Le Prince Lune - Tome 1

By princesse_lunaire

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Vème siècle E.P. Après plusieurs années de rupture, le royaume d'Eälagon a ouvert ses portes aux ambassadeurs... More

Redirection
Rêve
Chapitre 1 : L'ambassade
Chapitre 2 : Hantale
Chapitre 3 : Conciliabules
Chapitre 4 : Première joute
Chapitre 5 : A la nuit tombée
Nuit
Chapitre 6 : Le vol des faucons
Chapitre 7 : De la diplomatie des ragots
Chapitre 8 : L'épée au fourreau
Chapitre 9 : Elme carae
Chapitre 10 : Enigme par énigme
Chapitre 11 : Le tàilgo
Ombre
Chapitre 12 : Le jardin d'été
Chapitre 13 : Le poids du devoir
Chapitre 14 : La dompteuse de chiens
Chapitre 15 : Par-delà la forêt
Chapitre 16 : La couleur du vin et du feu
Peur
Chapitre 17 : Le murmure du troisième frère
Chapitre 18 : Le silence est d'or
Chapitre 19 : La danse des lames courbes
Chapitre 20 : L'homme que je cherchais
Chapitre 21 : La pluie et les souterrains
Chapitre 22 : L'ombre blanche de la tour
Chapitre 23 : Tour de garde
Chapitre 24 : Une simple soirée
Chapitre 25 : Par une nuit aveugle
Chapitre 26 : Les ducs d'Eälagon
Seul
Chapitre 27 : Une erreur de parcours
Chapitre 28 : La lune rouge
Chapitre 29 : La femme et la plume
Aube
Chapitre 31 : La Fête de Cyrmë
Chapitre 32 : Le bal d'hiver
Oubliés
- Notes de fin -
Quelques news ! (attention à la déception)

Chapitre 30 : Le conseil restreint

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By princesse_lunaire

— Je maintiens que de tels congrès ne mènent jamais à rien, martelait Ustan avec l'air de se retenir de frapper du poing sur la table. Leur seule utilité est de nous faire tourner en rond tout en affaiblissant nos territoires par notre absence.

Le visage appuyé contre son poing, Tyeltaran approuva muettement – quoiqu'il n'ait pas pour habitude d'être d'accord avec cette teigne d'Ustan.

— Voilà exactement pourquoi une décision doit être prise, rapidement et efficacement, répliqua Astaldon, sans quitter son habituelle expression avenante malgré son ton cassant. Aussi nous vous saurons gré de nous épargner nos jérémiades.

— Vous me pardonnerez d'être inquiet, gronda Ustan en le foudroyant du regard. Nous n'avons pas tous la chance de disposer de terres abritées des montagnes de l'est. Dois-je vous rappeler que si mon duché tombe, c'est le vôtre qui se retrouve exposé ?

— Ce n'est pas ce...

— Messeigneurs.

Au calme appel du roi, les deux belligérants suspendirent les hostilités. Mais Tyeltaran était prêt à parier que l'armistice ne durerait pas longtemps. Il semblait qu'Hadran d'Ustan avait toujours désespérément besoin de quelqu'un avec qui se quereller ; et en l'absence de son adversaire favorite, la duchesse de Calcède, il devait se rabattre sur le second choix.

— Regardez, Teharion n'a même pas fait l'effort de venir en personne, grogna-t-il en se renfonçant dans son siège.

L'émissaire du duché susnommé redressa vivement la tête.

— La duchesse s'est vue obligée de demeurer sur ses terres afin de soutenir les assauts des Arenoriens, monseigneur, lâcha-t-il sèchement en réponse.

— Et alors ? répliqua Ustan. Qu'est-ce qui l'empêchait de déléguer sa fille ? Regardez, Amaran est bien là au nom de la maison de Calcède.

Entre les deux, le jeune homme en question tâchait de faire bonne figure. Il n'avait jamais siégé à un tel congrès, et ignorait probablement à quel point ils étaient distrayants. Le visage de l'émissaire se ferma.

