Shades of Blue - Face A

By EljyBurton

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Au début de sa carrière, Howie Thompson a fait un choix radical et non négociable : son talent sera reconnu d... More

❈ Avant-Propos, Aesthetics & Trailer
Chapitre 1 • Poisoned Heart
Chapitre 2 • Pure Heart
Chapitre 3 • Stupid World
Chapitre 4 • Stupid Accident
Chapitre 5 • Selling Myself
Chapitre 6 • Controlling Myself
Chapitre 7 • I Need to Stay
Chapitre 8 • I Need to Go
Chapitre 9 • My Last Downfall
Chapitre 10 • My First Downfall
Chapitre 11 • Welcome Back, My Dear Demon
Chapitre 12 • Welcome Back, Howie
Chapitre 13 • New Sensations
Chapitre 14 • New Feelings
Chapitre 15 • Music Heals My Soul
Chapitre 16 • Your Music Heals My Soul
Chapitre 17 • Can We Do This ?
Chapitre 18 • Let's Do This !
Chapitre 19 • Look at Me, Harleen
Chapitre 20 • Look at You, Harleen !
Chapitre 21 • You Are Here
Chapitre 22 • I Am Here
Chapitre 23 • My Sad Place
Chapitre 24 • You Are My Happy Place
Chapitre 25 • Don't Look at My Scars
Chapitre 26 • Let Me See Your Scars
Chapitre 27 • You Come Back
Chapitre 28 • You Came Back
Chapitre 30 • The End of You
❈ Explications & Annonce
❈ Départ de Wattpad

Chapitre 29 • The End

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By EljyBurton

Avertissement : Ce chapitre contient des scènes qui peuvent heurter la sensibilité de certains d'un point de vue psychologique (pensées suicidaires, scarifications, dépression, TCA...). Je vous invite à le passer si vous êtes concernés par ces problèmes.

J'ai souvent mis ce genre d'avertissement en début de chapitre, mais celui-ci n'est vraiment pas à prendre à la légère. Préservez-vous !

N'oubliez pas que mon personnage n'est pas un exemple. Il est en souffrance et il a besoin d'aide. Aucun de ses actes n'est à reproduire.

HOWIE.
____________________

« I feel like I'm dying »
— Badflower

Qu'est-ce que l'amour, au fond ? Cette question me hante. Surtout depuis mon premier baiser avec Harleen. Ce qu'elle me fait ressentir est différent de ce que j'éprouvais pour Angel.

Et pourtant, ça reste de l'amour. Enfin, je crois. Je ne préfère pas m'interroger sur ce sujet. Je la porte dans mon cœur et je tiens à elle. Utiliser ce mot me paraît donc adéquat.

Alors quel est ce sentiment par lequel nous sommes tous attirés ? Le même qui peut nous combler de joie ou nous briser d'une simple phrase ? Pourquoi diffère-t-il d'une personne à une autre ? Existe-t-il plusieurs formes selon ce que nous partageons avec quelqu'un ?

Chaque partenaire que j'ai eue a évoqué des sensations distinctes en moi. Avec certaines, c'était explosif, passionnel. Avec d'autres, plus tendres, complices. En présence d'Harleen, c'est un mélange de toutes ces expériences combinées entre elles. Cette femme est si énergique, solaire, brillante, drôle et... humaine. Personne ne m'a jamais traité de cette manière. Avec autant de douceur et de compréhension.

Quand elle est avec moi, j'ai l'impression d'exister, d'être indispensable à son quotidien. Et ce, tout en sachant qu'elle partage sa vie avec un autre. L'importance qu'Harleen m'accorde se lit dans son regard envoûtant dès qu'elle a le bonheur de le poser sur moi. Comment se fait-il qu'une fille aussi incroyable s'intéresse à un mec avec autant de bagages derrière lui qui l'empêchent d'avancer ?

