Alors que nous venons seulement de rentrer d'une nouvelle visite dans Paris, mon téléphone sonne, indiquant le nom de Jason : bien évidemment, je décroche sans une hésitation.
- Jason ! Tu vas bien ? Tu m'as appelé il y'a deux jours, je te manque à ce point ? Lui demandais-je, alors qu'il émet un léger rire à l'autre bout du fil.
Depuis que nous sommes arrivés à Paris, il y'a déjà une semaine, mon frère m'appelle quasiment tous les jours, et lorsqu'il ne le fait pas, il m'envoie des messages pour être sûr que je vais bien.
- Cette fois, c'est important. Me dit-il enfin, alors que je fronce les sourcils. Les parents sont rentrés hier, et ils repartent déjà demain. Bref, j'ai essayé de l'en dissuader, je te promets. Mais maman tente déjà de contacter ses connaissances de Rochester pour t'assurer une place.
Je lâche directement un profond soupir, peu étonnée des agissements secrets de ma mère, mais tout-de-même agacée : elle n'arrive pas à comprendre qu'elle ne contrôlera pas mes choix toute ma vie, et qu'un jour, je ferais comme bon me semble.
- C'est dingue. Même quand je suis à des milliers de kilomètres d'elle, elle trouve un moyen de me pourrir la vie. Soupirais-je, alors que Jason répète mon geste.
- Ne t'inquiète pas. Si tu es acceptée à Harvard, on trouvera une solution pour que aille étudier là-bas. Ou même si n'importe quelle autre école valide ta demande. Tu n'iras pas gâcher ta vie à Rochester pour elle. Tente de me rassurer mon frère, d'une voix amicale et surtout chaleureuse.
Jason sait à quel point je rêve d'aller étudier à Harvard, ou même à Stanford. Ce sont deux des écoles les plus convoitées et réputées des Etats-Unis, et tous le monde aurait envie d'y mettre les pieds et d'avoir le privilège de dire qu'il a réalisé ses études dans d'aussi grandes écoles.
Je ne peux pas abandonner de telles chances pour une école dans laquelle je devrais simplement étudier pour me diriger dans le domaine de la mode, qui ne m'intéresse plus du tout aujourd'hui.
- Merci Jason. Soufflais-je, désemparée. Je ne sais pas si ça servira à quelque chose, mais je ne peux pas finir à Rochester.
- Je ferais en sorte que ça n'arrive pas. Je te le promets. Se contente alors de me répondre mon frère.
Puis, après avoir échangé encore quelques mots, je finis enfin par raccrocher et me dirige vers la grande piscine intérieure de notre hôtel, dans laquelle se trouvent quelques élèves de mon lycée, ou encore des touristes qui profitent du calme présent.
De même, je vois au loin Julia et se diriger vers le spa en pleine discussion, avant de rentrer dans la pièce isolée et d'ainsi disparaître de notre champ de vision, puis je détourne enfin mon regard d'elles pour m'installer sur le transat à côté de Kilian, en pleine conversation avec Adam et Andrew.
Quand il me voit m'asseoir à ses côtés, il détourne le regard de ses amis afin de le poser sur ma personne, avant de me lâcher un bref sourire, que je lui rends directement.
- Alors ? Comment va Jason ? Me demande Kilian, alors que je détourne le regard.
- Il va bien. Il me racontait les nouveaux exploits de ma mère. J'ai pas une minute de répit avec elle. Dis-je simplement, en replongeant mes yeux dans les siens.
L'air peu étonné, je vois Kilian me regarder avec un air compatissant, comme s'il se mettait à ma place et qu'il comprenait la situation difficile dans laquelle je suis actuellement.
- Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? Me demande-t-il. C'est en rapport avec l'université ?
Je me contente de hocher la tête tout en gardant le silence durant de longues secondes, alors que je le vois me fixer sans un mot, attendant patiemment que je réponde.
- Elle essaie déjà de contacter ses amis de Rochester pour m'assurer ma place. Les résultats ne sont même pas encore tombés qu'elle essaie déjà de jouer de ses relations. Dis-je simplement, alors que Kilian m'écoute attentivement.
