Caroline
Nous nous sommes donné rendez-vous au QG afin de fêter l'évènement. Nous n'avons peut-être pas triomphé de l'ennemi, mais contrairement aux autres fois c'est lui qui a battu en retraite et c'est déjà un bon début.
Je me saisis de deux verres puis pars rejoindre mon hybride. Lorsqu'il me voit apparaitre, ses yeux qui se posent sur moi me rendent toute chose. J'y lis sans mal tout l'amour qu'il a pour moi et il est impossible pour lui de tricher.
Aujourd'hui, il a fait un grand pas en avant. Non seulement il a réussi, grâce à sa lycanthropie, à localiser Rebekah par le biais de Chris, mais aussi à laisser ses frères l'accompagner sur-le-champ de bataille. Et au vu de leur soudaine mortalité, c'est un sacré progrès. Peut-être finira-t-il, avant la fin de cette histoire, à comprendre qu'ensemble nous sommes bien plus forts.
— Je suis fière de toi, je lui avoue tout en me plaçant à ses côtés.
J'en profite pour observer tout ce petit monde autour de nous qui fait désormais partie de notre quotidien. Kol se trouve en compagnie des sorcières et la bonne ambiance entre eux semble être au rendez-vous si j'en crois les nombreux éclats de rire qui fusent dans leur direction. Quant aux loups originels, je n'ai pas vraiment à chercher à créer de lien avec eux, mais je me sens tout de même rassuré qu'ils soient là. Et cela même si j'ai encore beaucoup de mal avec Lucian et cela malgré ma prétendue capacité à voir le bien en chacun.
— Nous n'avons rien accompli de spécial aujourd'hui, Caroline, me répond Klaus en se tournant dans ma direction. Silas n'est pas vaincu et nous savons que tout est une question de temps avant qu'il ne riposte.
Il a raison et je le sais. Cependant, à cet instant, je refuse de perdre ma bonne humeur.
— Nous finirons par l'avoir, Klaus. Je reste positive !
— Le contraire m'aurait étonné, il rit.
— HEY ! ne te moques pas de moi ! je m'indigne
— Jamais, mon ange ! Jamais ! il me répond avec ce sourire malicieux que j'aime tant.
Puis, sans rien ajouter, il retourne à sa contemplation.
À ses côtés, je prends conscience à quel point j'ai changé. Terminé l'adolescente qui avait désespérément besoin d'attirer l'attention pour tenter de se valoriser. Désormais, j'ai gagné en maturité. Je suis plus sage, plus responsable. Et tout ça, c'est à lui, à ce soi-disant Hybride diabolique, que je le dois.
Tout comme j'ai vu le bon en lui, il a su voir au-dessus de cette jeune fille que beaucoup considérait comme superficielle. Et je suis très fière aujourd'hui de la femme que je suis en train de devenir.
Curieuse de le voir si concentré, je tourne mon regard dans la même direction et me rends compte qu'il observe sa sœur. Cette dernière est assise sur un haut tabouret et paraît s'ennuyer et je crois savoir pourquoi. En effet, je n'ai pas encore aperçu Chris qui pourtant vu sa silhouette imposante, est difficile à rater.
— Avoir été enlevée par Silas semble avoir été une épreuve compliquée pour elle, me dit Klaus.
Il ignore totalement que ce qui a été le plus douloureux pour elle n'est pas d'avoir été la prisonnière de Silas, mais d'avoir cru pendant un instant perdre Chris. Lui qui est d'habitude si vif d'esprit, je me demande comment il fait pour ne pas remarquer que sa petite sœur en est éperdument amoureuse.
Cependant, avoir cette longueur d'avance sur lui qui, soyons honnêtes, se vante toujours d'en avoir une sur tout le monde m'amuse plus que de raison.
Il est bien plus que le démon sans cœur qu'il pense avoir façonné au fil des siècles. Il est malgré tout apte à déceler la tristesse de ceux qui lui sont importants. Et un véritable monstre en est profondément incapable. Plus je passe du temps à ses côtés, plus j'y distingue cette lumière qui cherche désespérément à briller. Lui aussi a changé. Lorsqu'il n'est pas assailli par ses tourments, il est paisible. Me faire basculer du côté obscur n'a jamais fait parti de ses projets. Bien au contraire, c'est lui qui cherche à le fuir.
