Le bruit des sorts, les cris, la chute de corps, réveillèrent tous les élèves. L'école était attaquée, et déjà les assaillants fuyaient laissant derrière eux la mort, et une odeur de sang. Surpris mais aussi curieux malgré la frayeur, les jeunes sorciers en apprentissage sortirent de leurs salles communes, découvrant des couloirs abimés, des Aurors blessés, et dehors, au pied d'une tour, un corps.
Lawrence regardait ce corps. Il se sentait aussi inutile que le jour où Bennett s'était fait tuer, où on s'était servi de lui pour piéger Harry au ministère de la Magie. Il regardait le cadavre d'un mage que beaucoup pensait immortel, éternel, dont le savoir était aussi grand que celui des Greengrass. Dumbledore était au sol, immobile, comme s'il dormait dans une étrange position, au pied de la plus haute tour de Poudlard. Il s'écarta comme les autres lorsque Harry arriva. Il le laissa un moment à genoux à côté de ce grand sorcier qui avait été abattu. Puis il s'avança et le rejoignit.
— Viens, Harry, dit-il avec douceur.
Mais Harry ne bougeait pas. Il fixait de ses yeux émeraudes le visage qui semblait paisible de Dumbledore. Daphné s'approcha et lui prit la main.
— Harry... viens, dit-elle. Laisse le.
Lawrence baissa les yeux et renifla. Il n'entendait plus la magie de Dumbledore. Il se releva et suivit sa sœur qui entraînait Harry à l'intérieur. Ils marchèrent en silence jusqu'à l'infirmerie.
Il y avait déjà du monde, dont Sirius qui se plaignait que Mme Pomfresh manquait de douceur alors qu'il avait la jambe dans un étrange sens.
— Que se passe-t-il dehors ? Demanda Ginny.
Lawrence déglutit puis releva la tête.
— Dumbledore est mort, dit-il.
Tous le regardèrent surpris. Personne ne voulait le croire.
— C'est Snape, murmura Harry.
La porte de l'infirmerie s'ouvrit à nouveau sur Lord Greengrass entouré de Eugène et de la vampire Merila.
— Père, dit Lawrence, Dumbledore est tombé... il est mort.
Lord Greengrass hocha de la tête.
— Je sais, dit-il. Il recevra les hommages qui lui est dû. C'est un grand mage qui nous quitte mais ne pleurer pas son départ. Il n'aimerait sûrement pas vous voir ainsi pour lui. Ce n'est pas aux vivants de pleurer la mort, c'est au mort de pleurer la vie, d'être malheureux de laisser les vivants dans leur perte. Ce n'est pas un adieu définitif. Ces actions et son savoir continueront à vivre à travers nous tous.
Il se tut et tendit l'oreille. Une douce musique plein de tristesse résonnait autour d'eux comme si elle venait d'eux même. Il fit un sourire doux. Lawrence baissa les yeux et pensa que Dumbledore allait laisser un vide. Poudlard ne serait plus jamais pareil. Ce n'était pas qu'un adieu à un sorcier mais aussi à une partie de sa vie. Il redressa la tête et regarda son père qui lui fit un signe de tête, plein de fierté dans les yeux. Personne ne parla pendant tout le chant d'un fidèle compagnon de Dumbledore. Fumsek disait lui aussi adieu.
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Le château était incroyablement silencieux. Lawrence mangeait à sa table mal à l'aise. C'était son parrain qui avait tué le directeur avec l'aide d'un de ses camarades, absent également. Lord Greengrass était à la place d'honneur, discutant avec le professeur McGonagall. Puis alors que personne n'osait parler trop fort, que les assiettes étaient vides, il se leva.
Lawrence fut invité à se mettre à côté de son père, devant. Il regardait la tombe blanche qui attendait le corps de Dumbledore que Hagrid amena en larmes. Lord Greengrass se leva et se mit devant un pupitre.
