La Compteuse d'Âmes [publié e...

By MariannHelens

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Les Sans-Âmes. Les Creux. C'est ainsi qu'on les nomme, dans le royaume d'Eltremir. Ces humains aux yeux blanc... More

Préambule
Chapitre I partie 1
Chapitre I partie 2
Chapitre I partie 3
Chapitre I partie 4
Chapitre I partie 5
Chapitre I partie 6
Chapitre I partie 7
Chapitre II partie 1
Chapitre II partie 2
Chapitre II partie 3
Chapitre II partie 3
Chapitre II partie 4
Chapitre II partie 5
Chapitre II partie 6
Chapitre III partie 1
Chapitre III partie 2
Chapitre III partie 3
Chapitre III partie 4
Chapitre III partie 5
Chapitre IV partie 1
Chapitre IV partie 2
Chapitre IV partie 3

Chapitre IV partie 4

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By MariannHelens

Comme Ascelin l'avait mise en garde, l'écurie était hors de prix ; et le patron n'en était pas très commode. Il avait été sorti de table en plein dîner et était d'humeur massacrante. Ses garçons d'écurie étaient déjà tous partis, aussi Mesha dut-elle préparer elle-même les deux stalles pour ses bêtes, les déharnacher, les panser et les étriller de ses propres mains, sans que le patron ne lui concède le moindre rabais sur son prix.

Elle était passablement agacée et irritée en rangeant les étrilles, paya le bonhomme de mauvaise grâce, laissa ses sacs et ses armes dans un coffre que le patron lui concéda, puis quitta l'endroit en emportant un sac d'affaires, une couverture, son coutelas d'assassin, et sa mauvaise humeur.

La nuit était noire et animée lorsqu'elle se trouva devant la porte de l'écurie – que le patron lui claquait violemment dans le dos – et sa bourse s'était sacrément amoindrie ; elle avait versé pratiquement le quart du contenu de la prime des deux criminels, soit la moitié de sa propre part.

Elle fut surprise de trouver Ascelin appuyé avec nonchalance contre le montant du portail de l'établissement, le regard baignant dans la pénombre humide et bruyante de la cité.

— Vous êtes encore là ? remarqua-t-elle.

— Vous avez encore avec vous ma prime pour la tête de notre ami pillard, répondit-il tranquillement sans se retourner.

Elle soupira et rouvrit la bourse. Plus personne aux alentours ne semblait pouvoir apercevoir la transaction, et l'obscurité les dissimulait en grande partie. Mesha compta les pièces qu'il lui restait et les transféra dans sa propre aumônière, puis lui tendit simplement la bourse, qu'il saisit avec une étrange surprise :

— Je ne pensais pas que ce serait si facile de vous faire cracher au bassinet, sourit-il.

Elle lui jeta un regard noir, qu'il perçut forcément même s'il ne tourna pas la tête en sa direction.

— Me prenez-vous pour une voleuse ? siffla-t-elle entre ses dents.

Il sourit de plus belle, avec son agaçante humeur désinvolte et malicieuse :

— Je ne pourrai vous considérer de la sorte, Mesha. Pas après la générosité qui fut vôtre pendant nos quelques jours en commun.

— Mmh.

C'était ainsi qu'ils allaient se séparer, elle le savait. Après tout, il avait désormais de quoi se payer quelques nuits dans une auberge correcte, s'offrir un bon repas, tandis qu'elle, c'était tout juste si elle pouvait s'offrir une nuit sur une paillasse infestée dans un bouge crasseux et mal famé. Elle serait repartie le lendemain, pressée d'atteindre Ardeville et l'atelier de Galore pour se délester de la bombe puante qui commençait à empester avec le reste des affaires laissées à l'écurie.

Alors, elle finit par soupirer :

— Votre compagnie m'a été agréable, tout compte fait. Qui l'aurait cru...

Il pouffa :

— Oui, c'est incroyable, hein ? railla-t-il. Qu'une personne aussi bougonne et asociale que vous finisse par s'abandonner aux plaisirs de la compagnie d'un autre être humain !

— Ah ! Vous savez ce que je veux dire...

Il répondit d'un sourire touché, puis se redressa en tirant sur ses épaules son mantel humide :

— Allez, venez ! offrit-il. Allons donc nous trouver un endroit où passer la nuit pour un prix correct.

— Hé bien... c'est que je n'ai plus grand-chose, pour payer ! admit-elle.

— Moi non plus, riposta-t-il. Avec cette prime, j'ai tout juste de quoi vivre quelques jours. Ensuite, je devrai aviser.

— Mmh. Alors, vous avez une idée d'endroit dans nos moyens ?

— Je crois... mais ça ne va guère vous plaire.

