Expérience

By LenaJilian

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Alors qu'elle travail sur à Liyue, Lumine croise le destin d'une jeune fille qui réclame de l'aide. Mais pour... More

Clandestine
Snezhnaya

La Tsaritsa

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By LenaJilian

Fan art by Leslie Vernon 

Il faisait nuit noir lorsqu'il quitta les filles. La température était encore plus froide que ce matin, mais le vent n'était pas encore très présent. Dans un silence de mort, il s'éloigna de la cabane en bois.

Dans son sac messager en cuir, les rapports qu'on lui avait demandé, soigneusement protégés dans des étuis eux aussi en cuir, certains datant de plusieurs semaines déjà. La Tsaritsa n'allait pas forcément apprécier ce retard, mais peu lui importait, les navettes pour la région étaient rares et le Fatui avait horreur de laisser des documents qu'il mettait des heures à rédiger à des transporteurs tierces.

Il marcha en direction de Morepesok, où une voiture l'attendait certainement depuis un moment. Partir en pleine nuit n'était certainement pas l'idée du siècle, mais ce n'était pas gênant : il connaissait les lieux comme sa poche, neige ou pas neige, de jour comme de nuit et ne craignait pas les éléments. Le jeune homme voulait surtout voir s'il pouvait apercevoir ces trafiquants d'enfants, quitte à être encore plus en retard. La Tsaritsa attendrait : ses frères passaient avant elle.

Ralliant enfin le village, il se rendit sur la place centrale, déserte. Toutes les lumières étaient éteintes. Même à la nuit tombé, les gens n'osaient plus sortir avec ces rumeurs de malédiction et de bête sauvage mangeuse d'enfant qu'il avait pu voir les affiches placardé sur les murs le matin même à divers endroits. Seuls le croissant de lune et les étoiles permettaient de voir un tant soit peu où l'on mettait les pieds.

La voiture était bien là, seule, avec deux cochets qui discutaient, coiffés d'un tricorne et d'une longue cape sombre, épaisse, et quatre chevaux protégés par une épaisse couverture.

« Bonsoir, Messire Tartaglia. » déclarèrent-t-ils à l'unisson en le voyant approcher, le saluant d'un signe de tête.

« Bonsoir. » répondit-il poliment sans plus de fioriture.

Le premier était descendu de son perchoir pour ouvrir la porte à l'exécuteur, avant de retourner à sa place. Puis, ils prirent la longue et sinueuse route du nord en direction du palace, sans autre bruit que les sabots des chevaux martelant le sol à un rythme régulier.

Le palais se trouvait à une soixantaine de kilomètres du village, autant dire que le voyage lui avait semblé durer une éternité, soit environ une dizaine d'heures à être bringuebaler au gré de l'étatdésastreux de la route.

C'est avec le dos en compote qu'il arriva enfin au Zapolyarny Palace, en milieu de matinée. Le soleil était présent, bien que légèrement voilé, et pas un seul flocon ne tombait. On pouvait même dire qu'il faisait plutôt doux, chose inhabituelle à Snezhnaya qui baignait habituellement dans la neige, le froid et le vent.

L'immense bâtisse était de couleur rouge tomette, qui contrastait parfaitement dans le paysage blanc, avec de très nombreuses décorations, qui ressortait d'autant plus avec la couche de quelques centimètres de neige, et des fenêtres et verrières aux tons d'opaline.On ne pouvait le nier : ce palais était magnifique. Plusieurs tourelles se distinguaient du reste, surplombés par le symbole de l'élément dominant : le Cryo, doré à l'or fin.

Voilà bien longtemps qu'il n'était pas venu là, il en avait oublié jusqu'aux rangées de Fatuis postés de part et d'autre de chacune des entrées.

A l'intérieur, plusieurs domestiques s'affairaient, tandis que le jeune Fatui se rendait d'un pas décidé dans la salle où la Tsaritsa trônait, enfermée dans cette cage dorée depuis bien longtemps. Elle refusait d'en sortir, se contentant de donner ses directives.

Cette salle se trouvait d'ailleurs au premier étage. Il fallait donc emprunter plusieurs corridors élégamment décoré et aux plafonds peints, des escaliers de marbre blanc et passer devant nombre d'usuriers et autres décorations.

