𝗖𝗢𝗡𝗙𝗜́𝗢 𝗘𝗡 𝗧𝗜́
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TOUT LE VOISINAGE pouvait entendre les longs bruits sonores aigües qui venaient du camion de déménagement.
Enfin, Cayetana s'était trouvée une maison, avec l'aide de Ward et de Rose, rien que pour elle et Izzie. Cette dernière était en train de décharger la voiture de sa mère, qui était remplie de cartons et valises, tandis que Cayetana guidait les déménageurs pour déposer les gros meubles à leur place, avec l'aide de Ward.
— Quelle chance que tu aies réussi à récupérer cette belle maison, souriait Cayetana.
— C'est vrai que les propriétaires n'ont pas pu résister plus longtemps à l'offre que je leur faisais. C'était un couple de vieux alors une maison au Bahamas les tentait bien.
— C'est parfait. Tu ne trouves pas, Izzie?
— Ouais, c'est génial, soupirait la blonde avec une fausse joie que sa mère avait très bien perçue dans sa voix.
— Tu comptes faire la tête encore longtemps?
— Aussi longtemps qu'il le faudra!
— Cette gamine va me tuer, marmonne Cayetana en posant sa main sur son front comme pour apaiser une future migraine.
— Ça va lui passer.
— Tu as dit ça, il y a déjà un mois, Ward. Demain c'est la rentrée, je ne veux pas commencer notre première année à OBX, avec Izzie qui me fait encore la gueule.
— T'en fais pas. Avec les cours, elle n'aura plus le temps pour ça. Elle se fera de nouveaux amis, des kooks.
— Tu l'emmènes au lycée de Sarah?
— Oui... Pourquoi, ça te pose un problème?
— J'ai juste peur qu'avec ce qu'il s'est passé, elle ait des difficultés. Le but d'emménager ici était pour qu'elle recommence du début et se construise sa propre image.
— Ne t'en fais pas. Ils seront solidaires avec elle et ils seront là pour elle. Ça lui attirera plus d'amis.
Plus d'amis ou plus de messes basses dans le dos?
Cayetana avait un doute là-dessus. Elle allait répliquer quand les déménageurs sortaient un fauteuil en cuir, marron.
— Non, non, non, non! Réplique-t-elle en s'avançant vers les deux déménageurs. Remettez ce fauteuil dans le camion.
— Mais madame c'est-
— Je sais, mais j'ai oublié de dire à l'homme qui s'occupait du déménagement que je ne voulais plus de ce fauteuil. Gardez le dans votre camion et ne le sortez plus. Vous pourrez le mettre à la benne, n'importe où mais pas chez moi.
Les deux déménageurs se regardaient assez perdus par ce que venait de dire Cayetana.
— Elle est bizarre, cette nana. Elle a cru qu'il était léger son fauteuil.
— Nan, mais laisse, c'est typiques des Kooks.
— Qu'est-ce qu'il se passe? Demande Ward à Cayetana qui revenait vers lui.
— Matthew a déjà obligé Izzie à... à faire ça sur ce fauteuil. Je ne veux pas qu'elle le revoit. Oh mon dieu, comment j'ai pu oublier ce fauteuil.
Après avoir confessé ses maintes agression à sa mère, Isabella a fini par avouer aussi que Matthew le lui faisait sur ce fauteuil, le devant de son corps collé au cuir du fauteuil, sa tête maintenue par la large main de Matthew. Plus jamais, Izzie ne s'était rassise sur ce fauteuil, elle ne pouvait pas, ce qui interrogeait sa mère à la période où elle n'était pas au courant.
Comment elle avait pu le ramener?
Il est vrai qu'après l'incident d'Izzie, elle n'avait pas fait très attention au déménagement, elle avait engagé quelqu'un pour prendre tout ça en charge.
— Hey, lui fit Ward en attrapant ses poignets pour qu'elle retire ses mains de son visage. T'es une bonne mère, tu fais tout ce qu'il faut parfaitement, n'angoisse pas.
— Si c'était vrai, j'aurais remarqué bien avant ce qu'il lui faisait, soufflait elle la voix faible.
— Tu connais Izzie... elle n'est pas facile à cerner. Elle peut parfois bien cacher son jeu.
— Mais une mère devrait reconnaître les signes qui dit que sa fille ne va pas bien. Il a fallu qu'elle tombe d'un toit défoncée pour que je le remarque.
— Ce n'est pas de ta faute.
— Non, mais j'en suis en partie responsable.