— Trinquerais-tu avec moi, mon frère ?
Nous nous détournons sur Elijah qui arbore, comme toujours son sourire chaleureux. Son magnétisme naturel vibre tout autour de nous. J'aurais fini par sentir sa présence sans qu'il ait besoin de parler. Bien que leurs auras soient différentes, chacun des Mikaelson à la sienne et petit à petit j'apprends à les reconnaitre sans en être oppresser comme c'était le cas lorsqu'ils ont débarqué dans ma vie pour y foutre un sacré bazar.
— Bien, je vais vous laisser entre hommes ! je termine dans un sourire avant de rejoindre Rebekah qui n'a toujours pas touché au contenu de son verre.
Alors que je m'installe à ses côtés, elle soupire d'un air las.
— Il va arriver ! je lui dis. Après tout, si tu regardes bien, Sam n'est pas là non plus !
— Je peux savoir à qui tu fais référence, elle m'interroge d'un ton bien trop brusque. Car tu vois, Caroline, je n'attends personne !
— À d'autres ! je roule des yeux ne me laissant pas intimider.
Derrière le masque hautain qu'elle enfile parfois, je sais qu'elle cherche en réalité à dissimuler cette femme fragile.
— Tu te trompes ! elle répond en prenant une gorgée d'alcool fort.
— Et c'est bien évidemment pour « personne », je dis en mimant des guillemets avec mes doigts, que tu t'es faite aussi jolie ?
Car c'est bien le cas ! Malgré la nuit dernière éprouvante qu'elle vient de passer, Rebekah a attaché ses cheveux dans une coiffure bien plus sophistiquée qu'à son habitude. Elle a également enfilé une robe noire mettant en valeurs ses plus beaux atouts et s'est chaussée de splendides stilettos avec lesquelles je serais incapable de faire deux pas.
Rendant les armes, elle soupire longuement et se tourne dans ma direction :
— Je croyais que cette épreuve nous avait rapprochés, mais apparemment non... ce n'est pas le cas ! Il n'a même pas fait le déplacement pour nous rejoindre.
— Il avait peut-être besoin de dormir un peu ! Cela a été une dure journée pour tout le monde et pour lui... en particulier.
— Je sais ! souffle-t-elle comme si elle se trouvait en pleine bataille émotionnelle.
D'un côté, elle a ce besoin presque viscéral de l'avoir auprès d'elle et de l'autre elle comprend qu'elle fait preuve d'égoïsme en ne prenant pas en considération que le jeune loup puisse seulement avoir besoin d'un peu de repos.
Impuissante, je la laisse regagner sa chambre sans ajouter un mot.
La voir si peinée me rend triste, mais malheureusement j'ignore comment l'aider. Je lui souhaite de trouver son happy end, mais au vu de ce que je sais, la pousser dans les bras du jeune loup originel n'est sans doute pas la direction à prendre. Chris a peut-être échappé à la mort cette fois-ci, mais le combat est loin d'être terminé et je crains déjà le moment où il tombera.
— On dispose d'un peu moins de vingt quatre heures avant que je ne sois plus vraiment moi..., on me chuchote aux creux de l'oreille.
Amusée, par cette voix qui ronronne, de ce souffle chaud qui malmène mon épiderme d'une chair de poule, je tourne ma tête sur le côté. Aussitôt, le bleu de ses iris semblables à une mer agitée me détiennent prisonnière. Happée par lui, par chacun de ses traits, plus rien ne compte que cet instant suspendu dans le temps. Il n'y a plus rien d'autre que fascination et obsession. Et cet homme m'appartient !
— Et que souhaiterais-tu faire de tout ce temps libre ? je l'interroge, taquine.
Soudainement, il m'attrape dans ses bras puis enchaine :
— Je crois que j'ai ma petite idée !
Comme si nous n'étions jamais rassasiés de l'un et de l'autre, il m'entraine dans notre chambre, flanque la porte d'un coup de talon et se jette sur mes lèvres avec voracité. Et c'est bien ainsi, je ne supporte pas davantage que sa bouche quitte la mienne trop longtemps. Sans grande délicatesse, ses doigts m'arrachent mon haut ne prenant même pas le temps de le retirer. Et cela m'est égal car à cet instant, je suis tout aussi affamée que peut l'être mon hybride. Je veux tout de lui, de ce côté où il cherche désespérément à ne pas me blesser à celui bien plus sauvage. Je désire tout autant qu'il me dorlote, qu'il me malmène. Je souhaite m'abandonner dans cette passion à la fois dévorante et dévastatrice que lui seul est capable de m'offrir.
