- Damien, il est l'heure de se lever, cria une voix depuis le rez-de-chaussé de la maison.
Cette voix était celle de Jen ou plus exactement Jennifer, la maman de Damien. Damien était un jeune homme de 17 ans en train de flemmarder dans son lit un beau dimanche de juin.
- Ouais, ouais, je me lève, répondit Damien d'une voix si faible que personne d'autre que lui n'aurait pu entendre.
Cinq bonnes minutes s'écoulèrent et Damien s'était replongé dans son rêve, ou du moins dans ses pensées car il n'était plus vraiment endormit.
- Allez, secoue toi un peu maintenant !
Cette fois-ci Jen avait ouvert la porte, les rideaux et la fenêtre et Damien sentit à sa voix qu'elle commençait réellement à s'énerver et qu'il était peut-être temps de se lever.
- Oh non maman, pas ça, n'ouvre pas tout, je suis encore fatigué...
- Il est 11h, on est dimanche, on mange chez ta grand mère dans une heure et demain tu vas en cours. Tu vas avoir du mal à t'endormir ce soir.
- Mais c'est presque la fin de l'année, on ne travaille plus en cours.
- Ce n'est pas une raison, tu as déjà redoublé ta classe de 2nde, on va éviter que cela arrive une nouvelle fois pour ton année de 1ère, qu'en dis-tu ?
- Hummmm...
- Je prends ça pour un "Oui maman, tu as raison". Mais dis moi, tu n'as pas fait pipi au lit au moins ?
- Maman ! Arrête avec ça ! Ça fait un mois que je n'ai pas fait, et puis si j'ai un accident la dernière fois, c'était parce que j'étais fatigué et cela ne m'était pas arrivé depuis plus d'un an.
- Oui oui, pardon, mais si je te pose la question c'est que justement la dernière fois tu étais fatigué, comme ce matin.
Damien était maintenant entièrement réveillé. Cette conversation avec sa maman l'avait fait s'asseoir sur le bord de son lit et lui remémorait des souvenirs. Il est vrai qu'il avait un passé quelque peu... humide. Sa maman lui avait raconté qu'il avait eu de mal à devenir propre la journée. La nuit, par contre, cela avait été beaucoup plus compliqué. Il avait fait pipi au lit quasiment toutes les nuits jusqu'à ses 14 ans.
- Je ne fais plus pipi au lit depuis que j'ai 15 ans, maman !
- Je sais que tu n'aimes pas quand je te le rappelle, mais c'était plutôt jusqu'à tes 16 ans, même si je te l'accorde, entre 15 et 16 ans c'était moins fréquent. Mais tu mouillais quand même ton lit au moins une fois par semaine.
- On peut parler d'autre chose maintenant ?
- Tu as raison, dépêche toi d'aller te laver et de t'habiller, tu sais que ta grand mère n'aime pas que nous soyons en retard.
- On est obligés d'y aller ?
- Évidemment Damien, le repas doit être presque prêt et elle nous attend. Je ne sais pas s'il y aura ma sœur et ta cousine, il était question qu'elles viennent.
Damien aimait bien sa cousine Astrid. Astrid avait 15 ans et était donc plus jeune que lui mais elle était très mature pour son âge. Quand ils se voyaient, ils discutaient ensemble de différents sujets et partageaient ensemble un goût prononcé pour les jeux de société. Bien qu'ils se voyaient régulièrement car n'habitant pas très loin l'un de l'autre, ils n'avaient jamais dormis l'un chez l'autre, et cela n'embêtait pas Damien qui n'aurait pas vu qu'elle soit au courant de ses problèmes urinaires.
Astrid, était aussi très jolie, et il devait le reconnaître il en était un peu amoureux. Ces deux dernières années, ses formes s'étaient prononcées, et sa jolie chevelure blonde la rendait encore plus mignonne. Elle lui avait d'ailleurs raconté que plusieurs garçons s'intéressaient à elle.
