T'aimer En Vers

By thewordsofanais

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«- Ô Roméo ! Roméo ! pourquoi es-tu Roméo ? Cette phrase, elle la prononce haut et fort devant toute l'assemb... More

[PROCHAINEMENT]
AVANT-PROPOS
INSPIRATIONS & PLAYLIST
PREMIER ACTE - début septembre à fin novembre
1| le temps d'un monologue
2| ce sentiment qui les liait
3| auditions
4| dix-huit rue Sainte-Marthe
5| réalité dérisoire
6| rencontre inattendue
7| l'école de cinéma
8| sur scène
9| appel manqué
10| pardon
11| cicatrices du passé
12| pas un rencard
13| le paradis des âmes brisées
14| proposition surprenante
15| laisser le destin nous faire changer d'avis
DEUXIÈME ACTE - début décembre à fin février
16| mettre à nu ses faiblesses
17| descente aux enfers
18| briser la carapace
19| apprivoiser ses sentiments
20| nuit parisienne
21| confidences
22| souvenirs douloureux
23| lâcher prise
25| anniversaire
26| l'accident
27| affronter ses démons
DERNIER ACTE - début mars à fin juin
28| un début de tournage perturbé
29| fantômes du passé
30| sentiments à rude épreuve
31| Roméo sans Juliette
32| seconde chance
33| dernières révélations
34| remonter la pente
35| clap de fin
épilogue| pour Danae

24| perdre le contrôle

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By thewordsofanais

Control - Zoe Wees

❝ Ça se vit, l'anxiété. Ça vous rentre de partout, ça vous pénètre, et plus on de démène, plus ça fait mal. ❞

Jean-François Somcynky

Ce dimanche matin là, Clara est réveillée par de faibles rayons du soleil qui s'infiltrent à travers ses volets. Elle ouvre les yeux, les frotte énergiquement et s'assoit sur son lit. Une journée entière s'est écoulée depuis que Roméo l'a invité au cinéma. Seulement quelques heures la sépare de ce moment où les deux amoureux se sont confiés l'un à l'autre.

En dehors de sa psychologue et parfois de sa mère, Clara n'a jamais ouvert son cœur à quelqu'un, partagé ses craintes les plus profondes. Intérieurement, elle se dit qu'elle est en train de changer, de lâcher prise. Mais ses insomnies encore trop nombreuses et ses angoisses à répétition lui rappellent que le chemin est loin d'être parcouru avant qu'elle puisse souffler et être pleinement heureuse et libérée.

Clara déverrouille donc son téléphone, puis ouvre ses messages. Elle n'a pas besoin de faire défiler longtemps les conversations pour trouver celle qui l'intéresse, car celle-ci se trouve parmi les plus récentes.

de Clara à Roméo :
Merci encore pour le cinéma avant-hier, j'ai adoré.

Encore un peu endormie, l'adolescente se lève et s'avance en traînant les pieds jusqu'à la cuisine. Sur la table, elle trouve un petit mot laissé par sa mère. En effet, cette dernière est déjà partie travailler à la boutique, le dimanche étant un jour d'affluence. Avec des gestes presque machinaux, Clara sort de quoi se préparer son petit-déjeuner. Elle s'assoit ensuite sur une chaise et commence à manger en silence. Tandis qu'elle avale les dernières bouchées, son portable vibre. La blonde s'empresse de regarder le message qui vient d'arriver, persuadée qu'il s'agit de la réponse du brun.

de Roméo à Clara :
Moi aussi, c'était vraiment sympa.

Un sourire s'étire sur ses lèvres à la lecture de ces mots. L'adolescente s'apprête à y répondre, mais un frisson brutal lui parcourt soudain l'échine. Elle qui s'était réveillée légère et souriante sent désormais quelque chose d'anormal autour d'elle.

La jeune femme chasse les pensées négatives de son esprit, mais les sueurs dans son dos redoublent. Les marques sur ses avant-bras la démangent. L'anxiété grimpe, et soudain, Clara sent sa poitrine s'opprimer. L'air se comprime dans sa cage thoracique, sa tête commence à tourner, sa gorge se serre. Les signes sont évocateurs, l'adolescente ne peut le nier, il s'agit d'une de ses crises d'angoisse, comme elle est sujette depuis plusieurs années...