— Damoiselle Redya a été gravement blessée dans une embuscade arenorienne, il y a cinq jours. Quand j'ai quitté la forteresse, sa vie était encore en suspens.

Tyeltaran lâcha un profond soupir. Cette nouvelle attisa sa frustration face à l'inutilité flagrante de ces réunions du conseil restreint. Alors il se redressa sur son siège où il était nonchalamment avachi, et prit la parole pour la première fois :

— Voilà qui confirme que l'inaction n'est plus de mise. Messeigneurs, n'en déplaise à vos orgueils de coq, nous avons des décisions à prendre.

— Mais quoi ? avança Amaran, sortant à son tour de son mutisme. Et comment ? Avec la délégation Dejclane sur les bras...

— Les Arenoriens auront choisi l'année précise où nous tâchons de négocier avec les Dejclans pour s'exciter à nos portes, renchérit aussitôt Ustan. A croire que les Dieux sont contre nous.

— Je ne crois pas qu'inclure les Dieux à l'affaire soit pertinent, répliqua calmement Tyeltaran. Quant aux Dejclans, ils doivent bien soupçonner les tensions qu'endure notre royaume. Pourquoi nous obstiner à faire comme si tout allait bien ?

— Ce n'est pas le moment de paraître faibles à leurs yeux, grommela Ustan. Ils nous regardent déjà avec des yeux gourmands, n'empirons pas les choses.

Le jeune prince sentait sa patience s'amenuiser.

— Comptez-vous réellement demeurer inactif face à la menace de l'Arenor dans le seul but de ne pas trahir nos difficultés à la Dejclencie ?

— Absolument pas ! tonna le duc en s'empourprant sous sa barbe grise. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !

Son poing serré sembla une nouvelle fois prête à ébranler la table ronde qui les réunissait. D'un geste de main, le roi lui intima le silence, mais ne prononça pas un mot. Tyeltaran lui décocha un regard en coin, se demandant ce que signifiait une telle passivité de sa part lors d'une réunion cruciale.

— La question, je crois, n'est pas de savoir s'il faut agir ou non, mais comment.

Tous les regards se tournèrent vers le jeune duc de Galdasten, qui sembla hésiter sous le poids de cette soudaine attention. Il était d'un naturel si discret qu'on en arrivait parfois à oublier sa présence.

— Je vous remercie de nous remettre sur la voie du véritable enjeu, Ilmarel, s'exclama Astaldon avec un petit rire.

L'air grave, l'émissaire leva la main avant de prendre la parole :

— Teharion aura besoin de renforts. Nos forteresses ne sont pas assez puissantes pour couvrir l'ensemble des territoires sur lesquels les Arenoriens déferlent.

— En effet, la priorité concerne les duchés frontaliers, intervint le roi en dévisageant alternativement son fils, Ustan et l'émissaire de Teharion. L'expérience nous a appris que ces démons de l'est favorisent les escarmouches rapides avant de disparaître comme des ombres ; contre ce type d'agressions, ni les armées régulières ni les forteresses ne peuvent l'emporter.

— Alors quoi ? interrogea Amaran d'un air anxieux, bien qu'il ne fût pas directement concerné.

— Notre muraille la plus solide est la montagne, commenta Ustan, c'est elle qu'il faut garder en premier lieu. Il nous faut des renforts d'archers, des cavaliers légers, des pisteurs.

Tyeltaran acquiesça pour marquer son accord. Décidément, sans la distraction de Calcède, et malgré tous ses défauts, Ustan s'avérait un homme bien plus intelligent qu'il l'aurait cru.

Il se ravisa bien vite lorsque ledit duc et Astaldon reprirent leurs joutes de mâles quand on aborda la question des effectifs que pourraient fournir les duchés intérieurs aux frontaliers. Rapidement, il perdit le fil de la conversation.

Il languissait la fin de la réunion, afin de retrouver un peu de liberté. Au train où les choses allaient, il serait probablement trop tard pour espérer trouver Caraghon avant le départ de celui-ci pour son tour de garde auprès de Lün. En vérité, il lui faudrait certainement patienter jusqu'à la Fête de Cyrmë pour espérer un tête à tête avec lui, et cette perspective l'attrista.