- Bon, faut que j'arrête de pense à elle moi, c'est ma cousine, pensa intérieurement Damien.
C'est d'ailleurs la réalité qui le ramena dans sa chambre, son envie de faire pipi du matin s'était accentuée, et s'il ne voulait pas s'uriner dessus, il fallait qu'il se lève pour se rendre aux toilettes.
Damien se leva enfin, se rendit aux toilettes en croisa sa maman en sortant.
- Damien... regarde ton short de pyjama...
- Ah oui, tiens, il pleut, répondit Damien en baissant la tête et en souriant légèrement.
C'était un sujet qui revenait régulièrement. Jen demandait à son mari et à Damien de s'essuyer après être allé faire pipi, mais ni l'un ni l'autre ne le faisait, tout du moins systématiquement.
- Ton père n'y pense pas car il n'a pas été éduqué comme ça, mais toi, je te le dis quand même depuis que tu ne portes plus de couches ! C'est quoi ton excuse ?
- Ça doit être parce que je n'ai pas le temps. Il est où d'ailleurs papa ?
- Il est à son tournoi de golf aujourd'hui. Bon, allez, active toi s'il te plaît, va prendre ta douche et met ton pyjama au sale.
C'est une belle journée qui s'annonçait, et il faisait déjà chaud dehors. Damien, après s'être lavé, choisit de mettre un pantacourt ainsi qu'un t-shirt qui selon lui était très à la mode. Il l'avait choisi en pensant à Astrid. Il passa aussi un bon moment à se coiffer, c'était son rituel du matin, il essayait régulièrement de nouvelle coiffure, ce qui valait des remarques au lycée.
- Damien, lâche ton pot de gel, on y va dans 5 minutes, lui cria sa maman.
Environ 15 minutes s'écoulèrent avant que tous les deux soient enfin dans la voiture.
- On est en retard, dit Jen en regardant Damien.
- Ce n'est pas non plus que ma faute hein... Ce gel que tu as acheté n'est pas aussi efficace que l'ancien, il ne tient pas.
- C'est vrai que ce n'est pas ta meilleure coiffure, dit Jen en rigolant.
Damien se regarda dans le miroir de courtoisie et se mit à rire à son tour en essayant d'arranger les choses.
Environ 15 minutes plus tard, Jen gara la voiture.
- Soit on est les seuls ce midi, soit ma sœur est en encore plus en retard que nous. Et tiens, regarde qui nous attend sur le pas de la porte !
Grand mère était là, et on voyait à sa tête qu'elle s'impatientait.
La maison des parents de Jen était une ancienne ferme, composée de différents bâtiments. Le corps principal avait été rénové et cela constituait l'habitation principale. Une grande qui ne servait plus était encore de l'époque et Damien avait passé beaucoup de temps à jouer ici avec sa cousine et des amis. Un autre bâtiment avec lui aussi été rénové et depuis la mort de son mari, la grand mère de Damien en avait fait des chambres d'hôtes. Cela l'occupait, comme elle disait.
Un étant clôturé, pour des raisons de sécurité, limitait une partie du domaine. Celui-ci était assez grand et était composé de différents bois, de champs et du jardin.
Depuis petit, Damien prenait plaisir à venir dans ce grand parc dans lequel il avait l'impression d'être un découvreur. Il avait construit de nombreuses cabanes, participé à de nombreuses aventures et partie de cache-cache.
- Ah vous voilà enfin tous les deux, leur dit-elle sans leur dire bonjour.
- Pardon maman, dit Jen, nous sommes effectivement un peu en retard, il y en a eu un qui a eu du mal à se lever.
- Ça me rappelle des souvenirs où tu dormais ici Damien... Allez, ce n'est pas grave, installez-vous sur la terrasse.