Il avait pesé ses mots. Ils se trouvèrent assis à une table branlante dans une salle de convives bruyante, dans un endroit qui servait autant d'auberge que de maison close ou d'établissement de jeu. Sur la conduite d'Ascelin, ils s'étaient enfoncés dans les coupe-gorges des bas-quartiers, pataugeant dans la fange puante et répugnante qui suintait du gras et du suif des bouchers et ciergiers de la ville, zigzaguant dans des venelles à peine assez larges pour passer les bras tendus, entre des maisons étroites à colombages qui penchaient et s'inclinaient dangereusement les unes sur les autres, et dont les toits se touchaient presque. Il l'avait entraînée à sa suite devant des filles de joie coiffées du chapeau pointu de leur profession, certaines ne manquant pas leur occasion de tenter de le racoler au passage – et Mesha devait admettre qu'il avait une allure élégante qui ne pouvait tout à fait déplaire aux dames de ces endroits.

Ils avaient progressé en se cramponnant fermement à leurs sacs et leurs aumônières, et Mesha avait eu du mal à lâcher le manche de son couteau. Mais l'ancien chevalier avait eu l'air de savoir où il se rendait, et elle avait compris peu à peu que la chose ne lui plairait pas, en effet, tel qu'il l'en avait prévenue.

— Ce type d'endroit est tout à fait proscrit par l'autorité pricaire, lui enseigna Ascelin comme elle surveillait les convives de la salle avec inquiétude. Cela va sans dire. Ici, vous ne serez pas inquiétée. Évitez évidemment les blasphèmes ou comportements suspects, mais sachez que dans ce genre d'endroit, il faut particulièrement chercher à se faire remarquer avant que tout comportement ne commence à avoir l'air suspect. Planter proprement un éventuel gêneur, par exemple, n'aura rien de suspect, même s'il reste ensuite sur le carreau.

— Je l'imagine aisément, grinça-t-elle. Je ne vous ai pas attendu pour fréquenter moi-même ce genre d'endroits, par le passé... principalement par manque de moyens pour trouver mieux, je l'admets.

— Mmh. Vous avez pu le constater, cet établissement est malfamé et peu recommandable, mais ses chambres y sont confortables et peu chères, et les repas qu'on y sert sont particulièrement copieux, à moins que les principes de la maison aient changé depuis mon départ...

— Qui remonte à... ?

— Cinq ou six ans, je dirais.

— Oh.

Autour d'eux, les éclats de voix des joueurs de dés ou de cartes tonitruaient à chaque nouveau tour, mêlant leurs timbres aux rires et gloussements des filles dénudées – totalement nues pour certaines d'entre elles – qui s'asseyaient sur les genoux des hommes ou les laissaient embrasser leurs poitrines.

On leur apporta très vite une cruche de bière et des bols de grès emplis d'un ragoût encore bouillonnant au fumet savoureux, et Mesha fut contrainte d'approuver la générosité du repas : de gros morceaux de bœuf gras, de panais et de croutes de pain nageaient dans un bouillon opaque de plus petits légumes, parsemé de morceaux d'herbes et d'épices. On leur offrit également de grosses miches de pain fraiches pour accompagner le ragoût, et lorsque la jeune femme mordit dans un morceau de viande brûlante et tendre, elle fut ébahie de la qualité du repas. La bière n'était pas non plus en reste, et bien vite, le repas chaud et savoureux effaça les silhouettes féminines nues, les joueurs de dés, ou les ruelles puantes qui menaient à cet endroit.

— Alors ? lui lança Ascelin en remarquant le plaisir qu'elle avait en mangeant. Cela vaut bien le détour par ces mauvais quartiers, qu'en dites-vous ?

— Assurément !

— Et le prix est bien modeste, hein ?

— Oui, vous l'aviez dit. Décidément, vous connaissez vraiment tous les bons coups dans cette cité !

— C'est que j'y ai assez bourlingué, autrefois, sourit-il. Nous y faisions les quatre cents coups, avec quelques amis. Ma famille a un hôtel dans ces murs, où nous passions nos enfances durant les saisons de chasse. Sainte-Luce a toujours été ma petite favorite !

Il sursauta comme une voix l'interpella soudain non loin :

— Ascelin ? Oh bon sang ! Ascelin d'Almes ? Ma parole est-ce bien toi ?

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Petit ajout pour une news : le roman devrait être dispo en préventes sur Ulule dans les prochains jours! 

Vous pourrez foncer réserver le vôtre, avec dédicace et cadeaux exclusifs, et même davantage de cadeaux selon les paliers qui seront franchis !

Pour vous faire une idée, à ce stade de la lecture, vous n'avez pas encore atteint le premier tiers du roman final.


Le pack principal (mais pas l'unique) : Le Paladin (contribution à partir de 22,50€)

- 1 exemplaire broché dédicacé du roman,

- 1 exemplaire livret papier exclusif et inédit de la nouvelle Le Feu et le Fer (environ deux cent ans avant les évènements de la Compteuse d'Âmes, dans le même univers, et que vous pourrez retrouver en format eBook uniquement sur toutes les plateformes de vente habituelles),

- 1 marque-page imprimé recto-verso avec dorure sur le titre,

- un dessous de verre cartonné imprimé recto-verso, pour les boissons qui vous accompagnent pendant la lecture.

Je vous mettrai ICI le lien de la campagne Ulule lorsqu'elle sera en ligne, alors n'hésitez pas à revenir voir lorsque ce sera le cas.

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