Arrivant enfin devant la salle où se trouvaient une grande quantité de soldats d'élites, un majordome au visage fatigué l'invita à patienter un instant afin d'annoncer sa venue à l'Archon.

« Messire Tartaglia, alias Childe, le 11° exécuteur, souhaite s'entretenir avec vous. » déclara l'homme d'une voix calme.

« Faites-le entrer. »

Comme de coutume, Ajax s'avança dans la pièce, puis s'arrêta à une distance raisonnable de la déesse avant de poser un genou à terre en la saluant. Certaines choses avaient visiblement changé depuis sa dernière visite puisqu'à présent la Tsaritsa se cachait derrière un paravent en bambou, ne laissant voir qu'une ombre.

Pourtant, sa voix n'avait pas changée, elle était toujours aussi douce avec cette petite pointe de mélancolie. Il n'en avait jamais vraiment parlé avec les autres, mais pour lui, il était clair que quelque chose n'allait plus avec l'Archon... depuis bien longtemps déjà. Mais rien ne changeait vraiment, sauf elle, qui s'enfermait de plus en plus du monde.

« Je viens vous donner mes derniers rapports concernant les Abysses, qui officient discrètement entre les nations de Mondstadt et Liyue. » expliqua-t-il en se relevant.

Une jeune servante s'approcha avec un plateau d'argent, invitant l'exécuteur à les déposer, puis elle retourna à sa place.

« Je les lirais plus tard. » déclara-t-elle d'une voix forte et claire, « Mais... te voir ici est bien surprenant, toi qui évite le plus possible les autres exécuteurs... »

« J'avais simplement envie de revoir ma patrie, cela faisait bien longtemps que je n'étais pas venu. Je dois être sentimental. » sourit faussement l'archer.

« Soit. Je suis heureuse de voir qu'à l'instar de tes paires, tu te portes bien. Qu'en est-il des deus jeunes filles qui t'accompagnaient ? »

Prit de court, il préféra contourner la vérité, expliquant qu'elles l'attendaient à Moresepok, découvrant au passage la région qu'elles n'avaient jamais foulé auparavant. C'était bien évidemment en partie faux, mais la réponse semblait convenir à son altesse, qui lui demanda de les amener avec lui lors de sa prochaine visite : c'était la première fois que Childe prenait des élèves et l'évènement était suffisamment rare pour piquer l'intérêt de la souveraine.

Après quelques bavardages sur les aptitudes de ces nouvelles protégées, l'Archon surprit son auditoire en demandant à tous le personnel, Ajax excepté, de sortir quelques minutes. Elle voulait s'entretenir personnellement avec lui à propos d'une affaire qui la préoccupait depuis un moment, mais qui la mettait dans l'embarras.

Un peu surprit par la demande, Tartaglia se contenta de regarder les serviteurs, les gardes et les autres membres du personnel sortir de la pièce, les enfermant ainsi.

« Je vous écoute. »

« Approche, les murs ont malheureusement des oreilles où que l'on soit ici. » avoua la déité.

Sur ordre de son altesse, Childe monta les escaliers, jusqu'au rempart de bambou qui la cachait des regards.

« L'un de tes pairs, le Professeur, travail corps et âme sur un projet visant à améliorer notre force de frappe contre les Abysses et ceux qui oseraient nous défier. Cependant... Je n'ai aucune autre information sur ses recherches. » expliqua la multiple centenaire, « Je vous ai tous donnés un titre d'exécuteur en rapport avec votre personnalité. Dottore est un éminent scientifique, mais je n'approuve pas forcément ses méthodes et il le sait. »

« Pensez-vous que son projet actuel aurait un rapport avec les disparitions qui ont lieu au sud ? » questionna le roux.

« C'est à ce propos que j'aimerai que tu te renseignes. » avoua-t-elle, « Notre nation a peut-être changé et n'a de cesse de s'appauvrir depuis les sombres évènements d'il y a 500 ans, mais je n'en reste pas moins en partie humaine. Je ne tolèrerais pas que mon peuple pâtisse des folies d'un seul homme. »

La Tsaritsa lui expliqua également avoir fait appel à lui pour plusieurs raisons, notamment sa loyauté et son respect des règles et promesses qu'il faisait. Certes, il s'attirait souvent les foudres des autres exécuteurs, mais c'était justement parce qu'il ne cautionnait pas leurs façon d'opérer sur les différentes missions qu'on pouvait leur assigner.