Ward attrapa Cayetana par l'épaule pour la prendre dans ses bras, alors que les larmes devenaient trop fortes pour qu'elle puisse les retenir plus longtemps.
Elle avait échoué dans son rôle de mère. Ce qui était arrivé à Izzie, elle le voyait comme une irresponsabilité, une faute très grave. Et jamais elle ne se le pardonnerait pour avoir pu passé à côté des signes. Sa fille aurait pu mourir par son ignorance.
— Madame López! Monsieur Cameron!
— Oh, Topper! Souriait Cayetana en s'essuyant vite les yeux, tout en se dégageant des bras de Ward, pour dissimuler son moment de larmes. Que viens-tu faire ici?
— Et bien, j'ai appris par Wheezie que ça y est, Izzie et vous aviez fini par trouver une maison. Alors je voulais passer pour vous offrir ceci, en tant que pendaison de crémaillère, annonce-t-il en tendant un panier rempli de garnitures en tout genre.
— Oh! C'est adorable de ta part, tu n'aurais pas dû.
— Ce n'est rien, ne vous inquiétez pas. Aussi, j'aurais aimé emmener Izzie au Island Inn, histoire de se détendre avant la rentrée, demain.
— Ça me semble être une bonne idée et c'est si attentionné de ta part, Topper. Mais-
— Mais Izzie est punie, l'interrompt Ward avec un air sévère. Elle est privée de sortie.
— Oh...
— Topper? Fit la voix de la principale concernée de la discussion. Qu'est-ce que tu fais là?
— Et bien je voulais te souhaiter officiellement la bienvenue à obx et fêter ton emménagement au Island Inn mais tes parents m'ont dit que tu étais punie. Je comprend maintenant pourquoi je te voyais plus.
— Ouais, je suis désolée. J'aurais vraiment apprécié sortir avec toi pour profiter des vacances, mais apparemment certains n'ont pas compris la définition de vacances.
— Ward, fit Cayetana. Peut-être qu'on pourrait la laisser y aller, mettre fin à la punition. Après tout c'est le dernier jour des vacances et elle sera avec Topper.
— Je ne sais pas trop...
Ward ne voyait plus Topper du même œil depuis l'attraction qu'il a eu avec sa fille, le jour où il était venu chez eux, seulement pour lui crier dessus et en plus pour l'insulter. Il ne voulait pas vraiment le laisser traîner avec Izzie.
— Tu vois, soupirait cette dernière après avoir roulé des yeux.
Mais s'il y a bien une chose qu'il voulait encore moins, c'était qu'Izzie lui en veuille. Depuis sa punition, Izzie avait littéralement oublié ses parents, elle les ignorait, ne leur répondait pas une seule fois, elle ne les regarder même pas dans les yeux. Elles les avaient comme effacer de son esprit.
Et ça, Ward et Cayetana ne l'avaient pas supporté, même si Ward a su rester sur sa décision alors que Cayetana avait plusieurs fois tenté de le faire changer d'avis.
Mais cette fois ci, il allait changer d'avis. Cayetana avait raison, ils devaient la laisser profiter de son dernier jour d'été.
— Finalement, vas-y, lâche-t-il. Sors avec Topper.
— Vraiment? Lui demande la blonde assez surprise par ce soudain changement d'attitude.
— Oui. Profite de cette belle journée d'été une dernière fois avant d'être envahie par les cours, ajoute-t-il en sortant de sa poche arrière son téléphone.
Isabella avait une fois tenté de récupérer son téléphone sans permission et derrière le dos de ses parents, mais elle s'était faite prendre par Rose dans le bureau de son père. Alors Ward le gardait sur lui tous les jours.
Il ne voulait vraiment pas qu'elle reprenne contact avec ces Pogues.
Et pour la première fois depuis un mois, il vit le sourire rayonnant de sa fille, ce qui le fit automatiquement sourire aussi. Lui ainsi que Cayetana.
— Merci! S'exclame-t-elle en attrapant son téléphone. Je vous en veux toujours, réplique-t-elle avec sérieux. Mais moins qu'avant.
— On y va?
— Oui, réplique la blonde en rejoignant Topper qui commençait son chemin vers sa voiture. Oh! Téléphone, tu m'as tellement manqué! Maman ne te quittera plus jamais, murmurait elle à l'appareil électronique, arrachant un rire à Topper.
— Tu as bien fait, disait Cayetana à Ward en regardant sa fille et Topper rentrer dans la voiture.