En général, les familles comme les miennes jouent de leurs relations pour assurer un meilleur avenir à leurs enfants, mais quand les résultats sont déjà tombés : ma mère elle, est toujours obligée d'agir différemment des autres, et surtout dans mon dos, parce qu'elle sait pertinemment que je n'approuverais pas ce genre d'agissement.
- Rochester ? Qu'est-ce que tu vas aller faire à Rochester ? Me demande-t-il, l'air intrigué.
- Vas demander ça à ma mère. Soupirais-je une nouvelle fois. Elle veut que j'étudie la mode et que je reprenne son entreprise d'ici quelques années. Mais ce n'est pas ce que je veux.
Alors, Kilian verrouille son regard au mien, me forçant ainsi à le regarder dans les yeux, sans même me toucher, m'empêchant ainsi de détourner mon attention de lui.
- Et toi, qu'est-ce que tu veux ? Me demande-t-il, dans un faible chuchotement.
- J'en sais rien. Soufflais-je, la voix faible.
Il secoue négativement la tête, sans jamais me lâcher du regard, comme s'il savait pertinemment que je lui mens.
- Si, tu le sais Nora. Chuchote-t-il d'une voix sûre de lui. Ne te mens pas à toi-même.
Je sais qu'il a raison. Je sais ce que je veux, je le sais depuis longtemps. Mais la vérité est que même si j'arrive à tenir tête à ma mère et à lui affirmer faire mes propres choix, elle saura trouver les mots pour me forcer à aller étudier à Rochester, et je ne saurais lui refuser ça.
C'est bien pour ça que ses agissements me mettent hors de moi : je sais qu'elle va gagner.
- Si je me mets ma mère à dos, je peux tout perdre. Je ne peux pas prendre ce risque. Me contentais-je de lui répondre d'une voix basse.
- Qu'est-ce que tu as à perdre, Nora ? Jason ne la laissera pas te couper les vivres, et tu sais que ton père non plus. Continue Kilian, comme s'il n'avait jamais été aussi sûr de lui. Tu dois apprendre à vivre pour toi et à montrer à ta mère que tu n'es pas là pour réaliser son rêve à elle, mais le tien.
Kilian a raison, et je le sais : le rêve de ma mère, le fait qu'elle souhaite voir sa fille suivre ses pas et aller encore plus loin qu'elle dans la mode n'est pas ce que je souhaite.
- Tu regretteras toute ta vie de ne pas avoir fais le bon choix pour toi. Chuchote-t-il une nouvelle fois. Si tu veux être heureuse, fais comme tu en as envie toi. Pas comme elle en a envie elle.
Puis, alors que son regard ne se détache pas du mien, il s'empare de ma main et la serre avec une tendresse incroyable, que jamais je n'aurais pensé possible.
- Crois-moi, Nora. Essaie de me faire confiance cette fois. Ta mère ne te mettras pas à la porte simplement parce que ça lui ferait une bien mauvaise image. Tu le sais autant que moi. Me dit Kilian, alors que je hoche la tête.
L'image que les gens ont de ma mère compte pour elle plus que n'importe quoi d'autre. Elle fait constamment attention à ce que les New-Yorkais autour d'elle peuvent penser de sa famille et de sa propre personne : elle ne vit que pour les apparences, et mettre sa fille à la porte ferait trop parler d'elle en mal.
Elle risquerait trop. Beaucoup trop.
- Je ferais le bon choix. C'est promis. Souriais je à Kilian, alors qu'il hoche la tête comme pour approuver mes propos.
Kilian allait une nouvelle fois prendre la parole quand Chiara et Lewis arrivent devant nous, tout sourire comme à leur habitude.
- Préparez-vous. On sort ce soir. Nous annonce ma meilleure amie, alors que je fronce les sourcils, intriguée.
- Vous avez oubliez qu'on a un couvre feu, ce soir ? Leur demandais-je, l'air sérieuse.
Les professeurs nous laissent le plus de libertés que possible durant ce voyage en France, mais aujourd'hui, comme il y'a trois jours, ils nous imposent un couvre-feu, la veille d'un programme de visite chargée.
Je pense qu'ils en ont marre d'entendre les élèves se plaindre de ne pas assez dormir, quand nous rentrons tous à trois heures du matin et que nous avons alors à peine quatre heures de sommeil.