Damien eut un peu de gêne, il se doutait que sa grand mère parlait des fois où il était resté dormir quand il était plus petit, à l'époque où il faisait encore pipi au lit.
- Julie et Astrid ne sont pas là ? demanda Jen afin de changer de sujet en voyant son fils attristé.
- Julie devait venir mais elle s'est décommandée ce matin. Et Astrid ne venait pas, elle dormait chez une copine et passait la journée avec elle au lac je crois.
Damien était déçu, il n'avait pas trop envie de venir chez sa grand mère et il s'était fait à l'idée que sa jolie cousine serait là pour se consoler. Il se serait plus imaginé passer l'après midi avec son pote Arthur, à faire les magasins, des jeux de société ou même se baigner que de rester ici.
- Je vois que tu es déçu Damien, lui dit sa grand mère. Mais j'ai une surprise pour toi, je t'en parlerai tout à l'heure.
Damien et sa maman se dirigèrent vers la terrasse tandis que Josiane se rendit à la cuisine pour chercher l'apéritif.
- Ah écoute, j'ai l'impression qu'Étienne est dans son jardin, dit Jen à Damien.
Damien prêta l'oreille et entendit effectivement sa voix.
- Je reviens tout de suite, je vais lui dire que je suis là, dit-il tout en s'éloignant.
Étienne était un ami de Damien et se connaissaient depuis qu'ils étaient tout petits. Ils ne se voyaient que quand Damien venait chez sa grand mère.
- Salut Étienne, cria Damien par dessus le grillage.
- Ah Damien tu es là, salut. Comment tu vas ? Ça fait longtemps !
- Longtemps, longtemps, ça ne fait même pas un mois !
Ah ce moment là, les deux frères de Étienne, des jumeaux de 6 ans, arrivèrent et aspergèrent les deux amis à l'aide de leurs pistolets à eau.
- Toujours aussi calmes tous les deux, dit Damien en souriant.
- M'en parle pas ! Mes parents leur ont acheté ces pistolets hier pour les féliciter à commencer à ne plus faire pipi au lit et depuis, ils n'arrêtent pas de mouiller tout le monde. Mais je te rassure, même sans ces pistolets ils sont toujours aussi énergiques.
- J'imagine oui. Et ta grande sœur est là aussi je vois.
- Oui, elle est revenue d'Australie, elle est là pour 1 mois. Elle est là avec son mari et ses 2 enfants. La plus petite a presque 12 mois et l'autre a 3 ans. Mes parents sont contents de les voir, et moi aussi, elles sont adorables toutes les deux.
- Je ne reste pas plus longtemps, je suis juste venu te dire que je déjeunais chez ma grand mère aujourd'hui. Astrid n'est pas là, mais on peut se voir tout à l'heure, tu pourras te libérer de tes obligations de grand frère et de tonton ? demanda Damien en souriant.
- Ça devrait pouvoir le faire oui. Le premier qui est libre vient chercher l'autre, ok ?
- D'accord, à tout à l'heure.
Damien rejoignit sa maman et sa grand mère toutes les deux occupées à discuter en buvant un verre.
- Il y a du monde chez tes voisins on dirait, dit Jen en s'adressant à sa maman.
- M'en parle pas, répondit Josiane. Ça fait une semaine qu'ils font un brouhaha pas possible !
- Jeanne, la sœur d'Étienne est revenue d'Australie pour un mois, et elle a deux enfants, annonça Damien, donc en plus de Étienne et de ses frères jumeaux, ça fait effectivement beaucoup de monde.
- En parlant des jumeaux, en plus de crier tout le temps, ils me volent mes framboises, dit en rigolant Josiane, ils passent leurs mains à travers le grillage et s'empiffrent.
- Cela me rappelle quelqu'un, dit Jen en regardant Damien. Combien de fois tu es revenu du jardin avec le contour de la bouche bien rouge des framboises et fraises que tu avais mangés.