— Ouais. Tu avais raison. Je n'aurais pas dû lui mentir, dit il en faisant référence au fait qu'ils lui aient caché la vérité sur lui. Elle avait aussi besoin d'un père. Alors finalement... ce n'est pas que de ta faute, mais surtout de la mienne. Je n'étais pas là. Tu es un bien meilleur parent que moi, ajoute-t-il avant de partir a l'intérieur de la maison pour y rentrer des cartons.
Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Cayetana, touchée par les paroles de Ward, puis elle reprit ses occupations et dirigeait les déménageurs.
༄༅༅༅༉
APRÈS QUELQUES MINUTES, les deux blonds arrivent à destination. Topper se gare avant de couper le contact et de descendre avec Izzie de la voiture pour rentrer dans le restaurant.
Elle pensait que depuis le temps, les gens seraient passés à autre chose, qu'ils seraient plus préoccupés par la rentrée, leur travail ou autre. Mais non.
En entrant à l'intérieur du restaurant, elle eut droit à plusieurs regards, des murmures dans son dos et des doigts la pointant discrètement.
— Quelque chose me dit que je vais devenir la vedette de l'île.
— Ne fais pas attention à eux, réplique Topper en passant sa main sur son dos pour la réconforter.
— Hey Topper! On est là, s'exclamait Kelce en faisant signe aux deux blonds.
— Ça va, mec?
— Ça va et toi? Hey Izzie! Ça faisait longtemps.
— Ouais, j'étais privée de sortie.
— Pendant les vacances. Oh mon dieu, commenta la brune qui accompagnait Kelce. C'était pas trop dur?
— C'était surtout ennuyant vu qu'ils ont pris mon téléphone aussi, soupirait la blonde en s'asseyant.
— En tout cas, tu aurais préféré ne pas savoir ce qu'il s'est passé.
— On regarde ce qu'il y a? Demande Topper, ouvrant la carte des menus, pour changer de conversation, voyant très bien où allait en venir la brune.
— Ouais...
— Excusez moi. Bonjour. Comment ils sont les brunchs? Demande Izzie auprès d'un employé.
— Nos brunchs sont satisfaisants, madame. On a de bons œufs frais qu'on peut vous faire brouiller ou à la poêle avec comme accompagnement tous les choix de cette colonne.
— Oh intéressant. Et bien, je vais me prendre des œufs brouillés avec des toasts, accompagné de beurre demi sel, s'il vous plaît. Avec un jus multi-fruits, s'il vous plaît.
— Je suis bien tentée aussi. La même chose.
— Très bien. Et pour messieurs?
Isabella ne fit pas attention aux choix des garçons, ses yeux avaient été capturés par un regard bleu azur qu'elle pouvait reconnaître entre milles.
Joder... qu'est-ce qu'il fait là?
Elle ne s'attendait pas du tout à voir JJ ici, surtout pas en tenue d'employé. Remarque, ce n'est pas si étonnant que ça. JJ était un Pogue et il avait besoin de travailler pour pouvoir subvenir à ses besoins.
Ce dernier fut tout de suite attiré par ces yeux noisettes pour qui il est tombé amoureux. S'il y a bien quelqu'un qui ne s'attendait clairement pas à voir Izzie, ici, c'est bien JJ.
Après ce que lui avait dit Kiara, sous la demande de la blonde, il avait été blessé et pour lui, Izzie allait le faire sortir de sa vie. Et la voilà, toujours aussi magnifique, ravivant tellement de sensations qu'il a l'impression que c'est la première fois qu'il la voit.
Finalement, c'est Isabella qui mît fin à ce jeu de regard entre eux, en se re-focalisant sur les personnes avec elle.
— Vous pourriez nous ramener de l'eau aussi? Demande-t-elle au serveur qui venait tout juste de terminer de noter leurs commandes. En attendant nos plats.
— Bien sûr. Je vous apporte ça tout de suite.
— Merci.
Voir le beau blond l'avait toute retournée, tellement qu'elle en avait la gorge sèche.
Le serveur revint après quelques secondes avec une carafe d'eau, par laquelle il déversa le contenu dans les verres de chacun des jeunes. Isabella le remercia en plus de lui offrir un sourire et s'hydrate rapidement.
En buvant, elle remarquait très bien, une nouvelle fois, les regards qu'on lui lançait, les doigts, qui tentaient d'être discrets, pointés sur elle accompagnés de murmures.
