Nos sentiments voilés

By Leophire

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GAGNANT DES WATTYS DANS LA CATÉGORIE YOUNG ADULTE :) Samedi 22 août, 18 : 59. Une simple décision peut change... More

La prière
L'étrange fille
L'autre famille
La fin de l'été
La dernière rentrée
Le premier cours
La danse
L'exposé
Le petit copain
Les questions
Le brookie
La crise d'angoisse
Le passé
L'anniversaire
La révélation
L'appel
L'émotion
Le concours
Le pique-nique
Le rapprochement
La rencontre
Le duel
Le skate
L'audition
Les excuses
Les reproches
Les confessions
L'arrangement
Le bowling
Le cadeau
Epilogue

Le cours de SVT

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By Leophire


~Erell~

C'est vraiment étrange de retrouver le garçon de la cathédrale ici. Honnêtement, je ne pensais jamais le revoir. Il avait l'air trop perdu et mature pour être au lycée. Et voilà que, en plus d'être dans le même lycée que moi, il est ami avec le copain de Lou-Ann. Quand celle-ci m'a dit qu'elle passait la récré avec Samuel, j'ai sauté sur l'occasion pour rencontrer vraiment le garçon. Il s'appelle Solal et j'aurais aimé savoir ce qu'il faisait comme spécialités mais il a eu l'air de se sentir oppressé. Alors, je l'ai laissé tranquille.

Pendant que je raconte le jour où j'ai voulu essayer de rouler en skate – ça s'est fini à l'hôpital – je sens le regard du garçon sur moi. Je mets toute ma volonté pour ne pas tourner la tête vers lui et finir mon histoire. Je ne veux pas passer pour une obsédée auprès de Lou-Ann non plus. Déjà qu'elle a trouvé ça bizarre que je veuille venir, alors qu'habituellement je préfère être avec Rose plutôt que de tenir la chandelle.

 — T'inquiète pas, moi aussi je me suis ramassé la première fois que j'ai fait du skate, me rassure un des amis de Samuel – Marius, je crois.

 — Et moi, je tombe encore tous les jours, se marre l'autre ami.

 — Mais aucun de vous n'a fini à l'hôpital, je souligne.

 — C'est vrai !

Un instant plus tard, la conversation change de sujet, et comme je n'y suis plus au centre, j'en profite pour détourner le regard discrètement. Et mes yeux tombent pile dans le regard de Solal. Il était donc bien en train de m'observer. Sûrement gêné, il se met à regarder attentivement Samuel qui parle. Dommage, si nous n'étions pas face à un mur, il aurait pu faire semblant de regarder les gens derrière moi. Je plisse les yeux et continue à le fixer. Il ne bouge pas et je comprends qu'il ne me fera pas l'honneur de me regarder dans les yeux. La première fois, c'était une erreur.

 — Et toi, Erell, t'en penses quoi ? m'interromps Marius.

 — J'en pense quoi de quoi ?

 — Les animaux ils ont un cerveau ou pas ? m'informe Samuel.

Alors que je m'apprête à me lancer dans de grandes explications, la sonnerie retentit pour annoncer la fin de la pause.

 — Vous avez de la chance, rit Lou-Ann, elle était prête à parler pendant vingt bonnes minutes là !

 — Arrête de me dévoiler à des inconnus ! je me défends.

 — Comme si ça te gênait.

Nos regards se croisent et on éclate de rire. Bras dessus, bras dessous, nous saluons les garçons – Lou-Ann embrasse Samuel comme si elle le quittait pour toujours – et nous nous dirigeons vers notre prochain cours. A savoir SVT.

 — Dis donc, je savais pas que les amis de Samuel étaient si sympas !

 — Tu m'as jamais demandé aussi.

 — T'aurais pu me dire aussi. Et je croyais que tu passais tes récrés seule avec ton amoureux !

 — Non, pas tout le temps. Là si je venais pas il allait pas bouger alors je suis bien obligée.

 — Sympa le copain, je commente.

 — C'est Samuel hein, dit-elle en haussant les épaules.

Alors que je commence à prendre l'escalier qui mène aux salles de sciences, Lou-Ann m'arrête.

 — On a quoi ?

 — SVT.

 — Mais je fais pas SVT.

 — Ah c'est Rose qui fait SVT ? J'avais complètement oublié !

 — Mais du coup je sais pas ce que j'ai moi ! panique Lou-Ann.

 — Tu dois avoir ton autre spé non ? Ce matin on a eu le premier normalement.

Comme ce que je dis n'a pas l'air de la rassurer, je sors mon téléphone pour regarder son emploi du temps qu'elle m'a envoyé hier. Je lui montre et on se rend compte que sa salle est à l'opposé. Elle me quitte donc en courant, encore plus paniquée.

 — On se retrouve à la cantine ! je crie dans son dos.

