nova (nekfeu)

By adasrtx

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𝒩𝑒𝓀𝒻𝑒𝓊✷ j'aurais pu tout trouver avec toi. les étoiles, la durée du temps, les grains de sable, la mati... More

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épilogue
introspection
aquarius

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By adasrtx

CÉLESTE
PITIGLIANO, AÉROPORT

-16:28-
-14 a o û t d e u x - m i l l e s s e p t-

Je me rappelais mes heures passées à regarder, du haut de mon balcon, les arbres qui perdaient de leur couleur entre les bâtiments grisâtres, noircis, qui ne paraissaient plus si fades lorsqu'ils se fondaient dans le décor des gamins qui s'amusaient à slalomer maladroitement entre les troncs d'arbres.

Ce que j'avais toujours eu peine à comprendre, c'était que ces bâtiments n'étaient pas si noirs. Que ces arbres étaient fleuris les trois quarts de l'année et pourtant, je les dessinais dans mon carnet comme étant sans saveur, mis à nu. Je noircissais tout, en passant de mes relations à moi-même. Tout devait périr, tout devait souffrir autant que j'en souffrais. J'en voulais au monde entier de toujours vouloir chercher le bonheur, de toujours chercher la moindre étincelle dans des cœurs qui avaient cessé de briller. En noircissant tout ce qui m'entourait, j'essayais de me trouver une raison, j'essayais de trouver une raison à mon malheur. Pensant que je n'étais pas condamnée à moi aussi chercher le bonheur, chercher la moindre étincelle dans mon cœur qui avait cessé de briller.

J'ai vite compris que le bonheur n'était pas un sentiment heureux. Qu'il ne s'adaptait pas à tout le monde et que parfois, certains y resteraient interdits.

J'étais interdite de bonheur. C'était la conclusion que je m'étais faite. Ce n'était pas que je le négligeais, que je le refusais, mais c'était tout simplement lui qui me refusait. Il ne voulait pas de moi, alors je m'étais alliée à son pire ennemi pour vengeance; la noirceur.

Deux fois, j'ai cru penser intimement que la porte du bonheur se trouverait en m'immisçant dans le cœur des gens. D'abord Ken. Il paraissait si vrai, si sincère, il m'apportait toute l'attention que j'avais auparavant négligé et qui, avec lui, m'était confortable. Tout était si rêveur à ses côtés. Tout était idéal, voir tellement que ça m'a effrayé. Je ne voulais pas d'un garçon idéal, je voulais d'un garçon qui me comprendrait.

D'un coup, ce garçon m'est tombé sous les yeux. Il s'était directement intéressé aux choses auquel les gens ne s'intéressent pas forcément, comme si ma vie lui tenait à cœur, comme si ma vie pesait autant que la sienne. Plus je le voyais, plus j'étais curieuse de savoir quel genre de mystère il était. Il était un peu comme moi, mais avec un parcours différent qui se rejoignait au bout du tunnel. Milo avait été presque évincé toute son enfance, comme si il était un fantôme, un garçon que personne ne voyait. Tout le contraire de moi au final, on me voyait, voir un peu trop. Mais les raisons pour lesquels on me voyait, c'était le groupe avec qui je trainais. On m'aimait pour mon entourage, mon corps, mon visage, mais aucune de ces personnes n'avaient jamais cherché à savoir ce qu'il se passait derrière cette apparence.

Lui aussi ne savait pas pourquoi il y avait autant de tristesse qui s'abattait sur lui. Lui comme moi, on avait tout. Des amis, de l'amour, de l'argent, des beaux yeux, mais qui en fin de compte étaient devenus insignifiants. Des choses qu'on pense être la consécration du bonheur, mais qui ne rivalisent pas avec la noirceur.

J'ai tellement cherché ce bonheur, j'ai pensé courir après lui. Mais j'ai réalisé que je fuyais. Deux mots si proches, comme si ils faisaient approximativement parti de la même famille.

Et fuir, ça a toujours été ce que j'ai su faire de mieux. J'ai toujours fuis, fuis, et encore fuis. Parce que mon rêve était plus confortable, celui où les gens étaient des marionnettes pour moi, celui où je pensais que tout m'était contrôlable. Alors je fuis, je fais du mal, je me fais du mal quand la situation est hors de ma portée. Quand je pensais tout contrôler et que finalement, j'en étais devenue impuissante.

J'ai fuis Milo, j'ai fuis l'amour qu'il a voulu me donner. J'ai fuis Ken et ses appels, ses messages, j'ai fuis tous mes amis qui essayaient de me joindre pour m'organiser une fête de départ. J'ai fuis en pensant que c'était par peur de blesser, alors que je ne voulais simplement pas me blesser moi-même.

J'ai tout fuis, sauf ce qui était hors de contrôle. Je ne pouvais plus me permettre de fuir, même l'aéroport qui se trouvait face à moi, celui qui s'approchait en me rappelant qu'une fois sur ma terre natale, j'allais devoir tout confronter.

- T'as hâte de rentrer ma puce ? Me demandait ma mère en me caressant les cheveux.

- Je sais pas.

Ici ou à la maison, dans les deux cas, je voudrais fuir.

- Tu peux toujours rester ici si tu veux, rigolait ma grand-mère qui détestait les au revoir.

- Maman.. Elle a école.

- Pas besoin d'un diplôme pour être pilote de ligne, demande à ton grand-père.

Papi me souriait dans le rétroviseur. Cette passion, je la lui devais amplement. Il l'avait eu avant moi.