Mais le peu d'autorité qu'ils ont sur nous fait que seulement peu d'élèves ont respectés cette consigne il y'a trois jours, et nous nous sommes d'ailleurs tous croisés dans la ville de Paris, avant de rentrer discrètement afin de ne pas nous faire prendre en flagrant délit.
- Et alors ? Demande à son tour Lewis, comme si tout était normal. Il y'a une fête foraine pas loin, et c'est le dernier soir où nous pourrons y aller. Il faut en profiter, non ? On ne rentrera pas tard.
- Mais on sort tous les soirs. Soufflais-je d'un air faussement désespéré.
J'adore sortir, et surtout profiter avec mes amis de Paris tant que nous y sommes encore, mais je n'ai actuellement aucune envie de bouger de mon transat, tant j'y suis bien installée.
- Justement, c'est ça qui est cool. Me répond-il en haussant les épaules. On ne va pas rester à l'hôtel toute la soirée, c'est vraiment chiant d'être ici.
Je lance alors un regard à Kilian, comme pour lui demander ce qu'il en pense, sachant que tous les autres seront partants.
- Ça peut être cool. Dit-il en haussant les épaules, l'air nonchalant. Il faut juste qu'on soit discrets en rentrant, j'ai pas très envie d'elle mis en retenue à mon retour.
- On est toujours discrets. Sourit Chiara. Et puis de toute façon, une retenue de plus ou une de moins dans notre dossier, ça change quoi ?
Je lève rapidement les yeux au ciel face à l'insouciance de Chiara, puis quelques minutes après seulement, nous nous levons et nous dirigeons tous dans nos chambres afin de nous changer et de nous préparer assez tôt pour pouvoir partir.
- T'as pas dis à mes cousines de venir j'espère, Chiara ? Lui demandais-je, une voix remplie d'accusations, bien que je connaisse déjà la réponse à ma question.
- Bah, bien-sûr que si. Se contente-t-elle de me dire, tout en haussant les épaules. J'aurais pas dû ? Je croyais que tu voulais les voir.
- Tu sais que ce n'est pas Iris et Eva le problème. Dis-je simplement, avant de me diriger dans la salle de bain afin de prendre une rapide douche.
Je sais pertinemment que si mes cousines viennent avec nous, elles seront accompagnées de leurs amis français : c'est bien ce qui me dérange.
Ces derniers jours, Josh ne fait que de me lancer des regards remplis de sous-entendus, ainsi que de tenter diverses approches avec moi, ce qui est très loin de plaire à Eva, à Kilian et également à moi-même : Josh joue clairement avec le feu, et il ne semble pas vouloir abandonner cette idée stupide qu'il se fait avec moi.
J'ai pourtant déjà essayé de lui faire comprendre qu'il n'avait aucune chance.
Rapidement, je sors de la douche afin de laisser la place à Chiara et à Julia, et ouvre le placard de notre chambre d'hôtel avant d'y extirper ma robe pull préférée, que j'accompagne de mes cuissardes noires basiques.
Une petite demi-heure plus tard, une fois que nous sommes toutes prêtes, nous retrouvons les garçons devant l'hôtel, semblant déjà nous attendre depuis de longues minutes, tant leur visages semblent lassés et dépités.
- Enfin ! S'exclame Andrew lorsque nous arrivons à leur hauteur. Je sais que vous aimez vous faire désirer, mais il y'a des limites.
- Oh, ça va. Vous attendez ici depuis quoi, dix minutes ? Demande Hannah, d'une voix bien plus amusée que sérieuse face à leur air blasé.
En même temps, comment rester sérieux face à de tels visages ?
- Une demi-heure, tu veux dire. Soupire profondément Adam, l'air dépité, qu'il perd aussitôt lorsque Charlotte pose un baiser sur sa joue, qui le fait systématiquement sourire. Mais bon, on a l'habitude maintenant, plus rien ne nous étonne. Finit-il avant d'entourer la taille de sa copine de son grand bras.
- Mais vous nous aimez comme nous sommes. Ne dîtes pas le contraire. Continue Charlotte, alors que le garçons se lancent mutuellement un regard rempli de sous-entendus.
- Si on veut. Chuchote Lewis un peu trop fort, s'attirant ainsi tous nos regards les plus meurtriers et les plus noirs.