— Qu'est-ce que tu voulais dire quand tu disais que je n'aurai pas préféré savoir ce qu'il s'est passé? Demande-t-elle en se tournant vers la brune.
— Rien du tout- commence Topper avant d'être vite interrompu par la brune.
— Et bien, quelqu'un aurait entendu Ward dire que Sarah était bipolaire et que c'est comme ça que John B a pu la manipuler et donc l'emmener avec lui.
— Sarah n'est pas bipolaire, rétorque Isabella avec un sourire pour cacher sa colère. Et même si elle l'était, elle ne se laisserait pas faire et ne l'aurait pas suivi si naïvement. Sarah est beaucoup plus intelligente que ça.
— Peut-être bien, mais en attendant elle n'est plus là.
Toi aussi, tu vas bientôt disparaître si tu continues à dire de la merde.
Isabella pouvait sentir ses veines bouillir, son sang circuler à une vitesse qu'elle en ressent les pulsations. Et pour éviter de se jeter sur cette brune qui la mettait hors d'elle au fur et à mesure qu'elle parlait, elle serrait fortement ses mains sur eux-mêmes, à blanchir ses poings.
Sauf qu'elle avait oublié qu'elle tenait toujours son verre dans sa main, qui se resserrait avec force dessus.
— Et d'autres racontent même qu'elle aurait complètement pété les plombs.
La main serrait tellement fort son verre, que ses bagues aux doigts s'incrustaient dans sa peau.
— Qu'elle serait devenue totalement folle. Remarque ça expliquerait pourquoi elle s'est mise à traîner avec ces Pogues.
Soit les verres n'étaient pas de très bonne qualité soit la colère d'Isabella dépassait l'entendement, car le verre d'Izzie se fissurait petit à petit et il n'était pas loin de se briser.
— Ça tient la route, avec cette rumeur qu'elle était bipolaire. Elle est devenue folle, la pauvre, ajoute la brune avec une voix remplie de fausses compassion et de jugements.
Et là c'était la goutte de trop.
Tout le monde s'était retourné à leur table quand le bruit d'un verre brisé avait jaillit d'un seul coup. Quant à Topper, Kelce et la brune, ils avaient tous les trois sursauté. Mais Izzie, elle, n'avait pas bougé d'un pouce, elle observait seulement sa main toujours close, avec quelques gouttes de sang qui s'en échappaient.
— Izzie, s'exclamait Topper en attrapant sa main blessée pour voir les dégâts. Ça va?
— Tout va bien, mademoiselle? Fit le serveur venant avec plusieurs torchons et mouchoirs.
Izzie ouvrit sa main et y découvrit des coupures à sa paume, où du sang s'en émanait avec des morceaux de verres encore enfoncés.
— Tenez mademoiselle.
— Tiens Izzie, met ça sur-
— C'est bon, je vais le faire, réplique-t-elle en prenant le mouchoir que lui tendait Topper, après lui-même l'avoir pris du serveur. Je vais... hum... je vais arranger ça au toilette. Je reviens.
Elle quitta la terrasse du restaurant avec les yeux fixés sur elle. Elle se retenait avec une grande force pour ne pas se mettre à pleurer sur le chemin jusqu'au toilette où elle s'y enferma pour se nettoyer la main.
Du côté de JJ, il voulait se jeter sur Izzie pour s'assurer qu'elle n'avait rien de grave, mais son patron l'avait vite appelé pour qu'il s'occupe d'une table.
Il n'avait pas cessé de penser à elle durant toutes les vacances.
Combien de fois avait il eu envie de la rejoindre chez les Cameron pour lui parler? Combien de fois avait il été tenté à le faire? Un jour il avait bien failli grimpé jusqu'à la fenêtre de la blonde, mais ses meilleurs amis l'en avaient empêché alors qu'il allait rentrer par effraction.
Il s'était toujours demandé pourquoi Izzie avait elle fait ça. Lui proposer de chercher des preuves pour pouvoir dénoncer son père et son frère, et ensuite aller chercher sa sœur et John B, pour au final... tout laisser tomber. "Parce que c'était stupide".
Mais surtout, eux deux. Leur histoire. Comment ça ce n'était qu'un tue le temps? Cette partie là, il ne pouvait pas y croire, il n'y croyait pas même. Il savait très bien ce qu'il s'était passé entre eux ce jour là et elle aussi, elle ne pouvait pas le nier.
Au fond de lui, il savait que ce n'était qu'une excuse de la blonde pour ne pas le revoir. Mais pourquoi? Pourquoi elle ne voulait plus le revoir? Ou alors pourquoi ne le pouvait elle plus?
