Il est 17 heures. Jenifer et Sébastien sont dans leur chambre et Alice dans la sienne. Elle les entendait parler, mais depuis quelques minutes, plus rien. Peut-être se sont-ils endormis ? Elle s’assoit face à son bureau et réfléchit. Elle voudrait réellement se faire pardonner de son mensonge. Mais elle ne sait pas comment. Elle n’a pas vu la chanteuse depuis ce matin, et son père est assez froid avec elle. À court d’idée, elle décide d’appeler Axelle et Romain. Ils connaissent Sébastien et Jenifer et pourront probablement l’aider. Elle compose le numéro du jeune homme.
- Allo, Alice ? dit-il en décrochant.
- Salut Romain, ça va ? demande-t-elle.
- Oui et toi ? Il y a un problème ? T’as répondu à aucun de mes messages depuis ce matin.
- Euh… Je voulais vous parler à Axelle et toi…
- Attends, je vais la chercher. Axelle ! crie-t-il à l’autre bout du fil. Elle est là, je mets le haut-parleur.
- Salut Alice, dit la jeune fille. Il y a un problème ?
- Oui, un peu… Enfin non, beaucoup plutôt.
- Ne me dis pas que t’as fait une connerie… souffle Romain.
- Je suis désolée, dit Alice en commençant à pleurer.
- Alice, calme-toi et explique-nous. Ok ? dit Axelle.
- Ben, en fait, hier Jenifer est venue me chercher au collège. Je finissais à 15 heures et j’ai fait exprès de la faire attendre jusqu’à quasiment 17 heures. Et encore, je voulais plus, mais mes amis sont partis alors je n’ai pas pu. Bref, je suis montée dans la voiture et elle a dit que ce n’était pas grave. Mais moi je voulais qu’elle m’engueule, pour que je puisse la balancer à mon père et qu’il la quitte… commence Alice.
- Attends, t’as fait exprès de la faire attendre deux heures ?! Tu avais fait un plan pour que ton père la quitte ?! Tu ne nous as pas du tout écouté en fait… souffle Romain.
- Et le pire c’est Jen, qui dit que ce n’est pas grave. Moi je t’aurais étripée, rit Axelle.
- Ne me dis pas que le problème c’est que ton plan n’a pas fonctionné Alice. On ne va pas t’aider, dit le jeune homme.
- Non, pas du tout, dit Alice. Non, ensuite on est rentrées, on s’est engueulées. Enfin… je l’ai engueulée parce qu’elle voulait me préparer un goûter, enfin bref… et je suis allée dans ma chambre. Quand mon père est rentré j’ai eu la fabuleuse idée de lui mentir en disant que Jenifer m’avait frappée parce que j’étais un peu en retard…
- Quoi ?! la coupent Romain et Axelle.
- Tu n’as pas fait ça ?! s’indigne le jeune homme.
- Attendez, je n’ai pas fini… dit Alice en retenant ses larmes. Donc évidemment, mon père s’est énervé et Jenifer est partie.
- Alice, sans rire, dis la vérité à ton père. Je sais que tu n’aimes pas Jen. Mais là tu le rends malheureux, dit Axelle.
- Mais laissez-moi terminer ! Elle est revenue ce matin. Elle a dit toute la vérité à mon père. Et moi aussi.
- Ah ben voilà ! Et alors ? demande Romain.
- Jenifer a eu un accident cette nuit ! balance Alice agacée d’être coupée sans arrêt.
- Quoi ? demande Romain.
- Mais comment ça ? Elle va bien ? demande Axelle.
- Elle s’est fait renverser par une voiture. Et, elle ne va pas très bien. Mais tout ça c’est ma faute. Et je voudrais me faire pardonner… Vous pouvez m’aider ? S’il vous plait…
- Tu veux que qui te pardonne ? Ton père ? Ou Jen ? demande Axelle.
- Je ne sais pas… Mon père déjà… Parce que Jenifer, je suppose qu’elle ne voudra plus jamais me voir maintenant.
- Mais si, bien sûr que si, dit Romain.
- Tu auras peut-être même plus de facilités avec elle, dit Axelle.
- Ouais… Je ne sais pas, dit Alice.
- Tu ne veux pas au moins essayer ? demande Romain.
- Si, bien sûr que si.
- Bon, alors déjà, pour ton père, tu dois lui montrer qu’il peut toujours avoir confiance en toi, que tu as fait une erreur mais que ça ne se reproduira pas. Aussi, comporte-toi bien avec Jen… dit Axelle.
- Oui, mais ça c’était prévu, dit l’adolescente.
- Pour Jen… Je ne sais pas. Tu devrais agir avec ton cœur Alice. Essayer de montrer que tu es là pour elle, mais sans trop en faire, tu vois ? Laisse-toi aller, et arrête de faire des théories stupides à son sujet, dit Romain.
- Promis, merci beaucoup.
- Tu nous donnes des nouvelles par messages hein ? demande Axelle.
- Oui, mais ne vous inquiétez pas. Mon père est médecin, elle va aller mieux.
- Ok, bon ben, à bientôt et ne fais pas de connerie, dit Romain.