Puis, nous commençons à marcher sous un beau soleil couchant dans les rues parisiennes, comme presque tous les jours depuis que nous sommes arrivés ici.
- Au fait, vous vous souvenez qu'il y'a le bal d'hiver du lycée à notre retour ? Nous demande Charlotte, un large sourire aux lèvres. J'espère que vous viendrez, c'est notre dernier.
J'avais déjà oublié le bal d'hiver organisé tous les ans par notre lycée, et auquel les élèves des lycées voisins ne manquent d'ailleurs pas de s'inviter. Enfin, ce bal est sans doute celui qui est le plus attendu pas les élèves, après le bal de promo, bien évidemment.
- Adam t'a invité, j'espère ? Demande à son tour Andrew à la petite blonde.
- Qui j'inviterais d'autre, idiot ? Réplique l'anglais, alors qu'Andrew hausse les épaules en se rendant compte de la stupidité de sa question. Ce n'est pas comme si j'avais toute une liste de filles à inviter.
- Et t'as plutôt pas intérêt. Se contente de répondre Charlotte, sous le sourire amusé d'Adam. Enfin bref, trouvez vous quelqu'un pour vous accompagner et venez, vous n'avez pas le choix de toute façon.
Je roule des yeux tout en restant silencieuse. Je ne vais jamais accompagnée aux bals du lycée, depuis que je ne suis plus avec Will : nous avons pris l'habitude d'y aller entre filles, et Chiara trouvait souvent quelqu'un à se mettre sous la dent là-bas, nous laissant Julia et moi-même seules à regarder les couples danser et s'amuser.
Je lève mes yeux du sol afin de les poser sur Kilian, lorsque je sens son regard me fixer intensément, puis fronce les sourcils sans un mot, alors qu'il ne me répond pas et détourne immédiatement le regard.
Rapidement, nous arrivons devant une grande place illuminée de toute part, remplie de personnes et de jeux de fêtes foraines, peu différents de celles que nous connaissons chez nous, à New-York.
- Ils sont là-bas ! S'écrie une voix dans notre langue, mais avec un accent français très prononcé, que je reconnais directement comme celle de Juliette.
Si mes cousines parlent anglais couramment comme je parle bien le français, leurs amis et les miens sont un peu moins doués, mais nous arrivons toujours à nous comprendre, dans une langue ou bien dans l'autre, et nos discussions sont toujours très fluides et naturelles.
Nous nous retournons directement pour voir les français accélérer le pas jusqu'à nous, avant de nous embrasser chacun leur tour, de larges sourires aux lèvres.
Puis, nous commençons à marcher au milieu des foules de français et d'étrangers qui attendent leurs tours pour les jeux ou les attractions nombreuses, avant de nous acheter des sodas dans un petit stand et d'arriver dans un endroit un peu plus calme, ou la musique et les voix des gens se font un peu moins fortes.
- Oh non, mais qu'est-ce qu'elles font ici elles ? Soupire Julia, alors que nous suivons tous son regard, avant d'avoir la même réaction qu'elle.
Je trouve assez dingue le fait que Meghan et Selena trouvent le moyen d'être de partout ou nous sommes, sans même nous entendre en parler.
- Et pourquoi elles sont avec lui ? Demande à son tour Eva, d'une voix froide, les dents serrées.
Alors que je fronce les sourcils, je suis le regard de ma cousine et mes yeux se posent enfin sur le grand et beau brun au bras de Meghan, que je n'avais pas encore remarqué.
- Tiens tiens, quelle belle surprise. Siffle Meghan en arrivant à notre hauteur.
- Qu'est-ce que vous faîtes ici ? Demande à son tour Selena, en jouant avec une mèche de ses cheveux de façon superficielle. On vous manque à ce point ?
Qu'est-ce que cette fille peut bien m'énerver. Je la déteste sans doute au même titre que la rousse à ses côtés, si ce n'est plus.
Directement, je sens une nouvelle fois Kilian passer son bras autour de mon épaule afin de me rapprocher de lui, alors que je pose le mien autour de lui, sous le regard attentif de Meghan : mais à la différence de d'habitude, je comprends que son geste est seulement un avertissement à Meghan, comme pour lui dire de ne pas oser m'attaquer comme elle en a l'habitude.
- Si ça t'aide à dormir ce soir, alors pense que tu nous as manqué. Souffle Lewis, d'un air agacé et surtout peu amical.
