You Broke Me First – Tate McRae
❝ Ce n’est pas moi qui ai brisé votre cœur… c’est vous, et, en le brisant, vous avez brisé le mien. ❞
— Emily Brontë
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— sept mois et demi plus tôt
Sur la plage, le soleil commence à se coucher. Deux adolescents sortent en riant de l’eau, s’éclaboussant par la même occasion et courent sur le sable chaud jusqu’à leurs affaires, posées près du rocher. Les cheveux bruns de la fille volent autour d’elle et effleurent la peau humide de Roméo. Essoufflés et pris d’un soudain fou rire, ils s’allongent un court instant sur leurs serviettes pour se remettre de leurs émotions. Leurs doigts se cherchent, s’entremêlent. Roméo se redresse, Nawell s’assoit à ses côtés et il laisse sa main caresser le bras nu de cette dernière. Il l’embrasse, le regard perdu dans l’immensité des iris vertes de sa petite amie. Tout est parfait. Vraiment parfait. Et pour rien au monde, Roméo ne souhaite que ce moment s’arrête.
Après une dizaine de minutes à rester immobiles, à regarder le scintillement de l’eau l’horizon, Nawell se remet sur pied et s’adresse au brun.
— J’y retourne un peu, tu viens ?
— Vas y sans moi, je vais me reposer un peu.
— Ok, comme tu voudras, dit-elle en haussant les épaules avant de repartir en courant vers la mer.
Roméo la regarde s’éloigner, un sourire aux lèvres. C’est ce genre de moment qu’il aime photographier pour punaiser ensuite sur le mur de sa chambre, tel un pêle-mêle de souvenirs de leur couple. Car malgré les hauts et les bas dans leur relation, ils finissent toujours par se réconcilier.
Soudain, le portable de sa petite amie posé sur la serviette vibre, et Roméo commet l’erreur de jeter un œil au message qui s’affiche sur l’écran. Voir le nom de Théo, un de ses meilleurs amis, s'inscrire sur la notification à cette heure, le surprend, mais il décide de ne rien dire et de retourner à sa contemplation du large. Quelques minutes plus tard, le brun la voit revenir vers lui, souriante. Il la trouve si belle. Une fois de retour près de lui, elle prend sa serviette, essore sa chevelure et regarde son portable.
— Oh, j’ai un message de mon père. Il me demande de rentrer, je suis désolée bébé, je vais devoir y aller. À la prochaine !
— Mais… commence Roméo.
Elle le coupe en déposant un rapide baiser sur ses lèvres et remet ses vêtements par-dessus son maillot de bain. Avant que le brun n’est pu dire quelque chose, Nawell a repris toutes ses affaires et se dirige vers la sortie de la plage, laissant Roméo seul et bredouille. Il faut dire qu’en cette soirée du mois de juin, la saison estivale n’a pas encore débuté et les quelques personnes présentes autour d’eux sont parties.
Roméo commence à se rhabiller, les sourcils froncés. Dès qu’elle a vu le message sur son téléphone, Nawell a totalement changé de comportement. Elle est devenue distante, pressée, elle qui souhaite tant prendre son temps d’ordinaire. Une multitude de questions et d’incompréhensions se bousculent en lui. Que faisait Théo à lui envoyer un message ? Et pourquoi Nawell lui a-t-elle menti en disant que c’était son père ?
★
— six mois plus tôt
Roméo se faufile à travers la foule de convives pour rejoindre Nawell. C’est l’anniversaire de cette dernière, et comme une sorte de tradition dans sa famille, tout le monde est réuni dans le jardin, autour de la piscine pour le célébrer. De la musique s’échappe des enceintes installées dans le jardin, la fête bat son plein, et malgré la chaleur de ce début d’été, chacun profite de l’ambiance chaleureuse pour se détendre et s’amuser.
Cherchant des yeux sa petite amie parmi les invités, Roméo a le cœur qui bat à toute allure. Il a quelque chose d’important à dire à Nawell et, pour cette raison, il ne tient plus en place. Son organe vital cogne dans sa cage thoracique au rythme des percussions de la musique, et une sorte de fierté, de joie et d’excitation se mêle à l’euphorie de l’atmosphère qui l’entoure.
Il l’aperçoit soudain, près du parasol et s’avance. Elle sourit en le voyant, et lorsqu’il pose les mains sur ses hanches, leurs lèvres s’unissent.
— Ta fête te plaît ?
— Oui ! C’est incroyable comme anniversaire. Je pouvais rêver mieux. Tous ceux que j’aime sont là. Il fait beau. Merci d’avoir aidé à organiser ça.
— J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, Nawell. J’ai reçu ma réponse pour le CLCF. Je suis accepté !
Il la prend dans ses bras, la soulève du sol en l’embrassant et la fait tournoyer. Lorsqu’il la repose, Roméo remarque que son expression a changé et laisse place à un visage grave.