Il avait eu beau insisté auprès de sa meilleure amie, elle n'avait pas craqué, bien qu'elle aurait voulu lui dire la vérité. Mais elle voulait aussi éviter de perdre un deuxième meilleur ami.
— En tout cas, tout ce qui est arrivé à Izzie et Sarah est entièrement de la faute de John B, reprend la brune avec les deux garçons.
— Il l'a enlevée? Demande Kelce surpris par ce qu'elle avait dit plutôt à Isabella.
— Évidemment c'était un Pogue. Quoi d'autre? Un meurtrier.
— Il a tué là shérif.
— John B savait comment ça finirait. Ça leur a évité le coût d'un procès, continue la brune alors que JJ s'approchait de leur table pour remplir à nouveau leur verre. John B ira en enfer pour ce qu'il a fait au shérif.
— L'enquête est en cours, réplique Topper sentant de là où il était que JJ bouillonnait, le mettant mal à l'aise, étant donné qu'il sait lui aussi la vérité.
— À quoi bon? On sait bien qui l'a fait, craché la brune.
— Oui, affirme Kelce.
C'en est trop.
— La ferme! S'exclame JJ en se retournant vers eux.
— Écoute-
— La ferme, Top!
— C'est pas le moment, poursuit ce dernier pour éviter les tensions.
— On ne te parlait pas, Pogue, siffle Kelce.
JJ saisit vite un verre et un couteau avec lequel il tapotait le verre pour attirer toute l'attention des clients sur lui.
— Puis-je avoir votre attention? J'ai une annonce à faire. Mon meilleur ami John B n'a pas tué là shérif Peterkin. Rafe Cameron a tué la shérif de sang-froid, crie-t-il lui valant un rire moqueur de Kelce qui se frottait nerveusement au-dessus de ses lèvres, n'y croyant pas une seconde. Voilà ce qui s'est passé.
— Ouah.
— C'est si dur à croire, Kelce?
— C'est dur à croire, car c'est toujours la faute des Kooks, déclare-t-il en se levant vers le blond pour lui faire face. Jamais les Pogues.
JJ n'attendit pas plus longtemps et prit la carafe d'eau pour la renverser sur Kelce, qui se jeta aussitôt sur lui pour lui régler son compte, pris de colère.
— Allez!
— Tu es sérieux! Hurle Topper en rejoignant les deux jeunes pour tenter de les séparer. Arrête! Arrête!
— Lâche moi! Lui hurle JJ en se dégageant de la prise de Kelce.
— C'est pas le moment!
— JJ, l'appelle sévèrement son patron.
JJ savait très bien pour quoi il l'appelait, il dé-faisait déjà son tablier.
— Oui, Raz. Je sais. Je suis viré.
C'est avec le cœur douloureux que JJ quitta la terrasse de son lieu de travail.
La douleur était si forte qu'il se tenait la poitrine de sa main, comme pour l'apaiser, et sa respiration lui était assez difficile, il laissait échapper quelques petits sanglots.
Cette douleur était comme une lame qu'on lui enfonçait dans le torse, tout droit vers son cœur. Cette douleur était là depuis que son meilleur ami avait disparu, et rien n'arrivait à la diminuer. Sauf une. Une personne, et elle était la seule à la soulager.
Isabella. Mais elle n'était plus là.
Il s'avançait rapidement vers sa moto, la main toujours sur son torse, et retira brusquement sa béquille. Mais avant de la chevaucher et de retourner chez lui, il entendit des sanglots à côté de lui.
Il tourne la tête et tombe alors sur Isabella, qui était assise sur le trottoir, la main toujours en sang, et les joues inondées par les larmes.
— Izzie? L'appelait JJ.
Cette dernière cessa au plus vite ses larmes en les essuyant de sa main, puis elle releva le regard sur le blond qui l'avait appelé. Ce même blond dont la voix pouvait lui procurer dix milles sensations.
— Oui?
— Ça va?
— Je vais très bien, pourquoi tu demandes?
— Pour voir si tu allais me dire la vérité ou me mentir, mais je vois que tu as choisi la deuxième option.
— Je vais bien, JJ.
— Ta main me dit le contraire.
— Ok, je vais pas bien! Je vais pas bien, t'es content? Ma sœur me manque terriblement, je n'ai toujours aucun souvenirs, et tout le monde me regarde comme si j'étais folle! Et je me suis niquée la main!
