« Show me love, show me love
Show me love, show me love
Show me love till you open the door
[...]
Show me love till I'm up off the floor
[...]
Show me love till it's inside my pores
[...]
Show me love till I'm screaming for more »
T.A.T.U, Show me love
Traduction (par moi) :
"Montre moi l'amour, montre moi l'amour
Montre moi l'amour, montre moi l'amour
Montre moi l'amour jusqu'à ce que tu ouvres la porte
Montre moi l'amour jusqu'à ce que je me relève du sol
Montre moi l'amour jusqu'à ce qu'il infiltre mes pores
Montre moi l'amour jusqu'à ce que je crie plus fort"
Tout était si calme ici. Tout y était paisible. Pas de guerre, pas de violence. Seulement ce que chacun pouvait souhaiter. La paix.
Mon nouveau père buvait un thé au parfum délicat, continuant d'observer le paysage montagneux et fleurissant. La beauté des lieux devait contribuer à l'ambiance sécurisante et paradisiaque. Sans doute certains se seraient ennuyés d'un tel quotidien. Il n'y avait que peu de chose à faire. Mais lorsque notre quotidien n'avait été que violence, mort et traumas, alors même que notre passé tentait de nous rappeler des souvenirs bien plus anciens et heureux, on ne pouvait que souhaiter et apprécier ce soi-disant ennui. J'étais bien trop fatiguée de tout ça pour vouloir quitter ce lieu.
Mon père biologique m'avait abandonné, je ne le connaissais pas. Retrouver la mémoire ne m'avait rien révélé de plus que l'effroi lorsque la nature humaine ôtait son masque de bonté par son apparence infernale. Mon père adoptif, celui qui m'avait élevé comme sa fille sans se douter de l'absence de lien du sang, m'avait menti depuis toujours. Pas seulement sur mes origines. Après tout, ceci était pardonnable. Mon père aurait pu seulement avoir peur de mon rejet. Mais entre ça, les cachoteries concernant les Immortels, concernant ma nature au point d'avoir joué avec ma mémoire depuis mon enfance...
J'en avais assez, j'étais seulement... fatiguée de tout ça.
L'homme vêtu de son kimono étira son bras pour m'attirer près de lui. Mon apparence de petite fille n'avait pas changé. Je l'aimais comme ça. Elle me permettait de croire que mon innocence n'était pas perdu, que ma vie était aussi tendre et belle que dans mes souvenirs. Sans Dorian, sans Gauthier.
Ma nouvelle famille était cet homme qui, sans parler, savait ce qui n'allait pas. Il ne m'étouffait pas, ne m'abandonnait pas. Il se contentait d'être là, patient. Si je souhaitais rester ici, il l'acceptait. Et si à un moment je prenais la décision de repartir, il sourirait en me souhaitant une bonne route. Jamais il ne s'imposerait. Il serait un père, observant en intervenant lorsque j'en aurai besoin. Il serait toujours là mais me laisserait grandir sans pour autant m'abandonner.
Il me protégeait. Cela me suffisait.
Il était celui qui avait fait cesser la douleur dans ce laboratoire douteux. Il était celui qui avait ouvert le bâtiment pour me permettre de revoir enfin le ciel, de sentir l'air de l'extérieur, de profiter du son apaisant des vagues entourant l'île. Il m'avait délivré. N'était-ce pas ce que tout bon père était censé faire ? Venir au secours de son enfant ?
— Que m'as-tu fait dans ce labo ? me souvenais-je en repensant à la puissance que l'on m'avait confié.
Là-bas, la lumière s'était éteinte dans mon esprit. Je n'en avais plus eu besoin pour me servir de mes capacités de caméléon. Tout avait explosé en moi, et dans le bâtiment. Mon nouveau père m'avait offert cette force sans que je ne puisse l'expliquer.
— Les psycho-typiques ne nous ont pas toujours combattu. Nous n'avons pas toujours possédé cette appellation de Psychiques.
Par psycho-typique, sans doute parlait-il des humains non-psychiques.
— Nous étions des guerriers, des prêtres et des personnages importants. Des sauveurs, des héros. Des dieux, des enfants de dieux. Puis des anges, pour finir par devenir des démons.
Il m'installa sur ses genoux, me permettant d'observer en sécurité le ravin et le paysage. Ses mains se dressèrent devant moi, me laissant alors voir un spectacle magnifique et magique. De ses doigts, de ses paumes sortaient un genre de sable brillant, pailleté.
— Tu me demandes ce que je t'ai fait. Tu souhaitais que je sois un parent, que je veille sur toi et te protège. Alors en contrepartie, j'ai pris ta main pour t'offrir un doux rêve. Tu voulais être sauvé, je t'en ai donné la possibilité.
— Est-ce que je suis devenue surpuissante ?
— Le temps que le rêve aura duré, oui. Mais aujourd'hui, mon aide s'est enfui. Il n'est pas bon de vivre dans le rêve.
— Je ne comprends pas. Si tu ne m'aides plus, si ton pouvoir n'a plus d'influence sur moi, pourquoi suis-je parvenue à te retrouver ? Pourquoi as-tu accepté que je reste ici, avec toi ?