— Nawell, ça va pas ?
— Faut qu’on parle, Roméo…
— Euh, tu m’inquiètes là…
— Viens, l’interrompt-elle.
En disant cela, elle le tire par le bras pour l’entraîner à l’écart des invités. Roméo la suit à travers les gens, tandis qu’elle soulève le rideau de perles de la cabane. Cette dernière n’en est pas une réellement, il s’agit en fait d’une petite pièce de la maison, collée au garage, qui donne sur le jardin. Nawell l’avait présenté ainsi la première fois qu’elle avait emmené Roméo chez elle. Depuis, c’est devenu leur endroit, là où ils se retrouvent en cachette, là où ils s’échangent leurs secrets. La lumière y est plus tamisée et une sorte d’intimité y règne. Ici dans la cabane, ils laissent donc l’agitation derrière eux et peuvent discuter au calme.
— Écoute moi jusqu’au bout, s’il te plaît. Ça fait un petit moment que j’y pense… mais j’ai l’impression que ça marche plus trop entre nous. Je sais pas ce qui a changé, si c’est toi, si c’est moi, si c’est nous deux en général, mais c’était plus pareil ces derniers temps. C’est plus comme avant.
— Oh, je…
— Quand tu m’as appris que tu t’étais inscrit à cette école de cinéma sur Paris, continue t-elle, j’étais trop contente pour toi. Sincèrement. Je savais à quel point cette admission c’était un rêve pour toi. Mais après, tu m’as demandé de te suivre si t’étais accepté. Je suis désolée, mais je ne peux pas abandonner mon école de commerce. Ni maintenant, ni jamais. J’ai trop galéré pour y rentrer, c’est mon rêve d’enfant à moi cette fac.
— Mais nous alors ? Qu’est-ce qu’on va devenir ?
— Je sais pas, Roméo. On pourrait continuer, comme si de rien n’était, mais je ne veux pas d’une relation à distance.
— Je rentrerai à Cannes certains week-ends, tu sais.
— Ce sera pas pareil. On sera plus ensemble au quotidien. Moi j'ai besoin de quelqu’un à mes côtés.
— Je peux encore dire non. J’ai deux semaines pour me rétracter. Ma décision n’est pas encore prise…
— Non, vas y, le coupe t-elle. Tu m’as tant parlé de cette école, je ne veux pas tout gâcher en étant celle qui te prive de tes rêves. Je… je pense que le mieux pour nous deux, ce serait de s’arrêter là.
— Donc, tu me quittes ? Comme ça, maintenant, le jour de ton anniversaire ?
— Je suis vraiment désolée. J’aurais aimé que ça se passe autrement. Mais faut se rendre à l’évidence, Roméo. On a tant vécu tous les deux, de bons moment comme des mauvais, mais je ne peux plus continuer à me mentir, à te mentir sur nous. Ça fait trop longtemps que les choses ont changé. On est devenus de vrais étrangers aux yeux l’un de l’autre. Ça n’allait plus entre nous. Tu essayais toujours de tout arranger…
— C’est de ma faute maintenant ? crie t-il.
Il sent la colère monter en lui. Ça ne peut pas se finir ainsi. Pas après tout ce qu’il a fait pour elle, pour leur histoire.
— Non, c’est pas ce que dis. C’est juste que tu voulais toujours tout réparer, lorsque ça allait pas.
— Excuse moi d’avoir voulu sauver notre couple !
— Il est là le problème, justement. Peut-être qu’on aurait du laisser faire les choses, et pas brusquer nos sentiments en cherchant à tout prix à se réconcilier. Peut-être qu’on aurait du mettre un terme à notre relation depuis longtemps.
Sous l’effet de la colère, Roméo donne un coup de pied dans le mur derrière lui. Ils en sont arrivés là. Après tout ce qu’ils ont partagé. Maintenant, il n’y a pas de retour arrière. Pas de moyen de se racheter. D’essayer de se donner une nouvelle chance. C’est fini. Bel et bien fini.
À ce moment, Théo pénètre dans la pièce. Quand il remarque la présence du brun, il ouvre les yeux de surprise et se fige aux côtés de Nawell. Roméo balaie son regard entre sa petite amie et Théo puis, comprenant soudain, tourne les talons et quitte la pièce.
— Roméo, attends, crie t-elle en le rattrapant.
Il s’arrête après quelques pas et se remet face à elle. Les larmes commencent à monter, de même que la rage. C’est un réel coup de poing au cœur qu’il vient de se prendre. Un de ses meilleurs amis dans la pièce qu’il était censé être le seul à connaître l’existence. Pas besoin de mots pour comprendre que ce n’est pas la première qu’il s’y rend. Le brun ne peut même plus regarder Nawell dans les yeux, après ce qu’elle a fait.
— Qu’est-ce qu’il venait faire dans la cabane ?