Rebekah
En arrivant dans ma chambre, je me sens épuisée. Fatiguée par les dernières heures, par toutes ces images qui tournent en boucle dans mon esprit. Caroline a raison. À chacun à notre façon nous avons vécu l'enfer. Chris s'est sacrifié pour moi, attachant bien moins d'importance à sa vie qu'à la mienne et moi j'ai bien cru mourir en pensant l'avoir perdu à tout jamais. Je n'ai pas le droit d'être aussi égoïste et pourtant je crains de ne jamais réussir à être autre chose que cette gamine capricieuse désirant quelque chose, quelqu'un qu'elle ne pourra jamais obtenir.
Sans m'en rendre compte, je sors sa chemise en jean de sous mon oreiller et la porte à mon nez. Le parfum masculin qui l'a recouvrait s'en est allé pour mon plus grand regret. Cela dit, cela ne m'empêche pas de vouloir la conserver. Après tout, c'est un petit bout de lui entre mes mains et c'est toujours mieux que rien.
Après l'avoir réinstallé à sa place, je me dirige sur le balcon. En bas, les quelques touristes éméchés rigolent à tout rompre. Totalement ignorants du monde dans lequel ils sont, ils prennent le temps de vivre tout simplement.
— Tu as ruiné mon plan ! résonne une voix.
Dans un sursaut, mes yeux écarquillés, j'observe Silas se tenant face à moi.
— Peu importe son choix, j'étais sûr de gagner, dit-il en avançant d'un pas trop lent dans ma direction. Soit il mourait ou ton frère ne lui aurait jamais pardonné ta mort brisant ainsi ce qui se passe entre eux deux.
Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il fait référence à Chris et à Niklaus.
La tristesse que j'avais lue sur le visage de Nik lorsqu'il a cru lui aussi que le fils de Sam était mort ne sortait donc pas tout droit de mon imagination.
— Eh bien, je crois que c'est raté ! je lâche, les doigts serrés sur la rambarde en fer forgé.
— On dirait que tu ne comprends pas bien ce qui est en train de se passer, Rebekah ! Ce satané loup pour lequel tu as eu le malheur de t'enticher est le pont qui conduira ton frère droit sur le chemin de sa lycanthropie. Je dois briser ce lien entre eux avant qu'ils ne prennent bien trop d'ampleur. Avant que leurs pouvoirs s'unissent et en viennent à surpasser les miens.
Mon rythme cardiaque s'affole toujours un peu plus à mesure qu'il me fait la conversation. La menace dans sa voix, je la ressens. Elle vibre, palpite tout autour de moi.
— Et c'est pour ça qu'il était préférable pour moi qu'il reste mort ! Mais à cause de toi, ce n'est plus le cas.
Péniblement, je déglutis alors qu'il s'avance dangereusement dans ma direction.
— J'imagine que perdre sa précieuse petite sœur le brisera d'une façon ou d'une autre, car c'est bien le but recherché, n'est-ce pas ?
Et sans attendre, il me pousse par-dessus le balcon.
( Musique qui m'a accompagnée lors de l'écriture - Concrete Angel – Vampire Diaries.)
Je cri, m'époumone. Mes doigts se sont désespérément agrippés à la rambarde en fer forgé alors que mon corps, lui, se retrouve suspendu dans le vide. L'un de mes escarpins chute telle une plume avant de s'écraser lourdement sur le bitume du si célèbre vieux carré. Ma voix part automatiquement dans les aigus tandis que je sens mes mains faiblir et le poids de mon corps m'attirer vers le bas.
De son poste d'observation, telle une statue, les avant-bras posés à quelques centimètres de mes doigts, l'ennemi me regarde avec attention, se délectant déjà du moment où je lâcherais prise car d'une façon ou d'une autre, c'est ce qui va se passer.
— Aidez-moi ! je m'écris.
— Rebekah !
Alors que mon frère, les cheveux en vrac et dans une tenue débraillée, accourt dans ma chambre, Silas s'évapore dans un nuage de fumée.