— Et qu'en est-il du Daneimion ?

Le jeune prince arraché à ses rêveries croisa le regard impérieux d'Ustan posé sur lui.

— Votre investissement dans cette discussion me laisse pantois, mon prince, glissa-t-il avec un petit sourire.

Les dents serrées, Tyeltaran s'attendit à une remarque de son père pour renchérir cette moquerie, mais rien ne vint. Le roi se contentait de le dévisager avec cet air sévère qui pouvait à la fois l'enjoindre de ne pas lui faire honte, et lui signifier que c'était, de toute façon, déjà le cas depuis des années.

— Il s'avère que je sais déjà exactement comment défendre mes terres, répondit le jeune homme en retournant son attention sur Ustan. Cependant, je vous remercie de votre sollicitude.

— Allons donc, votre habitude de faire bande à part ne vous a toujours pas quitté ? s'exclama Astaldon en secouant la tête.

— Je n'ai jamais vu la nécessité de modifier ma stratégie. J'ai déjà donné des ordres à mes lieutenants, et mes effectifs sont amplement suffisants. De plus, le Daneimion a l'avantage d'être mieux protégé par les montagnes pendant l'hiver. S'ils tentaient de franchir les cols, les Arenoriens finiraient morts de froid ou ensevelis par une avalanche.

La froideur de sa voix fit tiquer son interlocuteur, mais suffit à le dissuader d'insister. Au bout de presque huit ans, peut-être avait-il enfin compris que ses tentatives moralisatrices ne servaient à rien. C'était heureux, car ses réflexions à l'accent faussement paternel commençaient à sérieusement l'agacer. Il avait assez à faire avec un seul père.

— Soyez tout de même vigilant, prononça Ustan, une main soutenant son menton.

Tyeltaran lui rendit un regard acéré.

— Occupez-vous de votre duché, monseigneur, et laissez-moi veiller sur le mien.

Après cela, la réunion perdit définitivement tout intérêt aux yeux du jeune homme. Par les fenêtres qui s'ouvraient sur les jardins de la haute cour, la lumière changeante du soleil était le seul témoignage du temps qui s'écoulait. Ses pensées naviguaient vers des eaux lointaines, aux couleurs du sourire un peu timide de Caraghon, des premières neiges du Daneimion, et, plus sombres, de la silhouette floue de cet assassin sans visage qu'il recherchait à l'aveugle depuis des jours. Devant l'absence totale d'indices, c'était peine perdue, mais il s'acharnait dans l'espoir vain qu'un jour, une illumination subite lui révélerait la vérité. Ses insomnies récurrentes étaient en partie liées à cette impuissance, de même que cette habitude qu'il avait prise de vider un cruchon de vin pour aider le sommeil à le gagner. Il se rappela toute la hargne qui l'habitait, alors qu'il gisait en travers de son lit, ivre et à peine capable de serrer le col de son cruchon comme s'il voulait l'étrangler. Il se rappela, aussi, l'air désapprobateur de Caraghon la veille, quand il avait mentionné cela.

Aussi, la nuit dernière, il n'avait pas touché au vin que sa servante lui avait par habitude apporté. Et ce n'était pourtant pas l'envie qui lui avait manqué. Mais il ne parvenait pas à se tirer de la tête le regard déçu du jeune soldat face à lui. « Et quelle était la nécessité de vous enivrer ainsi ? » Oh, avait-il réellement attendu une réponse sincère ? Celle-ci aurait été embarrassante pour eux deux.

Les yeux dans le vide au milieu du cercle de ducs, Tyeltaran sentit remonter à la surface de son esprit quelque chose d'horrifiant – horrifiant dans sa saveur. Il voulait bien promettre à Caraghon de ne plus goûter une seule gorgée d'alcool si, en échange, il le laissait se repaître de son corps.