Je viens de l'allonger sur mon lit. Cette fois-ci, elle ne m'a pas proposé de la rejoindre. J'aurais refusé. Hors de question de fausser son jugement. Nous nous sommes déjà embrassés et nous n'aurions pas dû. Si elle veut encore sauver son couple, je n'ai pas à lui mettre des bâtons dans les roues. Si elle estime être plus heureuse avec lui — ce qui paraît logique —, je ne m'opposerais pas.

Comment rivaliser avec une relation vieille de dix ans ? Un homme qu'elle aime et avec qui elle à l'intention de se marier ? Moi, je suis son idole, sûrement son fantasme. Maintenant qu'elle l'a assouvi, qu'adviendra-t-il ? N'a-t-elle été qu'aveuglée par mon statut ?

Putain, je me monte la tête tout seul !

Mais, il y a de quoi... Je n'ai fréquenté personne depuis Angel. Les effets de la célébrité vis-à-vis d'une relation de couple me sont méconnus, mais les échos de mes semblables n'ont rien de positif. Sans parler du fait qu'Harleen vient de se faire virer de chez elle par ma faute. Ça me tue de l'avoir entraînée dans une situation pareille...

Je me mettrais bien l'estomac en vrac pour expulser ce déchaînement de pensées envahissantes. Toutefois, le risque me paraît trop grand. Si Harleen se réveille, c'est foutu. Elle aura affaire à un monstre assoiffé de nourriture. Pourquoi pas une petite portion de pop-corn ? Je saurais m'arrêter à temps, non ?

✻ ✻ ✻

4 heures du matin. Je tire la chasse d'eau pour la troisième fois. Un échec de plus au compteur... Je n'ai pas réussi à maîtriser mes compulsions malgré l'espoir naissant de tout à l'heure. Plus d'une décennie que cette merde me pourrit la vie et je crois encore être capable de reprendre le contrôle ?

Sur le sol des toilettes, je m'empare de mon calendrier et inscris une croix sur la date d'aujourd'hui. C'est une des solutions proposées par monsieur Miller qui pourrait, selon lui, me servir d'électrochoc. Noter mes crises pour que nous prenions conscience de leur répétition et du danger que j'encours.

Parce que, oui, la boulimie tue.

On l'évoque moins que dans les cas d'anorexie, et pourtant... Si les purges se réitèrent trop souvent, elles peuvent causer un arrêt cardiaque. Sans compter sur ce que subit notre corps : détérioration de l'émail dentaire, les doigts calleux, des lésions au niveau de l'œsophage et j'en passe... Mon psychologue est le seul à se soucier de ma survie. Crever de cette maladie me semble être la meilleure des fins. Voire le remède ultime. Elle aura gagné ce combat après tous les moyens qu'elle s'est donnés pour m'anéantir.

Je regarde, avec la plus grande des attentions, les annotations tracées au marqueur. Les rituels se rapprochent, à raison de deux à trois accès par jour. C'est comme si mon esprit cherchait à les occulter pour ne pas avoir à faire face à la gravité de mes actes. Alors que je les vis, je les ressens au plus profond de mon être. Ils me détruisent de part en part. Je me rappelle de chaque épisode, mais je préfère les ranger dans ma boîte à souvenirs en omettant les dates synonymes de perte de soi.

✻ ✻ ✻

    — Hayden ?

La voix d'Harleen me tire de mon sommeil, mais mes quinquets demeurent scellés. Je me remercie intérieurement d'avoir nettoyé l'appartement de fond en comble après ma crise. Elle n'assistera pas à mon désordre psychique.

    — Salut.

Elle s'installe à mes côtés et je lève mes prunelles vers elle. Ses doigts caressent mon front pour rabattre l'un de mes épis. Ce toucher a pour conséquence de me détendre au point que mes paupières se referment d'elles-mêmes.