Nik se saisit de l'une de mes mains et cherche à me tirer vers le haut.
— Accroche-toi ! me hurle-t-il.
C'est ce que je fais et pourtant mes doigts devenus moites glissent sur les siens.
— Accroche-toi, Rebekah ! répète-t-il tel un nouveau mantra.
Alerter par Caroline, mes frères pénètrent ma chambre à leur tour afin de lui prêter main-forte.
— NON, cri Nik en sentant mes derniers doigts quitter les siens.
Sur les hauteurs de cette forteresse, il a toujours été gratifiant d'observer le monde d'en haut. Ne souhaitant pas connaitre l'exact moment où il en sera fini de Rebekah Mikaelson je me décide à fermer les yeux et à ne plus les ouvrir.
Ce qu'on dit sur nos derniers instants est vrai ! Tout un tas d'images défile devant moi. Parfois, dans le bon ordre et parfois non. Je revois une partie de mon enfance, d'une vie longue et remplie de choses que je juge superficiel.
La chute devrait être imminente et pourtant elle ne vient pas. Elle n'arrive jamais.
— Ouvre les yeux, Rebekah ! ronronne une voix masculine.
Cette simple phrase, cette même intonation, je la reconnais immédiatement. Alors, sans pouvoir me retenir, je replonge dans le souvenir de cette vision du futur.
Me voilà à nouveau dans cette maison chaleureuse à observer les deux enfants se chamailler. Mon corps se retrouve vite plaqué contre ce torse tout aussi massif que glacé, automatiquement, cette bulle d'amour se reconstruit.
Dans le monde réel, mon sauveur me dépose au sol puis me demande une nouvelle fois :
— Ouvre les yeux , Rebekah!
Et cette fois, je lui obéis. Mes paupières s'ouvrent subitement pour rencontrer ces iris magnifiques aux teintes paradisiaques.
— Chris ! je murmure à bout de souffle. Chris, c'est toi !
J'ignore si cela est dû au fait que je viens de passer aussi près de la mort que mes sens se sont autant exacerbés, mais il n'y a aucun doute possible. Sa voix est bel et bien similaire à celle entendue du futur.
— C'est moi, quoi ? il m'interroge, les sourcils froncés.
D'un sourire que je ne peux ni ne veux retenir, je l'étreins de toutes mes forces. Il a beau se tendre contre moi, cela m'est bien égal. J'ignore pourquoi dans le futur son corps a perdu toute sa chaleur, mais aujourd'hui, ce détail ne me fera pas changé d'avis sur la question. Il va devoir s'y faire à toute cette affection, car moi, j'ai beaucoup d'amour à offrir.
— Chris, attention ! hurle la voix de Niklaus.
Et tout va très vite. Alors que Klaus saute du balcon, prêt à intervenir, mes yeux perçoivent Silas et la lame blanche qu'il tient dans la main. Chris cherche désespérément à déployer son bouclier surnaturel afin de nous mettre à l'abri, mais celui-ci ne se déclenche pas. Après les derniers événements, son loup n'a pas encore totalement récupéré. Alors en le comprenant, c'est lui qui augmente la pression sur moi. Il le fait pour me protéger se servant de son propre corps comme d'un bouclier.
Depuis notre toute première rencontre, j'ai rêvé d'être ainsi dans ses bras. Cependant, aujourd'hui je me débats et cri de toutes mes forces. Il ne me libèrera pas tout comme il n'échappera pas à la lame, il n'en aura pas le temps.
Le futur est en perpétuel mouvement, nous le savons tous. C'est nous qui le dirigeons dans un sens ou de l'autre. Et moi, je ne veux pas que l'aperçu que j'en ai eu ne soit désormais qu'un mirage. Si je le perds, je ne m'en remettrais jamais.
— NON ! Il cri.
Sa prise se desserre soudainement sur mon corps. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il m'a lâché afin de rattraper son père qui s'est interposé entre nous et la lame.
Le regard horrifié par la scène, par les larmes de Chris que je perçois s'écouler le long de ses joues, je suis comme paralysée.
Et mon frère Nik, arrivé à notre hauteur, est dans le même état.
La chute de Sam est tragique. Son trépas pour la meute des loups Originels ne sera pas sans conséquence. Après tout, il était l'Alpha en titre.