Il se frotta les paupières pour chasser les images qui lui venaient en tête. Ce n'était ni le temps ni le lieu. Et Alàtar lui assenait bien trop souvent que c'était peine perdue pour qu'il ne finisse pas par doucement sentir ses espoirs faiblir. Caraghon lui donnait trop peu de signes encourageants – le peu qu'il avait cru entrevoir n'étaient peut-être finalement que des illusions créées par ses propres sentiments. De plus, il y avait cette affaire de princesses Dejclanes dont on lui rebattait les oreilles, et qu'il sentait inévitable malgré son refus d'en entendre parler.

Enfin, après ce qui lui parut plusieurs siècles à se morfondre, la séance fut levée. Mais Tyeltaran ne parvint pas à s'en réjouir en entendant que les discussions se poursuivraient le lendemain afin de parachever les nouvelles mesures.

— Je vous remercie de votre conseil, conclut le roi en les libérant d'un ample geste de main.

Et alors que les ducs se levaient d'un même mouvement, il ajouta en inclinant la tête sur sa droite :

— Tyeltaran, j'aimerais que vous restiez quelques instants.

Ce-dernier se rassit donc en attendant que la salle du conseil ne se vide. Son regard s'attarda sur Galdasten, malgré lui un peu déçu de l'application que mettait ce-dernier à l'ignorer. Depuis près de cinq ans, il ne récoltait de sa part que cette indifférence ostensible, qui dissimulait probablement de la peur, du dégoût, ou de la rancune – peut-être même les trois à la fois.

Tout ça à cause de ce petit dérapage dicté par l'alcool et l'attrait de ce beau paladin fraîchement arrivé à la cour... Il n'aurait pas pu deviner qu'il réagirait si mal à ses avances. Ni qu'il serait si rancunier.

Une fois la porte de la salle refermée, un lourd silence tomba sur le prince et le roi. Tyeltaran guettait les expressions de son père, avec une certaine angoisse. Ce genre de tête à tête ne présageait généralement rien de bon.

Il fut surpris de l'immense lassitude qui prit possession des traits du roi Alàtar. Jamais il n'avait vu les rides si marquées sur son visage, à croire que vingt ans l'avaient consumé en quelques secondes.

— Que vouliez-vous me dire ? demanda-t-il, malgré lui intimidé.

Appuyé à deux mains au bord de la table, le roi semblait ployer sous un poids trop lourd. Quand bien même ses cheveux soient toujours d'un profond noir corbeau, il paraissait usé comme un vieillard. Et cela fit peur au petit garçon qu'il abritait encore au fond de lui, celui qui admirait son père comme le quinzième Dieu du panthéon et qui n'aspirait qu'à le rendre fier.

Son cœur manqua un battement quand, finalement, le roi tourna le visage vers lui. Il y avait un sourire sur ses lèvres.

— Je sais qu'Hadran n'est pas un homme facile et que Parandar ne te porte pas dans son cœur. Cela ne doit pas être évident pour toi, n'est-ce pas ?

Tyeltaran ne saisissait pas où il voulait en venir. Il ne parvint qu'à fixer son père avec de grands yeux stupéfaits, hésitant à accepter que ce sourire, qui n'était empreint d'aucune ironie, lui était adressé.

— Tu n'as jamais fait d'effort pour soigner ton image, Tyeltaran, reprit le roi avec une étonnante douceur. Tu joues la comédie en permanence en grossissant tous tes travers jusqu'à en faire ton unique identité. Il y a des moments où je n'arrive même plus à discerner qui tu es.

Son sourire faiblit et il détourna le regard en soupirant.

— Je sais aussi que tu n'as jamais voulu de ce destin qui t'attend. Mais Alàtar sera là pour t'épauler lorsque tu monteras sur le trône, et cela me rassure.

Ces mots alarmèrent aussitôt le jeune prince.

— Qu'est-ce que vous essayez de dire ?

Cette sincérité brute le bouleversait comme il l'avait rarement été. Depuis des années, les seuls mots qu'il entendait de son père étaient durs, cassants, accompagnés de regards lourds de reproches qui lui serraient la gorge.