— Aujourd'hui, nous rendons hommage à un grand homme, dit-il. Aujourd'hui nous lui disons adieu et lui souhaitons un nouveau voyage loin de notre monde en proie à la peur et à la guerre. Albus Dumbledore était un symbole, en plus d'être un grand sorcier. Il était pour nous un espoir, une ancre sereine qui nous rappelait notre passé, nos années dans cette merveilleuse école qui a connu un affront une nuit. Bien que Poudlard est un château, c'est avant tout un lieu de savoir et non une forteresse de guerre. Le sang qui a coulé ce soir là, la vie qui a été prise cette nuit là, est une terrible injure à notre communauté. Lord Voldemort a osé s'en prendre directement à un lieu où la paix ne devrait jamais quitter. Il s'en est pris à un vieil homme mais aussi à notre jeunesse. Personne n'est éternel physiquement, mais nos héritages le sont et celui de Dumbledore est sûrement un des plus importants. Nous sommes tous ses héritiers comme nous sommes ceux des fondateurs de cette école.
Je sais que cela n'adoucit pas votre peine, mais ne pleurer pas la mort d'un mage qui a eu une vie d'aventure, une vie grandiose, une longue vie. Il y a toujours une fin et un début, souvent se mêlant. La mort de Dumbledore marque la fin d'une époque mais aussi le début d'une autre et cette fois, c'est à nous de la bâtir, de faire que cette époque soit aussi digne et grande que lors de son vivant. Je n'ose prétendre que ce sera aisé, qu'il n'y aura pas d'obstacles sur notre route que nous devons prendre ensemble. Bien sûr il y aura de la discorde mais nous pouvons y faire face, y répondre avec intelligence. J'ai confiance non pas envers nos anciens... ou même envers ceux qui gouverne actuellement, mais j'ai confiance en notre jeunesse qui sur les ruines que nous laissons, créera un magnifique monde, où les traditions se moderniseront, se mêleront au futur. Dumbledore avait ce rêve. Il voyait l'avenir d'un œil plein d'espoir. Je vous promets de continuer son travail, de faire que ce rêve se réalise. Je ne suis pas Dumbledore. Je ne suis pas un grand mage comme il l'a été, mais je me battrais comme lui contre cet ennemi qui s'en est pris à lui et à notre école. Je ferais face à Lord Voldemort. Il sait où me trouver. Je lui promets d'être un rival digne. Je lui promets sa défaite, car je sais que même après moi, d'autres se lèveront contre lui.
Vous avez peur et tant mieux. Plus vous aurez peur plus votre courage sera grand et fort. Ayez confiance envers vos amis, n'oubliez pas ce que vous partager avec eux. Restez unis et vous gagnerez.
Albus Dumbledore répétait souvent ça : l'union sera notre force face aux forces du Mal. J'ajouterais que notre volonté à ne pas faire verser le sang de nos frères et sœurs sera notre victoire.
Ceux qui nous attaquent ne sont pas des ennemis d'autrefois, ce ne sont pas les moldus, mais des sorciers comme nous. Cette guerre est la pire car ce sont contre des frères, des fils de notre communauté que nous nous battons. Leurs cœurs sont pleins de ténèbres mais ne perdons pas espoir d'y rallumer la lumière.
Moi, je ne perdrais pas cet espoir de leur rappeler qu'ils font aussi partie de cette communauté, qu'ils y ont leur place, qu'ils devraient nous rejoindre plutôt qu'essayer de nous tuer. La Magie est en nous tous.
Albus Dumbledore n'est plus. Il laisse un vide mais ce vide ne restera pas éternellement car nous le comblerons ensemble et perpétueront son héritage. Je vous demande de vous lever et de m'aider à le combler, par nos savoirs, notre sang, notre courage, nos rêves ambitieux, notre unité. Si vous voulez rendre hommage à ce sorcier, à ce professeur qui nous a dit adieu, alors aidez moi.
Lord Voldemort ne gagnera pas. Je vous le promets. Même lorsque vous penserez que c'est la fin, rappelez vous que Dumbledore n'a jamais abandonné. Il avait confiance en nous.
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Lord Greengrass regardait le lac, assis sur une chaise, fumant lentement.
— C'était un beau discours, dit Eugène en le rejoignant.
— Nous avons encore de l'espoir, dit Lord Greengrass. Je suis content qu'il ne t'ait pas tué.
— Il aime trop les Rosier pour ça, dit Eugène avec un sourire. Il était même content que je le rejoigne.
Ils n'osaient se regarder.
— Amenius... je n'y arriverais pas, dit Eugène. Je ne suis pas aussi courageux que Severus... Tu devrais fuir avec ta famille.
— C'est trop tard, dit Lord Greengrass. Et puis... avec un peu de chance, ce sera un autre qui me tuera. Toi... promets moi juste d'aider mon fils. Ce sera déjà bien.