— Oh non, non, non, murmure t-elle pour elle-même.

Pas maintenant. Pas lorsqu'elle est seule dans l'appartement. Clara sent cette boule de pression monter de plus en plus le long de son cou. Les larmes lui piquent les yeux, elle suffoque.

Tu me promets qu'on se séparera jamais ?

Je te le promets, Clara.

Ces voix dans sa tête. Elles hantent ses pensées. La blonde ne veut plus les entendre. Elle resserre sa prise sur la table pour s'empêcher de vaciller. La tête entre les mains, l'adolescente essaie de se calmer, mais les larmes inondent déjà ses joues pâles.

Regarde, Clara, on casse en deux mon collier. Une part pour toi, une part pour moi. Comme ça on sera liées, toi et moi. Pour toujours.

Elle veut les faire taire. Reprendre le contrôle. Elle n'arrive plus à respirer. Instinctivement, elle porte une main à son cou et au collier qui y est niché. D'ordinaire, ça la calme. Mais pas cette fois. Son souffle est bruyant, pénible. Les larmes coulent de plus belle sur sa peau, pendant que l'adolescente se lacère l'épiderme avec ses ongles.

Monte sur la scène avec moi, Clara.

Je peux pas, c'est toi qui a le rôle. Que va dire le prof ?

Je t'en supplie... J'y arriverai pas seule. J'ai besoin de toi.

Besoin de toi

Besoin de toi

Besoin de toi

Ces derniers mots se répètent dans la tête de la jeune fille. Elle n'arrive plus à retenir sa crise. Alors, elle se met à crier dans l'appartement, libérant la colère refoulée dans son corps.

— Moi aussi, j'ai besoin de toi, putain ! Tu pouvais pas me laisser seule comme ça !

Ses poumons sifflent au moindre mot. Clara a l'impression que la pièce se resserre autour d'elle, l'enferme, l'étouffe. Il faut qu'elle se lève ouvrir les fenêtres. La porte. Peu importe. Se remettre sur ses jambes lui demande un effort considérable, mais elle tient bon et avance pas à pas, toujours en suffocant, vers les volets.

Au bord des larmes, l'adolescente retourne en direction de la table et s'effondre sur la chaise. Elle reprend son téléphone et compose le numéro de sa mère. La sonnerie retentit. Un coup. Deux coups. Trois coups. Puis la messagerie vocale. Clara raccroche en jurant, tandis qu'elle peine de plus en plus à reprendre sa respiration. Pourquoi sa mère n'est pas dans les parages quand elle a le plus besoin d'elle ? La panique augmente, Clara tente un nouveau numéro, celui de Roméo, cette fois ci, qui décroche rapidement.

— Allô ?

Mais l'adolescente n'arrive pas à faire sortir les mots de sa bouche. Son corps est secoué par de violents spasmes qui accompagnent les sanglots.

— Clara ? Tout va bien ?

— Viens... murmure t-elle en pleurant de plus belle. S'il te plaît...

— T'es chez toi ?

— Hmm.

— Ok j'arrive tout de suite.


Encore au téléphone avec la blonde, Roméo enfile un sweat par-dessus ses vêtements, des chaussures et il sort.

— Raccroche pas, Clara, ok ? Parle moi. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Le ton de la voix de son amie ne suggère rien qui vaille. Quelque chose ne va pas. Il doit se dépêcher. Très inquiet pour elle, il court dans les rues de la capitale, guidé par les pleurs et les hoquets de Clara, et arrive bientôt devant son immeuble. Le portillon est ouvert mais il faut appeler ou taper le digicode pour déverrouiller la porte d'entrée.

— Oh putain. Clara ? T'es toujours là ?

Elle chuchote un faible oui.

— C'est quoi le code de la porte ?

— 5, 6, 3, 2, 9... bouton validé...

À l'autre bout du combiné, il entend la respiration haletante de l'adolescente. La porte s'ouvre dans un clic, et il continue sa course dans les escaliers.

— Tiens bon, Clara. J'arrive. Je monte les escaliers là et je suis chez toi après. Ta porte sera ouverte ?

— Hmmm.

Roméo stoppe sa course effrénée une fois devant l'appartement de Clara. Il tourne la poignée et entre. Lorsqu'il la voit sur sa chaise, au plus mal, son visage se décompose, et il accourt vers elle.