- Merci d'enfin l'avouer, Lewis. Répond la blonde tout en lâchant un clin d'œil à mon ami, sous le regard noir de Chiara.
Je crois que Selena vient de s'attaquer à la mauvaise personne.
- Je peux savoir de quel droit tu pose tes yeux sur lui ? Intervient ma meilleure amie, d'une voix glaciale. Trouve toi quelqu'un a la hauteur, Selena. Ça doit bien exister à Brooklyn, non ? Alors regarde ailleurs.
Alors que Selena se tait et se contente d'affronter durant de longues secondes le regard dur de Chiara qui ne la lâche pas, je vois Lewis afficher un sourire fier et satisfait, sans doute content que Chiara montre un signe de jalousie, pour la première fois depuis qu'ils se connaissent.
- Aller trésor, range tes griffes. Sourit Lewis tout en attrapant Chiara par la taille, avant de l'emmener loin de Selena, et par conséquent loin de nous.
Puis, notre attention et nos regards se posent une nouvelle fois sur Iris et Eva, ainsi que sur le garçon qu'elles fixent d'un regard mauvais, au bras de Meghan.
- Ce que le monde est petit. Ça ne m'étonne même pas de tous vous voir ensemble. Siffle Iris, d'un air mauvais que je ne lui connaissais pas encore. Qui se ressemble s'assemble, comme on dit.
Si j'ai déjà vu Eva agir de la sorte, Iris n'a jamais montré un signe de méchanceté aussi naturel que le comportement qu'elle adopte face à lui, et je me demande vraiment qui il est et comment ils peuvent bien se connaître.
- En tout cas, vous formez un joli couple de putes. Réplique Eva, alors qu'Arthur et Rose ne semblent pouvoir retenir leurs rires.
Discrètement, je m'approche de Juliette, jusque là silencieuse, afin que seule elle puisse m'entendre.
- Tu sais qui il est ? Chuchotais-je près de son oreille, intriguée.
- C'est l'ancien copain d'Iris. Elle a déjà du t'en parler, ça s'est très mal terminé. Me répond la française, alors que je fronce davantage les sourcils.
Alors, je ne mets pas plus de deux secondes avant de comprendre la situation et d'enfin reposer mon regard sur le fameux garçon, un regard meurtrier et glacial.
Il est celui que je rêve de tuer depuis plusieurs mois maintenant.
Il est celui qui a brisé le cœur de ma cousine en l'embarquant dans une relation remplie de toxicité, en jouant avec son cœur, en la trompant mainte et mainte fois, sans oublier de revenir par la suite s'excuser et lui faire des promesses absurdes, la faisant retomber dans un cercle vicieux sans fin.
Mais c'est quand il lui a levé la main dessus qu'elle a enfin réagit et a enfin décidé de mettre un terme à toutes ces conneries.
- Bah en tout cas Meghan, tu dois sacrément aimer notre famille pour te taper tous nos ex. Souffle Iris, alors que je ne peux m'empêcher d'éclater de rire, sous le regard noir de la rousse.
- Ne sois pas jalouse, chérie. Dit enfin le brun aux côtés de Meghan, un sourire arrogant aux lèvres. Je t'ai donné l'occasion de revenir, tu n'avais qu'à la saisir. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi. Après tout, tu es la seule fautive.
Alors que je vois devant moi Iris trembler comme une feuille, je pose ma main sur son dos que je caresse lentement, afin de lui donner la force dont elle a besoin.
- Tu sais Louis, la jalousie est un vilain défaut. Soupire ma cousine. Je t'aurais bien dis avoir peur que tu refile une MST à cette fille, mais elle s'est tapé autant de personnes que toi, donc vous êtes immunisé je pense. Vous pouvez vous amuser, faire une orgie ou même ce que vous voulez, j'en ai rien a foutre.
Je me mords directement la lèvre inférieure afin de m'empêcher de rire, surtout face à l'air déstabilisé du fameux Louis, mais aussi face à la tête choquée de Meghan.
- Je te connais, Iris. Reprend Louis, après avoir reprit son assurance. Tu fais la fille indifférente, mais tu rêverais d'être à la place de Meghan. Mais tu vois, il fallait revenir plus tôt, maintenant c'est trop tard. Soupire-t-il d'un air totalement faux. Et tu m'aimeras sûrement toute ta vie, mais tourne la page. Tu te fais du mal là.