- Et le pire, c'est quand il disait ne pas en avoir mangés, ajouta Josiane.
- On passe à table ? lança Damien qui n'aimait pas qu'on lui rappelle son passé.
- Bonne idée oui, dit sa grand mère, installez-vous.
Le repas se passa et diverses conversations furent abordées. Cela passa des souvenirs, du présent et des vacances futures.
- Avec Julien on a envie de se prendre des vacances tous les deux, annonça Jen.
- Quoi ? Toi et papa vous voulez partir sans moi ? répondit Damien.
- Genre tu n'as pas envie d'aller en vacances avec des potes sans nous ?
- Si, si, mais bon, c'est différent !
- Pourquoi ça ? Nous aussi ont a le droit d'être entre nous, sans avoir d'enfant à réveiller le matin, sans avoir à lui faire à manger ou à l'obliger de faire ses devoirs. Et puis vois le bon côté de la chose, on ne sera pas sur ton dos pendant ce temps.
L'esprit de Damien gambergeait. Si sa première réaction avait était un sentiment d'abandon, il y voyait là l'opportunité de prendre sa vie en main et de faire ce qu'il le souhaiterait, quand il le souhaiterait. Ça pourrait être l'occasion pour lui d'inviter sa copine Inès à la maison.
- Maintenant, si ton père et moi sommes prêts à partir à deux, je ne suis pas sûr que nous sommes prêts à te laisser la maison...
Cette phrase avait fait sortir Damien de ses réflexions.
- Tu serais peut-être mieux chez grand mère, ou alors chez Arthur ou Étienne. Je n'ose pas trop imaginer ce qu'il se passerait à la maison si tu étais seule, ou justement si tu ne l'étais pas !
Sa maman avait comme lu dans les pensées de Damien, et il en fût quelque peu déconcerté.
- Tu es le bienvenu à la maison, dit Josiane à Damien. Depuis que ton grand père est mort, je me retrouve bien seule de temps en temps, et puis ça nous remémorera des souvenirs de quand tu venais dormir.
Damien se dit que décidément, tout le monde voulait parler du passer, tandis que lui avait envie de profiter du présent et d'imaginer l'avenir. Son passé était très bien où il était, nul besoin de le lui rappeler. Son passé d'énurétique, Damien en avait honte et s'il avait pu l'oublier d'un coup de baguette magique, il l'aurait fait.
- Et en parlant de grand père, je t'ai parlé d'une surprise. Ça t'intéresse de la connaître, lui demanda sa grand mère ?
Damien n'aimait pas trop les surprises et fût prudent dans sa réponse.
- Ça dépend... est-ce qu'elle est bonne ou pas ?
- Je pense que oui, mais ça sera à toi de juger.
- D'accord, dis moi alors.
- En rangeant un peu le grenier, je suis tombé sur une malle dans laquelle ton grand père rangeait ses affaires, et je pense que tu pourras prendre plaisir à y jeter un œil.
- Ah c'est une bonne surprise alors, dit Damien, avec plaisir. Je peux y aller tout de suite ?
- Je pensais bien que cela pourrait te plaire. Elle est dans la grange, tu peux y aller oui. Reviens dans pas trop longtemps, que l'on puisse prendre le dessert ensemble.
- Oui grand mère, dit en se pressant Damien.
Jen savait que ce cadeau plairait à son fils. Damien avait été proche de son grand père et sa mort l'avait beaucoup attristé.
Damien se sentait un peu fébrile à l'idée d'ouvrir la malle. Celle-ci était ancienne, et avait un double système de fermeture sur lequel était posé une clé. Qu'allait-il trouver à l'intérieur ?
Sa main, posée sur la malle, tremblait presque un petit peu. Lui qui n'aimait pas toujours se rappeler du passé, son grand père était peut-être l'exception. Les moments passés avec lui, que cela soit au jardin, à la pêche ou dans les bois, étaient tous d'excellents souvenirs.