— Clara ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Je... je peux plus respirer... Ça recommence...

Elle brun commence à paniquer à son tour. Il ne sait pas quoi faire dans ce genre de situations.

— Je suis là maintenant. Ça va aller, ok.

Elle hoche la tête, toujours en larmes. Sans plus attendre, Roméo prend la chaise à coté d'elle, lui attrape les poignets et la force à le regarder.

— Fais comme moi. Inspire. Expire. Voilà c'est bien. Inspire profondément. Souffle. Regarde moi. Ça va aller. Je suis là.

Clara soulève difficilement sa poitrine. Les sanglots agitent encore son corps, mais la tension commence doucement à redescendre. Autour d'elle, la pièce revient peu à peu à sa forme d'origine.

— Voilà, c'est bien. Continue. Respire calmement.

Aidée par Roméo, sa respiration redevient régulière après quelques minutes. Son corps s'apaise, ses larmes se calment.

— Tu veux un verre d'eau ? demande l'adolescent.

Clara hoche la tête, encore trop sonnée pour parler. Roméo part dans la petite cuisine et lui remplit un grand verre.

— Tiens, dit-il en le posant devant son amie.

— Merci, répond t-elle faiblement.

Elle le prend, puis commence à boire, petites gorgées par petites gorgées, comme le lui a appris son docteur. Sa gorge se réhydrate progressivement, à mesure que le liquide s'écoule dans son corps. Roméo dépose un baiser sur son front et elle pose sa tête contre la poitrine du brun. Ils restent un long moment ainsi, avant que ce dernier ne demande.

— Ça va mieux ?

Clara le regarde et sourit.

— Oui. Merci beaucoup.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé vraiment ?

— Crise d'angoisse.

— Oh...

— J'étais tranquillement en train de déjeuner, quand elle s'est déclenchée. J'arrivais plus à respirer ni à me calmer. Mon anxiété me faisait perdre le contrôle. J'avais l'impression d'étouffer. C'est vraiment horrible comme sensation, tu sais.

— J'imagine. Ça t'arrive souvent ces crises ?

— Moins ces derniers temps. Mais l'année dernière, j'en faisais très régulièrement.

— Pourquoi tu m'en as jamais parlé ?

— J'ai toujours lutté contre. Avant, je réussissais plus ou moins à les retenir, grâce aux exercices de respirations ma psychologue. Ça fait des années que ça dure. Ça a commencé suite à un traumatisme par le passé. Mais aujourd'hui, elle a été très brutale.

— Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?

— Rien malheureusement. Ma psy m'a donné deux ou trois techniques pour me calmer, mais je ne peux rien tenter au moment même où elles arrivent. Ce que t'as fait pour m'aider à respirer, c'est la seule chose qu'on peu se permettre d'élaborer.

— Ça me torture de te voir ainsi et de rien pouvoir faire plus, tu sais.

Elle esquisse un sourire désolé.

— Merci d'avoir été là aujourd'hui. C'est déjà énorme. Je sais pas dans quel état j'aurais été sinon. Merci beaucoup. D'être venu et de m'avoir aidé à me calmer.

— Je suis là, maintenant. Ça va aller. Tu n'es plus seule pour affronter tes crises, Clara, tu peux compter sur moi pour t'aider quand tu auras besoin de moi. Je te le promets.

Clara embrasse Roméo tendrement et se blottit contre lui. Sa présence suffit à la rassurer et à l'apaiser. Mais elle a peur que si elle lui révèle la nature et l'origine de ces crises, quelque chose change entre eux. Pourtant, elle sait qu'elle ne pourra pas lui cacher éternellement son secret, surtout si son anxiété refait surface de plus en plus violente. Car cette fois, il est arrivé à temps, mais que se passera t-il lorsqu'elle sera seule ?

hello !
comment ça va ?

j'espère que ce chapitre vous a plu, il me tenait à cœur de vous ne montrer car vous voyez Clara différemment.

je vous avoue que pendant l'écriture, j'ai fait quelques recherches sur l'anxiété, les crises d'angoisse et tout pour être la plus réaliste possible

bientôt le chapitre avec THE révélations hihi :)

à la semaine prochaine pour la suite !
anaïs.

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