Une nouvelle fois, je fronce les sourcils, tant son air prétentieux me mets hors de moi : de quel droit ose-t-il autant se jouer d'Iris ?
Mais un léger sourire vient se poser sur mes lèvres lorsque je vois aux côtés d'Iris, Andrew serrer les poings, comme s'il se contenait énormément et atrocement.
- Non, Louis. Reprend Iris d'un air certain que trahit sa voix tremblante. Je ne t'aime plus. Ce petit jeu auquel tu t'amuse avec moi est terminé. Je ne suis plus ta marionnette maintenant.
Je savais que cette histoire avait touchée ma cousine, et que ce garçon l'avait anéantie comme personne n'aurait pu le faire, mais jamais je n'aurais pensé qu'elle serait encore autant atteinte aujourd'hui.
- Tu ne m'aime plus ? Demande une nouvelle fois Louis, en penchant sa tête sur le côté, un sourire mauvais aux lèvres. Je ne te crois pas, chérie.
- Bah, crois-moi. Continue Iris tout en haussant les épaules. Je ne t'aime plus, j'ai refais ma vie, tu ne représente plus rien pour moi. Rien du tout.
Tout en prononçant ses paroles, je vois ma cousine poser sa main sur celle d'Andrew et entrelacer ses doigts avec les siens, interpellant le regard de Louis, qui devient rapidement noir, avant que son sourire ne le regagne.
- Avec lui ? Siffle Louis, en reluquant Andrew des pieds à la tête. Alors ma belle, si c'est vrai, prouve le moi.
- Quoi ? Je n'ai rien à te prouver, Louis. Renchérit Iris, d'une voix bien plus faible.
- Je pense que tu me mens, Iris. Insiste le brun, comme sûr de lui. Si ce que tu me dis est vrai, alors prouve-le moi.
Sans qu'aucun de nous ne prononce un seul son, nous assistons à un long défi visuel entre Iris et Louis, se soutenant mutuellement du regard, aucun ne semblant vraiment vouloir céder face à l'autre.
Puis, sans que personne ne puisse comprendre quoi que ce soit de plus, Iris se tourne vers Andrew, qui la regarde d'un air intrigué, un léger sourire naissant sur ses lèvres lorsqu'il croise le regard de ma cousine.
- Suis-moi. Je t'en supplie. Murmure Iris, si doucement que seul nous pouvons entendre.
Sans un mot de plus, elle pose lentement ses lèvres sur celles d'Andrew, les mains toujours tremblantes, comme si maintenant, elle avait davantage peur de la réaction d'Andrew que de celle de Louis.
Mais à notre grande surprise et à mon plus grand plaisir, Andrew ne tarde pas à se détendre à à répondre au baiser d'Iris, tout en posant une main sur sa taille, la rapprochant ainsi davantage de lui.
Ils se détachent rapidement l'un de l'autre, puis Iris repose son regard sur Louis, qui a perdu son sourire afin de laisser un air énervé gagner son visage.
- Maintenant, si tu nous le permets, on est venus ici pour s'amuser, et pas pour voir ta vieille tête d'idiot. Lance Iris, d'une voix bien plus certaine que jamais, avant de lâcher un clin d'œil à Louis et de s'éloigner fièrement, main dans la main avec Andrew.
Oh mon Dieu !
- J'arrive pas à y croire ... Chuchote Hannah, un large sourire aux lèvres tant elle semble surprise et heureuse.
- Je crois que vous pouvez partir vous cacher, maintenant. Dit Eva à l'attention de l'ancien copain d'Iris et des deux américaines à ses côtés. J'aurais trop honte si j'étais à votre place. Genre, vraiment honte de me faire fermer la bouche de cette manière.
Après s'être attirée une nouvelle fois trois beaux regards noirs, Eva se contente de hausser les épaules, et Meghan, accompagnée de son nouveau copain du jour et de Selena, tournent les talons et quittent notre champ de vision, à notre plus grand plaisir.
- Attendez ... S'arrête soudainement Rose, alors que nous tournons à notre tour les talons. Iris et Andrew viennent de s'embrasser pour de vrai ?!