Je ne suis pas sûre qu'elle m'ait entendue, mais de toute façon je lui enverrai un message à midi. Il faut maintenant que je retrouve Rose devant la salle, puisqu'apparemment nous avons cours ensemble. Je me dépêche de rejoindre ma salle mais je n'arrive pas à la trouver parmi le flot d'élève. Quand la prof ouvre la porte, j'attends jusqu'à la dernière minute devant, espérant que Rose arrive rapidement. Mais elle n'arrive pas et je suis forcée de rentrer sans elle. J'aimerais mieux ne pas rentrer du tout, étant donné que je vais devoir vivre un cours, toute seule, sans amis. Moi, Erell, qui n'ai pas de voisine à qui raconter toute ma vie ? C'est sûr, je ne vais pas survivre !

 — Bon, mademoiselle, dépêchez-vous de vous installer. Tenez, il y a quelqu'un seul au fond de la classe. On vous attend.

Je m'excuse quand je comprends que c'est à moi qu'on parle. En vérité, personne ne m'attend à part elle. Tout le monde parle et se raconte ses derniers potins. Malgré ça, je me dépêche d'obéir. Je traverse la salle, les yeux baissés, jusqu'à ne plus pouvoir avancer. Je jette mon sac sur la paillasse blanche et, sans regarder qui sera mon voisin ou ma voisine aujourd'hui, je m'assieds. Je ne peux même pas garder une place pour Rose.

 — Bonjour à tous, j'espère que vous êtes prêts pour cette nouvelle année parce qu'on va commencer à travailler dès aujourd'hui.

Je pousse un soupir. Génial, elle fait partie de ces professeurs tyranniques qui veulent travailler dès la première minute du cours.

 — Sortez vos affaires et tenez-vous calmes pendant que je fais l'appel.

Je me mets alors à écouter attentivement pour entendre le nom de Rose. Les noms défilent et lorsque la lettre L est passée, je commence à me dire que Rose ne fait pas partie de cette classe. C'est vraiment idiot d'avoir séparé les élèves d'une même classe alors qu'ils font la même spécialité. Peut-être que certaines personnes de ma classe entière sont ici. Je commence alors à dévisager, enfin pas vraiment puisque tous les élèves sont dos à moi, j'essaie de constituer un visage à travers les cheveux de chaque personne. Je finis par regarder mon voisin et manque de tomber de mon tabouret lorsque je reconnais la personne.

 — Solal ?! je crie presque.

Tout le monde se retourne vers moi et je remarque que le duo devant moi n'est autre que Samuel et Adrien.

 — Vous faîtes SVT vous aussi ?

 — Mademoiselle, m'interromps quelqu'un, pourriez-vous rester calme quelques instants ? Vous vous êtes déjà fait remarquer en entrant dans la salle.

 — Désolée, je bafouille.

 — Bien, je continue l'appel. Erell Serazin ?

 — C'est moi, dis-je en levant bien haut la main.

 — Evidemment, lâche-t-elle.

Je grimace. J'espère que ces dix dernières minutes ne vont pas me porter préjudice pour le reste de l'année. Il ne faudrait pas qu'elle croit que je suis une mauvaise élève. Je reporte mon attention sur mon voisin, qui s'est désintéressé de moi. Le dos droit et les mains posées à plat sur la table, il semble être un arbre. Comparaison étrange mais il ne bouge pas d'un pouce et est concentré comme si la prof racontait quelque chose de très intéressant alors qu'elle est juste en train de finir d'appeler tout le monde.

En fait, non. Je ne sais pas depuis combien de temps elle parle, mais elle parle. Et je ne suis pas sûre de réussir à m'en sortir si elle décide de m'interroger. Soudain, tout le monde se met à ouvrir son cahier et à noter quelque chose. Je baisse la tête au moment où elle relève la tête et fais semblant d'écrire. Je me penche doucement vers mon voisin pour savoir ce qu'il faut faire. Je ne sais pas s'il le fait exprès ou pas, mais il ne réagit pas alors que je suis clairement de son côté de la table. Pas sûre qu'il apprécie. Mais bon, tant qu'il ne dit rien.

Je profite d'un moment où un élève pose une question pour me tourner vers Solal.

 — Tu fais SVT du coup ?

Il me montre la table avec ses mains, l'air de dire « d'après toi ? ».

 — C'est marrant, je t'aurais plus vu en maths ou en physique.

Il se contente de me regarder et reprendre position lentement devant sa copie-double. Il se met à écrire à toute allure et je me demande ce qu'il peut écrire, jusqu'à ce que je me rende compte que la prof a recommencé à parler. Tout en recopiant sur Solal, je chuchote :

 — Elle a pas l'air très sympa la prof, tu trouves pas ? D'ailleurs, c'est quoi son nom ?

 — Cilla.

 — Comment ça, elle cilla ? je répète.