Je lutte pour ne pas retourner dans mon refuge. Celui où mes songes deviennent réalité et où les cauchemars s'assimilent à des chimères tant la vie me paraît horrifiante. C'est dingue de constater que les mauvais rêves n'ont même plus la capacité de nous effrayer dans la mesure où notre expérience essentielle se révèle bien plus traumatisante que n'importe quelle illusion mentale.

    — Tu as l'air épuisé.

Je rouvre les yeux qui saluent les siens d'un bonjour discret, mais authentique.

    — C'est le cas.

    — Parce que j'ai pris ta chambre ? Tu aurais dû dormir avec moi !

Harleen me fait l'effet d'une fillette qui vient d'avoir une illumination avec son sourire qui pourrait ressusciter un cimetière tout entier, ses pattes d'oie qui prouvent combien la félicité l'habite et ses joues colorées d'un rouge vermillon.

    — J'y ai pensé, mais ce n'était pas une bonne idée.

Son ton espiègle m'annonce l'arrivée imminente d'une boutade dont elle seule a le secret.

    — Rabat-joie ! Tu vois, je ne suis pas d'accord avec toi. On aurait pu...

Elle s'abaisse vers moi. Ses longs cheveux frôlent mon buste tandis que son parfum embaume mon odorat. Son souffle chaud effleure le creux de mon oreille, me provoquant d'agréables frissons. Puis, de son timbre le plus séducteur, elle me murmure :

    — ...revivre la nuit de la dernière fois.

Ma respiration se bloque dans ma cage thoracique sous le choc. Je ne m'attendais pas à ça. Mon corps est secoué de sensations toutes plus contradictoires les unes que les autres. Dois-je me sentir honoré ? Être perturbé ? Tente-t-elle de se raccrocher à ce qu'elle peut pour effacer les événements dramatiques de la veille ?

Ok, pas de panique, faisons diversion...

J'entoure sa nuque de mon bras et elle chute sur mon torse. Ce qu'Harleen vient de formuler m'émeut et je ne peux réfréner cette envie de la tenir contre moi. Ses lèvres descendent dans mon cou qui est victime d'une avalanche de baisers affriolants. Oh putain... Sa libido lui joue-t-elle des tours ? Qu'est-ce qui lui arrive ? Elle va me faire vriller si elle continue !

    — Harleen...

En tentant de la réprimander, son prénom se mue en un gémissement. Elle le prend pour une invitation et glisse ses paumes sous mon tee-shirt. Non, Harleen... Tu es sur la mauvaise pente. Régler ses problèmes dans le sexe n'a jamais été une solution ! Encore moins quand c'est ce qui nous a mis dans la merde la première fois.

    — Stop !

Je déteste devoir hausser le ton, mais elle ne m'a pas laissé d'autre choix. Harleen se redresse, à califourchon sur moi, en fronçant les sourcils. Ses iris innocents s'arriment aux miens. Pour la rassurer, je lui souris en passant l'une de ses mèches derrière son oreille. Il s'agit de celle qu'elle a teinte en bleu pour moi. Enfin, pour Howie. Mon regard se perd dans cette nuance alors que je cherche les mots appropriés au contexte.

    — Il faut que tu réfléchisses à ce que tu veux. Si on couche ensemble, on ne fera qu'empirer les choses... Tu ne crois pas ?

Harleen acquiesce en baissant le menton.

    — Tu ne pouvais pas être moche ?

Estomaqué, je la dévisage, à court d'arguments. Cette fille ne cessera jamais de me surprendre. Elle a toujours une longueur d'avance sur son locuteur qui ne peut deviner ses intentions les plus folles.

    — Bah quoi ? C'est vrai ! Tout aurait été plus simple si Hayden Smith n'avait pas été encore plus canon qu'Howie Thompson. Je fais comment, moi ?

Je rougis et dissimule ma gêne dans un rire étouffé.

    — Je te retourne la question, même si je ne t'aime pas que pour ta beauté.

Elle ouvre grand la bouche sur laquelle est plaqué un sourire éblouissant, mais ses prunelles se remplissent de larmes. Ai-je manqué un truc ?

