Je ne suis pas sereine à l'idée de laisser Samuel et Liam dans la même pièce, en compagnie d'Emma. Je ne sais pas si elle parlera à Liam mais je suis certaine qu'elle ne le fera pas si Sam est avec eux, malheureusement. Je tourne en rond dans le jardin alors que Noah et Sara discutent sur un transat et que Téa est au téléphone.
- Explique-moi ! j'entends crier.
Je me retourne vers l'entrée de la terrasse, surprise de voir Sam marcher après Liam en essayant de le rattraper.
- Je n'ai rien à te dire, j'essaie simplement de la réconforter.
- Pourquoi est-ce que tu réussirais alors que Sara n'y arrive pas ? Qu'est-ce qu'il se passe entre vous, hein ?
- Rien du tout ! crie Liam. Ce n'est pas ma faute si elle ne veut pas vous parler, bordel !
- Il y a bien une raison, non ? Vous n'avez jamais été aussi proche, qu'est-ce que tu caches ?
Sara court à l'intérieur afin de rester auprès d'Emma, je suppose, tandis que j'approche les garçons afin de m'interposer entre eux, il ne faudrait pas qu'elle entende leur dispute. Elle n'a pas besoin de ça.
- Parce que tu es proche de ta sœur, toi ? Tu as passé ton enfance et la moitié de ton adolescence à l'humilier devant nous et du jour au lendemain tu te montres protecteur envers elle ?
J'arrive au bon moment puisque Samuel est prêt à se jeter sur Liam mais je lui retiens le poignet, le suppliant du regard de ne rien faire.
- T'es un vrai enfoiré. Téa ne te suffit pas ?
- Qu'est-ce que tu racontes ? Emma est ta petite sœur, je la protège, réfléchis ! On s'entend bien, où est le problème ?
- Vos sorties tous les deux, vos câlins, ne me dis pas que c'est arrivé du jour au lendemain. Faut quand même être proche pour pouvoir faire ça, Liam.
- On a appris à se connaître, Sam. Si tu ne pensais pas qu'à toi, tu l'aurais remarqué. Ce n'est pas la première fois que je vois ta petite sœur, ni même que je lui parle.
- C'est le fait d'avoir su qu'elle craquait sur toi qui t'a donné l'idée de te rapprocher d'elle ? Ou alors ce n'est qu'une fille de plus que tu essaies d'avoir dans ton lit ?
- Tu oses me demande ça ? Toi ? rit le châtain.
- Ok les gars, ça ne sert à rien ce que vous faites, soupire Noah en tirant Liam vers l'arrière pour l'éloigner de nous.
Ma main toujours dans celle de Samuel, je la presse doucement pour qu'il me regarde, et ça marche. Ses yeux sont si sombres que j'en aurais été effrayé il y a quelques mois, mais plus maintenant. Je ne le vois plus de la même manière, je sais qu'il a un cœur en or et qu'il s'énerve pour protéger sa petite sœur, rien de plus.
- Viens avec moi, dis-je doucement.
Je le tire presque de force vers l'intérieur et l'emmène vers les escaliers pour rejoindre sa chambre, fermant ensuite la porte derrière nous. Il est tellement nerveux qu'il s'arracherait presque les cheveux et ça me fend le cœur. Je l'approche, hésitante, puis pose ma main sur son bras afin de l'arrêter dans ses pas qui me stressent un peu trop.
- Sam, calme-toi.
- Il me ment Gabi, je le connais...
- Tu devrais être content qu'il la protège et non le contraire.
- Mais je ne connais pas son but.
- Arrête de voir le mal partout, Liam est quelqu'un de bien.
Je pose ma main sur sa joue pour que nos yeux se rencontrent et je suis certaine de voir les siens s'adoucir en seulement quelques secondes, ce qui me fait sourire.
- C'est dingue cet effet apaisant que tu as sur moi, chuchote le brun.
- J'en suis heureuse.
Il ferme les yeux et rapproche nos visages l'un de l'autre avant de le pencher légèrement sur le côté pour venir m'embrasser, à mon plus grand plaisir. Je l'imite et passe ma main dans ses cheveux, approfondissant le baiser comme si j'avais besoin de ça pour survivre. Depuis notre séjour au chalet, j'ai eu du mal à m'empêcher de lui sauter dessus, de faire semblant de rien devant nos amis et de ne pas pouvoir me réfugier dans ses bras lorsque j'en avais envie ; c'était affreux. Alors j'en profite autant que je peux.
- Gabi..., chuchote Sam en mettant fin au baiser.
Nous posons nos fronts l'un contre l'autre mais je n'ouvre pas les yeux, profitant de notre proximité pour humer son odeur et laisser ma main dans ses cheveux qui sont si doux.