De larges et grands sourires aux lèvres, nous nous lançons un regard avant de commencer à hurler de joie, s'attirant ainsi les regards de certains touristes autour de nous.
Si je pouvais espérer une chose en venant à ce voyage en France, c'est qu'Andrew et Iris aient le courage de passer ce cap là, et je ne peux être plus contente qu'actuellement.
Alors que nous ne retrouvons aucune trace de Chiara et Lewis, ni d'Andrew et Iris, nous décidons de continuer notre chemin, perdant de plus en plus de personnes, comme Julia et Hannah qui passent la moitié de leur soirée à s'amuser devant des jeux pour enfants.
Installés dans un coin calme de la fête, j'écoute alors Josh me parler sous le regard de Kilian mais aussi de Lewis, revenu en compagnie de Chiara il y'a déjà quelques minutes : leurs paires de yeux ne me quittent pas, comme s'ils voulaient me surveiller, ou plutôt surveiller le comportement de Josh.
- Oh, des barbes à papa ! S'exclame Chiara, un large sourire aux lèvres. Aller Kilian, on va en chercher. T'as pas le choix, j'ai faim moi.
Ce dernier lève les yeux au ciel avant d'enfin se décider à suivre mon amie, non sans m'avoir adressé un dernier regard, plein de sous entendus, comme pour me dire de me méfier.
- Et sinon, m'interpelle une nouvelle fois Josh, alors que je repose mes yeux sur lui. Il se passe quelque chose entre toi et Kilian, ou tu es toujours toute seule ?
Je sens soudainement mes joues rougir, alors que je ravale difficilement ma salive et détourne mes yeux de lui quelques secondes, tant je suis déstabilisée par sa question soudaine.
- Non ... Je ne suis pas avec Kilian. C'est ... une situation délicate. Me contentais-je de répondre, l'air mal à l'aise.
Je croise alors le regard de Lewis, l'air dur et fermé, avant qu'il ne secoue négativement la tête, toujours sans prononcer un seul mot.
- Oh, cool alors. Sourit Josh, comme s'il était content. Du coup, je pensais que l'on pourrait peut être sortir boire un verre ou quelque chose comme ça, avant ton départ.
Je rêve, ou Josh est en train de me proposer de sortir avec lui ?
- Josh ... C'est pas que je n'en ai pas envie, mais ... Commençais-je, avant de me faire subitement couper dans mon élan.
- Mais elle va refuser. Intervient une voix que je reconnais comme celle de Kilian, avant que je ne sente ses mains venir entourer ma taille. C'est cool d'avoir essayé, retente la prochaine fois, hein.
Une nouvelle fois, je vois Josh faire la navette entre Kilian, ses mains sur moi, et ma personne, avant de difficilement déglutir et de hocher la tête, puis re nous lancer un dernier sourire. Sans un mot supplémentaire, il s'éloigne légèrement de nous afin d'intervenir dans la discussion de ses amis français.
- T'es dur. Soufflais-je en me retournant vers Kilian. Tu pourrais être plus délicat.
- Au moins comme ça il comprendra. Se contente de me répondre Kilian d'un air serein, tout en haussant les épaules. Il faudra bien qu'il abandonne un jour, hein.
Puis, je sens Kilian déposer un bref baiser à la commissure de mes lèvres, me lâcher son clin d'œil habituel, avant d'enfin s'éloigner de moi pour aller voler la barbe à papa de Chiara, sous ses cris et son regard noir, bien évidemment.
Nous retrouvons bientôt le reste de nos amis, dont Andrew et Iris qui ne semblent plus vouloir se quitter d'une semelle, avant de continuer à marcher devant les différents stands et attractions de la fête, et de voir Julia s'arrêter sans surprise devant la grande roue.
- Encore ? Mais elle est pas différente de celle de New-York, Julia. Soupire Hannah.
- Mais si ! On aura une vue sur tout Paris ! Aller, on ne discute pas. De toute façon ce n'était pas une question. Donc, on y va. Répond simplement mon amie, avant de marcher d'un pas déterminé vers la roue, alors qu'on imite son geste.
Rapidement, nous montons chacun notre tour, quatre par quatre, dans les différents sièges libres, et j'allais à mon tour m'asseoir aux côtés de Kilian, lorsque je vois Lewis me retenir par le bras, alors que je fronce les sourcils, intriguée.