Ce matin, c'est le bordel complet dans mon esprit, comme si tout m'échappait la concernant. Ça m'apprendra à veiller aussi tard pour m'assujettir à mon démon. La fatigue prend le dessus, ainsi que mes nombreuses préoccupations. Harleen a beau être à mes côtés, elle est incapable de combler ce vide en moi ou d'endormir ces pensées noires qui me minent chaque jour.

Je hausse les sourcils, espérant obtenir un semblant de réponse de sa part, mais elle secoue la tête sans me lâcher du regard. Je ne sais pas ce qui a causé cet instant, mais l'intensité est folle. Je rêve de me perdre en elle à tout jamais. Mais, par lâcheté, je détourne les yeux. Mon cœur tambourine bien trop fort pour un seul être humain. J'ai peur, putain.

Harleen se détache de moi pour consulter son téléphone qui a sonné quelques minutes plus tôt. Elle me jette une œillade discrète et m'indique qu'elle va se retirer dans la chambre afin de s'entretenir avec quelqu'un... Mark. Ça ne fait aucun doute. J'en profite pour me lever et me couler un café.

Voilà, c'est la fin.

Son fiancé va se rendre compte qu'il ne peut pas laisser filer une femme aussi géniale qu'Harleen et elle va lui courir dans les bras. C'est écrit depuis le début. Je ne suis que le personnage secondaire dans cette histoire. L'antagoniste de Mark dont la présence n'a que pour utilité de leur prouver que leur amour a la capacité de braver toutes les épreuves. Je ne serais pas le mec qu'elle était censée rencontrer pour donner un sens à sa vie puisque cette dernière est déjà toute tracée.

Aux prises avec ces divagations sans queue ni tête, je n'ai pas entendu Harleen revenir vers moi. Elle tapote mon épaule et j'éteins ma machine à expresso pour me concentrer sur la discussion à venir. Ok, c'est parti. Le rideau va tomber pour laisser place au clou du spectacle.

    — Je...

    — Tu vas y aller ?

Je ne lui donne pas l'opportunité de terminer sa phrase. Plus tôt elle aura prononcé les mots tant redoutés, mieux je me porterai. Il faut que ça s'arrête...

    — Je lui dois des explications. 

    — S'il t'oblige à faire un choix, ce sera lui, n'est-ce pas ?

J'ai osé poser la question plutôt que de fuir. Parfois, on se doit d'affronter nos problèmes, même les plus pétrifiants, au risque de s'enfermer dans un cercle vicieux.

Harleen hausse les épaules et baisse le regard vers ses chaussures. Et, mon cœur se déchire. Je l'ai perdu. Il vient de se fracasser à mes pieds, sur le sol de mon salon. Comment est-il possible d'être autant touché par une décision qui ne dépend pas de nous ?

    — Je t'appellerai pour te mettre au courant. Rien n'est fait, Hayden.

Peut-être, mais l'espoir s'entend dans ta voix, se lit dans tes yeux, se perçoit à ta posture qui s'est détendue depuis ce coup de fil. Mark est prêt à te pardonner, à une condition. Tu le sais. Je le sais.

Je ne la contemple plus. À quoi bon puisqu'elle m'abandonne ? Je l'entends remuer dans son coin sans connaître sa destination jusqu'à ce qu'elle m'enlace. Sauf que je ne réponds pas à son étreinte. Mes bras pendent contre mes flancs. Son toucher n'a plus la même saveur, mes sensations redécouvrent l'inertie des vieux jours.

Le tournesol ne m'aide plus à atteindre le soleil. Il a fané. Disparu pour toujours. Je n'ai pas l'énergie nécessaire pour pleurer, lui crier dessus ou la raisonner parce que je la comprends. Je n'aurais pas opté pour ce raté d'Hayden non plus.