Roméo connaît déjà la réponse, mais face au silence de sa petite amie, il continue ses propos, de plus en plus énervé. Chacun des mots qu’il prononce sont hachés de colère et une tension pesante s’installe entre eux deux.
— Tu comptais me le dire quand ? Pas besoin en fait, vu que je partais sur Paris, ça posait plus de problèmes, c’est ça ?
— Roméo…
— Depuis combien de temps ça dure vous deux ?
— Mec, je croyais que t’étais au courant, commence Théo qui les a rejoint.
— Toi, tais toi ! J’ai pas besoin d’avoir des explications venant de ta part !
— Roméo… supplie Nawell. Laisse moi clarifier les choses. C’est entièrement de ma faute. Une fois où on s’était disputés, Théo a été là pour moi, il m’a consolé. Ça a dérapé. J’étais en colère, j’avais envie de me venger en quelque sorte. C’était ridicule, je sais, mais sur le moment, j’avais envie que ça te blesse. Je l’ai embrassé et on a couché ensemble. Au début, Théo voulait pas, pour pas te faire du mal, mais je lui ai dit pas était plus ensemble. Ça aurait dû en rester là. Mais je suis retournée le voir. À plusieurs reprises. Je m’en veux de pas t’en avoir parlé. J’étais triste et je me sentais seule. Théo était là et…
— Je te faisais confiance, Nawell. Aveuglément. Si j’avais su que tu te tapais mon pote derrière mon dos, je… tu me dégoûtes. Je t’aime… je t’aimais tellement.
— Moi, aussi, Roméo. Mais les choses ont évolué entre nous. Je n’étais plus moi-même. J’avais l’impression d’être retenue à notre relation, prisonnière de mes sentiments.
— Alors pourquoi tu me l’as pas dit ? La communication, ça a jamais été notre fort, mais j’aurais pu comprendre, non ?
— J’ai déconné, je le sais. Mais pardonne moi… s’il te plaît, Roméo…
— J’arrive pas… Toutes les autres fois où on s’est disputés, j’ai essayé d’oublier, de fermer les yeux sur ce qu’il venait de se passer et de nous redonner une nouvelle chance… mais là, c’est au-dessus de mes forces. Je peux pas te pardonner. Pas cette fois là…
Roméo s’en va, tentant de retenir les larmes qui menacent de couler le long de ses joues. Il a l’impression que son cœur va exploser. Que Nawell l’ait quitté est une chose. Qu’elle l’ait trompé en est une autre. Avec son ami en plus. Le brun se sent tellement stupide de ne rien avoir vu. Théo et Nawell se connaissent depuis longtemps et ont toujours été amis, il ne se doutait de rien lorsqu’il les voyait rire ensemble. Mais maintenant qu’il y pense, tout s’assemble dans sa tête. Tous les détails dont il aurait dû se méfier. Empli de rage et de tristesse, il quitte la maison de Nawell pour rentrer chez lui, avec ce sentiment profond d’avoir été trahi par celle qui occupait ses pensées et son cœur jusqu’à présent.
Sur le chemin du retour, Roméo n’est qu’un corps en mouvement, son âme est ailleurs, vide. Blessé au plus profond de lui-même, chaque souvenir de son altercation avec Nawell est une véritable torture. Pourtant, paradoxalement, il ne cesse d’y repenser, n’arrivant pas ôter cette trahison de son esprit, ce qui le détruit encore plus davantage. Malgré les tumultes de leur relation, il voulait toujours lui accorder une seconde chance. Maintenant, c’est elle qui l’a brisé en premier. Plus jamais Roméo ne laissera une autre fille s’approprier son cœur pour après le ravager et le réduire à néant, comme l’a fait Nawell.
En rentrant chez lui, l’adolescent aperçoit le courrier du CLCF, posé sur la table. Soudain, une idée pleine d’espoir lui effleure l’esprit, et l’école de cinéma se révèle être une perspective de nouveau départ pour le brun. Une nouvelle vie, sans les personnes qui lui ont fait du mal. Il doit se relever, ne pas céder à la douleur de son cœur brisé. Pris dans un élan d’espoir, Roméo s’assoit sans tarder devant son ordinateur, et commence à taper sa réponse positive à cet avenir qui s’offre à lui. Son téléphone ne cesse de vibrer à la réception de nouveaux messages, sûrement de la part de Nawell, mais le brun les ignore, rêvant déjà de sa nouvelle école, où, il pourra s’épanouir, faire ce qu’il aime, et oublier cette rupture douloureuse. Car il ne compte pas laisser cette dernière le détruire plus encore et l'empêcher de vivre.
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hello !
comment vous allez ?
petit chapitre flasback un peu plus long que d'habitude et matinal, mais il fallait bien ça pour que vous découvriez enfin ce qui est arrivés à notre Roméo :)
j'espère qu'il vous a plu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé hihi
à la semaine prochaine pour la suite
bon week-end <3
— anaïs.