- Tu monte avec nous. Me dit-il en désignant Chiara et Hannah, les seules filles restantes avec lui. On doit te parler.
- Et si j'ai pas envie ? Demandais-je, une voix pleine de défi, tout en croisant les bras sur ma poitrine en les fixant.
- Bah de toute façon tu n'as plus le choix, y'a plus de places ailleurs. Hausse les épaules Chiara. Donc tu te tais et tu viens.
Sans un mot et après avoir lâcher un énième soupire, je me résigne donc à les suivre dans les dernières places restantes, et m'installe aux côtés de Hannah, sous les regards fermés de Chiara et de Lewis.
- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai encore fais ? Soufflais-je, face à leur air mystérieux et au suspens qu'ils laissent planer.
- Tu fais n'importe quoi, justement. Souffle à son tour Lewis, alors que Chiara hoche la tête. Tu as au moins vu comment Eva vous regardait, toi et Josh ? Elle avait carrément envie de pleurer la pauvre.
Une nouvelle fois, je fronce les sourcils, avant de soupirer profondément : bien évidemment que je n'avais pas fais attention à Eva. Mais la vérité est que je n'envisage tellement rien de plus qu'une relation amicale avec Josh que je ne voyais pas le mal.
- Il faut vraiment que tu éclaircisse toute la situation avant de partir, Nora. Me dit à son tour Chiara, de son air le plus sérieux. Déjà, ça ne plaît pas du tout à Kilian, ton comportement laisse penser à Josh qu'il a des chances, et enfin, ta cousine se retient tous les jours d'intervenir tant ça la touche.
- Je ne pensais pas faire quelque chose de mal ... Avouais-je enfin. Je n'ai jamais rien fais espérer à Josh.
- C'est ce que tu pense. Reprend Lewis, en verrouillant son regard au mien. Ecoute Nora, Kilian est mon meilleur ami, et j'aime beaucoup Eva, tout comme je t'aime toi. Je n'ai pas envie que tu te mette dans une situation compliquée parce que tu n'es pas capable de dire à Josh qu'il ne doit pas te voir comme plus qu'une amie.
Alors que je regarde le paysage parisien et la ville illuminé de toute part d'un nouvel angle de vue, je me contente de hocher la tête sans prononcer un son.
Ils ont raison, et je le sais : cette situation ne peut plus durer.
Josh doit comprendre qu'il ne se passera jamais rien entre lui et moi, et non pas parce qu'il est repoussant, mais parce que, et bien que je n'arrive pas à en être totalement consciente, Kilian prend trop de place dans ma vie pour que j'arrive à aller voir ailleurs.
- Eclaircis la situation avec lui, et éclaircis la surtout avec ta cousine. Tu lui dois bien ça. Me sourit Chiara, d'un air compréhensif.
- C'est bon, j'ai compris. Soufflais-je, l'ai dépité face à leur leçon de morale. Envisagez à faire psychologues, ça vous va vraiment bien. Continuais-je, alors qu'ils rient légèrement.
- Bah, j'y pense parfois. Hausse les épaules Chiara, un léger sourire aux lèvres. Mais j'aurais trop envie de buter tout le monde. C'est pas un métier pour moi.
Une nouvelle fois, nous rigolons dans une synchronisation parfaite, puis notre tour de grande roue s'achève, nous laissant enfin regagner la terre ferme, puis quitter la fête foraine, compte tenu de l'heure à présent tardive.
Rapidement, nous regagnons l'hôtel, essayant de nous faire le plus discret possible afin de n'éveiller aucun soupçon de nos professeurs, puis nous gagnons tous nos chambres respectives.
Après avoir enfilé un pyjama chaud et confortable, je me faufile sous mes draps et ma couette chaude, sans un bruit, ne parvenant pas à fermer les yeux, me contentant alors de fixer le plafond, me remémorant ma discussion avec Chiara et Lewis.
Puis, après avoir lâché un soupire discret, je me décide enfin à m'emparer de mon téléphone et d'ouvrir mes contacts, avant de taper rapidement un message, que j'espère ne pas regretter.
Retrouve moi au café en face de l'hôtel, mardi soir. J'ai à te parler. C'est important.