— Pourquoi as-tu fait ça ? s'époumone Chris. Cela aurait dû être moi ! Je suis sur la sellette depuis tellement longtemps ! Tu n'avais pas le droit ! Ce n'était pas à toi de tomber, ...pas maintenant, pas ici..., pas comme ça !
Un grand sourire aimant apparait sur le visage de l'alpha des loups originels. Il redresse l'une de ses mains et la place sur la joue de son fils puis murmure tendrement :
— Au contraire, Chris, il n'existe pas de plus belle mort que celle-ci ! C'est le rôle d'un père de tout faire pour protéger son enfant et c'est exactement ce que je viens de faire. J'ai été honoré d'avoir eu la chance de te voir devenir un homme, mais désormais il est temps pour moi de laisser la place à la nouvelle génération. Certes, elle n'est pas parfaite, mais j'ai tout de même foi en elle, en vous.
Nik déglutit lorsque Sam lui jette une œillade. Il les inclut tous les deux et j'imagine que pour mon frère qu'on a souvent rabaissé cette simple petite attention lui fait un bien fou. Et en même temps, on n'en attend pas moins d'un homme d'honneur comme lui.
Une nouvelle larme quitte la pointe de l'œil de Chris pour venir ensuite s'écouler sur sa joue.
La détresse que je lis sur son visage me fait mal. Et pour cause, Chris m'a bien plus habitué à se montrer hermétique à tout ce qui l'entoure que de le voir aussi atteint émotionnellement. Ces dernières heures, j'ai vraiment le sentiment de le découvrir d'une façon différente. Ses barrières, toute son armure s'effrite de jour en jour et ce que je perçois derrière cette épaisse couche de vernis est loin de me rebuter. Bien au contraire.
— A toi maintenant de prendre la place qui te revient de droit, poursuit Sam. Pars à la recherche de ton âme sœur , Chris et perpétue notre lignée. Ne laisse pas les nôtres s'éteindre ! Promets-le-moi .
Face au long silence de son fils, Sam se montre insistant :
— Promets-le-moi, Chris !
— Je te le promets ! cède t-il.
Puis petit à petit, le regard de Sam se fait de plus en plus distant.
— Non, non, non, ne ferme pas les yeux ! Papa, reste avec moi, le supplie Chris. Ne m'abandonne pas !
Cependant, les appels du plus jeune semblent tomber au plus profond des abysses. Le regard de son père est attiré ailleurs par une personne que lui seul est désormais en mesure de voir : Nikalan.
Un dernier sourire apparait sur ses lèvres avant qu'il ne prononce cette phrase :
— Tu me fais l'honneur de venir me chercher, mon frère.
Puis l'Alpha en titre des loups originel pose à nouveau un dernier regard dans celui de son fils et murmure.
— Je t'aime, Chris !
— Moi aussi, je t'aime ! il lui répond.
— Ne laisses... jamais...ton cœur...se remplir...de... haine, lui demande son père pour la toute dernière fois.
Puis les yeux de Sam se figent, toute vie en lui désertant son corps.
Le front contre la poitrine de son père, les pleurs de Chris se font bien plus intenses. J'aimerais tant pouvoir m'approcher, le consoler, mais je n'ai pas encore obtenu ce droit.
Et tandis que Lucian et Adam pourchassent Silas, je surprends mon frère en train de rejoindre Chris.
— Debout ! lui dit-il brusquement.
Nik n'est pas du genre à faire dans la dentelle et pourtant je vois à quel point sa voix est tremblante. Que le ton qu'il a pris n'était pas forcément ce qu'il désirait. Je le connais suffisamment pour savoir à quel point il se sent mal, attristé par ce qu'il vient de se passer. Sam était en quelque sorte le seul lien qu'il lui restait de son père biologique.
— Lève-toi, Chris, il reprend plus tendrement.
Ne le voyant pas réagir, c'est lui qui l'attrape afin de le remettre debout. Et au vu de l'imposante silhouette du fils de Sam, le relever n'est pas chose simple.
— Je vais le tuer je jure que je vais le tuer, lui dit Chris en s'appuyant sur Niklaus.
Puis d'une voix bien plus apaisante, mon frère pose sa main sur la nuque du loup originel et murmure :
— Il faut que tu te ressaisisses, Chris. On n'y arrivera pas chacun de notre côté et pour le vaincre... je vais avoir besoin de ton aide.