— Le royaume que mon père a construit est encore loin d'être stable, et nos voisins en profitent. Je suis conscient que le roi Révéré de Dejclencie ne voit en cette alliance qu'une formidable opportunité de nous avaler. Quant à l'Arenor... nous en savons si peu sur ce peuple que tenter le dialogue est peine perdue. Je m'en veux de te laisser un héritage si ingrat.

— Tout n'es pas perdu, protesta Tyeltaran. Il y a des hommes bons en Dejclencie, et ces démons d'Arenor ne sont pas près de franchir nos frontières.

Le roi se redressa en le regardant droit dans les yeux. Et en voyant la nouvelle fermeté de son expression, le jeune prince comprit qu'il n'avait pas été le seul à porter un masque pendant tout ce temps. Il se soumit à l'examen silencieux de ces yeux noirs qui, pour la première fois depuis longtemps, ne semblaient pas le mépriser.

— La noblesse te hait pour ton tempérament exécrable et tes tendances scandaleuses. Mais dans notre royaume, c'est l'opinion de l'armée qui compte. Ce qui leur importe, c'est la détermination et le talent aux armes ; tu possèdes les deux, aussi indiscipliné que tu sois.

Le regard baissé, étrangement trouble, Tyeltaran serrait les dents.

— Tu ne dis rien ? souffla son père au bout d'un long moment.

Il cilla rapidement et leva la tête. Un éclair de rage fusait dans ses prunelles claires.

— Ne me parlez pas comme si vous étiez sur votre lit de mort. Vous avez toujours été dur avec moi, et dès demain, vous le serez de nouveau. Est-ce que vous essayez de vous faire pardonner ? De rattraper en quelques minutes les dix-huit dernières années ?

Le roi ouvrit la bouche pour répondre, mais son fils le coupa aussitôt :

— Non, ne dites rien, par pitié. J'en ai assez entendu.

Il tourna les talons, les poings serrés, pressé de quitter cette salle étouffante.

— Tyeltaran.

La voix du roi claqua comme un coup de fouet, le retenant un instant.

— Je n'essaye pas de d'excuser tes défauts ou ton flagrant manque d'intérêt à la question du royaume. Seul le Daneimion compte à tes yeux, et si je puis le concevoir, je ne peux l'accepter.

Tremblant de rage, Tyeltaran ne se retourna pas. Il craignait l'expression de son père autant que sa réaction face à la sienne. C'était ainsi ; il s'y était préparé, mais encaisser le choc après s'être laissé désarmer par cet espoir d'enfant perdu était difficile. Ils en revenaient toujours là, aux jugements, aux reproches. Il n'était pas assez aveugle pour prétendre qu'ils n'étaient pas justifiés, mais il aurait voulu que son père l'accepte et le protège.

— Sans parler de cette résistance que tu opposes à la seule éventualité de prendre une épouse parmi le peuple Dejclan.

— Je n'en ai aucune envie.

— La notion de sacrifice t'a toujours été étrangère.

Le jeune prince sentit un goût amer envahir sa bouche. Son propre égoïsme le prit à la gorge. Et la seule solution qu'il vit pour remédier à ce nœud qui l'étouffait, était un bon cruchon de vin. Peut-être même plusieurs. Alors, incapable d'articuler un mot, il s'éloigna à grands pas. La voix de son père l'apostropha encore :

— Ne t'avise pas à être absent à la réunion de demain.

— Vous me prenez pour un gamin qui va bouder après s'être fait gronder ? ricana-t-il par-dessus son épaule. Non, je sais que vous seriez capable de me retirer le Daneimion en représailles. Or, ce bout de terre est tout ce que j'ai. N'ayez crainte, je ramperai à vos pieds, autant qu'il le faudra, jusqu'à votre mort.

Il ouvrit la porte à la volée ; mais, une main retenant le battant, sous le regard stupéfait des sentinelles qui montaient la garde de part et d'autre, il se retourna et cracha :

— Mais votre corps ne sera pas encore froid que j'abdiquerai en faveur d'Alàtar.

Sans lui accorder un regard, trop effrayé de voir sa réaction, il fit volte-face et s'enfuit. Derrière lui, le battant de la salle du conseil se referma avec fracas.

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