- Si je te proposais de m'accompagner quelque part, tu dirais oui ?
- Dis comme ça, c'est plutôt flippant rigolé-je en ouvrant les yeux.
- Tu seras toujours en sécurité avec moi, rit le brun également. C'est juste que je ne veux pas te faire flipper en t'y invitant alors...
- Propose-le-moi, Wilson.
- Est-ce que tu voudrais être ma cavalière au mariage d'un ami ?
Il grimace en se grattant la nuque et j'éclate de rire à sa demande, sans penser à le vexer et il a l'air de le comprendre. Il est mignon quand il est gêné, il redevient adolescent et j'adore cette facette de Samuel ; timide. Qui l'eût cru ?
- Je suis le témoin alors venir seul ça ne...
- Oui ! crié-je en riant. Bien sûr, j'en serais honorée.
Il laisse sortir un énorme souffle d'entre ses lèvres, comme s'il relâchait toute la pression qu'il retenait en lui tout ce temps. Il prend à nouveau possession de mes lèvres tout en me poussant sur son lit et je me retiens à son cou pour ne pas me séparer de sa bouche, son corps à présent sur le mien.
- Sam !
Jusqu'à Sara qui tambourine contre la porte.
- Merde.
Il se redresse immédiatement et tire mon bras pour m'aider à faire de même, ouvrant ensuite la porte de son placard en me faisant les gros yeux vers celui-ci, m'incitant à m'y cacher.
- Non ! chuchoté-je tout bas en fronçant les sourcils.
- Sam, je sais que t'es là ! crie la blonde.
Je roule des yeux avant de m'enfoncer dans le tas de vêtements de Samuel en essayant de me frayer un chemin sous ses cintres, ce dernier refermant ensuite la penderie.
- Ouais, je suis là Sara, qu'est-ce que tu veux ?
Je tente de regarder par la légère ouverture que m'a laissée Sam pour respirer –merci beaucoup– et l'aperçoit ouvrir à moitié la porte de sa chambre, ce qui ne semble pas perturber Sara puisqu'elle la pousse pour y entrer et tourner en rond dans la pièce. Je m'enfonce vers l'arrière comme pour me rendre invisible et mordille nerveusement ma lèvre, sans faire de bruit.
- Qu'est-ce qui t'as pris ?
- Je ne veux pas en parler, sors de ma chambre Sara, s'il te plaît, je ne veux pas me disputer avec toi.
- Ça n'arrivera pas. Je tiens juste à te dire que Emma aura besoin de temps pour aller mieux, il va falloir qu'on soit soudé pour elle et pour que son état ne s'empire pas. Elle ne vous a pas entendu et tant mieux. Mais ne recommencez pas. Liam est quelqu'un de gentil, il est seulement bienveillant envers Emma, crois-moi.
Je souris en entendant les mots de mon amie, totalement d'accord avec elle. Samuel n'accepte pas qu'il puisse s'intéresser à sa sœur, même amicalement, mais Liam n'a pas de mauvaises intentions. Je pense même que dans une autre vie, ils formeraient un très beau couple tous les deux.
- T'as fini ?
- T'es vraiment un idiot, Wilson. Mais bon, on t'aime comme ça.
Sara lui ébouriffie les cheveux avant de se tourner vers la porte, prête à partir, mais elle ne le fait pas.
Bordel.
- Tu ne sais pas où est Gabi ? demande-t-elle en le regardant.
- Pourquoi est-ce que je le saurais ?
Je lève les yeux au ciel en souriant, l'imaginant déjà s'énerver pour si peu, ce qui paraîtrait plutôt suspect.
- Vous êtes montés tous les deux, non ?
- Oui, elle... m'a juste parlé deux minutes puis elle est sortie de ma chambre. Je... j'en sais rien Sara, désolé.
- D'accord.
Je les regarde discrètement et vois mon amie froncer les sourcils en jugeant Samuel qui n'était pas du tout naturel. Idiot. Sara s'en va pour de bon et j'attends une longue minute avant de m'autoriser à sortir de ce placard en respirant à nouveau de l'air frais.
- C'est quoi ce bordel ? demandé-je en enlevant une chaussette qui s'est perdue sur mon épaule. Tu es vraiment désordonné Sam.
- On s'en fiche, Sara a failli nous voir, ça craint...
- Ça craint ?
- Ouais, je n'ai pas envie qu'ils sachent. Pas pour le moment... me dit-il en s'approchant de moi et en posant ses mains sur mes hanches.
- Et pourquoi ? demandé-je presque vexée.
- Je n'ai pas envie de faire n'importe quoi.
Prête à attaquer, j'ouvre la bouche mais il ne me laisse pas parler et me devance :
- Parce que cette fois c'est sérieux.