Il me serra contre lui, sa tête se posant sur la mienne.
— Je voulais rester seul. Depuis tout ce temps, je restais persuadé qu'il s'agissait de mon souhait le plus chère depuis la mort de mes proches. De ma famille. Mais tu es apparue. Tu étais exactement comme eux. Aussi unique, aussi magnifique. Une Immortelle, comme ils vous appellent.
Les Immortels. Encore cette histoire.
— Qu'est-ce que sont... des Immortels ?
— Ne le sais-tu pas ?
Je tournais mon visage vers le sien, secouant de la tête.
— A l'origine, les Immortels étaient mes enfants.
Il montra de nouveau son sable magique.
— Il m'est arrivé d'offrir ce que la Nature n'avait pas donné. Des psycho-typiques devenant psychiques, des psychiques se voyant acquérir bien plus que ce qu'ils ne possédaient... Mes enfants étaient forts et bons. Et tout s'est effondré...
Il abaissa ses mains.
— Aujourd'hui, les psycho-typiques parviennent parfois à faire ce que j'étais le seul à pouvoir réaliser. Aujourd'hui, les Immortels ne désignent plus seulement ce que je peux créer. Ils désignent ces psychiques qui ont défié la Nature. Et toi, Layla, tu es une Immortelle parce que tu n'aurais jamais dû exister. Tu possèdes quelque chose qui n'a rien de naturelle.
— Parce que je suis un caméléon et une banshee ?
— Non, ceci est normal.
— Alors quoi ?
— Es-tu certaine de vouloir le découvrir ?
— Oui ! Dis-moi !
Mais à trop en vouloir, à désirer la vérité à n'importe quel prix, il arrivait que nous soyons seulement dépouiller de tout. La vérité n'avait rien de tendre, et surtout elle n'était pas toujours importe à connaitre.
— Tu devrais être morte.
***
Il lui était arrivé de gravir des montagnes et des forêts, mais jamais Dembe ne s'était perdu. Il aurait pu prétendre être ainsi fait pour avoir un bon sens de l'orientation, être prétentieux d'un talent qui n'avait pour autant rien de vraiment extraordinaire. Mais cela aurait été un mensonge, parce que Dembe devait ces compétences à un travail acharné.
Si Dembe semblait savoir quel chemin emprunté pour l'instant, il était pourtant conscient de n'être pour rien en ça. Quelque chose le guidait. Le chemin n'était pas tout tracé devant lui, mais c'était tout comme puisqu'il suivait une sorte de voix silencieuse poussant son corps à prendre des directions précises.
Puis il parvint à rejoindre une maison.
Dembe avait principalement vécu en Afrique. Il avait vu de nombreux pays, beaucoup voyagé et côtoyer des peuples et leurs folklores plus fréquemment qu'il ne l'aurait voulu. Sa venue en France métropolitaine ne l'avait pas plus dépaysé puisqu'il avait retrouvé à Colombe ce qu'il avait connu partout ailleurs par le biais de ses activités qui ne mériteraient jamais aucun pardon ni aucune rédemption.
Mais ici, Dembe découvrait quelque chose de nouveau. Une maison au style japonais, les femmes chinoises de l'un des territoires de Colombe lui ayant appris à faire la différence entre Japon et Chine dans de nombreux domaines, il ne pouvait pas confondre ce domaine avec un genre appartenant à un autre pays.
En voulant rejoindre la conscience de Layla, il n'aurait jamais pensé être conduit dans une telle maison. Il s'était attendu à la trouver en train de se noyer, peut-être de souffrir et de revivre des souvenirs terrifiants et infernaux. Mais pas à ça.
Il entra, ne s'annonçant pas. Après avoir traversé la maison, il arriva dehors, sur une sorte de plateau appartenant encore à la maison et permettant de se trouver presque au-dessus du vide. D'ailleurs, un homme s'était assis au bord du précipice. De longs cheveux sombres, vêtu d'un kimono masculin très élégant, il tourna à demi son visage vers lui.
— Tu es Dembe, n'est-ce pas ?
— Qui êtes-vous ?
Cet individu n'était pas un souvenir ou un système de défense. Il était un véritable être, un homme ayant pénétré en Layla, dans son esprit.
— Je suis celui qui t'a guidé jusqu'ici. J'ai lu en Layla que tu étais un être proche, sans doute le seul en qui elle a confié sa confiance.
Il se tourna vers lui, toujours assis. Une fillette était recroquevillée sur elle-même, endormie.
— Est-ce qu'il s'agit de... ?
— Layla.
Le japonais réveilla doucement cet ange qui était retombé dans l'enfance. Dembe posa un genou à terre, de nouveau tête basse devant celle qu'il considérait comme sa sauveuse, la seule capable de lui offrir la rédemption. La seule qu'il acceptait comme Maîtresse, un ange venu sur Terre pour sauver le monde.
— Dembe, que fais-tu là ?
— Je suis venu pour te ramener.