Bien qu'elle ne sache pas exactement dans quel repère se trouvait le scientifique, ils avaient estimés que le sud de la région était un bon point de départ, et que s'il n'avait rien à voir avec ces disparitions, Tartaglia devrait en trouver l'origine avant de pouvoir à nouveau jouir de sa liberté.

Une autre information qui lui était récemment parvenue, était le retour du Tirailleur, Scaramouche. Bien que généralement mit à l'écart par les autres, le bouc émissaire avait visiblement trouvé une utilité aux yeux du savant, mais l'Archon n'en savait pas plus.

Il fut donc convenu que l'archer devait enquêter sur les disparitions d'enfants et vérifier s'il y avait un lien avec ses compagnons, auquel cas, il devrait y mettre un terme.

« Méfis-toi. Tous deux sont retords et je ne serais pas étonnée, s'ils sont effectivement à l'origine des enlèvements, qu'ils tentent de se débarrasser d'eux. »

Oh, ça, il ne le savait que trop bien. Dottore était réputé pour ses expériences louches, quand à l'autre, son arrogance et son orgueil le menait souvent au combat, mais seulement s'il était certain de gagner.

Satisfaite, la Tsaritsa lui donna finalement congé, ce qu'il fit aussitôt, préférant éviter tout autre demande ou question quand à sa venue.

Pour autant, cette petite conversation lui confirmait que les enlèvements étaient très certainement perpétrés par ses semblables et que, selon le sort réservé aux malheureux, il pouvait y mettre à terme.

Une autre information importante était le fait que l'Archon était au courant de nombreuses choses, sans pour autant s'en préoccuper plus que cela. Les premières disparitions remontaient tout de même à plus de trois semaines selon sa sœur, mais elle semblait pieds et poings liés pour une quelconque raison et avait dû attendre son retour. La question était à présent de savoir pourquoi lui en particulier et comment savait-elle qu'il reviendrait ?

Se pouvait-il qu'elle soit au courant de l'existence de ses frères et de sa sœur et du fait qu'ils vivent dans cette partie du pays ? Malgré cet entretient qui lui avait paru sincère, la Tsaritsa semblait presque omnisciente alors qu'ils avaient été discrets. Il faudrait qu'il éclaircisse cela une fois cette histoire terminée.

Arpentant discrètement les couloirs du palais pour en apprendre plus, il tomba sur une conversation qui confirma les dires de la Tsaritsa. Tout ceci était un secret de polichinelle, mais une chose l'avait interpellé : la confirmation de la présence de Scaramouche aux côtés de Dottore... Cela ne présageait rien de bon. D'après ce qu'il avait comprit, le 3° exécuteur se trouvait dans un ancien entrepôt à quelques heures de Moresepok, vers l'ouest, direction dans laquelle se trouvait la plupart des villages où il y avait eu des enlèvements. Les disparitions toutes proches s'expliquaient, bien qu'il faille vérifier, mais son intuition le trompait rarement.

Après un nouveau long trajet, tout aussi inconfortable que celui de la veille, Ajax marcha un bon moment dans la neige. La nuit étant tombée depuis un moment déjà. Lorsqu'il arriva à nouveau dans la maison familiale, la cheminée brûlait doucement et tout semblait calme à travers la fenêtre. Tonia était certainement partie se coucher depuis un moment et seule la voyageuse était présente, assise sur une chaise. Elle s'était endormie en étudiant la carte de la région. A côté d'elle, un panier de légumes, quelques noix, marrons et autres courges. Ainsi, elles étaient sorties. Cela lui ressemblait bien : Lumine n'était pas quelqu'un qui obéissait facilement, et il ne doutait pas non plus du fait qu'elle ait ignoré ses recommandations pour faire plaisir à Tonia et lui faire prendre l'air en sécurité.

Entrant doucement dans la maison, il ôta son manteau, réfléchissant à son plan pour la suite de la nuit.

« Tu aurais pu frapper. » marmonna la blonde qui se frottait les yeux.

« Je pensais que tu dormais. » rétorqua le roux en s'approchant de la cheminée.

Secouant la tête, la demoiselle avoua s'être assoupi mais pas depuis suffisamment longtemps pour réellement dormir.