— Fais voir, lui fit le blond en l'aidant à se relever.
Il observa la dite main, qu'elle lui tendait, et en effet elle était en mauvaise état. Entre la cicatrice de la blessure causée par le tisonnier de Mme Crain et les petites coupures du verre, sa main en avait vécu des choses.
Il saisit sa main pour l'observer de plus près, avant de finalement attraper son bandana pour l'enrouler autour de sa main, afin de servir de bandage. Comme chez Crain.
Et ça, Izzie s'en souvenait. À l'instant.
Pendant que JJ lui bandait la main, elle voyait des images de lui, en face d'elle, lui bandant une main de son bandana qui saignait abondamment. Le pourquoi, elle n'en avait aucune idée. Mais en tout cas, elle se souvenait enfin de quelque chose qu'elle avait vécu avec JJ. Un bref moment, mais important.
« — Izzie, Izzie! Tu saignes!
— Oh joder...
— Viens. Quasi sûre d'en ressortir vivante et entière, hein?
— Déjame en paz... »
— Qu'est-ce qu'il y a? L'interrogeait le blond en remarquant les yeux noisettes fixés sur lui.
— Tu m'as déjà fait ça.
Sa réponse lui fit relever la tête de sa main, un sourcil arqué, ne comprenant pas ce que disait Isabella.
— T'étais là quand je me suis faite cette blessure là, explique la blonde en désignant la grande cicatrice sur sa paume.
— Tu- tu te rappelles?
— Seulement que tu me bandais la main, sourit elle.
Isabella ne pouvait pas le voir, puisque JJ avait rebaissé la tête vers sa main pour continuer le bandage, mais il avait un petit sourire tout heureux.
Ça y est... ça commence à revenir. Il y a encore de l'espoir.
— Pourquoi t'es là? Lui demande-t-elle. Tu ne devrais pas travailler.
— Je me suis fait virer.
— Pourquoi? S'exclamait la blonde.
— Je me suis battu avec Kelce.
— JJ...
— C'est rien, réplique-t-il en terminant le bandage. C'est pas grave.
— Je suis désolée.
— Il faut pas.
— Qu'est-ce que tu vas faire?
— Rentrer chez moi, je suppose.
— Est-ce que j'exagère en te demandant de me ramener aussi? Tente la blonde avec un petit sourire. Je ne me sens pas de retourner là-bas après... ça, rit elle nerveusement en désignant sa main fraîchement bandée.
— Hum... non. Bien sûr, je peux te ramener, lui affirme-t-il en chevauchant sa moto. Mais j'ai pas de casques pour toi, alors-
— Ça fait rien, réplique la blonde en s'installant à son tour sur la moto, derrière JJ sur qui elle entourait ses bras autour de sa taille musclée. J'ai confiance en toi, lui murmure-t-elle au l'oreille.
Ce murmure à l'oreille l'avait fait tressaillir, son souffle percutant sa peau lui avait donné la chair de poule en plus d'accélérer les battements de son cœur. Et ses bras enroulés autour de sa taille, il en avait des sensations dans le ventre.
Izzie avait très bien ressenti le frisson qu'elle avait procuré chez JJ, ça lui avait fait de l'effet aussi, en plus de dessiner un petit sourire sur ses lèvres.
Et alors qu'il allait démarrer, les deux blonds entendirent des cris venant du restaurant. C'étaient d'autres employés, hurlant sur le blond.
— Ouais, JJ. Fous le camp d'ici!
— Regarde ce que tu fais!
— Fous le camp d'ici!
— Retourne dans la zone!
Ce dernier leur répondit avec son majeur, tandis qu'Isabella eut une idée, elle ne supportait pas qu'il traite le blond de cette façon.
— Roule sur les fleurs, sourit elle en désignant les fleurs colorées à côté d'eux.
Un sourire s'esquisse sur les lèvres de JJ et il ne se fit pas prier pour faire ce que lui avait dit la blonde. Il roula jusqu'aux fleurs et laissa tourner sa roue arrière sur celles-ci, les détruisant, tout ça sous les cris de plaintes et de rage des employés, mais formant un sourire narquois sur la bouche des deux blonds.
Puis JJ démarra enfin, pour quitter cet endroit avec Izzie, resserrant sa prise sur sa taille pour s'accrocher à lui.
Ils avaient beau être séparé par multiples choses ou événements, jamais ce lien entre eux ne se briseraient. Nul n'en avait la force pour.