— Il va te faire souffrir... Il ne te tuera pas tout de suite... Il a promis que tu demanderais la mort...
— Alors je vais devoir faire en sorte qu'on me tue rapidement, murmura Lord Greengrass. Lawrence... J'aimerais éviter ça pour lui...
— J'essayerais de l'empêcher de rester.
Lord Greengrass fit un sourire.
— Il est plus têtu que moi, dit-il. Laisse le faire, Eugène. Il souffrira mais en sortira encore plus grand. Les gens se tourneront vers lui. Il sera l'image de l'innocence qu'on a torturé, que Voldemort souhaite détruire. Plus il lui fera mal, plus il perdra des alliés.
— Et si... s'il meurt... c'est ton fils...
— Alors Lord Voldemort mourra, répondit Lord Greengrass avec un sourire. Il ne laissera personne tuer Lawrence. Il perdrait son pouvoir.
Eugène fronça des sourcils.
— Ne le dis pas que... Par Serpentard... par tous les dieux... Amenius... qu'as-tu fait ? Non... ne dis rien... Je ferais ce que je t'ai promis et... Mais en tant que ami, je suis répugné à l'idée que ton fils que j'apprécie...
— Eugène, coupa Lord Greengrass. Les héros naissent dans la douleur ou meurent dans la souffrance. Harry Potter est un espoir mais il n'est pas assez fort et en plus... je sais qu'il va mourir. Notre communauté a besoin d'un autre enfant à aimer et vouloir protéger. En plus de ma vie, j'offre mon héritier à vous tous. J'ai confiance en tous pour le protéger. Je dois retourner au ministère. Contacte Severus, dis lui que le ministère prévoit de déplacer Harry le jour de son dix-septième anniversaire mais ça sera l'Ordre qui s'en occupera. Je n'ai pas encore la date.
— Amenius...
Lord Greengrass se leva.
— Pardonne moi, Eugène, dit-il. Tu diras à Lawrence quand... quand ce sera fini que... que j'aurais préféré un autre chemin pour lui. Tu lui diras que j'ai été fier et heureux d'être son père.
Eugène hocha de la tête. Il le suivit du regard un instant puis fixa le lac. Bientôt ce soleil bienveillant qui se reflétait sur cette eau calme ne serait plus qu'un souvenir. Eugène poussa un soupir. Jusqu'à présent la guerre avait été immobile, dans l'ombre. Maintenant, tous savaient que la guerre serait bruyante, et au grand jour.
Et ça commença dès la fin des examens reportés en juillet.
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Lord Greengrass marchait sur le Chemin de Traverse, observant les débris et les corps. Il ferma les yeux un instant. Lawrence le suivait, pâle. Depuis la mort de Dumbledore, Lord Greengrass ne quittait plus son fils. Il lui montrait ce qu'il faisait, l'emmener parfois dans des combats de rue contre des Mangemorts qui s'en prenaient ouvertement aux moldus mais aussi à leur propre espèce. Cette fois, ils avaient réussi à emmener Ollivander, malgré les Aurors.
Les premiers secours tentaient de sauver le bras d'un homme, de soigner un ventre ouvert. Lawrence baissa les yeux.
— Regarde, ordonna son père. Vois ce que fait la guerre pour que jamais tu veuilles en faire une.
Lawrence trembla et se força à regarder les corps, les yeux humides, un goût acide dans la bouche.
— My Lord ! On a retrouvé Black !
Lawrence courut jusqu'à un pan d'un mur qui s'était écroulé dans la rue.
— Sirius ! Cria-t-il.
Un homme recouvert de poussière toussa, puis lui fit un sourire.
— Ça va, dit-il. J'ai... juste mal...
— Dégagez le ! Hurla un sorcier. Doucement les gars !
Lord Greengrass se retourna alors d'un coup et sortit sa baguette magique, il tira son fils en arrière et para un sort.
— Ils reviennent ! Cria un Auror.
— En cercle ! Ordonna Lord Greengrass. Mettez vous en cercle. Lawrence sort ta baguette. Fais comme je t'ai appris. Tu restes derrière moi.
Lawrence hocha de la tête, effrayé. Il y eut alors d'autres rayons mais Lord Greengrass les para en faisant une haie immense, comme un rempart. Puis à nouveau le silence.
— Ils ont fui, dit Eugène. Ils ont peur de toi.