« Il reste de quoi manger si tu veux. » indiqua la jeune fille, « Ta sœur m'a dit qu'elle travaillait dessus depuis longtemps mais elle n'avait pas l'air satisfaite. »

Déconcerté, le Fatui observa la marmite qui se trouvait près de l'âtre, avant de sourire doucement. Elle avait beau être une bonne cuisinière, la prise suprême de son grand frère n'avait jamais été son fort, mais il était ravi de voir qu'elle continuait à essayer de s'améliorer.

Attrapant une assiette, il profita du chaudron encore fumant pour se servir et s'installer face à la voyageuse, qui avait rangé la carte dans un coin.

Même si ce n'était pas parfait, sa petite sœur avait bien progressé depuis la dernière fois.

« Alors ? » demanda Lumine, impatiente.

« Alors la nuit va être longue. » lui indiqua-t-il, son visage s'assombrissant.

Tartaglia expliqua la situation dans laquelle il se trouvait actuellement. Un exécuteur qui devait vérifier les dérives d'autres exécuteurs, tout en évitant un bain de sang. Au fur et à mesure de ses explications, les yeux de la demoiselle s'écarquillèrent, ne comprenant pas pourquoi la Tsaritsa avait attendu si longtemps avant d'intervenir. Le roux lui indiqua alors les rumeurs qui circulaient également au Palais, mais dont l'altesse ne semblait pas encore avoir eu vent. Outre Scaramouche, il y avait de grandes probabilités pour que la Lady elle-même soit également sur place. Bien que ce soit plus étonnant, étant donné son aversion pour la rusticité des lieux choisis par le chercheur pour effectuer ses projets.

« Mais... Signora... Ce n'est pas elle qui... a mal prit le fait que tu n'ailles pas la voir la dernière fois ? »

« Si. C'est aussi la seule à savoir que mes frères et ma sœur vivent ici. » souligna le roux, pensif.

Le visage de la voyageuse s'assombrit. C'était certainement de sa faute si elle se vengeait sur lui. Après tout, il avait négocié un report de la mission que Signora voulait lui assigner plusieurs mois auparavant car il avait préféré s'occuper de la voyageuse, qui n'en avait encore fait qu'à sa tête, il fallait l'avouer, et aujourd'hui, Ajax et les enfants payaient les pots cassés. La colère montait en elle. Une colère contre elle-même.

« Je suis désolé... » murmura-t-elle, honteuse alors que quelques larmes coulaient le long de ses joues, « Si je ne m'étais pas entêtée à cherche cet indice qui n'existait peut-être même pas... On n'en serait pas là. »

C'était la seconde fois qu'il la voyait pleurer pour quelque chose dont elle n'était pas responsable. Lumine était décidément très empathique avec les gens qu'elle connaissait, trop peut-être, mais étrangement, il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir faire cesser ces larmes. La voir ainsi lui tordait l'estomac, chose qu'il n'avait pas l'habitude de ressentir pour une personne extérieur à sa famille. Au contraire, il était plutôt du genre à enfoncer des portes ouvertes. Mais pas cette fois. Pourquoi ? il n'en avait aucune idée. Juste, pas cette fois.

« Tu te trompes. Je pense que c'est une simple coïncidence. Signora est calculatrice et aime manipuler les gens, c'est sa spécialité. Cependant, ce n'est pas parce j'ai refusé sa proposition une fois qu'elle se vengerait ainsi. Sans compter qu'elle ne les a jamais vus et qu'elle ne sait pas précisément où nous sommes, alors... sèche tes larmes, ça ne fera pas avancer les choses. »

D'un geste lent, il s'approcha d'elle, essuyant la larme qui poursuivait sa course le long de sa joue rougie avec son index. L'imitant, elle essuya ses yeux embrumés de chagrin, se rendant compte au passage qu'elle se laissait un peu trop aller en sa présence. Avant, elle se serait retenue jusqu'à être seule pour pouvoir libérer sa peine, mais plus maintenant.

Après quelques minutes, la voyageuse se calma complètement et préféra changer de sujet. Elle lui avoua qu'il avait eu raison pour sa sœur. Elle semblait beaucoup apprécier d'être avec une autre jeune fille de son âge et avait pu lui confier, lorsqu'elles étaient dehors, certaines de ses angoisses sans pour autant révéler explicitement ce qui l'ennuyait. S'il devait être au courant, Tonia le lui dirait elle-même par la suite.