Harleen embrasse ma joue en caressant l'autre du bout des doigts. Puis, elle se dirige vers la porte en attendant que je daigne m'exprimer. Il s'agit d'un adieu et je n'y participe même pas. Lorsqu'elle s'apprête à fermer le battant, je la rattrape.

    — Laisse-moi te raccompagner à ta voiture.

Pourquoi ? Que vais-je bien pouvoir lui dire ?

Le trajet jusqu'à son véhicule se déroule en silence. Aucun son ne s'échappe de ma bouche. Les lumières de mon âme se sont éteintes. À tous les étages. Les ampoules ont grillé, mais j'aurais préféré m'électrocuter pour finir en apothéose dans le néant de l'effervescence. Au moins, j'aurais été écarté de la noirceur qui vient constamment me chercher et dans laquelle je sombre dès que l'occasion se présente.

Harleen s'adosse à sa portière pour me faire face.

    — Quoi qu'il arrive...

    — Non, Harleen, ne va surtout pas au bout de cette phrase.

    — Tu comptes pour moi. Tu es devenu...

Je la fais taire d'un baiser. Enfin, si on peut qualifier cet acte de cette manière. Elle n'a accès qu'à ma détresse, pas à la tendresse attendue lors d'une telle marque d'affection. Je ne l'embrasse pas pour elle, mais pour moi. Suis-je apte à ressentir autre chose que de la tristesse ? Non.

Harleen s'agrippe à mon poignet et tente de franchir la barrière menant à ma langue, mais je la repousse. Une multitude de questions se lisent sur son visage, mais je les ignore. Il faut que je me préserve.

    — Rentre bien.

Sans me retourner, je pénètre dans le hall de mon immeuble. J'ai le cœur en vrac et les pensées fracassées.

Machinalement, j'ouvre ma boîte aux lettres où m'attend une nouvelle enveloppe. Celle-ci est bleue. Mon sang ne fait qu'un tour devant cette distinction finement choisie. Putain de merde, ce corbeau joue avec mes nerfs !

Et comme toujours, mon corps se met au diapason avec mon mental en me faisant ressentir les effets de la panique, de l'angoisse, de la peur, de la douleur. Je suffoque, bordel. En dernier recours, je jette un coup d'œil au-dehors.

Personne.

Personne n'est là pour te sauver, Hayden. Tu es seul avec toi-même.

Harleen est partie. Le maître chanteur n'a pas l'air d'être dans les parages. Pourtant, il était physiquement présent ici il y a quelques heures puisqu'il n'y a aucune trace de mon adresse ou d'un timbre sur le papier.

Je grimpe les escaliers à la hâte et ferme violemment la porte derrière moi. Je sors la liasse de courriers déjà reçus en les examinant un à un.

Mark n'a pas menti. Il est l'auteur des premières lettres sur lesquelles figure le tampon d'expédition. Ensuite, plus aucun signe d'acheminement. Quelqu'un lui a succédé. Mais, qui ? Cet individu savait forcément qu'on me menaçait pour poursuivre le travail de son prédécesseur. Tout en essayant de lier les indices entre eux, je décachette celle du jour. Un mauvais pressentiment me guette.

Tic Tac... Tic Tac... Tu entends ce compte à rebours ? Il ne te reste plus beaucoup de temps, Howie Thompson, ou devrais-je plutôt dire Hayden Smith ? Dans quelques jours, tout le monde saura qui se cache sous ce masque. Ne pense pas que ton patronyme est la seule information que j'ai réussi à récolter sur toi. Tes fans vont vite déchanter en découvrant ton plus grand secret.

Ma vue se dédouble et les lignes défilent sans que je ne puisse les décoder. Comment est-il au courant pour la boulimie ? C'est évident qu'il s'agit de ça. Angel serait-elle derrière ces intimidations ? Elle m'a aperçu à ce groupe de parole. Elle me déteste sûrement d'avoir mis un terme à notre relation sans explications. Aurait-elle trouvé en Mark un associé ? Se connaissent-ils ? Mais non, ce n'est pas possible ! J'ai beau retourner les choses dans tous les sens, rien ne concorde !