— Les petits partisans de Voldemort, oui, dit Lord Greengrass, mais pas les autres. Sortez les blessés et emmenez les à St Mangouste.
Lawrence souffla. Lord Greengrass se tourna vers lui et lui fit un sourire.
— N'aies pas peur, dit-il.
— Je... je n'ai pas peur pour moi, murmura Lawrence. Mais... pour eux... pour toi....
— Ne t'inquiète pas pour moi, dit son père, avec un sourire. Fais juste en sorte que je rejoigne mes ancêtres si je meurs. Et promets moi de vivre, quitte à baisser les yeux.
Lawrence hocha de la tête. Son père le serra un bref instant dans ses bras. Lawrence aida ensuite à dégager des victimes dont des corps sans vie. Il s'éloigna un moment et se laissa glisser contre un mur, en larme. Il avait envie de vomir.
— Hé gamin, lança une voix rauque. Ta place n'est pas ici.
— Si, dit-il. Je dois aider... Je dois...
Il renifla et regarda autour de lui. C'était un homme appuyé à une arche de l'entrée de l'Allée des Embrumes.
— Je dois aider mon père, reprit Lawrence, et eux... eux tous... est-ce que vous avez été blessé, monsieur ?
— Non. Tu es le fils Greengrass ?
— Oui.
Lawrence redressa son menton, serrant sa baguette magique, attentif aux moindres bruits et dangers. L'homme fit un sourire puis s'éloigna dans la ruelle malfamée. Le garçon soupira rassuré. Il se releva et reprit son travail.
Lord Greengrass observait son fils aider une sorcière, qui le remerciait, un peu hagard. Il sourit en coin, et resta sur le qui vive. Sirius boita jusqu'à lui.
— Pourquoi ton fils est là ? Ce n'est pas un endroit pour...
— La guerre ne distingue pas les âges, coupa Lord Greengrass. Vas te faire soigner, Sirius. Je te rappelle que tu dois escorter Harry dans moins d'une semaine.
— Tu es vraiment sans cœur, marmonna Sirius. Lawy n'a pas besoin de voir ça. Il a déjà assez vu de mort !
— Et il en verra sûrement d'autres. Sirius... Il est important que Lawrence soit là. Fais moi confiance. C'est mon fils, pas le tien. Je l'élève comme je le veux. Et je le prépare à ma façon.
Il laissa Sirius et aida à réparer la rue, avec des habitants. Lawrence fut inviter à y participer.
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Lord Greengrass pleurait dans les bras de sa femme. Il était épuisé et la nouvelle qu'il venait de recevoir était un coup de trop.
— Ils sont morts en protégeant Harry, murmura Aurora. Pour Sirius, c'est sûrement la plus belle des morts, surtout que Harry est en sécurité.
— Pendant quelques jours, grogna son époux. Eugène et Severus m'ont prévenu de l'attaque imminente du ministère de la Magie. Pars demain avec les enfants.
Il se redressa et essuya ses larmes. Il inspira un long moment.
— Je ne peux pas t'abandonner, murmura-t-elle.
— Ce n'est pas un adieu, dit-il avec douceur. Je t'attendrais. Emmène les filles. Merila vous accompagnera avec Kingsley. Koldovstoretz est le meilleur endroit où vous cacher.
— Lawrence ne voudra pas.
— Je sais, dit-il. C'est pour ça qu'il reste avec moi.
— Il va le tuer !
— Non, il ne peut pas, répondit Lord Greengrass avec calme. Lawrence va se prendre des coups, mais Voldemort ne peut pas le tuer. S'il le fait... ce sera la fin pour lui. Pars demain avec les filles.
— Non...
— C'est un ordre, Aurora. Je ne te laisse pas le choix. Dis toi que ton mari sera un martyr et un héros. C'est pas mal... On parlera de moi dans les livres d'histoire...
— comment peux tu... ?
— Aurora... s'il te plaît. Nous nous reverrons en temps voulu. Ne me pleure pas. Embrasse moi, dis moi à bientôt.
Il se mit à genoux devant elle.
— Je t'aime, dit-il. Je t'ai pardonné dès que j'ai vu Daphné, puis... Je t'avoue que j'ai été soulagé qu'il ne survive pas... Je vais m'occuper de lui en t'attendant.
Elle pleurait à son tour. Il l'embrassa avec tendresse, doucement et lentement. Ce serait leur dernière nuit ensemble. Ils le savaient tous les deux.