« Je me doute bien de ce qui la travail. En dehors de ce que notre mère aurait dû lui apprendre, le fait d'être seuls ici, sans amis, sans visites et sans autre famille que moi est une contrainte de plus en plus difficile, d'autant plus que moi je suis « libre ». Je réfléchissais à changer cette situation depuis un moment déjà, mais faire sortir 3 enfants discrètement n'est pas chose aisée. »

« On pourra éventuellement réfléchir à ça avec eux quand tout le monde sera réunit. » suggéra la voyageuse.

« Sais-tu pourquoi il est si difficile de pénétrer ou de sortir de Snezhnaya? » interrompit le jeune homme, pensif.

Secouant la tête négativement, attendant des explications.

« L'archon actuelle n'est pas celle d'origine, mais elle vit depuis plus de 1000 ans. A l'origine, elle était très gentille et prônait l'amour et l'altruisme. On raconte qu'à cette époque, Snezhnaya était une région magnifique et prospère, où il faisait bon vivre et les habitants suivaient le précepte de la Tsaritsa avec plaisir. Un parfait inconnu pouvait bénéficier de l'aide des locaux sans aucun souci, les étrangers étaient les bienvenus et les mariages mixtes étaient communs. Ceux qui ne pouvaient pas vivre leur idylle dans leur région d'origine se faisaient adoptés par Snezhnaya. Mais il y a environ 500 ans, un évènement a bouleversé cet équilibre. Il n'y a aucune trace dans les anciens récits, mais notre Archon a été profondément meurtrie. Elle a alors commencé à changer. D'une personne douce et aimante, elle est devenue froide avec un besoin insatiable de pouvoir. La vie est devenue de plus en plus difficile et son pouvoir se serait emballé pour recouvrir la région tout entière d'un manteau de neige. Aujourd'hui, elle ne nous laisse même plus voir son visage et préfère se cacher derrière un paravent en se contentant de donner ses ordres. Depuis ce bouleversement, les habitants ont perdus pour la plupart ce qui faisait l'âme de notre région. »

Si au début de sont récit ses yeux brillait, il avait à présent le visage sombre. Il était vrai que, d'après ce qu'elle avait apprit, la déité locale avait attendue son arrivée avant de faire quoi que ce soit pour son peuple et que les habitants n'avaient pas levé un petit doigt pour tenter de les retrouver. Lumine comprenait mieux pourquoi les rares personnes qu'elle avait pu voir semblaient toutes si individualistes et sombres. Ils n'étaient plus heureux depuis bien longtemps et leur seul moyen de s'échapper était de partir clandestinement vers les autres régions, mais ils étaient pour la plupart interceptés par les soldats Fatui qui exécutaient les ordres sans exception, à moins que les fuyards n'aient de la chance, comme Tonia. Cette histoire peinait la demoiselle, qui n'osait pas imaginer à quel point l'Archon devait souffrir par ces décisions contraires à ce qu'elle glorifiait autrefois. Cela expliquait également les difficultés qu'avait Tartaglia à organiser l'évasion de ses frères et sœurs. Pour autant, Lumine en savait désormais plus sur l'histoire de la région et sur les chaînes qui entravait la population et, même si elle n'en avait pas le pouvoir, elle voulait aider les gens, au moins à son petit niveau.

Changeant de sujet, Ajax l'observa un instant avant de lui expliquer ce qu'ils feraient cette nuit. Dans un premier temps, il fallait marcher à travers la forêt de plus en plus dense à la recherche d'un hangar abandonné. Il avait bien une petite idée du lieu choisit, certes, mais cela lui semblait complètement démesuré pour faire office de laboratoire, et surtout pour être discret. Quoi qu'en y réfléchissant... ce vieil entrepôt était loin de tout. Il n'y avait donc certainement aucune visite, même fortuite. Mais, connaissant la nature méfiante du savant, Lumine devrait se débarrasser des sentinelles placées un peu partout autour du bâtiment, puis chercher une entrée de secours par laquelle elle pourrait s'introduire une fois les enfants trouvés.

« Je ne pourrais pas t'aider. » expliqua-t-il, « Je serais peut-être même forcé de reprendre mon rôle d'ennemi le temps d'en finir avec tout ça. »

Souriante, Lumine ne semblait pas surprise. Au contraire, elle s'attendait même à cette éventualité. Après tout, Tartaglia n'en restait pas moins un exécuteur, il ne pouvait pas réellement comploter contre sa propre faction après tout, et elle s'en accommodait. Ne sachant pas trop ce qu'ils trouveraient sur place, cette base de plan lui convenait.