Je n'en peux plus.

J'ai l'impression que cette journée s'étend sur une année entière tant elle me semble interminable. En quelques heures, j'ai tout perdu. La potentielle fille de mes rêves, mon identité et ma carrière. Je n'ai plus rien à quoi me raccrocher.

Fidèle à moi-même, je me rue dans la cuisine. Tous les placards sont vidés à une vitesse record. Je m'assieds au milieu des aliments qui gisent sur le sol pour assouvir ce qui n'est plus. C'est la première fois que je parviens à avaler autant de nourriture en si peu de temps. Les vertiges m'assaillent, cette sensation de lourdeur s'accentue et les nausées ne tardent pas à se manifester. Je me réfugie dans mes toilettes, espérant libérer ces maux qui m'engloutissent dans un déferlement marin sans précédent.

Deuxième crise de la journée. Sixième vomissement.

Je n'éprouve rien. Aucune satisfaction. Pas d'apaisement. Juste cette immense douleur qui ne cesse d'accroître. Je ne supporte plus cette situation, cette constante noyade au sein de mes propres purges où ma respiration emprunte un chemin sinueux proche de l'asphyxie.

Sans me donner la peine de nettoyer derrière moi, je reviens sur mes pas en m'asseyant sur le canapé. Briquet en main, je brûle l'ensemble des lettres reçues en les jetant à la poubelle. Autant supprimer les preuves avant...

Le feu flamboie devant mes iris et je dévie la flamme vers mon poignet vierge de tatouage. Je fixe mon objet de torture alors que mes yeux me piquent en réponse à la douleur que je m'inflige. Mais, les cendres humides qui alourdissent d'ordinaire ma poitrine s'évacuent à mesure que l'inflammation prend vie.

J'expire intensément en continuant de me cramer la peau sans jamais dévier le regard. Me faire du mal revient à me faire du bien. Assister à cette violence est salvateur. Je n'ai que ce que je mérite.

Mes sanglots, trop longtemps contenus, s'échappent en abondance. Je n'ai pas honte d'être faible. Je n'ai plus rien à prouver à personne parce que tout se termine ce soir. Vous voulez du Hayden ? Vous allez être servi !

Je rédige un mot sur un papier et avance jusqu'à ma salle de bains. Le reflet que me renvoie le miroir me dégoûte et mon poing vient s'écraser dessus, fracassant le verre en mille morceaux. Sept ans de malheur en plus des vingt-six déjà endurés...

Ma main est en sang, me faisant légèrement rire tant cette nouvelle blessure me rassérène de mes tourments. Mais, ce n'est pas suffisant. Je ne veux plus rien ressentir. Plus jamais. Je me lorgne dans ces débris qui sont à mon image. Brisés de part en part.

J'extrais les cachets prescrits par monsieur Hart de mon armoire à pharmacie. Il insistait pour que je les prenne, ses souhaits vont être exaucés ! Comme quoi, quand on veut vraiment quelque chose, on finit toujours par obtenir gain de cause.

Après avoir attrapé une bouteille de vodka dans mon buffet, je m'installe de nouveau sur le sofa. Le liquide embrase mon gosier, de la même manière que les larmes qui ruissellent le long de mes pommettes. Pourquoi suis-je si triste à l'idée de récupérer ma liberté ? Je l'attends depuis des années...

Je vide les flacons de médicaments dans mes mains, puis les fourre dans ma bouche en les avalant à l'aide de l'alcool. Je réitère l'expérience plusieurs fois de suite jusqu'à sentir cette sensation d'évanouissement m'envahir.

Les personnes qui comptent le plus pour moi dansent devant mes rétines. Ceux que je viens d'abandonner par lâcheté. Mais, je ne peux plus supporter cette souffrance. Même pas pour eux.

Adieu, j'abdique.

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