoir dormir.
La nuit me faisait peur. Atrocement peur.
La nuit était le sanctuaire de tous les vices.

J'entendis d'ailleurs des talons claquer dans la rue.
Les putes.
Signe que je devais me dépêcher de m'endormir. Le crépuscule allait toucher à sa fin aspirant tous mes espoirs de sommeil avec lui.

En fermant les yeux, je me repassai la journée d'aujourd'hui dans la tête.
Muette. Pingüinos. Géant. Tatouages. Mains. Bouche. Souffle. Menthe. Pas seuls.
Un tourbillon de pensées inonda mon cerveau, quand soudain une question me vint en tête.

Comment se fait-il que le géant barbare connaisse le prénom de Victorio si personne ne l'avait prononcé au café ?

•••••••••


J'étais si belle.
Face au grand miroir, le reflet de ma personne me semblait inconnu.
La soie émeraude qui soulignait mes formes me rendait sexy comme jamais je ne l'avais été auparavant.
La robe épousait chacune de mes courbes s'arrêtant presque sous mes fesses, et l'impression que mes cuisses s'évadaient du tissu au point de le faire exploser me rendait vulgairement sublime.
Un rouge cerise recouvrait mes lèvres ce qui mettait en valeur mon grain de beauté qui se trouvait au-dessus de ma lèvre supérieure. Et même si aucun fard à paupière ne tachait mes yeux, un khôl noir assombrissait mes iris noisettes d'une façon étrangement provocante.
Mais qui était cette personne ?

— C'est évident pourtant, non ?

Je marquais un temps d'arrêt.
Oh non !
Cette voix, cette odeur, cette présence.

— C'est toi, bichito.

Bichito.
Le géant barbare.
En levant délicatement le regard dans le miroir, je pus apercevoir une ombre derrière moi. Une aura envahissante.
Son visage ne m'était pas visible. Mais son bras droit maculé de dessins lui l'était.

Je me reconcentrais sur ma personne en essayant d'oublier celle qui semblait s'être placée dans mon dos.
C'était peine perdu !
Surtout lorsque sa main vint effleurer mon ventre.
Dios míos !
Ses doigts rugueux caressaient désinvoltement la soie verte du vêtement et une marée de sensations irradiait en moi. La peur me broyait les intestins tandis que le désir inexpliqué qu'il provoquait en moi me brûlait le bas ventre.

Ma respiration saccadée faisait monter et descendre ma poitrine généreuse tandis que, d'une lenteur insoutenable, sa paume remontait le long de mon torse.
Puis d'un coup, il empoigna mon sein gauche.
Tant bien que mal, j'essayais de rester impassible, mais mes halètements me trahirent. Mes tétons se durcirent pendant qu'il malaxait avec agilité et avidité l'un d'eux.

Mais qu'est ce que je foutais ?

J'obligeais mes yeux mi-clos à s'ouvrir complètement pour observer le spectacle que reflétait le miroir.
Mais ce que je vis me refroidis immédiatement.
Sa main se trouvant sur mon buste quelques instants plus tôt, tenait désormais un couteau qu'il maintenait sous ma gorge. La pression qu'il exerçait était minime mais assez forte pour voir apparaître un filet de sang encrasser mon cou.
On m'a toujours dit que les yeux étaient le reflet de l'âme.
En ce moment même, mon âme était paralysée par la terreur et la seule idée qu'il mette à exécution son plan macabre dissuada toute tentative de rébellion qui sommeillait en moi.
Mon regard toujours fixé sur l'opinel, j'entendis sa voix résonner;

— Oh bichito... Ne crains jamais l'arme, mais plutôt la personne qui la tient.

Et sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, d'un coup sec, il me trancha la tête.



Couverte de sueur, je sortis du lit pour aller me doucher.
Après le rêve mi-érotique mi-horreur que je venais de faire, je m'étais réveillée toute trempée. La moiteur de ma peau avait donc besoin d'être enlevée.

Une fois nettoyée, j'enroulai une serviette autour de moi. Mon téléphone affichait 5h54 et le soleil commençait déjà à pointer le bout de son nez.
La chaleur envahissante de la pièce et l'odeur de ma transpiration m'obligèrent à ouvrir la fenêtre. Même s'il faisait déjà un peu chaud, la fraîcheur de la matinée me donna la chair de poule.

Je scrutais la rue déserte. Il n'y avait pas âme qui vive. A l'exception d'un chat faisant sa toilette et...
Et un homme. Dans l'encadrement de la porte de l'église. Il fumait.
Je plissais légèrement les yeux, et la terreur que j'avais ressentie dans mon cauchemar resurgit puissamment.
Ses yeux sombres me fixèrent tout en expirant la fumée de sa bouche.
Il jeta son mégot par terre, me lança un dernier regard, et sans plus de considération, partit.

Il était là.

Le putain de pingüino était là.

En bas de chez moi.

Dieu, faites que ce ne soit qu'une putain de coïncidence.
Oui voilà ! Rien qu'une coïncidence.

•••••••••

NDA

ÇA FAIT DÉJÀ UN MOIS LES CHÉRIS !!!!! 💓💓
Comme on se retrouve 💁‍♀️😏

Bon, j'espère que vous avez aimé ce chapitre.
Parce que moi pas des masses💀mais bon, il faut bien une histoire avant de balancer la Dark comme ça !!

Ps: ne vous attachez pas au chat
🥲🥲

PS2.0: sachez que je fais des recherches de fou pour écrire l'histoire ! Même le nom des rues est vrai !🤝💁‍♀️
(Un grand merci à Google maps)

PS3.0: BIEN SÛR QU'ILS PARLENT DÉJÀ ESPAGNOL !!!
Si je fous des mots en espagnol de temps à autre, c'est pour le fun, j'aime bien c'est cool💀😭

PS4.0: Si vous comprenez pas tout, surtout dans les chapitres suivant, C'EST NORMAL ! Il vous manque des éléments que l'on va apprendre au fur et à mesure...

Sur ce, à dans quelques jours mes chéris !!💓💓

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