Il me lance un regard d'incompréhension et je me retiens, difficilement, de rire à ma blague.

 — Ciller, cilla, j'explique.

Il ne semble toujours pas comprendre.

 — Bah le verbe « ciller », son nom c'est le verbe mais conjugué au passé simple !

J'attends de le voir sourire mais encore une fois, il se reconcentre sur sa copie. Dommage pour ce flop, ma blague avait pourtant du potentiel, je trouve.

 — Oui, mademoiselle ? fait Madame Cilla, et je sursaute, pensant qu'elle me parle.

Je crois que je dois vraiment me concentrer, comme Solal, sinon je ne vais rien comprendre et Madame Cilla va se faire un bonheur de me faire la morale.

La première heure est consacrée à une prise de note sévère et rapide. Si rapide que je n'ai même pas le temps de penser ou de reposer mon poignet endolori. Quand la première sonnerie s'élève, Madame Cilla nous accorde une pause et je me précipite à l'extérieur de la salle. Autant profiter le plus possible de cette pause. J'attends que Solal, Samuel et Adrien sortent à leur tour pour les rejoindre.

 — A une telle vitesse, c'est sûr qu'on va finir le programme à temps, je lance.

 — Toi, tu n'as jamais eu cours avec Madame Cilla, sourit Samuel.

 — Et tu as bien de la chance.

 — Pourquoi ? Elle est si terrible que ça ?

 — Il se passe pas une semaine sans qu'on ait pas de devoirs. Et c'est pas quelques exercices ou quoi, c'est un DM d'au moins dix pages ! m'informe le premier.

Je fais mine de porter une arme à mes tempes et de tirer. La SVT s'annonce incroyable cette année.

 — Tu vas survivre, me rassure Adrien. On survit tous.

 — Avec quelques séquelles mais ça va aller.

J'éclate de rire et nous continuons de parler de nos niveaux de SVT jusqu'à ce que Madame Cilla nous ordonne de revenir en classe. En cinq minutes de pause, Solal n'a pas ouvert la bouche une seule fois et ne s'est pas intéressé à notre conversation ou à ses amis. Je ne sais pas ce qu'il a. Peut-être qu'il est comme ça avec tout le monde ou alors que ma présence l'énerve réellement. Ou peut-être que ce n'est juste pas la bonne période pour lui en ce moment.

 — Bon, on va passer sur un TP maintenant. Lisez bien les pages que je vous distribue. Vous devez faire l'exercice par groupe de deux.

Je saute sur mes pieds pour ranger mon côté de la table pour ne pas être dérangée et attends que la professeure nous donne nos sujets.

 — J'espère que tu t'y connais sur la génétique, je glisse à Solal.

Il ne répond pas et je répète ce que je viens de dire. Je parlerai tant qu'il n'aura pas sorti un mot. Trois répétitions plus tard, il consent enfin à me répondre.

 — Autant que toi.

 — C'est-à-dire ?

Il prend la feuille que Madame Cilla nous tend et je soupire intérieurement. Je n'en obtiendrai pas plus de lui aujourd'hui. Je parcours des yeux les documents et lis les questions. Ça a l'air simple. Mais long. Je suis sûre que ça va nous prendre l'heure entière.

[...]

 — Solal t'as parlé ?! s'étrangle Lou-Ann lorsque je lui raconte notre TP dans la file de la cantine.

 — Ben oui.

 — Pourquoi ? Il est muet ce gars ? demande Rose.

 — Non, c'est juste que depuis que je suis avec Samuel, j'ai dû l'entendre parler quatre ou cinq fois.

 — Il était un peu obligé vu qu'on devait travailler ensemble.

 — D'ailleurs ! s'exclame Rose. Comment ça se fait qu'on soit pas ensemble en SVT ? Je vais crier au scandale, moi, s'ils osent nous séparer comme ça !

 — Ils ont osé, glisse Lou-Ann.

 — Et bien, crois-moi, ils vont m'entendre crier ! Depuis quand on sépare Erell et Rose ?

 — Ça va quand même, vous êtes dans la même classe. L'année dernière vous étiez encore plus séparées.

 — Tais-toi ! ordonnons-nous en chœur Rose et moi.

Lou-Ann sourit et lève les mains pour clamer son innocence.

 — Quand même, je souffle, j'ai cru que j'allais mourir toute seule.

 — Et moi donc.

 — Si vous voulez savoir, moi ça va ! J'ai une amie avec moi dans mes deux spés.

J'éclate de rire lorsque je me rends compte que je n'ai pas pensé à lui demander si elle était seule. Lou-Ann fronce les sourcils en même temps de se servir un yaourt mais me rejoint dans mon fou rire ainsi que Rose. Et nous bloquons, comme presque tous les midis, la file de la cantine pour nous tenir les côtes et tenter de reprendre notre souffle.

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