- Je m'en fous, elle aura son bac comme tout le monde. Un point c'est tout.

- T'as ton mot à dire aussi Erica.

Ma mère soufflait, pressée de quitter cette voiture en regardant l'heure sur sa montre, un bijou que papa lui avait offert. Je savais qu'elle aurait aimé savoir prendre une décision toute seule. Mais être dépendante des autres, c'était ce qu'elle savait faire de mieux.

- Elle fera de grandes études, trancha ma mère une fois le frein à main abaissé. C'est ma décision également.

Je levais les yeux au ciel en détachant ma ceinture pour sortir du véhicule, et rejoindre mon grand-père vers le coffre pour attraper ma valise.

Je ne savais pas pourquoi, mais cet avenir me semblait si lointain. Il était proche pourtant, il m'attendait. Mais je ne m'y assimilait pas.

- Laisse, je vais la prendre, lui souriais-je.

Il refermait le coffre, et on se dirigeait vers l'entrée de l'aéroport en ayant pleine conscience qu'il fallait passer aux adieux. Je détestais les adieux.

- J'espère que toi t'as quand même passé un bon séjour mon ange, me prenait dans ses bras ma grand-mère en faisant référence à Ulysse.

- Toujours aussi bien quand ils sont avec toi, je plaisantais en passant mes bras autour du ventre rebondi du vieux qui me lançait ses yeux jaloux, et avec toi aussi, mais c'est pas une question qui se pose.

J'adorais mon grand-père, même si on se parlait beaucoup moins aujourd'hui, j'admirais sa simplicité et sa vision du monde si réaliste.

Ma mère enlaçait à son tour ses parents pendant un long moment, et versait quelques larmes comme toujours. Sa sensibilité avait toujours raison d'elle, elle avait pleuré également la fois où Ulysse avait pleuré.

Mais je n'ai jamais su pourquoi.

- Comment il fait froid le soir ici..

Je souriais légèrement en regardant par la fenêtre ouverte du taxi la ville éclairée à la lumière jaune des réverbères. Mes yeux délaissaient à gauche le pont de pierre de Notre-Dame et les trois ponts suspendus vers le Boulevard Saint-Michel qu'il fallait remonter pour rentrer à la maison. Deux petites semaines loin de ce fleuve qui coulait lentement, et la chaleur parisienne m'avait déjà manqué. L'été, même le soir, les rues se remplissaient au fur et à mesure que l'horloge tournait. Vers trois-heures du matin, il n'y avait plus un chat, comme si un astéroïde venait de s'écraser sur la ville et qu'il ne restait plus que quelques survivants qui rôdaient, solitaires, toujours une mine un peu triste, en se demandant ce qu'il ne tournait pas rond sur cette planète.

- Papa m'invite au Touquet pour la fin des vacances.

- Cool, répondis-je en grinçant des dents.

- On partirait demain ou après-demain.

- Ok.

Je n'avais aucun désir de continuer la conversation. Juste d'arriver chez moi, jeter mon sac sur le sol et retrouver mes chats.

En passant sur ce boulevard, les souvenirs de Ken et moi me percutèrent comme si l'Italie n'avait jamais existé. Pourtant elle y était encore bien présente dans mon cœur, même si je refusais d'y croire depuis maintenant plusieurs jours.

J'avais eu le temps de tout remettre en question, surtout moi. J'avais voulu d'un garçon qui me comprenait, sans vraiment savoir pourquoi.

J'avais surtout voulu tout ce qui n'existait pas, l'intangible et l'inaccessible, l'imaginaire et l'indisponible.

- Oui, juste ici. C'est cet immeuble, ma mère pointait le bâtiment au chauffeur de taxi en sortant son porte-monnaie. C'est toujours un peu bizarre quand on revient, tu trouves pas ?

- Un peu.

J'ouvrais la portière de la voiture en remettant correctement la bretelle de mon débardeur, et en relevant les yeux vers la ruelle abritée sous les arbres, je vis une silhouette passagère qui m'était plus que familière.

- Maman ? J'ai oublié de te demander, je peux aller dîner avec Jeanne et Salomé ce soir ?

Je ne quittais pas la silhouette des yeux en peignant un sourire de blues sur mon visage. Les mauvais souvenirs du jardin d'à côté, de cette rue maussade qui pourtant était si belle à vue des touristes avaient comme disparu lorsqu'il était dans ma lucarne.

Mon soleil.

- Ton père nous attend pour le dîner. T'iras les voir demain.

Je soufflais en faisant rouler ma valise pendant que ma mère tendait deux billets au chauffeur. Je le saluais en le remerciant, et rejoignais ma porte d'entrée en tapant le code mollement, suivie de ma mère qui me suivait lentement sur ses hauts talons.

- Bon, vas-y. Mais rentre pas trop tard ma puce. Vingt-trois heures maximum, elle me laissait une trace de rouge à lèvres rouge sur la joue, sa marque de fabrique que je quémandais quand j'étais petite. Elle attrapa ma valise et glissait dans ma main son étui de rouge à lèvres, et refermait la lourde pote de l'immeuble directement sur mon nez.

Je restais interdite devant celle-ci, sans trop chercher à comprendre pendant de longues secondes, avant de trottiner sur le goudron à la recherche de ma silhouette.

- Désolé, j'ai du me cacher j'ai cru qu'ta mère m'avait vu. Surprise, chuchotait une voix rieuse dans mon dos en posant ses mains sur mes hanches.

- Surprise, je rétorquais en entourant mes bras autour de son cou, et mes lèvres sur les siennes.

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