- Oui, à plus, dit Alice en raccrochant.
Elle pose son téléphone sur son bureau et réfléchit. Quand elle a une idée, elle descend à toute vitesse et va dans la cuisine. Elle vide les placards à la recherche des ingrédients et commence à cuisiner. Son père finit par descendre et va la voir, étonné par la bonne odeur qui règne dans la maison.
- Qu’est-ce que tu fais ? demande-t-il.
- Je fais de la paëlla. Je me suis dit que comme Jenifer n’était pas bien, ça lui ferait plaisir d’en manger, elle avait aimé la dernière fois. Non ?
- Si, si, et c’est une très bonne idée. Merci, sourit-il. Tu veux que je t’aide ?
- Non, c’est bon. Tu peux retourner avec elle si tu veux. Je me débrouille.
- C’est-à-dire qu’elle s’est endormie, alors je la laisse un peu tranquille.
- Tu pourras lui apporter ? Je ne suis pas sûre qu’elle veuille me voir… souffle Alice.
- Si tu veux, mais tu viendras avec moi. Il faut que tu assumes.
L’adolescente hoche la tête et termine la préparation de son plat. Elle dresse ensuite de jolies assiettes et va chercher son père, assis sur le canapé.
- Papa, c’est prêt, on fait quoi ? On le porte maintenant à Jenifer et on mange en haut avec elle ?
- Si tu veux, prends ton assiette, dit-il.
Ils montent ensemble et arrivent devant la porte de la chambre. Sébastien jette un regard à l’intérieur de la pièce et se retourne vers sa fille.
- Elle dort. On va manger en bas, on lui portera son assiette plus tard.
La jeune fille baisse la tête et descend avec son assiette en main. Elle s’assoit face à son père et mange. Elle tente plusieurs fois de lancer la conversation, mais Sébastien n’est pas très bavard. Il lui en veut toujours. Alors, pour lui faire plaisir, elle débarrasse la table, mais il n’a pas l’air de s’en préoccuper.
- Je pense qu’elle est réveillée, j’ai entendu du bruit. On y va ? demande Sébastien.
- J’arrive, dit Alice en faisant réchauffer l’assiette de Jen.
Ils montent ensemble. Encore une fois. Mais cette fois-ci, c’est la bonne puisque la jolie brune est bel et bien réveillée.
- Bien dormi mon chat ? demande Sébastien en entrant.
- Mmmh…
- Tiens, Alice t’a fait de la paëlla, sourit-il en lui tendant l’assiette.
- C’est très gentil, mais je n’ai vraiment pas faim, dit-elle en esquissant un petit sourire.
- Tu veux que je te la laisse sur la table de nuit, au cas où ?
- Non, ça va aller merci. Je suis désolée, dit-elle en regardant Alice.
Cette dernière, agacée d’avoir fait tout ça pour rien, rejoint sa chambre en claquant la porte.
- Je suis désolée, répète Jenifer.
- Eh mon chat, ce n’est pas grave. Tu as mangé tard cet après-midi, c’est normal que tu n’aies pas faim. Mais surtout si tu changes d’avis, dis-le-moi, je te la remonterai, dit Seb en quittant la chambre.
Il va déposer l’assiette et rejoint Alice dans sa chambre.
- On peut savoir ce que c’est cette crise, là ?! s’agace-t-il.
- Je lui prépare un plat pendant une heure et elle ne le mange même pas !
- Et alors ?! Elle n’a pas faim. Tu ne vas quand même pas la forcer à manger non ?!
- Non, mais moi, je fais ça avec le cœur, et elle le rejette, dit Alice énervée.
- Arrête. Tu n’as rien fait avec le cœur. Tu as fait ça pour te faire pardonner. Ce n’est pas ça, faire avec le cœur. Là, tu as eu pitié d’elle. Puis, probablement que tu as eu peur qu’on ne te pardonne jamais. Alors tu fais ta gentille, mais ça fait des mois que tu es exécrable avec elle. Si tu veux agir avec ton cœur, alors reste naturelle. Mais par pitié, arrête avec tes remarques, ignore-là, je ne sais pas, mais tu lui fous la paix. Puis, arrête de tout faire pour qu’on te pardonne, ça ne marche pas comme ça. Surtout si c’est pour après nous faire des crises comme ça. Franchement, ce n’est pas la peine.
Elle baisse la tête et s’assoit en boule au fond de son lit. Son père sort de sa chambre. Il est en colère, ça se voit. En même temps, ça fait beaucoup d’informations à digérer pour une seule journée. Il sera probablement de meilleure humeur demain. En attendant, toute la maisonnée se couche tôt, la journée a été éprouvante. Allongé près de Jenifer, Sébastien ne sait pas comment se mettre avec elle, il a peur de lui faire mal. Alors il reste à côté d’elle et évite de la toucher.
- Je peux ? demande-t-elle en se blottissant contre lui.
- Bien sûr. Je ne voulais pas te faire mal, c’est tout.
- Mais tu m’as donné des calmants, ça va, sourit-elle.
Il lui embrasse le haut du crâne et ils s’endorment ainsi.