Childe demanda alors à la demoiselle de se préparer tandis qu'il allait réveiller sa jeune sœur. Le moment approchait. Tous deux allaient devoir partir libérer les enfants, maintenant qu'ils avaient suffisamment d'éléments pour les trouver.

L'aîné installa un lit de fortune dans le renfoncement sous la maison, caché par une trappe. Il demanda également à sa cadette de ne pas sortir de là, lui laissant de quoi manger, boire et se soulager, ainsi que des couvertures : le cellier étant plus frais que le reste de la maison. Avec, il installa une lanterne qu'elle devait économiser et éteindre si elle entendait le moindre bruit.

Lumine, elle, lui conseilla de prendre cette peluche en forme de narval qu'elle affectionnait tant pour se donner du courage en leur absence. Après une étreinte avec chacun d'eux, Tonia descendit, calme malgré les tremblements perceptibles de ses mains, et les encouragea avant de se laisser enfermée dans le noir, anxieuse malgré la certitude de revoir ses deux petits frère à l'issue de toute cette histoire.

« Ne t'en fais pas, petite sœur, c'est bientôt finit. Je te le promet. »

Ils avaient prévus de se séparer une fois sur place.

Tartaglia n'avait pas besoin de se cacher, cependant, il avait besoin de réponses pour savoir quelles décisions devraient être appliquées. Pour la voyageuse, peu importait, son objectif était de trouver où les enfants étaient retenus et de les faire sortir le plus rapidement et discrètement possible. Pour autant, il faudrait repérer un peu les lieux afin de parer à toute éventualités, notamment vérifier où étaient placés les gardes par exemple.

Ils marchèrent ainsi pendant près d'une heure avant d'enfin apercevoir la bâtisse. Un vieil hangar à dirigeable qui avait été réaménagé il y a plusieurs années pour devenir l'un des nombreux laboratoires de Dottore. L'ennuie, c'est que même s'il ne semblait pas gardé, les deux aventuriers savaient que des usuriers étaient tapis un peu partout.

S'ils ne toucheraient pas à l'exécuteur, il en était autrement pour la blonde, qui allait devoir affronter un bon nombre d'adversaires avant de pouvoir entamer ses recherches. Temps précieux et limité que Childe ne serait peut-être pas en mesure de gagner en quantité suffisante une fois dans la gueule du loup.

« Utilises ça. » conseilla ce dernier en lui tendant une fiole remplie d'un liquide turquoise, « Ta puissance sera temporairement augmentée. Ca devrait t'aider à t'en débarrasser rapidement. »

« C'est pas le moment d'essayer de m'empoisonner tu sais ? » commenta la demoiselle en observant la fiole.

« C'est une huile essentielle spéciale. Il en existe pour tous les éléments, ce n'est pas du poison. » reprit-il avec un sourire narquois, voyant qu'elle restait tout de même sur ses gardes, ce qui était une bonne chose.

Il lui montra alors deux autres fioles, l'une bleue, l'autre violette. Normalement il n'avait que ces deux-là sur lui, juste au cas où, c'était une sorte d'issue de secours pour une situation désespérée. Mais il avait anticipé et préparer celle-ci le matin même, dans les cuisines du palais, avant de reprendre la route.

Lumine accepta finalement la fiole, tandis que le roux s'approcha de l'entrepôt, le visage découvert. Effectivement, un usurier lui coupa la route, avant de finalement le laisser passer.

Elle profita de ce moment de solitude pour tenter de repérer les assassins vêtus de noir tapis dans l'obscurité, exercice compliqué en pleine nuit. Pour autant, la demoiselle avait pu en repérer plusieurs. Ces assassins ne restaient jamais bien longtemps immobiles. Des traces de pas, un reflet rouge de leur manteau, une branche qui craque, Lumine avait pu en localiser au moins cinq. Mais elle était persuadée qu'ils étaient plus nombreux. Cela n'était pas grave, une fois le combat engager, elle les ferait sortir de leur trou un par un s'il le fallait.

« Tu retrouveras tes frères, Tonia. Promis. » murmura Lumine, décidée.

Fin du chapitre 03

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